• Vendredi 15 août 2008 après-midi

     

     

    Conférence: « Paix intérieure, paix universelle »

     

    Ennoncée en anglais par le Dalai Lama et traduite par Matthieu Ricard

     Partis du Nord à cinq heures, déposons rapidement nos bagages à l’hôtel et arrivons tout juste pour 13 heures au Zénith. Nous sommes fouillés et un sac plastique nous est fourni pour y mettre nos chaussures.

    Une centaine de manifestants adeptes de la divinité Shugdèn, scandent «Dalaï-lama, menteur». Ils lui reprochent d’avoir interdit leur culte, ce que le Dalai Lama démentira plus tard lors d’une question du public.

    En attendant 14h que le Dalai Lama fasse son apparition, nous sommes bercés par de beaux chants tibétains qui accompagnent un diaporama sur deux écrans géants. Tout le monde est bien sage sur son petit coussin, le mien un peu trop plat d’ailleurs, je ne tarderai pas les jours suivants à me rehausser en empilant des couvertures.

     


     
    Silence immense.

    Le voilà qui vient nous saluer puis monte les marches d'une échelle pour s’installer dans une chaise surélevée aux allures de trône (si quelqu’un sait comment on la dénomme). Il croise les jambes et pof, se laisse tomber en tailleur. Des os solides le Monsieur de 73 ans! Il met une visière pour ne pas être aveuglé par les projecteurs et ainsi mieux voir son auditoire. De temps en temps, il brasse ses petites affaires, se nettoie les mains avec une lingette de manière méthodique pendant un quart d’heure tout en continuant à parler ou se sert du thé.

      

    « Ici, trois catégories de personnes : des curieux en majorité, ceux qui ont entrepris une démarche spirituelle et ceux qui sont engagés.

    « Je ne suis pas quelqu’un de spécial, je ne fais pas de miracles, je suis présent ici en tant que simple humain pour partager mes expériences, dialoguer sans faire de distinctions ni créer de barrières artificielles ;

    « Vos questions permettront des interactions et engendreront pour moi de nouvelles réflexions .

     « Le but de cette conférence : comment créer la paix extérieure par la paix intérieure.

     « Le but de l’existence est la plénitude, tout le monde désire être heureux et surmonter ses souffrances.  C’est notre droit le plus fondamental mais la vie apporte son lot de souffrances. Celles-ci sont de deux ordres : physiques et mentales.

    « Les souffrances physiques sont les maladies et la vieillesse.

     

    Les souffrances mentales sont les angoisses, les doutes, la peur,…

     Des personnes riches peuvent être malheureuses, connaître la haine, la jalousie.

     Des personnes démunies peuvent avoir une joie de vivre

     

     

    « Nous devons nous exercer à nous transformer. Les souffrances physiques peuvent être amoindries si l’esprit est heureux. La différence avec les animaux c’est que les humains ont une intelligence et peuvent l’utiliser pour se transformer.

     

    « Une attitude peut être destructrice avec de la colère ou des actes physiques ou constructive en pratiquant la compassion, le pardon, l’altruisme en laissant place à la paix. Elle doit transparaître dans toutes nos actions. Elle peut être mise en œuvre en gérant ses émotions,  ses états mentaux.

     

    « La paix intérieure n’est pas seulement l’absence de conflits (exemple de la guerre froide), la paix véritable est le sentiment intérieur de paix.

     « Pour cela, il faut faire les efforts nécessaires.

    «  Les humains ont un besoin vital d’affection, ceci est démontré par les sciences médicales. Les enfants qui ne sont jamais touchés se développent mal, sont moins heureux et ont tendance à la violence. Par exemple les singes séparés ne jouent pas.

     

    Concernant les aspects biologiques, reconnu par les scientifiques, un état d’esprit négatif peut dévorer notre système immunitaire alors que la paix le renforce.

    « La paix extérieure est le dialogue de bonne foi avec un esprit et un cœur chaleureux, un sentiment fondé pour le bien d’autrui. C’est se rendre compte que la vie des autres est aussi précieuse que la nôtre.

