• L'assommoir


    http://www.visualisation-creative.com/images/visualisation_creative_imagination.jpg

    Soir après soir, nous sommes assis durant de longues heures face à une lumière scintillante. Les mêmes images pénètrent nos cerveaux, uniformisent nos existences, nos connaissances, nos goûts, nos désirs. Nous passons plus d'heures à regarder des émissions sur la nature qu'à la vivre dans sa réalité ; plus de temps à rire des plaisanteries à la télévision qu'à plaisanter nous-mêmes ; plus de temps à regarder des scènes simulées de sexualité qu'à faire l'amour.


    Voici vingt ans, le mouvement écologiste alerta le monde en lui faisant comprendre que notre mode de développement menaçait la nature et par là même notre propre survie. Aujourd'hui, notre environnement intellectuel doit faire face à une forme différente d'agression...


    Notre psychique est submergé par les assauts de milliers d'images jouant avec notre sensibilité, notre affect. Des millions de spots publicitaires conditionnent notre inconscient collectif et façonnent l'idéologie dominante de la télévision. Une idéologie où lajouissance immédiate par la consommation prime sur toute volonté de sens. A force dehttp://www.curiosphere.tv/images/DOSSI/DOSSI15685/2_4_l_arbre_et_le_livre_clip_image001.jpgrépétition, notre capacité d'attention se trouve diminuée, notre imagination et notre esprit critique s'épuisent, et nous avons de plus de plus de mal à nous consacrer aux valeurs essentielles.

    "Une semaine sans télévision" est une tentative collective pour sauvegarder notre plus précieuse ressource : la lucidité.

     

    Je n'ai qu'une vie. Je ne la regarderai pas passer, par procuration, comme un zombie, devant un poste de télévision. Je veux me sentir exister, furieusement. Je veux ressentir le bonheur, la tristesse, intensément. Je veux percevoir le chaud et le froid, les parfums et la sueur, les rires et la fatigue, sans écran. L'assommoir télévisuel, cette camisole à mon énergie, cet étouffoir à sentiments, ne m'anéantira pas. Je veux tout, je n'attends rien, le monde s'offre à moi.

     

    La moyenne quotidienne de télévision par français est actuellement est de 3 heures 40. Après une journée de travail et plus de trois heures devant le poste, le temps consacré à la vie sociale, civique, à la création.. ne peut-être que marginal, sinon inexistant. La critique de la télévision ne peut donc se limiter à son contenu et doit le dépasser pour s'interroger sur le média en tant que tel. La télévision constitue un miroir pour notre société. Le briser ou le condamner ne changerait pas le visage de notre civilisation. "Changeons et la télé changera". Eteignons-la et la vie commencera.


    http://96.img.v4.skyrock.net/96a/didizpowa/pics/837734243_small.jpgMais vivre, c'est difficile. Il est tentant de chercher à échapper à la condition humaine. Cocaïne, héroïne et haschisch demeurent des moyens prohibés pour atteindre des paradis artificiels. Prozac, alcool et télévision permettent, eux, de fuir la réalité sans enfreindre la loi.


    Si nous devions classer comme drogue un produit synthétique inhalé entraînant une dépendance, la télévision ne rentrerait pas dans cette catégorie. Pourtant, sans apparente action chimique, la télévision conduit à des phénomènes d'assujettissement comparable à ceux de drogues dures. Voici plus de dix ans, une équipe de l'hebdomadaire Télérama proposait dans un quartier à des volontaires de rendre leur poste pendant une semaine. Seule une minorité de candidats parvinrent au bout des sept jours sans avoir récupéré leur précieuse boite. Certains ne tinrent pas une journée. D'autres, honteux, louèrent des postes en cachette.


    La télévision a ceci de particulier par rapport aux autres média qu'elle laisse son spectateur totalement passif. A aucun autre moment de notre existence nous ne sommes aussi inerte, même dans notre sommeil, car les rêves y sont le produit de notrehttp://ferzani.files.wordpress.com/2009/03/imagination-tree-300px1.jpgimagination. Contrairement au cinéma, où la lumière est projetée sur une toile, le poste de télévision la projette directement sur le spectateur. Le scintillement de l'image engendre un phénomène hypnotique.


