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    http://yogaintegral.dojodubrochet.be/gallery/25/gallery/brahmane2/shivpooja.jpg

    1. En vue d’aider les adeptes à avancer sur la voie du Yoga je vais en exposer les principes; qui entendra et assimilera cet enseignement sera à jamais lavé des souillures du péché.

    2. Visnu, le Grand-Adepte, le Grand-Etre, le Grand-Ardent, illumine la Voie de Vérité, en tant qu’Âme universelle.

    3. Un jour le Démiurge vint à Lui et Lui demanda, après Lui avoir rendu hommage, d’expliquer la vraie nature du Yoga aux huit degrés.

    4. Et le Seigneur Visnu lui ayant répondu qu’il le lui expliquerait très exactement, enseigna ce qui suit

    5. Les âmes individuelles sont prisonnières des heurs et malheurs qui les affectent en ce monde; pour les délivrer du pouvoir de l’Illusion il faut leur donner la connaissance du brahman, grâce à quoi l’individu n’est plus affecté par la mort, et ne risque plus de renaître.

    6. Cette connaissance est difficile à acquérir, mais elle est le bateau qui permet de franchir le fleuve des renaissances;

    On peut l’atteindre par mille chemins divers, mais elle est Une en vérité, refuge suprême au delà de quoi il n’y a rien!

    Certains cherchent leur voie dans la pratique des rites tels que l’enseignent les Ecritures védiques ils tombent dans le piège du ritualisme. Ni les liturgistes, ni les Dieux mêmes, ne peuvent rendre compte de cette Réalité indicible, car comment cette forme suprême que seule l’âme connaît serait-elle connue des Ecritures?

    7. Non ce brahman, par quoi toutes choses, depuis le Soleil là-haut jusqu’à la jarre la plus modeste, sont manifestés, ne peut être révélé par les Ecritures

    Cela se manifeste de soi-même, et la vraie nature de ce brahman est au-delà du langage sous toutes ses formes, tant humaines que divines

    8. Cela ne peut se mesurer, Cela ne bouge pas, Cela ne peut être souillé, Cela ne peut éprouver de souffrance, Cela transcende toute réalité,

    9. et cependant Cela est investi par les effets du péché et du mérite, lorsque Cela prend la forme d’une âme individuelle!

    Mais comment est-il possible que l’Âme universelle prenne la forme d’une âme individuelle?

    10. Au commencement, l’Âme universelle qui transcende toutes formes d’existence et dont l’essence est faite de connaissance se mouvait sur les eaux comme une brise légère, en Elle se manifesta d’abord l’Ego, racine de toutes choses, en quoi s’équilibraient les trois qualités de Lumière, d’Energie et d’Inertie;

    11. De là naquirent les cinq éléments subtils et les cinq éléments grossies, évoluant à partir de l’oeuf originel; et lorsque un tel ensemble est affecté par les heurs et malheurs de l’existence, on le nomme jîva c’est à dire âme individuelle !

    Ainsi donc l’âme individuelle qui dans chaque être est captive du monde, retrouve sa vraie nature d’ãtman lorsqu’elle est libérée des entraves

    12. que sont le désir, la colère, la peur, l’égarement, la concupiscence, l’orgueil, la passion, le fait de naître et le fait de mourir,

    13. la misère et la douleur, la paresse, la faim et la soif, la honte, la crainte, le malheur, la désolation

    et l’horreur.

    14. Je vais donc te dire comment délivrer l’âme de ses liens. Sans la pratique du Yoga comment la connaissance pourrait-elle assurer la libération de l’âme?

    Inversement, comment la pratique seule non étayée de connaissance assurerait-elle cette libération ?

    15. L’adepte avisé, s’il désire la libération doit s’efforcer à la fois d’acquérir la connaissance et de pratiquer le Yoga comme il convient car la source du malheur est dans l’ignorance

    16. Le savoir au contraire délivre. On l’acquiert en s’exerçant d’abord au raisonnement logique par lui on distingue tout ce qu’il convient vraiment de connaître.

    Par le raisonnement, on se rend compte que l’objet de la connaissance est le brahman suprême et sans second.

    17. D’évidence, on le perçoit comme Seigneur, indivis et sans tâche, Être, Conscience, Béatitude, qui transcende les trois moments cosmiques création, conservation, dissolution et toute manifestation et toute connaissance

    Savoir cela mérite seul le nom de connaissance.

    18. Je vais maintenant t’exposer le Yoga. Quoique unique, il est, en fait, multiple, du moins quant aux façons de le pratiquer

    19. Mantra-Yoga, Laya-Yoga, Hatha-Yoga, Rãja-Yoga, tous sont des formes du Yoga qu’on peut décrire de la sorte

    20. Le Mantra-Yoga consiste à répéter incessamment durant douze années, des formules et des lettres matrices;

    21. on acquiert ainsi progressivement la connaissance et les pouvoirs tels que de se faire aussi ténu qu’un atome.

    22. Un tel Yoga, pourtant, ne concerne que l’adepte peu doué intellectuellement.

    23. Le Laya-Yoga quoique diversement décrit consiste uniquement à détruire l’activité mentale. Qu’il marche ou se tienne immobile, qu’il dorme, ou mange, l’adepte médite sans relâche sur le seigneur sans limites ainsi parvient-il à détruire son activité mentale. C’est cela le Laya-Yoga.

    24. Et maintenant le Hatha-Yoga, les huit degrés qu’il comporte sont les réfrènements et disciplines

    les postures et le contrôle du souffle la rétraction des pouvoirs sensoriels la fixation de la pensée enfin la méditation profonde et l’Enstase-finale.

    25. Il faut y ajouter trois groupes de Sceaux et diverses contractions musculaires.

    26. Ces degrés et ces Sceaux sont nombreux, mais ne sont pas tous indispensables. Des dix réfrènements, par exemple, le plus important est de s’abstenir de nourriture trop riche;

    27. De même, la plus importante des dix disciplines est celle qui concerne la non-violence

    28. enfin des innombrables postures enseignées par les maîtres du Yoga quatre vingt sont importantes mais quatre seulement sont indispensables

    29. savoir: la Perfection, le Lotus, le Lion et la Prospérité.

    30. L’adepte devra surtout tenir compte des obstacles à surmonter s’il veut progresser dans la voie du Yoga.

    31. La paresse, la fatuité, les mauvaises fréquentations, la pratique de la magie, le désir d’acquérir de l’or ou des femmes, ne sont que mirages mondains : prendre conscience de cela c’est pour l’adepte s’en libérer.

    32. Pour contrôler efficacement ses souffles, l’adepte avisé se bâtira une hutte munie d’une petite porte, mais dépourvue d’autres ouvertures

    33. le sol en sera bien nettoyé et arrosé d’urine de vache ou de jus de citron, afin d’en éliminer tous insectes moustiques, ou vermine;

    34. la hutte sera balayée chaque jour, on y fera brûler de l’encens elle ne sera ni trop haute, ni trop basse;

    35. L’adepte étendra à terre un tapis, une peau d’antilope, ou une litière d’herbe; il s’y installera en prenant la Posture du Lotus, et s’efforcera de contrôler ses souffles,

    36. Tenant son corps bien droit, l’adepte honorera d’abord, les mains jointes, la divinité de son choix, puis, avec le pouce de sa main droite, il se bouchera la narine droite qui est l’orifice du canal Piñgalã, et insufflera doucement de l’air par la narine gauche, orifice de l’Idã

    37. Il retiendra alors son souffle aussi longtemps qu’il lui sera possible, puis l’expulsera progressivement, sans forcer, par sa narine gauche.

    38. Ensuite il insufflera à nouveau, par sa narine gauche cette fois conduisant l’air jusqu’à son ventre qu’il emplira progressivement; après l’y avoir maintenu le plus longtemps qu’il lui sera possible, il l’expulsera par la narine droite, doucement, sans forcer.

    39. Il procèdera ainsi, inspirant par une narine, expirant par l’autre, alternativement, et, chaque fois retenant le souffle aussi longtemps qu’il le pourra.