     

    Nous sommes tous interdépendants, que ce soit en terme d’économie ou d’environnement. Développer la compassion c’est reconnaître les six milliards d’humains.

      

    « Le monde change. Les français et les allemands étaient ennemis, aujourd’hui les deux pays sont unifiés. L’Union Européenne est un excellent concept car c’est l’intérêt commun qui est le plus important. Chaque membre de la communauté en bénéficie. Nous sommes six milliards mais une seule entité.
    Aux Etats-Unis, une prise de conscience a commencé où des éducateurs et sociologues travaillent au développement de l’altruisme, une meilleure qualité de vie, une éducation impartiale et infinie qui ne dépend pas des autres mais de Etre.
    La paix intérieure peut se traduire également par le désarmement mondial. Des solutions : incorporer la Russie dans l’OTAN* et que la Pologne soit le centre de l’Union européenne. 

     

     Des questions du public sont tirées au hasard :

     
    « Les animaux ont-ils une âme ? »

     

    Le Dalai Lama répond : « I don’t know ! ». Il éclate de rire.

     

    « Pourquoi choisir la vie monastique pour trouver l’éveil ? »

     

    Réponse : « Nous sommes tous capables d’être éveillés mais la voie monastique a des avantages par le fait que la vie en est simplifiée. »… « Mais demandez au bouddha lui-même..  ha ha ha ! »

     

    « La non-violence sauvera t-elle le bouddhisme tibétain contre les chinois ? »

     

    Réponse : « Je suis convaincue que la violence est démodée », « J’ai d'ailleurs dit à Georges Bush que j’avais beaucoup de sympathie pour lui mais que j’avais des réserves concernant sa politique »
    « Le vingtième siècle a fait beaucoup de morts mais les mentalités commencent à changer ».

    Applaudissements. Tout le monde remet ses chaussures et sort calmement.

     

    « Si l’on ne trouve pas de solution à un problème, inutile de sombrer dans l’anxiété, si on trouve une solution,  inutile de sombrer dans l’anxiété. Il faut garder un niveau de paix pour gérer les moments difficiles ».

     
    * Voir article
    Eva à ce sujet

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  • Lundi 25 août 2008
     
     

    Je suis revenue samedi après-midi, mais pris un peu de temps pour me retourner et profiter des retrouvailles. Mes enfants étonnés de me voir "normale"!! (rires). Mon mari m'a fait la surprise de m'offrir le même livre que j'ai trouvé à Nantes!

    Je suis très heureuse de ma semaine nantaise à écouter le Dalai Lama entourée d'environ sept ou huit mille personne. Si je pouvais la décrire en un seul mot, ce serait avec le mot "paix".

    J'étais accompagnée de trois autres personnes de mon quartier et de ma professeur de yoga. Le Zénith de St Herblain, proche de Nantes,  nous a accueilli du 15 au 20 août; lieu où le faste et l'aspect commercial, à part la librairie, n'ont pas été de mise.

    Après réflexion, j'ai envie de vous faire partager ces moments au même rythme que je les ai vécus, soit par tranche de demi-journées. J'ai écrit sur un cahier une soixantaine de pages qu'il serait de toute façon indigeste de délivrer d'un coup. De plus, pour moi, la tâche ne va pas être facile vu la complexité des enseignements. Je n'ai pas tout compris et j'ai des difficultés à me relire. Donc, je tenterai de n'énoncer que ce qui a été assez bien conçu. Certainement, que je reviendrai sur les articles pour rectifier ou rajouter. Si des personnes qui me lisent étaient présentes à Nantes, elles sont bienvenues pour apporter de l'eau au moulin.

    Les enseignements étaient donnés de 9h30 à 11h30 et de 14h à 16h mais il fallait se présenter une heure avant.  De ce fait, nous étions assis au sol sur un coussin six heures par jour. Très peu de place pour s'étaler; bouger dans ce contexte était un acte assez glorieux.  Les dos et les genoux ont quelque peu soufferts.