    Nous regardons la télévision. Nous l'écoutons peu. L'image y est reine et la forme prime sur tout. Le pouvoir y appartient aux apparences. Ne pas être conscient de cette règle de base peut conduire à desservir son propos pour celui qui est amené à y figurer. A la télévision, on est manipulé ou on manipule.

     

    La télévision est un prisme. Elle nous évite de réfléchir, de nous poser des questions existentielles. Elle nous évite de les accepter et de les affronter. A force de fuir dans l'illusion au travers de cette glace, nous devenons incapables d'affronter la réalité se trouvant derrière la fenêtre. C'est au final un véritable refus de la vie.

    Une semaine sans télé, c'est un temps pour créer, construire, apprendre, lire, réfléchir, se rencontrer.. et retrouver le goût et le parfum de la VIE.

     


      Raoul Anvélaut

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    17
    Lilou
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 13:30
    Lilou

    J'ai un vieux poste de télé qui parfois le soir me tendait les bras lorsque j'avais l'impression d'y trouver détente et satisfaction. Un jour d'orage je l'ai débranché ..ainsi il est resté.
    Pourquoi en suis je arrivée là  ?
    Parce qu'autour de lui..il y avait la vie et qu'à y goûter je me suis aperçue que rien ne pouvait la remplacer .

    16
    Naradamuni/sans
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 13:30
    Naradamuni/sans


    Car il y a formatage!
    Mots vidés de leur sens, oxymores, etc..., la télé a servi en installer par l'utilisation de toutes ces techniques de détournements sémantique une novlangue éfficace dont nous sommes tous imbibés, à plus ou moins fortes doses;
    Il n'y a plus d'information mais du traitement de l'information. A quelles fins ?
    Le Chômeur pour les Médias : Sujet ou objet ?

    Dans toute guerre la première bataille à gagner n'est-ele pas celle du langage ?

    Qui a intérêts ?

    Pas l'intérêt général!
    Car aujourd’hui il faudrait sans aucun doute ajouter les médias d'information à la liste des trois pouvoirs classiques à contôler, (parlementaires, ministres et juges).
    Faudrait-il encore que ces derniers le soient déjà !

    Les Lumières

    Les lumières, c'est-à-dire ce qui a vocation de former et informer nos petites têtes, c'est l'École et les médias qui en revendiquent le privilège.


    L'école
    L'école présente est essentiellement une institution disciplinaire. La première discipline enseignée est "savoir se vendre", la servilité et la duplicité. Pour remplir cette mission, l'école se fait le lieu où l'instruction tue l'intelligence ; elle glorifie de se restreindre rigoureusement aux opérations de gavage en vue du "diplôme". C'est l'horrible "laïcité" qui signifie : dans nos murs, toute question de spiritualité, d'idéal, est interdite. l'école est donc un double de la "Grande Muette", "neutre" comme la caserne vis-à-vis de toute pensée vivante authentique. C'est ce qui fait de l'école caporalisée un royaume "austère", répulsif et fatiguant.

    La Presse
    Heureusement existe l'autre foyer de lumière obscurantiste, presse et télé, royaume compensateur du "licencieux", attractif et prodigue d'évasion.
    Les Médias actuels sont essentiellement prostitués. C'est l'horrible "liberté" de l'information. d'abord c'est le déluge "distrayant" de faits divers, chiens écrasés, incidents biographiques de "vedettes" en tous genres ; ceci enchaîne avec les "variétés", où le porno alterne avec Cendrillon et les gangsters avec Zorro ; le clou du délassement est cependant avec le Mondial et la Roue de la Fortune. Mais c'est la fonction de manipulation idéologique qui est la mission fondamentale des média : au travers du flot intarissable des commérages de politicaillerie, il s'agit à la fois d'engluer la "masse" dans des considérations qui ne la concerne nullement et de l'amener à "prendre parti" dans la guerre des gangs dominants.



       De l'esprit critique...

