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La vieillesse et la solitude
« Vieillir est la plus solitaire des navigations », nous dit Benoîte Groult. Travailler à vieillir implique donc d’assumer une forme de solitude. Je dis bien de solitude et non pas d’isolement. Car nous savons maintenant à quel point l'isolement peut être à la source d'une tristesse et d'un repli sur soi, qui conduisent tout droit a la mauvaise vieillesse.
La solitude dont il va être question maintenant est au contraire le signe d'un vieillissement joyeusement accepté. « La solitude est un cadeau royal que nous repoussons parce qu'en cet état nous nous découvrons infiniment libres et que la liberté est ce à quoi nous sommes le moins prêts », écrit Jacqueline Kelen.
Dans son livre L'Esprit de solitude, elle distingue la solitude triste, souffrante des personnes âgées abandonnées, oubliées, miser à l'écart, qui serait plus exactement un isolement, de la solitude « belle et courageuse, riche et rayonnante, que pratiquèrent tant de sages, d'artistes, de saints et de philosophes ». En la lisant, je me demande pourquoi en vieillissant nous ne pourrions pas avoir accès a cette « solitude magnifique ». Au lieu de nous enfermer sur nous-mêmes, de nous replier, pourquoi n'irions-nous pas à la rencontre de nous-mêmes, pourquoi ne prendrions-nous pas du recul, de la hauteur ?
Regardons autour de nous. Tant de personnes âgées sont isolées parce qu'elles ont fait le vide autour d'elles. C'est leur égocentrisme aigu et non l’indifférence des autres qui est en cause. Elles ne cessent de geindre, de se plaindre, d'être obsédées par elles mêmes. Ces "mauvaises solitudes " conduisent a la tristesse, au ressassement, à la désespérance.
Comment s’étonner alors que, adulte, la personne soit si dépendante des autres, n'ait jamais appris à compter sur elle, à se connaître, à se faire confiance ?
La solitude est vécue comme un fléau. Nous en avons une vision pathologique. Il faut donc a tout prix y remédier. Elle est traitée comme une maladie avec des tranquillisants, alors que c'est une expérience qui ouvre sur la liberté, sur des ressources insoupçonnées, des énergies latentes endormies. La personne humaine est beaucoup plus capable qu’on ne le croit d’assumer cette solitude-là, de l’affronter et de la vivre comme une expérience initiatique.
Ainsi abordée, l’épreuve de la solitude est susceptible de provoquer un éveil, une prise de conscience. Bien sur, elle décape, dépouille, mais elle révèle le fond de l’être qui est d’or : « Le fond de l’être est joie, légèreté, fraîcheur, mais il fallait désencombrer la source, quitter les oripeaux, abandonner le « vieil homme », ses souffrances et ses certitudes. »
Extrait de "La chaleur de nos coeurs empêche nos corps de rouiller". Marie de Hennezel
Hyde Park Londres
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Commentaires
34askriMercredi 13 Novembre 2013 à 13:35Répondre33NarfMercredi 13 Novembre 2013 à 13:35"L'invention de la solitude" de Paul Auster...un livre que j'ai adoré à l'époque...humm! faut que je le retrouve!!! Je me souviens, un peu ennuyeux au début, puis...magie...
32NarfMercredi 13 Novembre 2013 à 13:35Loïc Lantoine: J'ai chanté aux étoiles
J'ai chanté aux étoiles mon amour pour toi
Et j'ai fais le calcul
Ma voix leur parviendra dans 3 milliards d'années
Surement elles vont s'éteindre
De n'avoir pu t'aimer car moi seul peut t'étreindre
A ton seul souvenir mon bonheur perle en larmes
Et s'en va, dévalés en cascades et vacarmes
Si la ville panique
Ca n'est que d'ignorer que mille torrents d'amour viennent l'abreuver
Qu'on me redise un jour que l'amour n'a qu'un temps
Tant que courera l'amour, je t'aimerai autant
T'en fais pas mon amour
Laissons le défiler
Il est temps de s'étendre pour mieux le défier
J'ai voulu voir du beau ailleurs que sur ton corps
Mais mes yeux sans repos doivent fouiller encore
Je n'ai d'autre sommeil que dormir sur ton ventre
Je n'ai d'autres folies que rentrer dans ton antre
j'ai le coeur qui pense et le tête qui pompe
Bonheur d'etre a l'envers là, raison qui s'estompe quand
Quand de tes doigts glacés tu me brûles la peau
Quand dans tes petits bras je couche un chateau
Et qu'on me redise un jour que l'amour n'a qu'un temps, nan,
Dans courera le temps je t'aimerai autant
T'en fais pas mon amour
Laissons le défiler il est temps de s'étendre
Pour mieux le défier
S'agit pas d's'en aller sinon qui va m'aider ?