    Je suis allée à ces enseignements sans préjugés et sans lectures préalables. N'appartenant à aucun dogme religieux ni philosophique, le bouddhisme cependant, comporte des notions qui se rapprochent le plus de mes conceptions. J'ai pu ainsi avec un regard neuf, découvrir, sans toutefois être impressionnée, la personne du Dalai Lama surprenante par sa simplicité et son humour malgré son érudition, sans compter la bonté qui émane de sa personne. Ses enseignements sont énoncés en anglais ou tibétain et traduits par Mathieu Ricard.

    Côté pratique et organisation, après une première nuit passée dans un Formule1 à St Herblain, nous avons intégré un gîte situé à Rezé à quinze minutes du Zénith. Chaque soir, il a fallu prévoir le pique-nique du lendemain et se lever à six heures. (Changement pour moi qui suis plutôt un oiseau de nuit!)

    La prise de photos étant interdite, j'ai pu malgré tout en prendre quelques-unes le dernier jour à l'intérieur. La seule que j'ai du Dalai Lama est floue. 


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    http://je-veux-mincir.com/wp-content/uploads/2012/06/Exercices-pour-un-ventre-plat%C2%A0-3-exercices-de-Yoga-chez-soi.jpg

       Qu’est-ce que le yoga ?

     Le yoga est une approche corporelle originale. Il se distingue de beaucoup d’autres en ce sens qu’il fait intervenir l’acte d’être conscient. Bouger un bras, une jambe ou toute autre partie du corps en sentant consciemment le bras ou la jambe en mouvement, c’est quelque chose que nous ne faisons pour ainsi dire jamais dans la vie de tous les jours, que ce soit sur notre lieu de travail ou pendant nos moments de loisir.

     En yoga, sentir le bras tandis que je le lève est bien différent du geste mécanique et inconscient que nous effectuons habituellement, par exemple en attrapant un livre sur une étagère située en hauteur.

     Pendant la pratique de yoga, nous allons donc réinvestir notre corps, c’est-à-dire contacter une palette de sensations dont la richesse nous est bien souvent inconnue. L’écoute de ces sensations va rendre notre corps bien plus vivant, sensations qui restent ordinairement enfouies dans une vague opacité corporelle plus ou moins inconsciente.

      Faire connaissance avec le corps tel qu’il est

     En demandant au corps de s’installer dans certaines postures (asanas), nous allons découvrir des régions qui s’étirent facilement et d’autres moins, des tensions ici et là, parfois des blocages. Nous allons apprendre à respecter notre corps tel qu’il est. Nous ne le forcerons pas pour le conformer à une image mentale idéale. Nous allons l’accueillir.

     Chaque organisme est unique et ne peut être comparé à aucun autre. Pas de compétition, ni avec soi ni avec autrui. Peu à peu, nous allons connaître de mieux en mieux notre corporalité, les zones nouées et celles qui sont plus fluides et nous allons apprendre à travailler avec elles, non contre elles. Le yoga va nous aider à dissoudre les dissonances sans violence arbitraire et retrouver nos rythmes énergétiques naturels.

    La respiration, clé du Yoga

     L’outil majeur de notre pratique, c’est la respiration. Nous allons la suivre dans le mouvement et dans l’immobilité. D’un bout à l’autre de la séance, les postures vont se relier les unes aux autres sur ce fil de la respiration qui va nous renseigner sur la qualité de notre énergie mentale et physique : est-elle douce ou dure, calme ou agitée, régulière ou saccadée, superficielle ou profonde, etc. ?  Respiration et  qualité de l’énergie vont ensemble,  main dans la main.

     Mais l’état de notre respiration reflète aussi celui de notre mental. L’inquiétude, la colère, le ressentiment et tout autre état d’esprit modifient les modalités respiratoires. Les anciens yogis avaient remarqué que calmer la respiration, la ralentir un peu, l’approfondir, avait le pouvoir d’apaiser l’agitation mentale et d’augmenter l’énergie en la ramenant à l’intérieur du corps, corrigeant ainsi l’habituelle dispersion des énergies à l’extérieur de nous-mêmes.

      La respiration dans le mouvement

     A certains moments, les postures sont pratiquées en mouvement. Nous allons utiliser la respiration en Ujjayi, qui s’acquiert en quelques séances. Respiration ralentie, de gorge, qui permet au pratiquant de focaliser son attention en produisant une énergie calme. L’esprit s’apaise par le simple fait de ramener l’attention sur le fil respiratoire, d’une posture à l’autre, en passant, là encore, d’une respiration inconsciente à une respiration consciente.

