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Délivrance
En fin d’après-midi, après avoir travaillé, je sors un moment. Parfois tout en marchant, je repasse dans ma tête le texte que je viens d’écrire. Pour tenter de l’améliorer.
Aujourd’hui, dans la rue, une femme d‘environ quarante cinq ans m’a arrêté. Elle n’a pas lu mon livre, m’indique-t-elle précipitamment, mais l’autre jour, elle a été touchée par ce que j’ai dit à la télévision, et elle désirait me parler. Il y a six ans, elle a perdu un fils et elle est dépressive.
Pris de court, je n’ai pas su lui dire les mots que sans doute elle attendait, mais je l’ai écoutée avec attention. Il faut être assurément dans une grande solitude pour éprouver le besoin de se confier à un quasi-inconnu. Or une telle solitude, j’en ai été prisonnier pendant des années. Et je sais bien que si, à l’époque, j’avais été moins timide, j’aurais pu accrocher le premier venu pour me décharger de ce qui m’accablait. La mémoire que je garde de ces douloureuses années m’a permis de l’écouter en la rejoignant là où un trop-plein de souffrance exigeait qu’elle s’en délivre.
Charles Juliet "L'autre faim"
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Commentaires
Mais quand même, l'amitié, ça a du bon.
Merci, à bientôt.
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prend-on seulement encore le temps de se "parler" ?
c'est un peu le mal de notre époque, chacun dans son silence !
heureusement il y a encore des oreilles attentives et bienveillantes...
à bientôt