• Aurobindo - Le Guide Du Yoga

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    Pour être proche du Divin, il n’est pas nécessaire de n’avoir ni amour, ni sympathie. Au contraire un sens de proximité et d’unité avec autrui est une partie de la conscience divine où le sâdhak pénètre par rapprochement avec le Divin et par sentiment d’unité avec le Divin. Un rejet complet de tous rapports est en fait le but final du mâyâvâdin, et dans le yoga ascétique on considère la perte totale de tous rapports d’amitié, d’affection, d’attachement au monde et aux êtres vivants qui l’habitent comme un signe prometteur de progrès vers la libération, moksha. Même là cependant, un sentiment d’unité et de sympathie spirituelle sans attachement pour tous est, à mon avis, au moins un stade qui précède le dernier, comme la compassion chez le bouddhiste, avant que l’on se tourne vers moksha ou vers le nirvâna.

    Dans notre yoga, le sentiment d’unité avec autrui, l’amour, la joie et l'ânanda universels forment une partie essentielle de la libération et de la perfection qui sont le but de la sâdhanâ.

    Par contre, la société humaine, l’amitié, l’amour, l’affection et la sympathie humains reposent habituellement, dans la plupart des cas — pas entièrement ni dans tous les cas — sur une base vitale et sont en leur centre sous l’emprise de l’ego. Si les hommes aiment, c’est en général à cause du plaisir d’être aimés, du plaisir qu’ils éprouvent à élargir l’ego par contact avec autrui, par interpénétration des esprits, par la gaieté des échanges vitaux qui nourrissent leur personnalité — et il y a aussi d’autres mobiles, encore plus égoïstes, qui se mêlent à ce mouvement essentiel.

    Il y a naturellement des éléments supérieurs spirituels, psychiques, mentaux, vitaux, qui interviennent ou peuvent intervenir ; mais le tout est très mélangé, même dans les conditions les plus favorables. C’est pourquoi à un certain stade, avec ou sans raison apparente, le monde, la vie, la société humaine, les rapports humains et la philanthropie — qui est tout autant que le reste dominée par l’ego — commencent à perdre leur attrait.

    Il y a parfois une raison apparente : une déception du vital de surface, le retrait de l’affection d’autrui, la perception que ceux que l’on aime, ou les hommes en général, ne sont pas ce que l’on pensait, et une foule d’autres causes ; mais souvent la cause est une déception secrète d’une partie de l’être intérieur, qui ne s’est pas traduite, ou pas bien traduite dans le mental parce qu’on attendait de ces choses ce qu’elles ne peuvent pas donner. Tel est le cas de beaucoup de gens qui se tournent vers la vie spirituelle ou y sont promis. Pour certains, cela prend la forme d’un vairâgya qui les pousse vers l’indifférence ascétique ou leur donne l’aspiration profonde à moksha.

    Ici, ce que nous estimons nécessaire, c’est que ce mélange disparaisse et que la conscience s’installe sur un niveau plus pur (non seulement spirituel et psychique, mais une conscience mentale, vitale et physique plus pure et plus haute), où ce mélange n’existe pas. Là, on doit sentir le véritable ânanda d’unité, d’amour, de sympathie, de communion, en sa base spirituel et existant en soi, mais s’exprimant à travers les autres parties de la nature. Si cela doit se produire, il faut évidemment qu’il y ait un changement ; la vieille forme de ces mouvements doit tomber et faire place à un moi nouveau et plus élevé pour laisser paraître sa propre voie d’expression et de réalisation de soi-même et du Divin à travers ces choses — telle est la vérité intérieure de cela.

    Je comprends par conséquent que l’état que vous décrivez est une période de transition et de transformation, négative en ses débuts, comme ces mouvements le sont souvent pour commencer, afin de créer un espace vacant où le nouveau positif puisse apparaître, qu’il puisse habiter et remplir.

    Mais le vital, qui n’a pas une expérience longue et continue, ou aucunement suffisante ou complète, de ce qui doit remplir cet espace vide, ne ressent que la perte et la regrette, alors même qu’une autre partie de l’être, une autre partie même du vital, est prête à laisser partir ce qui disparaît et n’a même pas envie de le conserver.

    N’était ce mouvement du vital (qui dans votre cas a été très fort et vaste et avide de vie), la disparition de ces choses n’amènerait — tout au moins après la première sensation de vacuité — qu’un sentiment de paix, de soulagement, et une attente paisible de choses plus grandes. Ce qui est destiné en premier lieu à remplir ce vide vous a été indiqué dans la paix et la joie qui sont venues à vous comme le toucher de Shiva. Naturellement cela ne serait pas tout, mais un commencement, une base pour un moi nouveau, une conscience nouvelle, une activité d’une nature plus grande ; comme je vous l’ai dit, ce sont un calme et une paix spirituels profonds qui constituent le seul fondement stable pour une bhakti et un ânanda durables. Dans cette nouvelle conscience, il y aurait une base nouvelle pour les rapports avec autrui ;

    En effet une aridité ascétique ou une solitude désertique ne saurait être votre destinée spirituelle, puisque cela ne s’accorderait pas avec votre svabhâva, qui est fait pour la joie, l’amplitude, l’expansion, un mouvement compréhensif de la force vitale. Ne vous découragez donc pas ; attendez le mouvement purificateur de Shiva. L’émotion est un bon élément dans le yoga ; mais le désir émotif devient facilement une cause de trouble et un obstacle.

    Dirigez vos émotions vers le Divin, aspirez à ce qu’elles soient purifiées, elles deviendront alors une aide sur le chemin et non plus une cause de souffrance. Ne pas tuer l’émotion, mais l’orienter vers le Divin, telle est la voie juste dans le yoga. Mais elle doit devenir pure, reposer sur la paix et la joie spirituelles, être capable de se transmuer en ânanda. L’égalité et le calme dans le mental et les parties vitales et une émotion psychique intense dans le cœur peuvent parfaitement aller de pair. Par votre aspiration, éveillez dans le cœur le feu psychique qui brûle régulièrement vers le Divin — c’est l’unique moyen de libérer et de réaliser la nature émotive.

    http://documents.mx/documents/aurobindo-ghose-le-guide-du-yoga.html

     

     

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