    40. Pour mesurer le rythme respiratoire on utilise comme unité, le temps qu’il faut à un homme pour se frotter le genou en rond et ensuite claquer du doigt.

    41. Lorsqu’on inspire par la narine gauche, on le fait durant seize unités de temps, on tient le souffle ensuite durant soixante-quatre unités

    42. et l’on expire enfin, par la narine droite durant trente deux unités. De même lorsque l’on changera de narines.

    Ainsi fera-t-on quatre fois par jour:

    43. au matin, à midi, le soir, à minuit, tâchant chaque fois de pratiquer jusqu’à quatre vingt tenues de souffles.

    44. Après trois mois, les deux canaux Ida et Piñgalã seront tout à fait purifiés et ceci se manifestera dans la constitution même de l’adepte

    45. il deviendra ténu, lumineux, le feu de la digestion brûlera plus fort et il perdra du poids.

    46. L’adepte engagé dans de telles pratiques s’abstiendra, s’il est sage, de consommer des aliments épicés, renonçant donc au sel, à la moutarde, et en général à toute nourriture acide, forte, astringente, ou aigre

    47. il évitera également de manger trop de légumes, se tiendra à l’écart du feu et des femmes ; ne voyagera pas,

    48. s’abstiendra de bains matinaux, de jeûnes intempestifs et de tout ce qui entraîne des excrétions corporelles excessives.

    49. Au contraire une diète lactée combinée avec l’usage du beurre clarifié est recommandée, comme le sont les céréales bouillies

    50. les fèves et le riz:

    Tous ces aliments sont en effet connus comme favorables à la pratique du yoga.

    51. En observant ces prescriptions l’adepte parviendra à tenir le souffle aussi longtemps qu’il le voudra: c’est ce que l’on nomme la Tenue Parfaite.

    Inspiration et expiration y sont alors comme abolies : qui est maître de cette technique peut réussir n’importe quoi dans les trois mondes.

    52. Lorsque l’on tient ainsi le souffle, la transpiration se fait abondante et il est nécessaire de masser le corps. Plus tard, le corps se met à trembler alors même que l’on est assis dans la Posture du Lotus.

    53. Et si l’on avance encore dans ce type de pratique, paraît le phénomène dit la “grenouille” l’adepte assis dans la posture du Lotus saute et bondit comme une grenouille.

    54. Plus tard ces mouvements cessent mais le corps se soulève au dessus du sol, et bien qu’étant toujours assis dans la posture du Lotus, l’adepte se déplace sans toucher terre!

    55. Apparaîtront également d’autres phénomènes surhumains, mais il se gardera d’en faire état; il ne dira pas non plus que maintes misères corporelles lui seront dès lors épargnées

    56. car il ne dormira plus que très peu, éliminera un minimum d’excrétions, sera préservé d’hémorragies, de bavements, sueurs profuses, mauvaises odeurs et autres;

    57. et, s’il progresse encore dans la pratique de Tenue du souffle il acquerra bientôt une force prodigieuse qui lui permettra

    58. non seulement de circuler à volonté sur toute la terre mais encore de l’emporter sur n importe quelle créature

    59. tigres, panthères, éléphants, buffles sauvages, lions, il les tuera tous d’une simple chiquenaude!

    60. Devenu aussi beau que le Dieu Amour lui-même, il attirera les femmes qui languiront de faire l’amour avec lui

    61. mais il s’en abstiendra afin d’éviter de perdre sa semence. Oui, qu’il se garde de la gent féminine:

    62. du fait qu’il ne répandra pas sa semence, son corps conservera une odeur agréable.

    63. Seul dans sa retraite, il se trouvera bien de pratiquer la répétition constante d’OM, allongement de la voyelle : ainsi effacera-t-il les péchés accomplis avant de s’engager dans le Yoga;

    64. OM en effet délivre du Mal et détruit les écueils sur la voie du Yoga; c’est pourquoi la répétition constante du monosyllabe sacré est une pratique efficace pour qui veut avancer en Yoga.

    65. Ensuite vient la “Jarre” exercice accompli pour contrôler les souffles : l’adepte s’efforce d’unir le couple inspiration-expiration avec les couples pensée-intelligence et âme individuelle-âme universelle en supprimant leurs rivalités.

    66. Pour y parvenir, voici ce qu’il faut faire : pratiquer la Tenue du souffle comme elle a été décrite précédemment mais seulement pour un quart de sa durée;

    67. ou, si l’on veut la Tenue Parfaite, mais une seule fois par jour, à l’aube ou au crépuscule.

    68. Quant au cinquième degré du Yoga, qui consiste en une rétraction des pouvoirs de sensation et

    d’action, afin d’abolir tous désirs, l’adepte du Hatha-Yoga le réalise lorsqu’il pratique la Tenue du souffle

    69. Et maintenant le sixième degré savoir: la fixation de pensée, ou attention concentrée sur un objet unique.

    70. Quelle que sera la vision que verront ses yeux, l’adepte devra la reconnaître comme étant son âme,

    quel que sera le son qu’entendront ses oreilles, l’adepte devra le reconnaître comme étant son âme,

    71. quel que sera le parfum que sentiront ses narines, l’adepte devra le reconnaître comme étant son âme,

    quel que sera le goût que percevra sa langue, l’adepte devra le reconnaître comme étant son âme;

    72. quel que sera le contact qu’éprouvera sa peau, l’adepte devra le reconnaître comme étant son âme:

    ainsi fixera t’il sur son âme l’attention de ses facultés sensorielles;

    73. Un tel effort sera fait chaque jour durant trois heures, avec application et sans paresse; alors l’adepte verra naître à coup sûr des pouvoirs merveilleux dans sa pensée:

    74. il entendra de loin, verra de loin, se rendra au loin instantanément ; il acquerra la perfection du langage et pourra prendre n’importe quelle forme, aussi bien que de se rendre invisible, s’il le désire; à l’aide de boue et d’urine il pourra transformer en or le cuivre ou n’importe quel métal;

    75. il pourra même, en s’appliquant avec persévérance à la pratique de fixation de la pensée obtenir le pouvoir merveilleux de voyager dans l’espace cosmique;

    76. cependant, l’adepte dont l’intelligence est ordonnée à la réalisation complète du Yoga considérera ces pouvoirs exceptionnels comme des obstacles sur le chemin conduisant à la Réalisation:

    77. il ne recherchera pas ces pouvoirs et s’il les a, n’en tirera pas gloire s’il veut être un vrai Seigneur du Yoga.

    78. Bien au contraire, pour tenir secrets ses pouvoirs il agira dans le monde comme s’il était un homme ordinaire, ou même un simple d’esprit, voire un sourd-muet.

    79. Les néophytes, en effet, font toutes sortes de questions et si l’adepte voulait y répondre, il perdrait de vue sa propre démarche qui est de progresser sur la voir du Yoga sans se préoccuper du monde.

    80. Qu’il s’applique, nuit et jour, à contrôler ses souffles, selon les prescriptions de son guru : ainsi parviendra-t-il à la maîtrise.

    81. Une telle étape n’est pas aisément franchie la volonté n’y suffit pas, encore moins les bavardages elle ne l’est que par un effort constant ordonné à la réalisation du Yoga.

    82. Vient ensuite le Paricaya: grâce à cette pratique, le souffle s'associes avec le Feu du Fondement, puis est guidé par l’adepte jusque dans la Susumnã.; le souffle et le feu y pénètrent après avoir pris la forme et la fonction de l’Energie-lovée;

    83. y pénètre alors également l’esprit de l’adepte, qui désormais suivra cette voie majeure : le Paricaya est effectivement réalisé lorsque l’esprit entre avec le souffle dans la Susumnã.

    84. Les cinq éléments sont la Terre, l’Eau, le Feu, l’Air, et l’Ether : en rapport avec eux, il existe une Fixation de la Pensée s’exerçant sur les cinq Dieux Brahman, Visnu, Rudra, Isvara, Sad~siva dite pour cela “la Quintuple Fixation”. Voici en quoi elle consiste:

    85. Dans le corps de l’adepte, la part comprise entre pieds et genoux relève de l’élément Terre; La Terre est carrée, et de couleur jaune; elle est symbolisée par la syllabe LAM; l’adepte fait entrer le souffle dans la part de son corps relevant de Terre, en association avec le son LAM,

    86. il médite alors sur Brahman le Dieu couleur de l’or à quatre visages et quatre bras, tout en tenant son souffle pour cinq fois vingt quatre mesures; par ce moyen, l’adepte se rend maître de l’élément Terre et se protège de la mort sur terre.