     L’acte de respirer consciemment va également connecter le mental au corps, car le flux respiratoire est aussi une sensation. Ainsi, nous allons sentir plus précisément si la posture est trop rigide ou trop relâchée, et, intuitivement, trouver le tonus juste en tenant compte de notre niveau d’énergie du moment, qui change d’un instant à l’autre.

      La respiration dans l’immobilité

     A d’autres moments, les postures sont pratiquées dans l’immobilité. La respiration va alors s’approfondir et les fruits de la posture vont s’en trouver multipliés. Le statique nous donne accès à des régions plus profondes du corps et à une sensorialité encore plus fine.

     La posture assise en fin de séance sera aussi l’occasion de pratiquer la respiration yogique (pranayama) en apprenant à nous servir de techniques respiratoires mises au point par les yogis de l’antiquité. On pourrait appeler cela : l’art de bien respirer. Ces quelques techniques sont très efficaces pour l’homme moderne.

     L’un des effets les plus indiqués du pranayama, c’est d’augmenter le pouvoir de concentration. Si dans le mouvement, des pensées peuvent absorber, de temps en temps, l’attention du pratiquant, cela devient plus difficile durant les exercices respiratoires yogiques. Le contrôle du mental se développe naturellement par la conduite respiratoire volontaire à l’aide du comptage et de rythmes choisis.

      Yoga et action

     L’on peut tout de suite voir l’intérêt d’une concentration améliorée pour l’homme moderne, exposé au stress qui résulte de la multiplicité des tâches qu’il doit accomplir, dans le courant de ses activités professionnelles, dans un temps qui se rétrécit de plus en plus. Le stress consiste à être ici tout en voulant être déjà là-bas. L’attention devient alors superficielle et fragmentaire.

     Le yoga va avoir pour effet de ramener la vigilance dans le moment présent, sans pour autant faire oublier les choses à faire, bien au contraire. Mais l’efficacité d’une action augmente en proportion de l’attention calme qu’on lui accorde. C’est quand l’esprit est agité et tendu que surgit la distraction, que l’on oublie de penser à telle ou telle chose, que s’introduisent des erreurs et des confusions. Il n’est pas d’activité humaine qui ne profite  de l’efficacité d’une concentration accrue à ce qui se passe dans l’instant. Les effets de la séance hebdomadaire de yoga vont peu à peu se diffuser dans la vie quotidienne.

    Yoga et méditation

     Un autre effet intéressant de la pratique respiratoire contrôlée est de nous introduire à l’une des plus célèbres applications du yoga : la méditation.

     La méditation est traitée de beaucoup de manières différentes. On pense souvent que la méditation nous éloigne de la réalité alors que, selon nous, elle devrait nous aider à l’appréhender  de façon plus objective, en nous aidant à voir comment nos mécanismes mentaux déforment les événements, travestissent la vérité des faits et induisent des problèmes fictifs dans nos rapports à autrui.

     Ainsi envisagée, la méditation devient un moyen de discerner ce qui appartient à la perception de ce qui résulte de nos conditionnements personnels. Et de revenir à la réalité.

     A la fin de chaque séance, un temps de recueillement sera réservé à cette approche méditative.

      Yoga et relation

     Il n’est pas difficile de deviner qu’une personne détendue et centrée grâce à la pratique assidue du Yoga, entretiendra des relations plus fluides et mieux adaptées avec son entourage. Quand on se sent bien avec soi-même, on se sent forcément mieux avec les autres. Le bien-être est très communicatif. La qualité de l’action en commun s’en ressent inévitablement.

     Le yoga développe le respect envers soi-même, ses sensations corporelles, ses émotions du moment, ses propres schémas conceptuels. Et c’est ce respect de tout ce que nous sommes qui engendre un changement, une transformation, non le rejet de soi ni le conflit. Accepter ce que nous sommes nous place dans une position de liberté à partir de laquelle un changement peut s’opérer. Et ce respect inconditionnel de soi entraîne le respect et l’écoute de l’autre. Car, sans respect, il ne peut y avoir d’écoute.

