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Faire silence
Comme le poisson appartient à l’océan et l’oiseau au ciel, le yogi est un être du silence. Silence extérieur, silence intérieur. Silence du corps, des émotions et des désirs, des mémoires et des pensées. Plénitude d’un silence heureux, qui n’a plus besoin de se dire, ayant tout accepté et pardonné.
Présence au monde d’un silence ouvert qui ne se soucie plus de se protéger, étant imprenable, ancré au cœur de l’être.…
Le problème bien contemporain de savoir si le yoga enferme dans une bulle de bien-être à l’abri des bruits d’un monde rageur, s’il empêche de s’engager en mettant au pratiquant des « boules quies invisibles », trouve une réponse. Les courants d’air qui secouent nos jours troublés soufflent aussi sur ces espaces silencieux que la pratique nous consent : le yoga est dans la continuité de la vie et réciproquement ; le silence est le contrepoint de la rumeur, du chant, du cri, et réciproquement …Certes, on peut toujours se servir des techniques du yoga pour se retrancher dans un autisme d’autant plus subtil qu’il se pare des plumes de la spiritualité. Comme on pourra le constater ici, nous sommes conscients de cette impasse possible et nous avons souhaité y réfléchir en proposant d’envisager le yoga dans un tout autre esprit, dans ce que nous pourrions appeler une démarche « éthique ».
Pour employer l’expression indienne, le silence est le fruit d’un tapas - une ascèse, une discipline … Tapas canalise les énergies, non pas pour les réduire, mais pour en extraire la pleine potentialité… C’est un travail opiniâtre, à la fois abandonné et volontaire, un ensemble d’actions cohérentes destinées à produire un résultat intérieur escompté – bonne santé, harmonie, stabilité, sérénité. Il s’agit bien de faire pour être transformé : faire silence, de plus en plus souvent et profondément, pour instaurer un état fondamental de silence.
La pratique du yoga conduit à faire silence pour être en silence. Faire silence grâce à tous les exercices qui éteignent l’incessant bavardage intérieur et l’agitation corporelle. Ce travail fait éclore un état de pure présence, de réceptivité, de vigilance lumineuse.
Ysé Tardan Masquelier
Revue Française de Yoga – Juillet 2007
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Commentaires
2EmmanuelMardi 6 Janvier 2015 à 06:30Je viens de retrouver l'article chez Lungtazen qui traite de ce fameux débat entre "subitisme et gradualisme" : http://lungtazen.wordpress.com/2010/02/13/subit-graduel/
Bonne journée Yog
1EmmanuelMardi 6 Janvier 2015 à 06:10Faire silence ou Etre silence ? C'est un débat nous le savons très ancien, n'est-ce pas, mais c'est néanmoins la question (comme la réponse en moi) qui me vient ce matin à la lecture de ce texte.
Est-il vraiment nécessaire de faire quoi que ce soit pour le découvrir, si le silence est ce que nous sommes déjà, la toile de fond de ce que nous sommes ? Cela me fait penser ce matin aussi au texte de Karl Renz : le carroussel de la vie : http://fr.sages.wikia.com/wiki/Karl_Renz_-_Pour_en_finir_avec_l%27%C3%A9veil_Chap1
Ou encore ce texte de Krishnamurti, toujours inspirant : http://www.krishnamurti-france.org/Il-faut-puiser-a-la-source-du-silence-pour
Trouvé à l'instant, une belle image lue dans un texte se trouvant ici : http://shivaisme-cachemire.blogspot.fr/2014/12/faire-silence-ou-se-laisser-faire-par.html
"On ne fait pas silence.On se laisse faire par le silence comme on se laisse caresser."Je embrasse Yog dans le Silence
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https://www.youtube.com/watch?v=Qox7FALmHv8
La dernière vidéo d'Isabelle....trop crampante comme disent les Canadiens :)))
Bon amusement !
et Bisous à vous deux ...