    87. Dans le corps de l’adepte, la part comprise entre genoux et anus relève de l’élément Eau ; l’Eau a la forme d’un croissant, elle est de couleur blanche; son symbole est la syllabe VAM;

    l’adepte fait entrer le souffle dans la part de son corps relevant de l’Eau, en association avec le son VAM;

    88. il médite alors sur Visnu Nãrãyana, le Dieu à quatre bras, qui porte un diadème de cristal et une robe de soie blanche tout en retenant son souffle pour cinq fois vingt-quatre mesures;

    89. ainsi est-il lavé de ses péchés ; l’eau ne présente plus de danger pour lui et il se protège de la mort dans l’eau.

    90. Dans le corps de l’adepte, la part comprise entre l’anus et le coeur relève de l’élément Feu; le Feu a la forme d’un triangle, il est de couleur rouge, et son symbole est la syllabe RANI

    91. l’adepte fait entrer le souffle dans la part de son corps relevant du Feu en association avec le son RAM;

    92. il médite alors sur Rudra le Dieu qui a trois yeux, qui exauce toute prière, et resplendit comme le soleil levant

    93. méditant sur ce Dieu gracieux dont le corps est couvert de cendres, l’adepte tient son souffle pour cinq fois vingt-quatre mesures;

    94. par ce moyen, l’adepte est à jamais protégé du feu: son corps, jeté dans un brasier ne s’y consumerait pas.

    95. Dans le corps de l’adepte, la part comprise entre coeur et sourcils relève de l’élément Air; l’Air a la forme d’un hexagone, il est de couleur noire, et son symbole est la syllabe Yam;

    96. l’adepte fait entrer le souffle dans la part de son corps relevant de l’Air, en association avec le son YAM

    97. il médite ensuite sur Îshvara l’omniscient, l’omniprésent, et tenant son souffle pour cinq fois vingt- quatre mesures,

    98. par ce moyen, l’adepte acquiert la possibilité de se mouvoir dans l’espace aussi librement que l’air; l’air n’a plus de danger pour lui.

    99. Dans le corps de l’adepte, la part comprise entre les sourcils et le sommet de la tête relève de l’élément Ether; l’Ether a la forme d’un cercle, il est de couleur bleutée son symbole est la syllabe HAM;

    100. L’adepte fait entrer le souffle dans la part de son corps relevant de l’éther, en association avec le son HAM

    il médite alors sur Siva, le Dieu de majesté, l’auspicieux qui a l’apparence d’une goutte-de-lune et ressemble à l’Ether lui-même;

    101. Il médite sur Sadãsiva couleur de cristal limpide, dont la tête s’orne d’un croissant de lune;

    sur le Dieu à cinq têtes, dont chaque visage a trois yeux;

    sur le Dieu dont les bras sont dix tenant des armes et ornés de joyaux;

    102. sur le Dieu dont le corps est pour moitié celui d’Umã, sur le Dieu qui exauce les prières, oui, sur Siva, cause première de l’univers il médite en tenant son souffle;

    103. ainsi gagne-t-il le pouvoir de voyager dans les espaces cosmiques jouissant en quelque lieu qu’il s’arrête d’une béatitude sans fin.

    104. Ainsi doit-on pratiquer la Quintuple Fixation: par elle, on obtient un grand renom; il n’y a plus de mort pour l’adepte qui la pratique car rien dès lors ne peut l’atteindre même si l’univers venait à se dissoudre

    105. L’étape suivante sur le chemin du Yoga est la méditation profonde que l’on pratique en tenant le souffle pour soixante fois vingt-quatre mesures;

    106. la méditation se dit “qualifiée” lorsqu’elle a pour objet une divinité on gagne, à la pratiquer toutes sortes de pouvoirs merveilleux, tels que de réduire son corps à la taille d’un atome.

    Lorsqu’il parvient à pratiquer la méditation dite “non qualifiée” l’adepte atteint en douze jours ce but suprême du Yoga qu’est l’enstase-finale.

    107. Il est, dès lors, un délivré-vivant grâce à son pouvoir de tenir le souffle aussi longtemps qu’il le veut et au fait que son âme individuelle a pu s’unir à l’âme universelle.

    108. Il peut, dès lors, s’il le désire, abandonner son corps et reposer à jamais dans le sein du brahman suprême, ou, au contraire, préserver son intégrité corporelle;

    109. il peut, s’il le désire, parcourir les mondes grâce à ses pouvoirs tels que de se déplacer à son gré;

    110. il peut, s’il veut devenir Dieu, et jouir des plaisirs du Ciel, ou se transformer à son gré en homme, en animal ou en génie, devenir lion, tigre, éléphant, cheval, ou même atteindre au statut de Seigneur Suprême!

    111. Ces différentes métamorphoses ne sont qu’affaire de pratiques diverses, le but ultime cependant reste le même qui est d’atteindre l’état d’isolement absolu.

    112. Et maintenant les Sceaux:

    Le Lien de majesté se pratique ainsi : l’adepte place son pied gauche sur son sexe

    113. et tient à deux mains son pied droit;

    inclinant sa tête jusqu’à ce que son menton touche sa poitrine,

    114. il inspire, et tient son souffle aussi longtemps qu’il le peut, puis expire;

    115. il recommence ensuite en inversant la position : à chaque fois le pied tenu à deux mains doit être placé au haut de la cuisse opposée.

    116. On appelle “Grande Perforation” une variante du Lien de Majesté qui consiste à bloquer l’air aspiré, grâce au Geste du Porteur de Lacs

    117. afin d’emplir complètement les deux canaux Idã et Pingalã.

    Les adeptes les plus avancés pratiquent volontiers la Perforation

    118. Quant au Sceau de l’Oiseau il consiste à replier l’extrémité de la langue, en arrière, jusqu’à ce qu’elle vienne se loger dans le trou du crâne, derrière la glotte; on le pratique tout en fixant son attention sur le point situé entre les deux sourcils.

    119. On connaît également la contraction dite du Volant, grâce à laquelle le souffle monte, par la Susumnã jusqu’en haut de la tête;

    120. et l’on connaît encore le Lien de la Matrice, grâce auquel l’Apãna est rejeté vers le haut, grâce à une contraction de la région génitale opérée par les talons;

    121. également, le Lien de la base, grâce auquel les deux souffles s’identifient à la voyelle O et à sa nasalisation (NI), le but suprême du Yoga;

    122. quant à l’attitude inversée elle plaît aussi aux adeptes avancés car elle garde de maintes maladies du corps et de l’esprit;

    123. Si on la pratique quotidiennement, le feu de la digestion brûle mieux et l’on doit consommer plus de nourriture qu’à l’ordinaire, faute de quoi le feu de la digestion consumerait le corps lui-même;

    124. tête en bas, pieds en l’air, l’adepte restera ainsi, le corps bien droit, pendant une minute le premier jour; deux minutes le second jour, et ainsi de suite, augmentant progressivement la durée de l’exercice;

    125. en trois mois, rides et cheveux gris disparaîtront, et si l’on pratique l’Attitude Inversée durant trois heures chaque jour, l’on ne mourra point.

    126. Existe aussi le “Sceau de la foudre” : qui le pratique acquiert tous les pouvoirs et la réalisation suprême

    127. est en quelque sorte à portée de sa main; il connaît le passé et l’avenir; et les bénéfices obtenus par qui pratique le Sceau de l’Oiseau il les acquiert à coup sûr.

    128. Une variante est l’Amaroli, elle consiste à boire sa propre urine, en en gardant un quart, dont on s’asperge tout en pratiquant le Sceau de la Foudre.