    Yoga et connaissance de soi

    La connaissance de soi intéresse de plus en plus de nos contemporains. Nous pensons qu’une connaissance de soi digne de ce nom doit nous rendre encore plus efficace sur le plan pratique. De mon point de vue, elle doit nous aider à réintroduire plus d’être dans notre vie journalière et de confiance  en nous-mêmes et en la vie, telle qu’elle est maintenant.

     Être davantage, cela veut sans doute dire aussi plus d’authenticité dans nos rapports à autrui, en ne nous limitant pas à nos identités fonctionnelles et préfabriquées, en cherchant à aller au-delà de nos fonctionnements « robotisés », pour découvrir une relation plus vivante avec nous-mêmes, notre travail et notre environnement.

     Le yoga n’est pas une religion. Il respecte l’identité, les idées et les croyances de chacun sans distinction.

     La philosophie du yoga que nous enseignons, dont nous avons essayé de donner un aperçu dans cette présentation, qui s’inspire des enseignements de Patanjali et de l’approche védantique, sans s’y limiter, va complètement dans ce sens.

     S’il fallait résumer en quelques mots la philosophie du Yoga, nous dirions que c’est l’art de respecter et d’écouter ce qui est.

     

    Richard et Véronique Mondet

     

    http://etreyoga.free.fr/textes/presentation.html

     


     


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    Séances goût pomme

     

     

    Séances goût pomme

     

     

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    Séances goût pomme

     

    Séances goût pomme

     

     

    N'oubliez pas de respirer et de vous relaxer!


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  • La parole est énergie

     

    Qui ne connaît pas ce lumineux proverbe qui, lorsqu’il est bien compris, confère une plus grande sagesse :

     

    "La parole est d’argent, mais le silence et d’or"

     

    Il paraphrase parfaitement un proverbe arabe qui dit : "Si ce que tu as à dire est moins beau que le silence, alors, tais-toi!" Certains opinent que notre bon vieux proverbe français signifie que la valeur du silence est supérieure à celle du discours alors qu’il rappelle simplement que, parfois, il vaut mieux se taire que de parler. Car, pour tout, il y a un temps : comme il y a un temps pour se taire, il y a un temps pour parler. L’être humain, qui est la seule créature terrestre à détenir cette faculté ne doit pas l’avoir reçue pour rien, en attendant de devenir un parfait télépathe. Sauf qu’il doit se demander si ce qu’il a à dire convient et peut construire davantage que détruire.

    N’empêche que le silence prévaut sur la parole quand il évite de dire des conneries; d’émettre de vaines hypothèses ou de stériles croyances; de simplement commérer, de répéter des racontars ou de propager des rumeurs; de colporter des préjugés; de parler pour ne rien dire; de palabrer pour le plaisir de se montrer docte, intelligent ou intéressant; de raconter des mensonges; de juger, de médire ou de calomnier; de blesser inutilement autrui; d’envenimer une situation; de proférer des jurons; bref, de propager vainement des vibrations négatives.

    Surtout, si une personne parlait moins, quand parler n’est pas nécessaire ou n’apporte rien, elle retiendrait une bonne part de son énergie, maintiendrait son taux de vitalité à un niveau supérieur, de sorte qu’elle se coucherait moins fatiguée, jour après jour. Trop de gens oublient que les activités comme penser, parler, s’émouvoir, comme tout agir, consomment de l’énergie, qui n’a qu’une source et à laquelle un grand nombre ne savent pas se ressourcer. C’est largement ce qui amène un être à se dévitaliser et à s’étioler prématurément. Car, si un être dépense de l’énergie, qui ne se renouvelle pas spontanément à niveau égal, il engendre et augmente progressivement un déficit qui l’amène à incliner vers la fatigue, les malaises, la maladie et, ultimement, la mort.

