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  • Il était une fois la vie au pays du progrès. On y inventait des machines à aller plus vite nulle part et à désirer l’indésirable. Les gens y vécurent de plus en plus vieux et eurent beaucoup de maladies…

    Même plus vrai !

    En 2015, l’espérance de vie a diminué de trois mois pour les hommes et de quatre mois pour les femmes. La faute à qui ? A la grippe et à la météo, dixit les experts officiels. Ouf.

    Pas d’inquiétude, donc. Sur le long terme, on vit de plus en plus longtemps… malades ! Ainsi, l’espérance de vie sans incapacité diminue depuis plusieurs années – 2006, si mes informations sont bonnes. Un progrès allant rarement seul, on est malade de plus en plus tôt.

    Des chiffres ? Puisqu’il faut tout mettre en chiffres, y compris nous-mêmes, allons-y gaiement. Le diabète et les maladies cardiovasculaires progressent cinq fois plus vite que la population. Et les cancers ? Quatre fois plus vite, avec une incidence chez les adolescent(e)s de + 1,5 % par an depuis 30 ans. De plus en plus vite nulle part ? Même plus vrai : de plus en plus vite dans le mur !

    Soyons optimistes : ce n’est qu’un début. Nous pouvons faire beaucoup mieux. Les générations nées à partir des années 1960 ont bénéficié, dès leur naissance, des pollutions tous azimuts, d’une alimentation appauvrie et de la sédentarité. Depuis le nouveau millénaire, les ondes nocives du progrès améliorent encore le désastre, faites excuse pour les oxymores des temps modernes – occis et morts en un seul mot, c’est un cauchemar. La synergie est parfaite, donc : les ondes pulvérisent la barrière protégeant le cerveau, la voie est libre pour les cocktails chimiques… Et les nanotechnologies ajoutent la touche finale. Du grand art.

    Au final, le marché de la maladie se porte à merveille. Une source de croissance durable bien de chez nous, enfin. Alors soyez patriotes ! Faites-vous dépister à coups de rayons X ! Vaccinez-vous aux métaux lourds ! Amalgamez vos chicots au mercure, rafistolez-vous en batterie, perfusez vos globules et, tant que vous y êtes, prothésez-vous du ciboulot ! Si vous êtes victime d’empoisonnement industriel, optez pour l’empoisonnement thérapeutique ! Suivez la progression de votre diabète et de vos métastases sur votre smartphone, prolongez votre espérance d’agonie et finissez vos jours entouré de machines à respirer, à digérer, à uriner…

    A ce rythme-là, il va devenir scabreux de se souhaiter une bonne santé. Personnellement, je le déconseille, sauf à être assuré en cas de procès pour vœu non exaucé. Mieux vaut prévenir. D’ailleurs, c’est ce qu’on nous répète : « On vous aura prévenus. » Respirer tue, alors inspirons un jour sur deux ou expirons, à nous de choisir.

    Mais il n’y a pas que l’espérance de vivre en bonne santé. Il y a l’espérance de vivre tout court, comme des vivants du genre humain, l’espérance de fleurir. La menace n’a jamais été aussi grande, de n’être plus que des ombres errantes, ni vraiment mortes, ni franchement vivantes. Exproprié(e)s de nos vies, dépouillé(e)s de notre autonomie, occupé(e)s à ne pas vivre vraiment, à ne pas habiter notre humanité, à laisser des machines décider à notre place… Nous inaugurons joyeusement l’ère des cyborgs post-humains.

    La joie, même la joie se retire de nos visages, de plus en plus, elle s’en va et le sens du sacré tout autant, le sacré quand la vie était un miracle, quand on pouvait encore se réjouir sans être saisi d’inquiétude. Ce châtaignier, là où je vis, vous le verriez, c’est un frère. Comment ne pas lui sourire et, dans le même instant, craindre pour lui et pour tant d’autres ?

    Mais voilà, il y a beaucoup plus important que la vie. Il y a les secondes que l’on gagne pour se rendre d’un non-lieu à un autre non-lieu. Ça vaut bien un aéroport ravageant des terroirs précieux et, au passage, le climat dont notre grand pays a fait la cause du siècle. Ça justifie un TGV détruisant des habitats et des paysages bouleversants de beauté. Nous sommes devenus si importants, nous et nos affaires à développer sans limites.