    129. Lorsque l’adepte a franchi toutes ces étapes sans exception il peut dire qu’il a maîtrisé complètement le Rãja-Yoga;

    130. il est enfin délivré de ses pulsions passionnelles et sait discriminer le spectateur du spectacle; devenu un Grand Adepte, un Grand Etre, un Grand Ascète, il est Visnu lui-même; sur le chemin qui mène à l’absolu il brille comme un flambeau, lui qui est désormais le Grand Esprit!

    131. L’enfant qui suce le sein de sa mère connaît la joie: c’est le même sein qu’il avait tété dans une vie antérieure

    132. l’homme prend son plaisir dans la matrice de son épouse : c’est dans cette même matrice qu’il fut conçu dans une vie antérieure; celle qui fut la mère est aujourd’hui l’épouse et l’épouse demain sera mère à son tour

    133. Celui qui fut le père est aujourd’hui le fils, et le fils demain sera père à son tour; ainsi, par la faute du samsãra, les hommes sont comme les augets d’une roue hydraulique !

    134. Trois sont les mondes, trois sont les Vedas, trois les jonctions rituelles, trois les tons; trois sont les Feux du sacrifice, trois sont les qualités naturelles; et toutes ces triades ont pour fondement les trois phonèmes de la syllabe OM;

    135. qui connaît cette triade à laquelle il faut ajouter la résonance nasale, connaît Cela sur quoi l’univers entier est tissé, Cela est la Vérité et la Réalité suprême !

    136. de même que le parfum est dans la fleur, le beurre dans le lait, l’huile dans le sésame, et l’or dans les pépites,

    137. un lotus se tient dans le coeur: incliné vers le bas, il dresse sa tige et porte une marque à sa base en son milieu l’esprit repose;

    138. lorsque disant “OM!” l’adepte prononce la voyelle A, le lotus se redresse, et il est percé lorsque est prononcé U;

    139. avec la nasale M, OM est complet prolongé par la résonance en forme de croissant:

    140. Sous l’apparence du Verbe pur, c’est là le brahman indivisible, par quoi le mal est détruit; l’âme ainsi attelée par le Yoga atteint au but suprême.

    141. Et de même qu’une tortue rétracte en elle-même ses mains, ses pieds, sa tête, l’adepte ayant empli son corps grâce à l’air inspiré, rétracte en lui ses sens.

    142. Quand les neuf portes sont fermées le souffle inspiré s’élève, puis reste immobile au centre du corps comme la flamme d’une lampe.

    143. L’adepte alors est au désert, dans la paix:

    144. il y trouvera la certitude parce qu’il jaugera toutes choses à la mesure de l’âme, et le mal l’épargnera grâce à l’aide efficace que lui apportera le Yoga.

      Telle est l’Upanisad.

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    Le yoga, c'est quoi ? Si vous posez la question à un médecin qui pratique cette vieille technique indienne, vous n'obtiendrez pas la même réponse que si vous allez consulter un guru dans son ashram des contreforts de l'Himalaya. "Le yoga c'est une discipline en action", dit la Bhagavad Gita, l'un des plus importants textes de la philosophie indienne. Et le sage Patanjali, qui rédigea voici 2000 ans les principaux écrits du yoga, en parle comme d'une "science du mental". "Pour ma part, je dirai que c'est une hygiène corporelle, qui peut devenir une hygiène de vie et une hygiène mentale", explique Isabelle Brachet, docteur en médecine, spécialiste de psychiatrie, pratiquante de yoga.

     

    Autant dire qu'aujourd'hui le yoga, c'est une sorte d'auberge espagnole. "Chacun peut y apporter ce qu'il veut, en fonction de sa manière d'être et de vivre, mais il est rare, pour ceux qui s'y intéressent, qu'on ne modifie pas un tant soit peu sa façon de voir les choses de la vie", explique Isabelle Morin-Larbey, enseignante membre de l'Ecole Français du Yoga.

    Ceci explique peut-être cela, à savoir l'étonnante vitalité de cette science et technique de la sagesse et de la souplesse. Pourtant, il y a de quoi s'étonner. De méprisé, ignoré au siècle dernier, le yoga a déferlé sur les civilisations occidentales au cours de la deuxième moitié de ce siècle seulement, mettant à profit la facilité croissante de voyage des maîtres et disciples, et le goût occidental pour le mystique abordable à travers des recettes. C'est tout l'avantage du yoga. Une technique qui met relativement facilement sur la voie de la Pensée, de la Recherche. Facilité et signes extérieurs des positions yogi ont fait de cet art antique un label, une marque de fabrique pour "soixante-huitards" et autres routards en quête de marginalité reconnue. Un piège ? Nombreux sont ceux qui ont pensé qu'avec son goût pour le folklore des ashrams, et les marques d'obédience à des divinités comme Krishna, la méditante pratique ne passerait pas le cap des années 80. Erreur. Le yoga est toujours là. Mais cette fois, accepté, digéré, banalisé par un Occident qui y puise ce qu'il veut.

     

    "La vitalité, elle se comprend surtout quand on sait que le yoga peut très bien s'adapter à la façon de vivre de chacun, et qu'il répond très bien aux problèmes majeurs de la société, qui sont à la fois le stress, la fatigue, la course, et pour certains la recherche de vraies valeurs, au lieu de la course à la consommation...", précise une pratiquante.

     

    "C'est normal que la yoga soit fort et toujours présent, puisque c'est une pratique authentique, qui ne date pas d'hier", explique le guru Maesh.

     

    Et puis, à côté du grand déferlement actuel de dizaines de techniques "New Age", qui proposent à tous de se réconcilier avec le "Grand Tout", de faire corps avec l'Univers, il y a probablement place pour une technique qui propose cela depuis plusieurs millénaires, et puise une légitimité dans la pratique quotidienne de millions d'Indiens.

     

    Et puis le yoga, c'est une fantastique porte ouverte. En entamant sa première "salutation au Soleil", le disciple vit un instant magique celui ou il se penche avec son corps tout entier sur des millénaires de pensée et de réflexion spirituelle de l'une des plus ancienne civilisations du monde. Un sacré voyage, tout de même, qu'une plongée aussi facile vers un univers ou les questions les plus angoissantes de l'existence ont été résolues...

     

    "C'est dans le combat que réside la connaissance. La douleur est ton maître, et c'est d'elle que surgit la lumière", ponctue Bellur Krishnamachar Sundaraya Iyengar. Cet homme de 73 ans se plie en deux comme une couleuvre, sous nos yeux, raconte comment il a enseigné le yoga au violoniste Yehudi Menuhin, à Aldous Huxley et à feu la reine Elisabeth de Belgique. Iyengar est le maître de l'institut de Pooma, à 200 kilomètres de Bombay. Son "Yogashala", lieu ou il enseigne sa connaissance du chemin à ses disciples, est bondé. On vient du monde entier pour se frotter à lui, à sa technique, à sa vision. Pour apprendre les Voies.

     

    "Si tu veux avoir un contenant, il te faut un bon sol, si tu veux accrocher ta chemise, un cintre. Le yoga est une base qui te permettra d'aller loin sur le chemin que tu choisis", commente le "guruji" (cher maître), qui n'hésite pas au passage à envoyer un coup de pied aux élèves distraits de son ashram, à ceux n'équilibrent pas bien les énergies dans leur corps au supplice. Son attention est partout, sa voix aussi, qui transporte les disciples vers l'horizon de la méditation. Un instant de pitié pour ces corps au martyr. Le yoga est-il vraiment compatible avec l'anatomie d'un occidental. Certaines postures paraissent tellement "extrèmes". "Ce n'est pas un problème, le yoga est universel, pour tous", laisse tomber Iyengar.