    En lisant ce propos, celui qui ne connaît rien à la circulation et à la propagation de l’énergie pourra s’esclaffer, ce qui ne démontrera rien d’autre que sa propre ignorance, tout manque de connaissance étant à l’origine de l’incurie et de l’ineptie. La parole comble les aspects simples, routiniers, publics, mondains, populaires, futiles de la Lune, l’astre d’argent, des aspects qui vident, mais le silence confère la puissance pénétrante du Soleil, l’étoile d’or, puisqu’il permet de conserver et d’accumuler de l’énergie de manière à toujours procurer des réserves.

    Et c’est sans compter que le "verbe se fait chair" c’est-à-dire que la parole crée, participant largement à l’élaboration de son destin heureux ou malheureux. Pour ainsi dire, la parole amplifie la consommation d’énergie : elle ajoute à la pensée une dimension sonore qui la rend plus efficace. Ainsi, lorsqu’un être parle pour ne rien dire, pour proférer des banalités, pour meubler le temps, pour combler un vide intérieur, pour prévenir la gêne, il gaspille en vain ses précieuses énergies qui ne se renouvellent pas aussi facilement qu’il le croit. Le faire une fois peut se révéler anodin, voire sans conséquence, mais la répétition des mêmes mots et des mêmes clichés peut représenter une menace. Quant à l’usage répété de paroles vaines, il approfondit son propre néant. Car nul ne peut tirer de réalité utile de son propre néant, si ce mot identifie un vide complet plutôt qu’un vide plein.

    Puisque celui qui sème le vent récolte la tempête, la sanction de trop parler ou de parler pour parler ou pour s’entendre parler, c’est, outre la possibilité d’engendrer des remous tumultueux qu’on pourrait regretter, de miner sa précieuse réserve d’énergie, donc de s’exposer à stagner et à régresser, en plus de se couvrir de ridicule, de s’attirer la méfiance et le discrédit, parfois la vindicte, la pitié ou la dérision. Qui parle s’implique et s’impose un retour. Plus on parle, surtout si on ne réfléchit pas ou si on ne maîtrise pas son impulsivité ou son émotivité, plus on peut se tromper, plus on peut commettre des erreurs plus ou moins regrettables et plus on s’expose à regretter ses propos. Car, c’est bien connu, il y a des gens qui ne réfléchissent qu’après avoir parlé. On dirait qu’ils ont besoin d’entendre ce qu’ils disent pour valider ou infirmer leurs propos en ne les analysant qu’après les avoir émis.

    On a beau dire que, au niveau contingent, les paroles s’envolent, laissant moins de traces que les écrits, cela n’empêche jamais que, avant de s’épuiser et de se perdre dans l’oubli, par le jeu de cause à effet, elles peuvent faire bien des ravages, autant dans son univers personnel que dans celui d’autrui. N’empêche encore que, dans les registres akashiques, elles s’enregistrent de façon indélébile, pouvant servir ou desservir son maître au moment du grand jugement. Pour ceux qui se maintiennent dans la dualité, le poids karmique de leurs propos vains ou négatifs ne peut être compensé ou dissous que par une émission d’amour équivalente. Surtout qu’il n’est pas facile de récupérer ce que l’on émet sans retenue sur les ondes de l’air.

    À ce propos, on raconte que, autrefois, un sage curé avait reçu en confession une bonne commère de ses ouailles qui n’avait de cesse de répandre ses noirs et fielleux propos sur ses voisins. Avant de lui accorder l’absolution, pour la décourager de ses récidives, il lui imposa une étrange pénitence. Par un jour de grand vent, elle devrait tuer l’une de ses poules et la plumer sur la place publique du village avant de se représenter à lui pour connaître la suite de sa sanction. Ce qu’elle s’empressa de faire dès que les circonstances la favorisèrent, trop heureuse de se représenter à l’église pour connaître la suite des événements et d’éprouver un soulagement de conscience. Elle trouva le fidèle curé dans la sacristie qui lui dit : "Maintenant, va recueillir toutes les plumes du volatile que tu as occis et, lorsque tu auras trouvé la dernière, tu sauras que Dieu t’a pardonné". Voilà comment le bon prêtre voulait lui faire comprendre qu’il n’est pas facile de réparer les propos indus que l’on a proférés et qui peuvent causer un grand tort, quand, selon son intérêt, un interlocuteur se mêle de les propager de bouche à oreille.

