• L'ego et la conscience

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    La conscience

     

    A l’origine de chacun d’entre nous, il y a la conscience. Sans elle, il est évident que rien ne pourrait apparaître. Certains croient en Dieu, d’autres non….mais personne ne peut nier sa propre conscience. Bien sûr, la conscience n’est pas un objet. Elle est le Sujet. Elle est ce que de nombreux maîtres spirituels appellent le « Soi », pur sentiment de présence qui demeure même en l’absence de pensées, et qu’il ne faut donc pas confondre avec le »je-ego » créé par le mental. Ainsi, la conscience n’est pas le mental. Et le mental ne peut appréhender la conscience. C’est pourquoi certaines traditions spirituelles, comme le Taoïsme ou le Zen, préfèrent parler de Vide plutôt que de conscience, de ce « Vide central », par exemple, « sans lequel la roue ne pourrait tourner », comme le dit Lao Tseu. L’Hindouisme et le Bouddhisme, pour leur part, parlent de Sunia, concept métaphysique à l’origine du zéro mathématique. Mais d’autres traditions,  sans doute dans le but d’offrir tout de même au mental un petit os à ronger, préfèrent employer l’image d’un grain de poussière, d’un atome ou d’un simple point géométrique, pour ce principe spirituel fondamental.

     

    Comme tous les points géométriques, ce point symbole du Soi, de notre identité réelle n’a pas de dimension. Le cercle de la personnalité, au contraire, est dimensionné. Il occupe une place spécifique dans le monde. Bref, il est personnel. Alors que le point de Conscience reste impersonnel.

     

    Tant qu’elle demeure à l’intérieur d’elle-même, notre identité n’est donc qu’un point impersonnel et sans dimension. En revanche, lorsqu’elle sort d’elle-même pour habiter un conditionnement personnel, elle crée un espace et invente des séparations à l’infini, entre moi et non-moi, sujet personnel et objet, bien et mal, etc…..

     

    L’ego

     

    Le cercle de l’ego est alors précisément chargé de marquer la frontière entre toutes ces séparations, et bien sûr avant tout entre moi et non-moi. C’est une forteresse ne laissant pénétrer que le semblable et interdisant tout accès à ce qui semble trop différent.

     

    Au cours de l’évolution de son histoire, l’homme a renforcé ce cercle en commençant par se construire des huttes ou des cases circulaires, puis en bâtissant des cités dont le centre était évidemment toujours le centre du monde, et au-delà des murs desquels s’étendait un vaste chaos peuplé de barbares par définition non civilisés, quand ce n’était pas franchement non humains.

     

    L’ego est à cette image : une édification hermétique de concepts, de valeurs, de références, d’expériences, de souvenirs, délimitant une frontière entre intérieur (sujet/moi) et extérieur (objet/non moi), filtrant l’information en provenance de l’extérieur afin de n’accepter que le seul conforme, et projetant ses propres formes conceptuelles à l’extérieur, de telle sorte que le monde ne soit expérimenté qu’à travers l’image que l’on s’en fait.

     

    On ne peut imaginer structure plus fermée sur elle-même, cultivant ses propres représentations du réel, et répétant sempiternellement les mêmes types d’expériences enregistrées depuis l’enfance. Et lorsqu’un Maître spirituel annonce qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, c’est naturellement à la mort de l’ego qu’il invite ses disciples, car, même en cultivant des trésors de gentillesse ou d’hypocrisie, le moi reste structurellement incapable d’aimer autre chose que l’image qu’il a des autres, ou la projection de lui-même sur les autres…..c’est à dire exclusivement lui-même !

     

    Le cercle des expériences disparues

     

    Ce que chacun appelle « moi » n’est qu’un amalgame des souvenirs d’expériences passées, tout à fait semblable à un enregistrement sur une bande magnétique, mais auquel la puissance infinie du point central de la Conscience donne une apparence de vie.

     

    L’ego, comme on le comprend, n’est que rêve, et bien souvent cauchemar, mensonge, corruption, maladie….Mais reste à savoir si, en dehors de son horreur intrinsèque, il présente un intérêt au point de vue de la Conscience ?

     

    Bien sûr, l’ego n’est qu’un ensemble de conditionnements organisés en cercle vicieux, qu’un magma d’ombres du passé incarcérées dans la répétivité, qu’une illusion qui, par pure terreur de ce non-moi absolu qu’est la Réalité, finit par se considérer comme la chose la plus importante au monde, devenant ainsi un véritable malfaiteur, un tueur de tout ce qui s’oppose à lui. Bien sûr, même animé des meilleures intentions - celles dont l’enfer est parait-il pavé de mauvaises intentions - l’ego ne peut faire que de mauvais coups. Au mieux, ignorant tout ce qui n’est pas lui - c'est-à-dire énormément de choses ! - il commet erreur sur erreur. Au pire, luttant désespérément pour se maintenir, acquérir et gonfler, il détruit tout sur son passage.

     

    Pourtant, cet ego menteur, voleur, violeur, dévastateur et assassin, cet ego responsable de tout le malheur du monde, depuis les conflits familiaux jusqu’aux guerres, en passant par l’exploitation de l’homme et la destruction de la planète, pourtant cet ego est le meilleur moyen qu’ait trouvé la Conscience pour retourner à Elle-même.