     

    Le terme de yoga vient de la racine sanskrite Yuj, qui signifie lier, unir, diriger son attention, utiliser, mais aussi communion. "C'est l'union même de notre volonté avec celle de Dieu", poursuit Iyengar. Tous les pouvoirs du corps, de l'esprit et de l'âme doivent être soumis à Dieu. En schématisant, les hindous pensent que tout est imprégné par l'Esprit Suprême Universel (Paratma, Dieu) dont le jivatma (esprit individuel) de chacun est une partie. La manière de créer l'union, d'unir le jivatma de tous, de le mettre en communion avec le Parata et permettre la libération (Moska) c'est le yoga. C'est le moyen, par la peine et la souffrance, de devenir un Yukta (celui qui est en communion avec Dieu). Le yoga permet par différentes voies d'atteindre cet état, en maîtrisant l'esprit, l'intelligence et le soi, de les libérer du désir et de l'effervescence. C'est le plus grand des trésors, la joie éternelle, selon la Bhagavad Gita. Ces efforts de l'homme pour se réunir à Dieu (c'est vrai pour le boudhisme, le tantrisme et l'hindouisme) ont plusieurs aspects. Il y a donc plusieurs yogas, comme le Karma Yoga (yoga de l'action, des gestes quotidiens, du travail), le Yoga Marga (yoga de la méditation), ou connu chez nous sous le terme générique de yoga, Hatha Yoga (hatha pour force, effort soutenu).

     

    Yoga a depuis fort longtemps fasciné les voisins de l'Inde. Dont les Arabes, qui mentionnent le yoga dans des textes datant du 2-ème siècle après Jésus-Christ. Très rapidement aussi, ces techniques ont été assimilées au "folklore" local, notamment sous la colonisation britannique. Les exploits des yogis et des bonzes ont été assimilés aux "trucs" des fakirs et autres magiciens, auxquels les Européens accordaient facilement crédit. Bien peu d'officiers ou de négociants de l'Empire Britannique se sont alors laissés tenter par cheminement spirituel au sein des ashrams. Il faut se souvenir que les pratiques religieuses des indigènes étaient considérées avec dégoût, les rites funéraires de crémation ou d'abandon aux fleuves, les pratiques orgiaques de quelques sectes, les sacrifices humains étant rapportés, amplifiés et confondus pêle-mêle dans l'esprits des colons. Les yogis, parfois constitués en bandes armées, pour défendre leurs ashrams contre les musulmans n'étaient en outre pas vraiment bien vus par les Britanniques chargés de maintenir un semblant d'ordre dans ces contrées "sauvages". Ce n'est que vers la fin du dix-neuvième siècle que peu à peu, un nombre significatif d'informations vont transpirer, esquissant un profil plus précis et réaliste de la quête spirituelle des hindous.

     

    Pour les occidentaux, la subtile réalité de la pensée indienne a brutalement surgi dans le panorama vers les années 1940, à travers les travaux de quelques chercheurs, et les interrogations de Georges Dumezil, Max Müller ou Mircea Eliade. Identifié, la pensée religieuse indienne a été utilisée et "récupéré" dans les années 60. Avec l'apothéose bien connue de 1968, et la période hippie où les thèmes mystiques indiens transportèrent des troupes d'Occidentaux vers la quête spirituelle. Cliché historique, le chemin de Katmandou que prirent alors bon nombre de vedettes, d'intellectuels et de jeunes. D'autres semaient des ashrams, lieux de vie et de méditation dans nos campagnes, qui en Auvergne, qui en Haute-Provence.

    Les choses ont changé. Krishna ne fait plus guerre recette de ce côté de l'Euphrate, et le yoga se pratique désormais aussi au Club Méditerrannée, entre 17 et 19h00, entre le ski nautique et l'apéro-spectacle du soir. Ils sont plusieurs centaines de milliers, comme à la Fédération Française du Yoga, à pratiquer régulièrement dans des cours, sans guru, comme d'autres font de la danse ou de l'aviron. Font-ils fausse route ? Sont-ils hors de l'authentique Voie ? La spiritualité, la recherche de la communion avec le Grand Tout est-elle indispensable à la pratique du yoga ?

     

    "Pas du tout", estime Ysé Masquelier, la présidente française de la Fédération Nationale des Enseignants du Yoga. "On peut pratiquer le yoga comme une détente, acquérir par une série d'exercices une unification de la personnalité sur le plan physique, affectif et mental". A condition de ne pas en demander trop à cette pratique "légère" et purement physique. Si l'on veut aller plus loin et rejoindre les Sentiers, c'est à un véritable travail sur soi auquel il faudra se livrer.

    "En Occident, de nombreuses personnes se tournent vers le yoga comme vers une gymnastique. Et en effet les asanas (postures) calment, détendent, les dos se redressent, les attitudes deviennent plus libres, les sentiments plus sereins et les idées claires. Mais il faut bien constater que l'Européen normal est radicalement différent de l'Hindou, ce qui explique bien des échecs, allant parfois jusqu'au désespoir de disciples ayant voulu aller trop loin dans la Recherche", note Arnaud Desjardins, auteur de « Yoga et Spiritualité » (Ed La Table Ronde).

     

    Desjardins, célèbre porte-parole du yoga en France, met en garde les esprits européens contre les abîmes qui peuvent s'ouvrir sous les pas de ceux qui en demandent trop à une quête spirituelle pour laquelle ils sont mal préparés.

    Car paradoxalement l'Illumination se reçoit, elle ne se gagne pas. Il faut se mettre en position d'être prêt, à travers la pratique yoga, mais il n'y a pas de logique. Ce n'est pas parce que l'on a souffert, martyrisé son corps dans des asanas extrêmes, médité, que la récompense tombe comme un fruit mur. Il faut aller plus loin, se donner, se déstabiliser intellectuellement, au risque de ne jamais connaître l'état magique. Se livrer totalement, s'abandonner sans être certain d'être payé de retour. "Un voyage qu'un Occidental accepte difficilement", estime Desjardins.

     

    C'est pourquoi, plus mystique que l'association d'Ysé Masquelier, la Fédération Française de Hatha Yoga fondée par Sri Mahesh, un indien installé en France depuis une trentaine d'année s'insurge contre la consommation du yoga à l'occidentale. On y considère qu'apprendre le yoga à d'autres fins que la réalisation d'un voyage spirituel est un appauvrissement. Le maître s'oppose également à la publication d'ouvrages techniques sur le sujet (leurs fins sont commerciales, ce qui est une contradiction avec la philosophie de la discipline), estimant que rien ne peut remplacer la relation guru-disciple, ou maître-élève, et l'enseignement oral.

     

    Faux débat ? Dans le duel yoga-gym ou yoga-voie spirituelle, on tourne un peu en rond. Mais a regarder les pratiques en Inde, on s'aperçoit que souvent le yoga est d'abord une pratique physique et devient une quête spirituelle plus tard. Pourquoi n'en serait-il pas de même en Europe, même s'il est vrai que nous ne baignons pas dans le même océan de spiritualité ? Une autre manière de faire la part des choses est de déterminer s'il vous faut un guru. Si les choses sont claires en Inde, où le disciple (aussi appelé religieux) doit se remettre totalement entre les mains d'un guru qu'il s'est choisi, chez nous, cela se complique. "Pour notre part, nous recommandons aux gens d'être vigilants, car il est vrai qu'une relation très intime avec un enseignant peut dériver vers la domination si celui-ci est animé de mauvaises intentions", explique un professeur. Comment reconnaître un professeur d'un maître, et un vrai guru d'un faux ? C'est tout le problème. "Il faut laisser parler son cœur", estime Sri Mahesh. "Peut-être faudrait-il un cadre règlementaire pour la profession d'enseignant du yoga", se risque un enseignant indépendant.

     

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    Il faut savoir qu'aujourd'hui, n'importe qui peut lire quelques livres, suivre des cours, passer quelques semaines en Inde et visser sur sa porte une plaque de professeur de yoga. Imposteurs ?

    Rassurons-nous, ce phénomène est universel. Car si aux pieds de l'Himalaya la tradition impose le guru, (de gu- qui signifie ténèbres et -ru, lumière) qu'il faut chercher activement, trouver, ce n'est pas simple non plus. Et les faux prophètes sont légions... même au pays des Dieux.

     

    Vigilance donc. Surtout que l'influence d'un maître peut être très grande, notamment au moment du passage à la phase du Yoga Mantra. Une phrase, une formule, une prière que le guru confie à l'élève, et que celui-ci devra réciter pendant des années pour la faire pénétrer dans son être, à la faveur de la méditation et d'un état de transe. Le risque est réel de pratiquer, dans de mauvaises conditions, une suggestion détournée.