    "L'ennemi numéro 1 de tout  États est l'homme qui est capable de penser par  lui-même sans considération de la pensée  unique. Presque inévitablement il parviendra alors  à la conclusion que l'État sous lequel il vit  est malhonnête, insensé et insupportable,  ainsi, si cet homme est idéaliste il voudra le  changer. S'il ne l'est pas, il témoignera  suffisamment de sa découverte pour  générer la révolte des  idéalistes contre l'État."
    Henry Louis  Mencken
    Journaliste,  écrivain et libre penseur, l'un des écrivains  américains les plus influents du 20e siècle  (1880-1956)




    15
    Naradamuni/sans
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 13:30
    Naradamuni/sans
    Tu peux t'abonner à la news ICI. Beaucoup d'articles très intéressants...et gratuits!

    Notamment cet article qui en soi est un bon déformatage de "l'alimentaire pensée unique" et que je pratique en partie depuis un certain temps.

    Quant à l'alimentaire télévisuel il est passé par la fenêtre il y a belle lurette!

    ... Les villes sont des villes bordées de nuit
    Et peuplées d'animaux qui marchent sans bruit,
    Toujours, dans votre dos, la peur vous suit.

    Ramenez le drap sous vos yeux et
    Entrez dans le rêve.
    Allumez l'écran merveilleux
    Quand le jour s'achève.

    Retrouver l'amour blessé
    Au fond du tiroir où on l'avait laissé,
    Retrouver l'amour blessé,
    Découper le monde à coup de rasoir
    Pour voir au cœur du fruit le noyau noir.

    La vie n'est pas ce qu'on nous fait croire.
    La vie n'est pas la vie.

    Si la vie n'est pas ce qu'on nous fait croire,
    Mieux vaut le drap du désepoir.
    Et puisque la vie n'est pas ce qu'on nous fait croire
    Alors mieux vaut le drap du désespoir.

    Ramenez le drap sur vos yeux.
    Allumez l'écran merveilleux,
    Quand le jour s'achève.

    G. Manset




    14
    Lundi 4 Novembre 2013 à 16:16
    Daniel
    Pas tous: ex le Canard enchaîné.
    13
    Lundi 4 Novembre 2013 à 12:00
    Yog' La Vie

    Il faut savoir que la quasi totalité de la presse est détenue par les mêmes groupes financiers que les radios et télés.

    12
    Vendredi 1er Novembre 2013 à 11:10
    Daniel
    J'aime beaucoup les informations, me tenir au courant de ce qui se passe. Donc je regarde la télé mais je sélectionne. Je lis aussi beaucoup la presse et si possible variée pour me faire ma propre opinion. Le tout est de savoir garder sa lucidité.
    11
    Lundi 25 Octobre 2010 à 08:22

    Bel article auquel j'adhère totalement ! J'ai arrêté complètement la télé, il y a six mois, et je m'en porte beaucoup mieux ! Lire, écrire, réfléchir sur soi et sur sa vie sont des occupations qui me conviennent nettement mieux.

    Bonne journée !

    10
    Jeudi 2 Juillet 2009 à 06:54
    Jackie
    Merci pour cet article, auquel j'adhère à fond
    Bonne continuation
    Jackie
    9
    Mercredi 1er Juillet 2009 à 10:51
    Jean
    bonjour
    Nos contemporains ont de nombreuses addictions...
    dont celle de la télé avec tous les mensonges et co... qu'elle distille
    L'homme d'aujourd'hui (je n'ai pas connu celui d'hier) n'a guère de maturité
    C'est la jouissance immédiate.... pas la vraie recherche du bonheur...
    Sincèrement
    jean
    8
    Lundi 29 Juin 2009 à 18:20

    Un peu absent en ce moment  des blogs en raison d’une tendinite  au bras droit.  Je visite  mais j’évite de trop utiliser le clavier pour les commentaires… toujours interessant de lire tes articles
    bonne soirée
    bisous

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    7
    Dimanche 28 Juin 2009 à 19:01
    witney
    en milieu scolaire, des extraits de films sont passés aux élèves en lien avec un cours, discussion après ? je ne sais pas !! ils ont aussi une culture cinematographique avec 3 films par an dont des bons films en VO, et exploitation en classe (thématique etc.)
    chez toi on ne s'ennuie pas, les coms sont riches et denses !! bravo ! bonne suite ! witney
    6
    Dimanche 28 Juin 2009 à 08:29
    dju770
    Je crois que rien n'est bon, rien n'est mauvais : tout dépend de la dose.