    L’état d’urgence est étendu. Il devient permanent. Pas l’urgence écologique, non, celle-là, c’est juste pour parader dans les grandes mascarades de la COP 21 et des campagnes électorales. L’urgence dont il est question ici est celle d’en finir avec la vie, le hasard, le don sans limite du vivant et, soyons fous, avec la mort. Comprenez bien : L’humanité est une bavure. Qu’elle soit obsolète, indésirable ou non rentable, elle doit dégager.

    Ainsi pourraient s’exprimer nos bons maîtres si, pour une fois, ils parlaient vrai :

    Demain sera parfait et vous aussi. Vos émotions, vos défaillances, ça commence à bien faire. La mort vous asticote ? Vos vies ne sont pas à la hauteur ? Place au pilotage universel. Plus rien ne doit échapper à la toute-puissance. Vous n’êtes pas conformes aux normes des intégristes de la machine ? Vous serez désintégré(e)s ! La déchéance physique vous guette ? Vous serez customisé(e)s en série, programmables et réparables à merci. Merci qui ? Merci la machine !

    Grâce à la machine, vos derniers restes d’humanité sont en voie d’éradication. Le transfert des données touche à sa fin. Votre restant de cerveau disponible est quasiment numérisé et votre code-barres génétique, sur le point d’être opérationnel. Alléluia !

    Grâce à la machine… Et grâce à vous. Vous êtes formidables, vraiment. Plus besoin de gardien du troupeau. Le gardien, c’est vous ! C’est une source d’économie et surtout, de consentement et donc, d’efficacité. D’après les derniers chiffres, le taux de pénétration des mouchards électroniques progresse comme jamais. Vous pouvez être fiers. Surtout, ne changez rien.

    Continuez à plébisciter vos camisoles numériques. Tout le monde doit tout savoir sur tout le monde. Exhibez-vous ! Twittez, selfiez, restez connectés. Internet et les data centers foutent en l’air le climat ? Connectez-vous pour vous indigner ! L’absurdité menace le cours de votre vie ? Exigez un GPS qui donne un sens à votre existence. Vous vous sentez l’âme d’un(e) rebelle ? Réclamez des smartphones sans antenne-relais près de chez vous ! Vous passez votre vie derrière des écrans ? Syndiquez-vous ! Le digital labour mérite reconnaissance et rémunération. Négociez un statut de larbin que l’on sonne avec treizième mois et réduction du forfait téléphonique.

    La planète sera intelligente ou ne sera pas. Il y va de l’optimisation du cheptel et de ses prothèses, de la bonne croissance des flux et du flicage participatif. Pas d’alternative au règne du calcul et de la marchandise. Point de salut en dehors du sacrifice au cyber-Dieu des machines. Tout doit passer par lui, désormais : vos liens avec les autres, vos gestes, votre parole ou ce qu’il en reste. Votre rapport sensible au monde, oubliez-le. Ce qui faisait la vie imprévisible, précieuse, habitée, remplacez-le par le non-espace, le non-temps, la non-vie. Scannez vos aliments et vous avec par la même occasion, évaluez-vous, équipez-vous d’urgence de la fourchette connectée et de la gamelle intelligente pour chat et chien 2.0…

    La déchéance de nationalité n’est finalement qu’une étape. Demain, c’est de l’humanité que nous serons déchu(e)s.

    Celles et ceux qui veulent nous transformer en machine sont clairement des ennemis. Nous ne sommes pas négociables. Nous ne le serons jamais.

    Ne laissons pas leur monde désherber nos vies. Plus que jamais, sauvons ce qui peut l’être : notre humanité, dans ce qu’elle a de plus vulnérable – ses limites et sa finitude – et de plus humble aussi – une espèce parmi d’autres espèces. Quitte à être des « chimpanzés du futur », protégeons les arbres qui nous protègent. Soyons des veilleurs de nos jours, des veilleuses dans nos nuits. Cherchons l’aube, interminablement.

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  • La croyance n’a jamais rien fait d’autre que de la croyance

     

    La croyance n’a jamais rien fait d’autre que de la croyance.

    C’est-à-dire que la croyance en quelque chose n’a jamais rendu ce quelque chose réel.
    C’est la perception de ce quelque chose qui apparait, ou plutôt qui semble apparaitre.