     

    Il y a aussi le pranayama. Ces techniques respiratoires très poussées peuvent mener le disciple à un état d'hyper-ventilation, ou d'excès de dioxyde de carbone dans le sang qui le mettent dans des états secondaires dont les risques physiques ne sont pas absents. Et sa réceptivité au conditionnement accrue. On est loin de simples et inoffensives recettes de cuisine. Le yoga utilise de vrais leviers physiques et psychiques pour agir sur les équilibres et les mécanismes biologiques, et sa pratique demande certaines précautions. Sous peine de provoquer d'authentiques dégâts.

     

    Arnaud Desjardins, bien que totalement conquis par la voie des yogis en avertissait déjà ses lecteurs dans les années 60. "Nous n'admettons pas l'exercice illégal de la médecine, les indiens n'admettent pas l'exercice illégal de la sagesse, car les techniques efficaces sont dangereuses. D'innombrables livres décrivent des exercices de yoga, mais la théorie livresque est une chose, la pratique une autre. Personne ne risque de se noyer en lisant à domicile des livres sur la natation, mais il est dangereux de nager dans les remous et les courants, et il est dangereux de jouer avec son mental, avec son corps, ses émotions, et les révélations de son inconscient".

     

    Indubitablement actif, le yoga a donné naissance à quantités de dérivés, qui contournent l'obstacle du débat spirituel.

    La méditation transcendantale, la sophrologie, la relaxation respiratoire, le stretching en sont quelques exemples. La thérapie médicale par le yoga, pour sa part, se fonde sur la philosophie indienne, qui définit cinq "enveloppes" dont le physique constitue la première. Viennent ensuite le corps vital, le mental, l'intelligence supérieure et la béatitude. Dans ce cadre, la maladie est un court-circuit, une sorte de déséquilibre entre les trois premiers niveaux. "Les asanas détendent, tonifient les muscles et massent les organes internes, le pranayama ralentit le rythme respiratoire et régule le flux du prana (énergie vitale), la relaxation et la méditation tendent à apaiser le mental et le travail sur les émotions guérit l'esprit", explique le Dr Robin Monro, responsable d'un centre de recherche sur le yoga à Cambridge en Grande-Bretagne, auteur de "Le Yoga pour mieux vivre" (Ed Robert Laffont). Dans cet ouvrage, le biologiste propose toute une série d'asanas pour quantités de troubles. Une démarche qui irrite passablement les puristes. "Si vous considérez le yoga comme une simple thérapie, votre approche sera impropre, votre compréhension très partielle. Certes vos troubles peuvent régresser, et vous vous direz que le yoga est une médecine. Mais c'est faux, le yoga n'est pas une thérapie, il y a des limitations très précises", estime le Dr Gharoté, dans la revue de la Fédération Française de Hatha Yoga. Une manière d'enfoncer le clou de la spiritualité.

     

    Dans cette querelle des anciens et des modernes, dans le choix entre yoga terre à terre et outils mystique, ce sera à chaque pratiquant de trouver sa Voie. Dans le calme et la sérénité.

     

     

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    Les pouvoirs du yoga.

     

    La kundalini, la "force cosmique" qu'éveille le yoga provoquerait des états "assimilables aux extases des mystiques chrétiens", indique Arnaud Desjardins. Perceptions lumineuses, éblouissements, phénomènes sonores, visions du passé et de l'avenir (siddhis), sont parmi les impressions que Desjardins assimile aux "états supérieurs de la conscience" et dont parlent de nombreux voyageurs qui sont partis au pays des gurus. Ils relatent des impressions de "mental qui cesse de fonctionner" (samadhis).

    Reste à savoir comment le Hatha Yoga modifie le fonctionnement du corps. De nombreuses recherches ont été menées. Le Dr Bernard Auriol, auteur de l'"Introduction aux méthodes de relaxation" (Ed Privat), note que certains travaux ont montré une amélioration du rythme cardiaque, et de l'homéostasie (auto-régulation, comme celle de la température du corps) physique et psychologique. Ces phénomènes ont des correspondances dans bon nombre d'autres techniques, comme la "méditation transcendantale", note le Dr Bernard Auriol. Directement dérivée du mantra yoga (répétition d'une phrase chargée de sens), cette technique de méditation permet de réduire la consommation d'oxygène, de diminuer le métabolisme, et d'améliorer le passage de l'air dans les bronches. La respiration s'arrête carrément pendant les périodes vécues par le méditant comme de "pure conscience". Ce phénomène n'est pas expliqué, mais mettrait plus particulièrement en jeu un facteur hormonal au niveau de la régulation du transport de l'oxygène par les hématies dans le sang.

    L'analyse des ondes électriques du cerveau (EEG) est évoqué comme "caractéristique d'un état qui n'est ni celui du sommeil, ni du rêve, ni de l'éveil". Une sorte de quatrième état de la conscience, qui s'accompagne de phénomènes endocriniens (diminution de sécrétions de substances urénales, et de catécholamines, et un abaissement à long terme du taux de cholestérol).

    Physiquement, la pratique régulière du Hatha Yoga entraînerait une diminution de l'asthme, des troubles fonctionnels, de l'hypertension. Sans oublier l'assouplissement considérable du corps. "Il vaut cependant mieux consulter un médecin avant de se mettre au yoga par motivation médicale", note Isabelle Brachet.

     

     

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    La pratique du Yoga

     

    Le yoga donne-t-il des résultats rapidement ? De nombreux témoignages mentionnent que c'est le cas, que l'on se sent mieux physiquement, au terme de quelques séances. Mais il y a aussi des réfractaires, qui n'éprouvent rien, sinon la douleur de leur raideur. A chacun d'essayer. Mais avant de parvenir, comme Jacques Mayol, plongeur instigateur du film le "Grand Bleu", à contrôler votre rythme cardiaque et votre concentration, il faudra de la pratique. Pour débuter, le plus simple est de vous adresser aux différentes fédérations et écoles qui fleurissent, en n'hésitant pas à changer si le type d'enseignement ne convient pas à votre démarche. En quelques questions, vous saurez rapidement si la tendance du cours est "gym" ou "mystique". A éviter : les cours trop nombreux (plus de 20), et les pratiques "sauvages" en appartement.

    De nombreux livres proposent également des asanas, à exécuter tout seul chez soi. Pratiquement tous nos interlocuteurs déconseillent la pratique solitaire, chez soi, du yoga, qui prive du contact motivant des autres, et expose toujours à de mauvaises pratiques, voire des accidents.

     

    Ça m'intéresse 1991

     

     

    Une émission TV avec Isabelle Morin Larbey

     

    Beaucoup de vidéos sur "Bonjour docteur"

     

    Réponses du Dr Lionel Coudron, formateur en yoga et d'Isabelle Morin Larbey, professeur de yoga et présidente de la Fédération nationale des enseignants de yoga :

    "Je crois que sur un cours, c'est trop court pour sentir si le yoga nous correspond ou pas. Il faut surtout trouver le cours de yoga qui nous correspond. Il y a des professeurs très différents qui vont amener des approches différentes. Il faut surtout se dire que le yoga s'adapte à la personne. Ce n'est pas vous qui essayez de vous couler dans un moule.

    "Il ne faut pas hésiter à changer de cours de yoga. En tant que professeurs, nous sommes habitués à cela. On peut accueillir quelqu'un, lui proposer d'essayer deux à trois cours. Si ça ne convient pas à la personne, on lui conseille d'essayer ailleurs. Il n'y a vraiment aucun problème pour ça. La relation à l'enseignant est importante. Il faut que le groupe se sente bien parce que l'on ne va pas simplement toucher le corps mais aussi l'individu en entier. Il y a une relation de confiance ne serait-ce que parce que les personnes vont venir s'allonger et l'enseignant sera debout ou assis. Il y a quelque chose dans la relation à l'autre quand on enseigne, qui est vraiment essentielle, dans une confiance que l'on sent, dans de la bienveillance.