    Exemples : La morphine soulage les douleurs de certains malades, ou détruit et emprisonne les toxicos.
    L'arsenic est un dangereux poison, mais à très faible dose c'est aussi un médicament...
    Un verre de vin de temps en temps ça fait du bien ! Sauf quand on devient dépendant...

    La télé reflète-t-elle la société ou l'influence-t-elle ? La course à l'audimat est certainement responsable de pas mal de dérives : la qualité n'est pas toujours au rendez-vous ! A chacun de choisir et de garder son esprit critique, et sa liberté de pensée et d'action. Le risque d'hypnotisation et d'abrutissement est bien réel.

    Merci de cet article de qualité.
    5
    Samedi 27 Juin 2009 à 19:07
    catiechris
    C'est bien de se sortir de soi-même et de monter sur la table et de regarder de haut pour prendre du recul,
    Télévision, ordinateur et progrès en fait qui nous bouffent la vie mais nous courrons après eux  non ?
    Si nous laissons tomber nous faisons quoi allons vivre dans le Larzac, et élevons des chèvres tendant à la vie idéale et illusoire, que nous pensons être la meilleure,.
    Quoi que nous pensions, quoi que nous fassions l'homme est ainsi fait, il a voulu moins travailer , manger à sa faim, et il a tout mélangé, compliqué et maintenant il est sa propre victime.
     subir ou ne pas subir, ? Telle reste la question qui aura la solution ?
    Bonne soirée ou je vais cueillir groseilles, framboises, et fraises des bois et où un instant je serai en phase avec et dans l'univers
    à bientôt
    4
    Samedi 27 Juin 2009 à 17:42
    Gazou
    Je regarde peu la télé, je n'en trouve pas le temps..Pourtant il me semble qu'il y a des émissions intéressantes...Mais ... trop de temps passé passivement devant le petit écran empêche de vivre sa vie intensément
    3
    Samedi 27 Juin 2009 à 13:46
    Annick
    La télévision... parfois le Grand Journal de Canal + pour le grand sourire de Michel Denisot, l'accent chantant de Jean Michel Apatie... et la légèreté du ton de l'émission.

    Sinon.... même Ushuaia ne m'attire plus.

    C'est dire...

    ____

    Dis moi Yog, connais tu un magazine qui s'appelle Nouvelles Clés. C'est l'animatrice des séances de biodanse auxquelles je participe qui me l'a conseillé. J'ai lu le numéro du printemps dernier. Je viens de commencer celui de cet été.
    Si tu ne connais pas je pense que cela devrait te plaire.

    Je te souhaite un joli samedi. Ici il fait beau. Je vais sans doute aller me promener dans un château et si tout va bien ce soir pique-nique au bord de la mer.

    2
    Samedi 27 Juin 2009 à 13:04
    Anne Wolff
    J'ai fait un lien pour cet article sur le blog d'Eva "résistons à la désinformation".
    C'est vrai que si le contenu est souvent remis la question, Mais pas son existence quotidienne dans la vie des foyers. Je n'ai pas la télévision parce que son pouvoir hypnotique m'effraie. Il suffit de pas se sentir très bien un jour et hop, ,tu commence par regarder un truc qui t'intéresse, et puis t'es piègée, comme avec les autres drogues dures, t'en regarde un autre, et puis encore... Tu crois que tu te détends que tu décompresse alors qu'en fait tu te vides. Et quand tu l'éteins tu retrouves ta douleur...
    Anne
    1
    Vendredi 26 Juin 2009 à 17:32
    witney
    on pourrait en faire un bon outil avec des émissions qui "élèvent" ; la passivité créée par la télé n'est pas bonne, je la regarde peu et ça ne me gêne pas ! !! witney
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