    Mais la perception n’est pas la vérité.

    Elle est de la croyance (certains disent « condensée », soit, mais attention à ne pas rendre ce quelque chose de condensé réel parce qu’il est condensé. Il est et reste ce qu’il est: de la croyance).

    Et si nous restons un peu sur cette proposition, alors être victime ne peut que disparaitre devant la puissance retrouvée de la seule chose à l’œuvre dans ce monde: la croyance.

    Et si tout est croyance, du moins si toute l’expérience est faite de croyances, y compris l’expérience de se vivre séparé des autres et de tout, alors de façon quasi-organique, on récupère sa lumière et sa puissance, qui est la puissance de l’esprit qui pense tout, ou qui croit, ou encore qui rêve ce vaste rêve de monde et de formes séparées.

    Souvent, je dis que ce n’est pas mon voisin qui croit mes croyances, mais c’est bien moi.

    Alors, en tant que « croyeur » de mes croyances, ou rêveur de mon rêve, je me rends compte du seul pouvoir à l’œuvre ici: celui de l’esprit que je suis.
    Automatiquement je quitte le siège de la victime de mon monde, et me réapproprie celui de créateur de perception et d’expérience, ou de rêveur.

    Ainsi, devant chaque situation, je me retrouve en fait devant, ou dans mon propre esprit, et mes propres croyances.
    Ce qui facilite énormément le travail sur les peurs par exemple, car la peur nous protège(rait) d’un danger, de quelque chose qui fait réellement peur. Mais la peur, nous nous en rendons compte, ne protège que de croyances en quelque chose qui fait peur.
    Et les croyances ne font rien de réel, sauf pour celui qui y croit. Et même là, y croire, ou rendre « réel », n’a jamais rendu réel quoique ce soit.

    Alors, cela nous donne encore plus l’envie d’aller voir de près tout ce qui nous fait encore peur, en gardant bien proche le rappel que derrière toute peur, il y a de la croyance. C’est tout. Une forte émotion est liée directement à la puissance de la croyance. Quand on y croit moins, on a moins peur. Quand on y croit plus du tout, on n’a plus peur du tout.
    C’est absolument lié.

    Aussi, la puissance de la forte émotion étant la puissance avec laquelle je crois la croyance, l’émotion redevient ce qu’elle est: pure lumière, ou pur esprit, en substance, combinée à sa force qui est pure lumière ou pure intensité de croyance.

    Je ne suis en relation qu’avec le Réel, qui est pur esprit lumineux, filtré par les croyances auxquelles je crois encore… et qui semblent me donner les expériences que je fais. En cela, je ne suis qu’en relation avec le Réel, toujours.

    Puisque la croyance n’a jamais rien fait d’autre que de la croyance.

     

    Laurent Levy

     


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    https://www.facebook.com/aurelien.duarte

     

     


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  •  http://www.zoom-cinema.fr/media/photos/12423/le-soleil-derriere-l-arbre.jpg

    Sur  le chemin tout commence avec une expérience mystique.

    Karlfried Graf Dürckheim

     

    Expérience mystique : Quand il s’agit d’une expérience personnelle, l’expression peut faire peur. André Comte Sponville parle de sa propre expérience un jour de juin 2001.

     

    "Je ne suis pas du tout un mystique, je suis plus doué pour la pensée que pour la vie et plus doué pour la pensée conceptuelle que la pensée spirituelle mais j’ai eu au moins quelques moments de simplicité, en vérité extrêmement rare. Cependant, la première expérience était assez forte et assez nette pour qu’au fond toute ma vie en soit définitivement changée, toute ma vie et toute ma pensée. J’allais avoir vingt cinq ans, je me promenais avec des amis la nuit dans une forêt, nous étions quatre ou cinq, Plus personne ne parlait. Tout à coup, voilà une expérience que je n’avais jamais vécue. C’était quoi cette expérience ? C’était un certain nombre de mises en parenthèses.

     

    Mise entre parenthèses du temps, ce que j’appelle l’éternité. Tout à coup, il n’y avait plus le passé, le présent, l’avenir. Il n’y avait plus que le présent. Là où il n’y a plus que le présent, ce n’est plus le temps, c’est de l’éternité.