    "Il y a beaucoup de yogas différents. Cet élève formule deux remarques dans sa question. La première chose est qu'il se sent raide dans son corps. Ce qu'il faut bien comprendre est qu'on ne fait pas du yoga parce que l'on est souple, mais pour être plus souple. Le fait de ressentir une raideur est normal. Cela ne doit pas nous empêcher d'accéder à une sensation agréable.

    "La deuxième chose est que la respiration perturbe le débutant parce que l'on va lui demander de lier le mouvement et le souffle et ça va le déstabiliser. Souvent, il faut deux à trois séances avant de rentrer dans une séance de yoga. Pour cette personne, je la rassurerais vraiment. Je lui dirais qu'il faut qu'elle réessaye deux à trois séances et elle va voir qu'elle va apprivoiser ces premières sensations de défense. Cela devrait très bien se passer. Il est vrai qu'il y a plusieurs formes de yogas et on est tout à fait en droit de changer de cours, d'aller voir ailleurs, si c'est mieux et si ça nous convient mieux."

    En savoir plus :

    Questions/réponses :

    • Il paraît que quand on suit une chimiothérapie, il faut faire du yoga, que ça aide. J'ai toujours été rétif à ça, qu'en pensez-vous, cela pourrait-il me faire du bien ?
      Voir la réponse en vidéo*
    • Le yoga peut-il muscler et renforcer le dos ? J'ai très souvent des douleurs dans les lombaires et aux cervicales.
      Peut-on se faire mal en faisant du yoga ? Par exemple si on souffre d'inflammations des articulations ?
      Voir la réponse en vidéo*
    • Le yoga va-t-il de pair avec une certaine philosophie de vie ? J'aimerais essayer mais j'ai peur de ne pas être assez zen.
      Voir la réponse en vidéo*
    • Le yoga peut-il aider à calmer les troubles chroniques du sommeil ?
      Voir la réponse en vidéo*

    * Réponses du Dr Lionel Coudron, formateur en yoga et d'Isabelle Morin Larbey, professeur de yoga et présidente de la fédération nationale des enseignants de yoga

     

     

     

    Blibliothèque:

    Pierre Etévenon, l'homme éveille, Tchou,

    les aveugles éblouis, Albin Michel

    Bernard Auriol, Introduction aux méthodes de relaxation, Pricat

    Mircéa Eliade, Le yoga, Payot

    Arnaud Desjardins, Yoga et spiritualité, Table Ronde

    BKS Iyengar, yoga dipika, lumière sur le yoga, Buchet-Chastel

    Dr Robin Monro, Le yoga pour mieux vivre, Laffont

    Fédération Nationale des Enseignants de Yoga, 3 rue Aubriot 75004 Paris

     

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    2 commentaires
  • Quand nous avons dépassé les savoirs
    Alors nous avons la Connaissance
    La raison fût une aide
    La raison est l'entrave
    Quand nous avons dépassé les velléités
    Alors nous avons le Pouvoir
    L'effort fût une aide
    L'effort est l'entrave

    Quand nous avons dépassé les jouissances
    Alors nous avons la Béatitude
    Le désir fût une aide
    Le désir est l'entrave

    Quand nous avons dépassé l’individualisation
    Alors nous sommes des Personnes Réelles
    Le moi fût une aide
    Le moi est l'entrave
    Quand nous dépasserons l'humanité
    Alors nous serons l'Homme
    L'animal fût une aide
    L'animal est l'entrave

    Quand nous dépasserons l'humanité
    Alors nous serons l'Homme
    L'animal fût une aide
    L'animal est l'entrave
    L'animal fût une aide
    L'animal est l'entrave
    L'animal fût une aide
    L'animal est l'entrave

     

    Découvert cette chanson en écoutant cette émission (à la 28ème mn)

     

     

     

    Georges Moustaki à propos du yoga:

    "Adorer un maître nous empêche d'être maître de soi"

     


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    La discipline est le comportement qui suit tout naturellement la naissance du disciple. Ce n'est jamais quelque chose que l'on peut s'imposer artificiellement. La discipline est la vie même de celui qui est né disciple, et l'on ne peut naître disciple que le jour où l'on a enfin compris à quel point on était victime.

    Nous sommes victimes de nos croyances, de nos attentes, de nos dépendances, de nos stratégies liées à la quête incessante du bonheur; tant que nous n'avons pas pénétré intimement les arcanes de notre histoire et mis au jour les comportements quotidiens de la victime que nous sommes, il ne sert à rien de parler de discipline.

    Yvan Amar  "L'effort et la grâce"


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  • http://www.blissfulenergy.ca/wp-content/uploads/2010/02/Blissful-Energy.ca_1.jpg

     Qu'est-ce que le Yoga de l'Energie ?

    -      D'où vient le nom «yoga de l'énergie» ?

    -      Écoutons Roger Clerc qui a donné ce titre à son premier livre pour caractériser la forme de yoga que lui avait transmis Lucien Ferrer. «Ce que nous avons dénommé «Yoga de l’Énergie» est le Ha-Tha yoga, c'est-à-dire yoga du Ha et du Tha, qui utilise les deux polarités de cette énergie. C'est un yoga complet qui entend agir sur tous les plans de la personnalité de celui qui le pratique.» (Les Carnets du Yoga n° 29 Mai 81).

    -      On ne peut donc pas opposer Hatha Yoga et Yoga de l'Energie ?

    -    Non bien sûr : le Yoga de l'Energie utilise les postures, la respiration, la relaxation, les actions  purificatrices et harmonisantes (Kriyas), l'activation du «feu digestif», le Prânâyâma, les Bandhas, les Mudras, la concentration, la méditation, etc... toutes les techniques citées dans le texte traditionnel de référence qu'est le Hatha Yoga Pradipika !

     -   Alors pourquoi ce nom particulier de «Yoga de l’Énergie ?

    -     Parce que l'accent est mis, dès le départ, sur la

    perception de l'énergie de vie et sur les différentes ambiances qui se manifestent. Dans de nombreuses pratiques de Hatha Yoga, l'accent est souvent porté sur la perfection de la forme extérieure de la posture. Écoutons ce qu'en dit André Van Lysebeth qui ne peut être soupçonné de partialité en la matière :

    «Beaucoup d'adeptes du yoga méconnaissent un peu le corps énergétique. Ceux qui se limitent aux postures et à quelques respirations hygiéniques, accompagnées de relaxation, ne se préoccupent guère des aspects plus subtils de cette structure énergétique qui sous-tend notre corps physique et l'anime.» Plus encore : «En réalité notre corps énergétique subtil est la charnière reliant le psychique au physique, il constitue un des facteurs les plus puissants de l'unification de l'être humain.» ( préface d'André Van Lysebeth au Manuel de Yoga de Roger Clerc p.9).
    http://www.sahajayoga.org.au/wp-content/uploads/2008/01/nabhi.jpg

      La perception de l'énergie

    -      Que voulez-vous dire par «perception de l'énergie de vie» ?

    -    C'est une réalité dont vous constatez les manifestations négatives quand "ça ne tourne pas rond au dedans" : digestion difficile, état nauséeux, fièvre, douleurs, inflammations... Heureusement il n'est pas nécessaire d'être mal pour ressentir l'activité de la vie en nous. C'est cette perception diffuse et mal définie qui nous fait dire assez spontanément que nous sommes "en bonne forme" ou "en mauvaise forme".

    Après un effort prolongé - marche en montagne ou course à pied - il est très facile de percevoir une intensité de la vie intérieure.

    -      Oui, j'ai le cœur qui bat très fort et ma respiration est accélérée !

    -    Si vous n'êtes pas seulement centré sur ces deux manifestations évidentes vous ressentez aussi l'activité dans les tissus du corps et dans les cellules qui les composent. Il y a comme un pétillement, un picotement, un fourmillement, un frémissement de vie... Les mots sont ici maladroits : c'est la sensation qui est à vivre d'instant en instant car elle rend compte d'une activité vibratoire, donc  en mouvement !

    -      Et c'est cette plus grande activité qui amène la chaleur et la transpiration ?