     

    La cible du Soi

     

    Si l’on reprend l’image du cercle entourant le point central, on ne peut manquer de faire le rapprochement avec une cible ; une cible dont le cercle excentrique serait l’ego, et le cœur serait la Conscience. Voilà donc à quoi pourrait bien servir l’ego : à cibler la conscience !

     

    Ce n’est donc pas une erreur de la part de la Conscience que de laisser se mettre en place un système aussi isolant que l’ego. Tout comme pour nettoyer une façade d’immeuble de la crasse recouvrant la pierre on monte un échafaudage qui, pourtant, cachera et enlaidira plus encore l’édifice, de la même manière il est paradoxalement utile de circonscrire le travail de découverte de l’Absolu à l’intérieur d’une enceinte de relativité. A condition, bien sûr, de rester conscient de la nature provisoire d’un tel échafaudage, et de ne jamais le prendre pour l’édifice lui-même, sa construction relève d’une nécessité dépassant largement le désagrément

     

     Qu’il ne manquera de causer. Mais, tout comme dans le cas du cocon protégeant le processus de transmutation de la larve en insecte parfait, ce n’est évidemment qu’au jour de l’ouverture de l’enveloppe, du démontage de l’échafaudage, à la dissolution de l’ego, que se révèle définitivement la beauté.

     

    La dissolution de l’ego

     

    Tous les enseignements spirituels sérieux prêchent la mort de l’ego. La crucifixion de Jésus, par exemple, est un symbole lumineux de la nécessité de mourir à soi-même. Les cathares parlaient de l’Endoura, l’auto sacrifice, que beaucoup d’historiens ont d’ailleurs stupidement interprété comme une incitation au suicide. La voix du silence explique clairement que « le mental est le grand destructeur et qu’il faut détruire le destructeur ». Le terme bouddhiste Nirvana ne signifie rien d’autre qu’extinction. Toutes ces morts, ces destructions, ces extinctions, ne visent évidemment que l’ego. L’ego doit donc se dissoudre. Mais comment ?

     

    Deux écoles existent, dans pratiquement toutes les traditions, l’une étant dite « progressive » et l’autre « abrupte ». La Voie progressive enseigne que, pour que le cercle de l’ego puisse diminuer sans se briser, il faut le rendre de plus en plus souple, ou de plus en plus transparent. Cela revient à dire qu’il est nécessaire de se livrer à une sorte de psychothérapie spirituelle visant à résoudre les blocages névrotiques et les scléroses émotionnelles qui, il faut bien l’admettre, s’accordent mal avec la souplesse requise dans le processus de resserrement du cercle de l’ego. Quant à la Voie abrupte, ou immédiate, elle consiste plutôt à tourner le regard le plus directement possible vers le centre de la cible, laissant au pouvoir d’auto guérison- en l’occurrence décuplé par ce face à face avec la Conscience – le soin d’assurer les ajustements progressifs des cercles concentriques.

     

    De toute manière, l’unique salut ne consiste-t-il pas à se tourner vers ce qui seul peut être détruit : le soi au centre de la cible, la Conscience au centre de Tout ?

     

     

    Dominique Karme( Médecine Douce /juillet–août 2000)

     

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  • Commentaires

    10
    Jeudi 13 Février 2014 à 09:13

    Daniel, peut-être as-tu remarqué que par la volonté ça ne marche pas mais que par le constat de ce qui nous traverse quelque chose change.

    9
    Samedi 8 Février 2014 à 18:10
    Daniel

    Article très intéressant. Pour ma part, j'essaie depuis longtemps de  rendre mon ego moins fort avec plus ou moins de bonheur. Je sens au fond de moi qu'un ego moins fort procure de grandes libérations: moins de désirs, moins de peur, moins de jugement, de réactions à vif, etc.......

    8
    Jeudi 26 Avril 2012 à 09:59
    7
    Jeudi 26 Avril 2012 à 09:43
    Miche
    ouahhhh, c'est mignon tout plein...
    Et plus encore...
    Tu es belle, Yog La vie.
    6
    Jeudi 26 Avril 2012 à 09:17
    Yog' La Vie

    C'était l'article en question (que j'ai supprimé) :-)

    Energie.JPG

     

    5
    Jeudi 26 Avril 2012 à 03:54
    Miche
    Lollllll, belle journée à toi, yog !
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    4
    Mercredi 25 Avril 2012 à 10:51
    Yog' La Vie

    Je ne suis pas sérieuse, c'est pour prouver mon sérieux!

    Oui, rien existe d'autre que cette énergie. C'est bien d'en prendre souvent conscience pour s'alléger de nos illusions . Tiens, je vais mettre des post-it partout...

     

    Surprise sur le prochain article!

    3
    Mercredi 25 Avril 2012 à 09:19
    Miche
    Tu en doutes ?
    o))))

    Représentation encore, mais celle-ci ouvre un champ si large, que je l'ai adoptée.
    2
    Mercredi 25 Avril 2012 à 08:55
    Yog' La Vie

    Il parait

    1
    Mercredi 25 Avril 2012 à 06:38
    Miche
    La matière est énergie, l'énergie pure lumière, est conscience.
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