• Le chant du guerrier

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    En observant le monde qui nous entoure, nous constatons rapidement l’emprise de la souffrance, de la haine et de toutes les formes de destruction sur l’existence humaine.

    Nous connaissons famines, guerres, catastrophes naturelles et autres fléaux qui s’affairent à détruire tout ce à quoi nous nous attachons.


    Dès lors toute harmonie, tout confort semblent précaires, instables, prêts à céder aux coups répétés du destin.


    Plus gênant encore pour notre conscience, nous constatons le rôle particulièrement destructeur de l’être humain, qui loin de se contenter du caractère déjà nuisible d’autres sources de destruction, en rajoute encore en violence et en cruauté, étant souvent partie prenante des fléaux qu’il subit lui-même dans une spirale d’autodestruction à l’énergie proportionnelle à ses difficultés existentielles.


    Et sans être eux-mêmes les derniers des tyrans, force est de constater que bien rares sont les individus lucides et sincères qui pourraient affirmer ne jamais participer à ce mouvement.


    Ce sont ces petites mesquineries de bas étage que nous véhiculons trop souvent.

    Nous gémissons, critiquons, médisons – souvent sans réels fondements – créant notre petit nuage de pollution spirituelle dans lequel les autres doivent se débrouiller pour trouver air pur à respirer.

    Et trop souvent nous cherchons les « mauvaises » actions d’autrui pour nous justifier («c’est lui qui a commencé!»), revendiquant de ce fait le caractère purement réactif de notre comportement (hum…).


    Toujours est-il, qu’il nous semble trop souvent justifié de nous commettre dans cette bassesse ordinaire, alors même que celle des autres nous semble intolérable. La complaisance ne va que dans un sens !


    Mais pour en revenir aux fléaux majeurs précédemment évoqués, ceux-là nous sont encore moins supportables, et loin de nous remettre en cause pour comprendre pourquoi nous ne pouvons les supporter, nous préférons nous battre contre des moulins à vent, sans de nouveau manquer de donner le tord aux « autres » (l’enfer, comme disait l’autre).


    En effet une bonne partie des souffrances que nous subissons, semblent dues à notre inaptitude à faire face avec lucidité aux aléas de l’existence, trop accoutumés que nous sommes au confort(-misme) et à l’inertie.


    Nous nous endormons dans notre existence grégaire et sédentaire, et sommes fâchés quand les sirènes de la vie nous poussent à ouvrir les yeux !


    Une simple observation des processus naturels nous prouvera le caractère instable de toute chose, et pourtant nous ne cessons pas de déplorer la perte de ce qui nous est chère.


    Nous pleurons nos morts, comme-ci nous découvrions à chacune de ces pertes, le caractère mortel de l’humanité !


    Nous sommes décidément de mauvais élèves à l’école de la vie pour ne pas réussir à comprendre ce qui apparaît comme évident à celui qui a des yeux pour voir !


    Notre attitude est pour le moins contradictoire puisque, quand d’un côté nous nous activons à combattre et à nous prémunir de certains fléaux naturels (maladie, famine…), de l’autre nous optons pour des comportements résolument mortifères (violence, drogues…).


    Malgré nos efforts, nous ne semblons pas réussir à nous extraire de ces tendances opposées que nous pouvons observer dans les autres processus naturels.


    Par ailleurs, bien au-delà de nos attachements affectifs - auxquels les sentimentaux trouverons milles justifications (sic) – nous trouvons encore le moyen de nous attacher à des biens matériels, dont le caractère périssable est encore plus évident si possible, dans le sens où nous avons moins tendance avec eux qu’avec nos semblables, à projeter nos illusions d’immortalité.


    On se trouvera donc malheureux d’avoir perdu trois sous ou encore de ne pas pouvoir « se payer » cette si belle babiole dont nous avions envisagé l’acquisition.

    De quoi rire ! et pourtant j’en vois qui pleurent…

    Certes, les anciens ne s’y sont pas trompés, nous sommes toujours possédés par ce que nous possédons !


    L’ironie des désastres écologiques auxquels nous œuvrons quotidiennement (et avec quel talent !) est que nous remettons en cause l’aptitude de notre environnement à combler nos besoins vitaux (respirer, boire, manger...), au profit de caprices d’enfants gâtés et écervelés.


    Dans ce contexte les plus amusants ne sont-ils pas ceux qui tiennent pour responsable une société à laquelle ils contribuent pleinement, puisqu’ils y participent non pas par la force des choses mais par la faiblesse de leur volonté et de leur lucidité.


    Ceux-là médisent beaucoup, et participent donc à cette pollution spirituelle dénoncée plus haut, mais à moins d’être un sage, il est toujours malvenu de montrer du doigt. Faut-il qu’ils soient mal élevés, pour être si bas !


    Nous voyons donc bien que l’individu est l’architecte de sa prison, et qu’il paye le prix fort de ses attachements illusoires.

