• Il est des matins blancs

    http://www.linge-et-maison.com/img/p/3/8/9/0/1/38901.jpg

     

    Blanc comme le dessus de ma couette lissée dans une chambre bien rangée.

    Ordre extérieur, ordre intérieur.

    Calme d' un manteau de neige.

    Perles ruisselantes sur les carreaux propres.

    Pluie de rentrée. 

     

    Du Bobin dans L'Homme Joie

    "Bach est un enfant dont l'angoisse est si grande qu'il fait venir l'éternel à son chevet"

     

    Il parle de la vaisselle:

    "Mes mains sont contentes de retrouver les assiettes fleuries, de les ressusciter sous une pluie d'eau chaude et citronnée. Faire la vaisselle est une activité métaphysique qui redonne à un morceau de matière un peu d'éclat du premier matin du monde. Dans les lointains une télévision accomplit sa morne besogne comme un bourreau tranchant sans émotion les têtes divines du silence et du songe. Un train de publicités déchire l'air, une pluie de miracles tristes s'abat sur le monde, dont les prophètes sont des créatures jeunes, lisses, au sourire millimétré. Nous devons être très malheureux pour engendrer de tels rêves compensatoires.  Les reliefs du repas glissent dans la poubelle tandis que dans mon dos les mannequins marchands dressent sur les ondes leur table infernale. L'absence de vérité dans une voix est pire que la fin du monde. On ne tord pas un rayon de soleil. La vaisselle renait deux fois par jour. Son mouvement est celui des marées, une pulsation de l’énigmatique banalité des jours. J'aime faire la vaisselle "à l'ancienne": à la main. Les mannequins au masque d'or vantent des choses extraordinaires. On dirait qu'ils ont trouvé un remède contre la mort - mais la mort n'est pas une maladie. Un verre de cristal se brise dans l'évier, un peu de sang perle à mon doigt - un nuage rouge sur ciel de chair, un poème bredouillé du vivant. Les animaux, les nuages et les assiettes connaissent le plus grand heurt de la vie. Leurs mélancolies, leurs délitements, leurs bords ébréchés en témoignent. Je suis partisan des bouses de vache, des livres en papier et de la vaisselle faite à la main. Je n'ai jamais rien vu de vrai que la vie blessée, rougie de maladresse".

     

     

    « L'autre c'est nousRandonnée au Mont Kemmel (Belgique) »

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  • Commentaires

    2
    Mardi 25 Août 2015 à 10:10

    Bonjour Suzon! smile

    Chez nous pas de lave-vaisselle, donc "à l'ancienne".

    Comme en ce moment nous sommes 4 ou 5 à chaque repas, c'est chacun son tour et ça se passe bien.

    La vaisselle, c'est aussi le moment pour échanger ou rester silencieux.

    Ici soleil mais 15° avec du vent.

    J'aime la rentrée qui arrive et retrouver le monde.

    Bisous

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    1
    Lundi 24 Août 2015 à 13:27

    J'aime l'extrait que tu as  mis du livre de C. BOBIN.


    Quand je l'ai lu la toute première fois, j'avais pensé aussitôt à mon fils que laver la vaisselle ne rebute pas du tout.. Il adore faire la vaisselle, les mains dans l'eau chaude.. il est bien... cela le plonge dans un état de relaxation certain... Il faut que la personne qui essuie la vaisselle ne soit pas trop pressée :-)


     


    Bises d'ici où il fait gris...


     

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