Me dire qu'il faut manger puis aussi respirer
Je ne sais plus rien faire que de penser à toi
Nan c'est vrai, j'exagère, je veux parler de toi
Tu t'es offerte à moi et j'ai gagné ma mort
Ma même, ma pareil
Me voilà couvert d'or pour te dire que je t'aime
J'ai dû en faire des couches
A ton prochain sourire j'en rajouterai trois louches
Et qu'on me redise un jour l'amour n'a qu'un temps
Nan, tant que courra le temps je t'aimerai autant
T'en fais pas mon amour
Laissons le défiler il est temps de s'étendre
Pour mieux le défier
Découvert à l'instant sur le blog de Miche ( et en vrai, j'vous dis pas!)31daniellegMercredi 13 Novembre 2013 à 13:35Le jour ou,on ne se sent plus seul avec soi même c'est que l'enfant est né!
Et l'on devient son meilleur Ami.
Bises.
Lol, nous pouvons décider de la solitude, et en elle comprendre le sentiment d'isolement... non pas, par le processus de la pensée, mais bien dans la perception.
Merci Yog pour ce partage
Si l'isolement n'est pas choisi, pourquoi ne pas alors tenter, dans ce cadre, de vivre ce temps sans limite, dans Ce qui Est.
Tu as vraiment de très beaux textes! J'en colle un ici.
Te parler... encore...
Ils ne veulent pas rester, tranquilles, dans Ce qui Est
Qu’ils ne connaissent que l’horreur des pensées
Qui se bousculent en regrets
Projetant leurs ombres maléfiques
Sur tous les demain à venir
Dans cette répétition
Croire, encore, qu’elle n’est pas stérile
Que la magie de l’instant
Agit dans le bruit dense
Du non-sens
Un rayon si petit soit-il
Porte toute la lumière en lui
Lol, choisissons-nous ?
Oui, je veux bien un zeste de solitude, mais surtout pas de cet inconsommable isolement !
Après l'avoir beaucoup crainte, la solitude est devenue pour moi un besoin. Très beau texte !
Bonne journée
Tes mots apaisent.
"Les ruisseaux emportent les montagnes ", Lao Yu.
Relire, relire, se relire, l'important ne doit pas peser lourd, une petite lumière.
On écrit trop et on oublie
...un peu
Dans le fond, il doit bien rester quelque chose comme une lanterne.
Bises.
Internet, chacun fait et dit ce qui lui plait sans être importuné. Epoque un brin égoïste? Car de ce fait, l'action est beaucoup moindre.
...Mais agir n'est-il pas autant dans l'action que dans les mots qui eux aussi tracent des chemins que nous ne soupçonnions point. Je pense à la manière de consommer ou d'éduquer en général qui peuvent être des actes tout autant politiques que d'aller brandir des drapeaux dans la rue.
Et ça n'empêche pas d'aider la vieille dame à traverser la rue.
Bref, en tout, la juste mesure.
Bon weekend!
Notre société bannit la solitude et organise l'isolement !
L'outil internet est très ambivalent à ce sujet.... mais peut-être somme-nous en train d'en inventer un nouvel usage qui respecte la solitude et rompt l'isolement ?
a+
Christian
...Je vais aller faire un petit tour chez toi. Dernièrement, je me suis interressée à beaucoup de choses, du coup j'avais aussi besoin de pause et de ce fait, je ne suis pas allée visiter les amis blogueurs! Ha dispersion!! (mais quel plaisir aussi....j'avoue!)
Bises!
L'auteur est peut-être Scott Peck
"C’est grâce à la discipline que l’homme peut se confronter à ses problèmes et à leurs résolutions et grâce aux difficultés de la vie que nous évoluons mentalement et spirituellement. Les gens sages savent, non seulement, ne pas avoir peur de leurs problèmes, mais les acceptent de bon cœur avec la souffrance qu’ils impliquent."
L’objectif de Scott Peck est donc d’élaborer une façon d’aborder la douleur de manière constructive. Il fait pour cela appel à quatre techniques de discipline : retarder la satisfaction, accepter la responsabilité, se consacrer à la vérité, et trouver l’équilibre.....
L'article est passionant!
Bises!
La solitude est sûrement un très bon moyen de se connaître et d'évoluer. Si à cela on y ajoute un brin de non-faire...
Bon weekend!
Ton lien de blog ne fonctionne pas.
A bientôt!Seul..
On nait seul, on meurt seul .
Entre les deux on cherche à vivre.
Entrer en solitude ( être solitaire ) c'est , il me semble , arrêter de chercher pour simplement vivre, célébrer à chaque instant la vie de tout son être, comme au premier et au dernier jour .
Le plus grand obstacle sur ce chemin c'est nous .
Il y a peut-être à distinguer " être solitaire " et ... " vivre la solitude " ...
Dans mes oreilles , solitaire est synonyme de situation choisie , assumée , appréciée .
Alors que le mot solitude a un goût de situation subie , dont la personne se sent victime .
Apprivoiser la tendresse et l'intimité avec soi - même ; c'est un crédo qui demande du courage pour aller vers le " chemin le moins fréquenté " ( auteur ? je ne me souviens plus ) .
Bonne journée à toi .
Vieillir ne doit pas être le chemin qui sépare le corps de l'esprit mais plutôt le sentier où l'esprit prend du corps...
Bises
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