    Celui qui passe son temps à parler ne se voit pas vivre et il s’empêcher de s’intérioriser, un acte qui est la clef de la véritable réalisation spirituelle. Ainsi, au lieu de profiter de son expérience en incarnation pour ouvrir sa conscience, il complique son sort au lieu de l’améliorer ou de le faciliter. En fait, il épaissit son ignorance. En plus de s’exposer à parler contre la raison et le cœur, il se coupe de l’intuition, qui ne parle bien que dans le recueillement silencieux, s’exposant à sombrer dans la confusion et à commencer à errer autour de lui-même dans un cercle vicieux. Il ne tarde pas à engendrer une dichotomie, entre son monologue intime et ses propos extérieurs, qui, selon son degré de fragilité, le dispose à la déraison, voire à la maladie mentale. Car, à trop parler, on finit par croire ce qu’on dit et par tenter de l’imposer à son entourage.

    Souvent, un tel être ne devient rien d’autre qu’un dédoublé qui, comme un moulin à paroles, répand ses propres fantasmes et appréhensions en généralisations et en propos stéréotypés. Ne parvenant plus à se ressourcer, il engendre en lui-même une monotonie qui le confine à l’ennui et au mal de vivre, par dédain ou mépris de lui-même, en plus de rebuter et d’écarter ses auditeurs habituels. Il partage ses aprioris, mélangeant avec la même assurance ouï-dire, hypothèses, croyances et certitudes, engendrant des imprécisions, des ambigüités et des quiproquos qui finissent par miner sa crédibilité. Car, en mélangeant les genres, il affaiblit la solidité et la véracité de son message, ouvrant la porte à des invraisemblances.

    Il est vrai qu’entre gens de même acabit, on peut se passer et se pardonner longtemps de tels écarts de langage puisqu’on en vient à parler uniquement pour parler, pour remplir les vides, pour créer un écho, alors qu’on s’écoute parler, mais qu’on n’écoute plus l’autre, ne s’intéressant plus à lui. On ne tient plus à sa présence que pour s’adjoindre un interlocuteur docile ou crédule. Or, dans une communication, celui qui n’écoute plus le retour de son interlocuteur s’en coupe progressivement, s’exposant à commettre, sur son compte, au niveau de l’appréciation, l’erreur des astronautes. C’est ainsi, par exemple, que deux partenaires se retrouvent face à un divorce sans rien avoir vu venir. Il ne manquait qu’un incident banal, agissant comme la goutte qui fait déborder un vase, pour faire d’un ami apparent, un ennemi juré.

    Il n’y a rien de plus odieux ni de plus risible qu’une personne qui ne parle que d’elle-même ou qui ne tient que des propos creux, s’exprimant avec l’audace de l’égotisme et de l’égoïsme, donc avec celle de l’individualisme et de l’indifférence. Philippe de Commines a dit :"Je me suis souvent repenti d’avoir parlé, mais jamais de m’être tu." Le confirme Rivarol qui a dit, pour sa part : "Le silence n’a jamais trahi personne." Quant à Montherlant, son expérience l’a amené à affirmer : "Tant de choses ne valent pas d’être dites. Et tant de gens ne valent pas que les autres choses leur soient dites. Cela fait beaucoup de silence."

    © 2010 Bertrand Duhaime (Douraganandâ)

     Note : Autorisation de reproduire ce document uniquement dans son intégralité --donc sans aucune suppression, modification, transformation ou annotation, à part la correction justifiée d’éventuelles fautes d’accord ou d’orthographe et de coquilles-- veillant à en donner l’auteur, Bertrand Duhaime (Douraganandâ), la source, www.lavoie-voixdessages.com, et d'y joindre la présente directive, en tête ou en pied de texte.


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    Une philosophie du monde et de soi qui met en avant le bonheur, la saveur, le désir, la recherche du plaisir, l’ascèse et la possibilité de devenir « l’égal des dieux ». Alors que bien des religions ont comme à priori (et presque comme vertu) la souffrance, la culpabilité et  l’imperfection humaine, le tantrisme se focalise sur le bonheur, la liberté, le plaisir et la non limite du potentiel personnel. En lieu et place de toute morale, de toute foi, de toute religion, le tantrisme ne reconnaît comme principe créateur et vivant dans l’univers ou l’individu que la puissance de la conscience et de l’énergie. Toute sa démarche et ses techniques n’auront d’autre ambition que de le réaliser dans l’intimité.