     

    Mise entre parenthèses du manque. Tout à coup et sans doute pour la première fois de ma vie, plus rien ne manquait. Mise entre parenthèse du manque, ce que j’appelle la plénitude.

     

    Mise entre parenthèse du langage, de la raison. C’est ce que j’ai après le silence. Pour la première fois peut-être de ma vie, je n’étais pas séparée du réel par des mots. J’étais de plein pied dans le réel.

     

    Mise entre parenthèses de la dualité. Ce que j’appelle l’Unité. J’étais Un avec tout. Mise aussi entre parenthèse de la dualité entre moi et Moi, entre la conscience et l’ego. Je n’étais qu’une pure conscience sans ego. C’est ce que j’appelle la simplicité.

     

    Mise entre parenthèses de l’espérance et de la peur. Bien sur puisque j’étais dans le pur présent. Pour la première fois de ma vie et peut-être la dernière, je n’avais peur de rien. Ça c’est une expérience très étonnante. Tout à coup, vous n’avez peur de rien. C’est ce qu’on appelle la sérénité.

     

    Une mise entre parenthèses du combat. Tout à coup, je n’avais plus à me battre. C’est ce que j’appelle la paix.

     

    Enfin, mise entre parenthèses  -et c’était la plus étonnante,- de tout jugement de valeur, et c’est que j’ai mis plusieurs années à appeler l’absolu."

     

    Chacun a vécu une expérience à un moment privilégié au cours duquel il s’est senti proche comme jamais encore de la vérité de la vie. Ce sont ces moments où l’on a senti ce qu’on pourrait appeler la profondeur de l’Être. Moment au cours duquel nous nous hissons sans rien savoir ni comment à un niveau d’être où règne la plénitude, le silence, la sérénité, la paix intérieure.

    Une interview du philosophe André Comte-Sponville menée par Djénane Kareh Tager

    http://livreblogdujeudutao.unblog.fr/category/ressources-et-savoirs/page/7/

     


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  • https://dorinesalomonauteur.files.wordpress.com/2015/04/brod-du-gouffre.jpg

     

    Venez jusqu’au bord.

      Nous ne pouvons pas, nous avons peur.

     

     

    Venez jusqu’au bord.

      Nous ne pouvons pas, nous allons tomber.

     

     

    Venez jusqu’au bord.

     

     

    Et ils y sont allés.

    Et il les a poussés

     

     

    Et ils se sont envolés.

                                     

     

    Guillaume Apollinaire

    Trouvé chez Didier

     

     

     

     

     

    Et j'ai marché, marché seule

    Toi, tu dormais, touché du doigt

    Le ciel étoilé

    Courir pieds nus dans l'été

    Pieds nus dans l'été

    Je me sentais libre et légère

    J'étais ma propre lumière

    Mes idées noires, je les avais alors oubliées

    Au fond d'une nuit égarée

    Et puis j'ai respiré

    Peut-être un peu trop fort

     

    Je me suis envolée, c'est vrai, je jure, je le promets

    Je me suis envolée, j'ai ri et j'ai pleuré

    J'ai vu la terre tourner autour d'un corps adoré

    J'ai compris qui j'étais et où j'allais

    Et j'ai marché, marché

    Dans ma tête, pas de nuages

    De temps en temps, un ou deux soleils

    Ceux qu'on voit sur les plages

    Venaient se réchauffer

    A ma peau, à mon visage

    Je m'étonnais de ces mystères

    L'amour n'a rien d'ordinaire

    Et tout ce qu'il invente est vrai

    J'avais oublié

     

    Je me suis envolée, c'est vrai, je jure, je le promets

    Je me suis envolée, j'ai ri et j'ai pleuré

    J'ai vu la terre tourner autour d'un corps adoré

    J'ai compris qui j'étais et où j'allais

     

    L'ordre des choses qu'on nous oppose

    L'amour peut tout défier

    Sage ou distrait

    Fou, innocent, beau, rêveur, insolent

    Quand j'ai vu la Terre tourner

    Autour d'un ange qui dormait

    J'ai alors mesuré comme je l'aimais

     

    Je me suis envolée, c'est vrai, je jure, je le promets

    Je me suis envolée, j'ai ri et j'ai pleuré

    J'ai vu la terre tourner autour d'un corps adoré

    J'ai compris qui j'étais et où j'allais

     

    Je me suis envolée, envolée.

     


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