• Le pensionnat

    Le pensionnat

     

     

    Ces enfants qui ont souffert

    Quand leur maman venait les voir

    Par une après-midi très claire

    Sur les fauteuils du parloir

     

    Qui auraient préféré peut être

    Pour ne pas avoir mal au cœur

    Qu'elle ne vienne pas à cette heure

    Troubler leur pauvre solitude

     

    Ils se retrouvaient seuls le soir

    Dans leur lit, dans le grand dortoir

    Et pensaient à elle en pleurant

    Où es-tu donc, oh ma maman

     

    Et ils sucaient des sucres d'orge

    En caressant de leur dix doigts

    Les bonbons et les chocolats

    Qu'elle apportait dans sa panière

     

    Ils sont des hommes maintenant

    Mais garde au fond de leurs yeux si grands

    On ne sait quoi comme tristesse

    Un chagrin qui toujours reste

     

    Leur maman s'en est allée

    Si peu de temps pour vous aimer

    En nous tellement de regrets

    Mon cœur est une pierre usée

     

     Et ces années de pensionnat

    Défilent par rang de trois

    Sur les chemins de leur mémoire

    Les timides, on leur en fait voir

     

      Ils sont toujours écorchés vifs

    Leur vie où la tendresse niche

    Et bousculés par la détresse

      Humilié, faut que tu te redresses

     

    Les caporaux leur bottent les fesses

    Les pions ont juste changer de veste

    Dans la chambrée c'est tout pareil

    L'enfer sur la terre c'est réel

     

    Si le dos est un peu vouté

    Il a appris à encaisser

    Je t'en supplie dis-moi deux mots

    Souris-moi pour que je vive

     

    Fasse le ciel qu'une dame

    Au cœur tendre et diaphane

    Vienne un soir dans ton dortoir

    Pour t'aimer sans plus surseoir

     

    Qu'elle t'apporte mieux que le Pérou

    De la tendresse par dessus tout

    Qu'elle soit un peu ta maman

    Et ton ciel et ton firmament

     

    Julos Beaucarne

     

    « Lettre du papa de Théodore MonodL'internaute »

  • Commentaires

    6
    Dimanche 22 Mai 2011 à 17:18
    Yog' La Vie

    Choisie ou pas, l'enfermement se vit finalement avec les mêmes étapes. Je pense que si on expérimente la vraie prison, on peut aussi expérimenter la vraie liberté à l'intérieur de soi.

    Ici....Yoga et prison

    A bientôt!

    5
    Dimanche 22 Mai 2011 à 16:30
    elisabeth

    Je ne connaissais pas cette chanson très émouvante de Julos. Merci d'avoir mis les paroles. Bon dimanche à toi.

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    4
    Samedi 21 Mai 2011 à 23:15
    gazou

    J'aime beaucoup Julos Beaucarne et je ne connaissais pas cette chanson

    3
    Samedi 21 Mai 2011 à 22:47

    merci pour ce joli partage... en prévision :o)

    doux bisous et belle soirée à toi

    2
    Samedi 21 Mai 2011 à 17:14
    Nataraja

    Yog', je te confie ce texte sur l'enfermement : 

     

    Alvaro Escobar Molina, 1989, L’enfermement. Espace, Temps, Clôture, Paris, Klincksieck, 370 p.

    Alvaro Escobar Molina, psychothérapeute, aborde les aspects psychologiques de l’enfermement à travers six entretiens avec des moines et des prisonniers. D’abord difficile, L’enfermement. Espace, Temps, Clôture est souvent déroutant pour un géographe tant les méthodes et les concepts employés sont éloignés des approches des sciences humaines. Par exemple, la recherche n’étant pas contextualisée, le lecteur ne sait quasiment rien des conditions de son déroulement et ni ne connaît les données sociologiques essentielles des individus interrogés. Le point d’entrée de la recherche n’est pas l’espace de la prison ou du monastère mais les espaces intérieurs « de l’illusion ou de la désillusion » : l’auteur insiste sur le temps et la mémoire dans des espaces de répétition et de routine où « la parole est défiée par le temps ». Il affirme d’emblée une correspondance de destin entre les moines et les prisonniers, « deux populations caractérisées par la vocation ou l’adhésion à un idéal fortement investi, l’une ayant choisi volontairement l’enfermement, l’autre ayant accepté et encouru le risque ». Dans le « travail de l’idéal aux prises avec l’enfermement », il distingue trois phases chronologiques, à travers lesquelles passent les enfermés : l’initiation, la négociation et le dépassement.

    La phase d’initiation est celle d’une confrontation directe et brutale de l’idéal avec un monde clos où la discipline prime sur l’idéal et où le but de l’institution ne rejoint pas forcément celui de l’interné. C’est le temps pendant lequel les institutions « annulent le dehors grâce au système de la clôture, afin de travailler le dedans, les enfermés ». Le « deuil de la perte du dehors » se fait progressivement jusqu’à ce que le dehors devienne un univers étrange. Pour le moine et le prisonnier, le monde devient « parallèle ».

    La phase de négociation correspond à l’entrée dans le temps de la durée qui se prolonge, qui « fait basculer les choses et le vécu dans le rêve ». Les internés réalisent l’emprise de l’institution et de son espace et tentent d’y résister par l’imaginaire et par l’appropriation de leur espace de vie. C’est dans l’enfermement que les internés découvrent « les pouvoirs inouïs de l’espace. Comme s’il fallait être cloué, figé dans l’espace d’enfermement pour saisir la mobilité qu’offrait l’espace ». C’est dans cette deuxième phase que l’enfermé ayant joué le jeu de l’institution « se confond avec elle et en reproduit le rêve, le répète et confond les avatars de sa vie avec ceux de l’institution, sans vivre réellement des tâches humaines plus personnalisantes ».

    La phase de dépassement ou de mort correspond à l’expérience du vide social, c’est-à-dire l’organisation sociale de la méconnaissance et de l’invisibilité de l’interné par la société entière. L’enfermé souffre de la « rupture des transmissions sociales » et continue néanmoins à chercher l’idéal. « L’espace et le temps confondu en oubli de la clôture deviennent un lieu de deuil et de nostalgie » ; l’interné se réfugie dans les sensations du corps, « lieu d’une lente mise à distance », mais « piégé du dehors et du dedans, il expérimente la vraie prison, d’où personne ne peut faire sortir personne ».

    1
    Samedi 21 Mai 2011 à 13:34
    Nataraja

    J'ai mon fils en prison et ce texte me semble tellement coller à notre réalité, à tous deux ...

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