    Aux antipodes de ce que veut nous faire croire notre société et ses publicitaires, soient-ils politiques, philosophes, religieux ou marketing, il n’y a pas de réponses toutes prêtes, pas de bonheur « clés en main ». Le bonheur offre plusieurs saveurs, d’abord la notre puis celle de nos « engagements », les saveurs de cette quête immense qui emplit une vie et chaque instant.

    Christian Tikhomiroff 

     Cet article est coupé. A lire dans son intégrité intégralité ICI


     


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  • Ne trouvez-vous pas que la sacro-sainte bagnole est dans notre société, un lieu privilégié pour affirmer son "moi"?

    C'est un espace fermé et protégé d'où l'on peut cependant appréhender le monde au travers de vitres, en contact avec l'autre en même temps que séparé, petite bulle concentrée sur le conducteur-possesseur fièrement installé aux commandes, éventuellement entouré de passagers qui, quoique incorporés dans le petit univers du chauffeur se trouvent soumis à sa volonté puisqu'ils ne conduisent pas, la voiture est un véritable ego roulant. Depuis sa position de contrôle (voir à quel point toutes les publicités automobiles insistent sur la notion de "puissance" de "maîtrise", et de "contrôle"), le conducteur se lance agressivement à la rencontre d'un monde "extérieur" censé lui appartenir, être réservé à son usage personnel, et comme tel soumis à son bon plaisir.

    L'egomobiliste roule sur "sa" route à lui, au détour de laquelle, il croise un plus ou moins grand nombre d'autres qui, c'est entendu, conduisent "mal" -en tout cas, moins bien que lui- ont l'imprudence de lui bloquer le passage ou de le contraindre à ralentir sa course implacable alors qu'ils ne devraient en fait tout simplement pas se trouver là.

    Profitez donc à plein de cet espace privilégié pour vous identifier à votre véhicule, vitrine rutilante de votre auguste moi. A peine monté à bord, laissez vos inhibitions et autres convenances superflues. Vous êtes le maître, dieu de l'asphalte, roi de la route, autant dire de l'univers. Ayez pour premier principe de ne jamais respecter les limitations de vitesse. A pied, il vous faut bien plier aux usages, mais une fois en voiture, vous voilà intouchable, soumis à aucune loi que la vôtre, la seule légitime.

    Un autre ose-t-il, le manant, hésiter une seconde avant de tourner à droite, assourdissez-le de votre klaxon, inondez-le d'injures que vous n'auriez jamais le front de prononcer sur un trottoir.

     

     

    Et si l'impensable se produit, si un faquin a, sur cette autoroute, l'audace de vous dépasser, redépassez-le à la première occasion, histoire de bien lui signifier votre suprématie en même temps que son insondable insignifiance. Garez-vous, minables, et faites place au maître!

    Panneaux, limitations de vitesse, pfff...Il est bien entendu que ces limites, certes nécessaires pour les autres, ne s'appliquent pas au chauffeur très spécial que vous êtes et que toute intervention visant à vous les faire respecter constitue un outrage.

    En résumé, chaque fois que vous montez en voiture, assurez vous que ce soit bien l'ego qui s'installe au volant, mains crispées et tout entier tendu vers un but qui recule au fur et à mesure que le véhicule avance. Observez bien le code de l'egomobile: collez au train de ceux qui par erreur, vous précèdent; à chaque feu rouge, trépignez, n'ayez de cesse qu'il soit passé au vert; au moindre ralentissement, gesticulez, klaxonnez, manifestez votre déplaisir...

     

     

    ...Chaque trajet deviendra ainsi une occasion d'être emporté et identifié à vos fantasmes de toute puissance.



    Extrait (un peu déformé) du livre de Gilles Farcet 
    "Manuel de l'anti-sagesse"

     

     

     


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