    Il est doublement responsable de son malheur, puisque ce sont ces mêmes attachements qui le rendent sensible aux périls de la vie, tout en occasionnant chez lui des comportements augmentant ces périls…

    Le serpent se mort la queue ! Gare au venin !


    Il n’y a donc pas lieu d’inciter à une quelconque révolution sociale ou politique, qui se ferait aux noms d’idéologies toutes plus destructrices et aliénantes les unes que les autres, mais de s’investir dans une révolution intérieure qui est la seule véritable révolution, apte à nous libérer de la tyrannie de notre vide existentiel.


    Soyons bien conscients que dans l’origine de notre souffrance individuelle, il n’y a pas d’ennemi clairement désigné à abattre, si ce n’est nous-même.


    Par ailleurs la projection de nos préjugés sur le monde extérieur augmente encore notre inaptitude à l’accepter, à moins plutôt que ce soit justement cette inaptitude qui soit à l’origine de ces préjugés.


    Par exemple, aux yeux de l’être épris de justice, la nature paraît bien cruelle dans ses jeux de force et ses sélections élitistes.

    L’animal faible par nature ou accident, est toujours une proie facile !
    Mais la sensibilité humaine fait que nous voyons dans le malheur d’autrui la possibilité de notre propre malheur et que refusant cette possibilité nous combattons ce que nous sommes trop faibles pour accepter.

    Sous un autre angle encore, on se rendra compte qu’il s’agit souvent d’un problème d’intensité.

    En effet, le même phénomène plus ou moins poussé sera ressenti comme positif ou négatif.
    Le feu nous réchauffe à distance respectueuse, puis nous brûle si nous allons plus loin.

    Évidement chacun réagira différemment à la même source de chaleur, suivant sa sensibilité.


    Si majoritairement les excès font peur tout en fascinant, d'aucuns à contre-courant ne se sentent « exister » que dans le paroxysme et l’intensité. « Je péris donc je suis ! », pourrait être leur devise.


    Mais c’est peut-être encore plus généralement un problème de maîtrise des phénomènes.

    Ce même feu dont nous redoutons les brûlures, nous apparaît profitable lorsqu’il s’agit de préparer nos mets.

    De même une explosion nous apparaît avant tout comme destructrice, et pourtant son énergie canalisée dans nos moteurs nous profite largement.


    Ici aussi, chacun suivant sa sensibilité, jugera du niveau de maîtrise et de connaissance d’un phénomène lui permettant d’envisager sereinement son utilisation.

    Cela allant des plus « précautionneux » aux plus « têtes brûlées », tous pensant évidemment avoir raison...

    Mais au-delà de ces jugements sur le monde extérieur, il nous vient aussi le questionnement de savoir la « bonne » attitude à endosser.


    Puisqu’il y a bien un équilibre entre les forces opposées, dont le fertile affrontement génère la vie dans une dialectique apparente création/destruction, comment juger nos actes sans connaître leurs réelles répercussions à l’avance, les plus destructeurs à première vue pouvant se révéler les plus positifs à plus long terme, et vice-versa.


    Sans doute ici encore il ne faut pas chercher la réponse ailleurs qu’en soi-même, mais en veillant à ne pas confondre ce « soi-même » qui est notre vocation profonde, avec l’ensemble de nos attachements idéologiques, et autres préjugés et croyances.


    Il ne s’agit donc pas d’être « pour » ou « contre » - suivant de quelconques principes, illusoires par essence - mais d’être « avec » la vie et cette pulsion qu’elle nous inspire au cœur de notre être.


    Ce sont donc l’intuition et l’instinct qui nous guident sans erreur, la raison ne devant se contenter de nous aider à concrétiser cette pulsion primordiale sans s'y opposer.


    Mais que l’on ne se trompe pas sur ces mots, ceci ne devient possible qu’après une révolution intérieure.


    Toute véritable écoute de soi-même sera avant cela impossible dans le brouhaha de la conscience.


    L’être, une fois réconcilié avec la vie, n’aura plus à craindre ses revers, devenu apte à jouir de l’instant présent.


    Observons donc sans nous voiler la face, le champ de bataille qu’est l’existence et apprenons à nous comporter comme de vaillants guerriers, ivres d’aventures, d'idéal, de liberté et de passions et ennemis de tous les cloisonnements et conditionnements.

     

    « Aimer la vie, désirer le bonheurLa discipline »

  • Commentaires

    4
    Lundi 24 Mai 2010 à 17:49

    Un texte profond dont je partage aisément les idées.

    Merci pour ce moment de lecture et de sagesse

    Bonne fin de journée

    Almaya

    3
    Lundi 24 Mai 2010 à 14:24
    witney18

    ce long texte est edifiant ! et bien vu... alors au boulot !!

    2
    Lundi 24 Mai 2010 à 08:19
    Annick

    Juste pour te faire un p'tit coucou en passant.

    Reviendrais lire plus tard.

    Bises.

    1
    Dimanche 23 Mai 2010 à 18:34
    Coumarine

    j'ai lu ce billet avec énormément d"intérêt et d'attention...

    merci!

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