    -     Voilà, bien vu : il y a plus grande consommation d'énergie et le moteur chauffe... pour prendre une image très simple. Mais accélération cardiaque, respiration rapide, chaleur, transpiration sont encore des manifestations du domaine de la sensibilité physique. Ce sont les sensations "microscopiques", résultant de la nature vibratoire de l'énergie que vous avez avantage à  aller chercher  par votre sensibilité intérieure même quand il n'y a pas suractivité.

    -      J'essaye de le faire, maintenant que vous m'en parlez, mais ce n'est pas facile, je ne ressens rien.

    -      En effet, mais vous avez gardé les yeux ouverts... ce qui n'est pas idéal, au début, pour vous mettre sur cette "longueur d'onde" de la sensibilité intérieure.

    Le mouvement du regard intérieur

    -      Voici une autre expérience à tenter. Vous allez fermer les yeux. Puis, quand vous videz les poumons, vivez intérieurement un large mouvement vers le bas - de la tête au bassin - et, à l'inspiration, vivez un mouvement vers le haut. Faites le pendant plusieurs respirations en étant vraiment avec vous-même, sans vous occuper de moi. Ce va et vient, c'est ce que Roger Clerc appelle le "mouvement du regard intérieur".

    -     On ressent un léger déplacement vers le haut et vers le bas. Mais c'est très subtil...

    -    Eh bien voilà : c'est là le "souffle", le mouvement d'énergie, de "prâna" dont parlent les traditions. Vous le ressentez à peine parce que c'est très nouveau pour vous. Avec de la pratique, ce type de conscience et de sensibilité s'éveille et devient familier. Le déplacement de cette conscience sensitive se fait aussi bien dans une jambe, que dans un bras ou un avant bras ou de la tête aux pieds etc... Avec de l'expérience il se précise et peut se vivre, à volonté, en surface, en profondeur et même plus large que les limites physiques, dans le "corps de rayonnement".

    Dans son "Manuel de Yoga" (Le courrier du Livre p. 19-20) Roger Clerc souligne l'importance capitale de cette pratique. «L'exercice se situe le moins possible sur le plan physique, mais sur le plan du mental où la pensée intervient.» Le "regard" dont il s'agit ici n'est pas au niveau des globes oculaires, ni au niveau d'une recherche de visualisation. C'est un déplacement de la conscience et des sens où le sens tactile est prépondérant. L'utilisation consciente des nerfs sensitifs est appelée "déplacement de la pensée". Et ce déplacement entraîne des mouvements d'énergie. D'où l'adage central du Yoga de l'Energie : "Où la pensée va, l'énergie va" !

    Le Yoga de l'Energie de Roger Clerc

     Les polarités

    -      Dans la citation de départ Roger Clerc parlait des «deux polarités de l'énergie». De quoi s'agit-il ?

    -      Vous connaissez les piles électriques : elles ont toujours deux pôles (tout comme la terre avec son pôle nord et son pôle sud !) Il y a le pôle plus (+) et le pôle moins (-) : voilà les deux polarités fondamentales. C'est cette réalité universelle qui a façonné et façonne à chaque instant l'organisation et le fonctionnement de notre corps. Ainsi nous avons deux bras, deux jambes, deux reins, deux poumons, deux narines, deux yeux, deux oreilles... deux hémisphères cérébraux... Il y a là une donnée énergétique de la plus haute importance dont le Yoga de l'Energie tient le plus grand compte.

    -      Oh, là, là !... Je n'avais jamais compris mon corps de cette façon !

    -      C'est une manière traditionnelle de comprendre le terme Hatha Yoga. C'est le yoga du "Ha" et du "Tha", le yoga du "soleil" et de la "lune" pour reprendre l'expression imagée des anciens. Ils exprimaient encore la complémentarité des opposés en parlant des énergies "Terre" et "Ciel". En français nous avons cette belle image dans un langage courant : «C'est le jour et la nuit». Elle traduit bien pour nous deux ambiances très différentes qui sont pourtant  les deux faces de notre réalité quotidienne. En nous, c'est toute la riche disproportion de ressenti entre la face avant et le "monde-devant-soi" d'avec la face arrière et le "monde-derrière-soi".

    -      En effet : devant moi je vois, c'est la lumière, c'est le jour. Derrière moi je ne vois pas, c'est la nuit, c'est l'inconnu... Mais habituellement je ne me rends pas compte de tout cela.

    -      Quand vous dites «c'est le jour», «c'est la nuit», vous risquez d'être trahi par le langage : ces mots peuvent n'induire qu'une compréhension intellectuelle. Et pourtant votre vécu était de la nature du ressenti intérieur. Ce ressenti est naturel, accessible à tous en un clin d'oeil. Et pourtant il faut du temps et beaucoup de pratique et de prise de conscience pour demeurer à ce niveau des réalités énergétiques génératrices d'ambiances différentes dont nous sommes tissés. C'est une aventure passionnante : «le jeu en vaut la chandelle» comme nous le soulignait souvent Roger en citant cette expression que Ferrer lui avait servie.

    Avant/arrière, gauche/droite, haut/bas, expiration/inspiration, interne/externe, contracté/détendu, endroit/envers, dessus/dessous... le jeu des polarités et donc des énergies différenciées est vaste en nous et dans l'univers. Dans les postures comme dans la vie quotidienne les applications sont multiples.

    -      Je pressens un peu... mais ça irait encore mieux si vous me donniez des exemples.

    -      Volontiers, prenons la posture de l'arbrisseau.

    -      Quelle différence y-a-t-il avec la posture de l'arbre ?

    -      Dans l'arbrisseau le pied épouse le renflement du genou.

    Dans la posture présentée ici la poussée dans la terre se fait par la jambe gauche et c'est le bras droit qui est étiré vers le ciel. (diagonale)

    Après avoir vidé les poumons (nous insistons beaucoup sur cette priorité de l'expiration : «Bien vider pour mieux remplir»), l'inspiration se fait en passant mentalement sur le côté intérieur de la jambe jusqu'en bas du sternum. Ensuite l'expiration conduit de là jusqu'au bout des doigts de la main. L'inspiration passe par la face arrière du corps : du dos de la main jusqu'au milieu du dos, à hauteur du bas du sternum. L'expiration va de là jusqu'en bas au pied et au petit orteil en passant à l'extérieur de la jambe. C'est plus facile à faire qu'à expliquer !

    Mais c'est pour vous donner là un exemple qui marie la polarité terre/ciel avec la polarité gauche/droite ; et vous vivez aussi la face avant et la face arrière : quelle richesse énergétique pour celui qui a su passer d'abord par des phases d'apprentissage plus simples.

    -      Donnez-moi ces pratiques plus simples !

    -    Vous pouvez étirer le bras du même côté que la jambe de poussée. Après l'expiration préalable, le déplacement de la conscience-sensibilité ("mouvement du regard intérieur") peut se faire globalement du pied à la main à l'inspiration et des doigts de la main au pied à l'expiration. Souvent  cette manière simple est plus efficace durant les premières années de pratique. Cette respiration améliore l'équilibre !

    Vous pouvez aussi vivre le déplacement sur l'axe horizontal des bras (photo). Après avoir vidé les poumons, vous inspirez de l'extrémité des doigts de la main gauche jusqu'au cou et vous expirez du cou jusqu'aux extrémités des doigts de la main droite.

    Vous avez là deux variantes très intéressantes parce que totalement différentes : axe horizontal/axe vertical. C'est une expérience à vivre avec tout soi-même pour pénétrer dans la spécificité de l'énergie dans l'une et dans l'autre des polarités. Le mouvement haut/bas et le mouvement gauche/droite, ce n'est vraiment pas la même chose. Ce jeu d'énergie, différent selon les polarités envisagées, est intégré dans les postures. C'est cela la prise en compte de l'énergie !

    Les sens, les Indriyas

    -      Ressentir en se déplaçant à droite, ressentir en se déplaçant à gauche : dites donc il n'y a pas moyen de penser à autre chose dans cette manière de pratiquer le yoga.

    -    Vous le dites très justement. L'énergie mentale est employée toute entière dans cette vigilance de chaque instant. Vigilance, le maître mot qui résume tout Krishnamurti ! Et Roger Clerc le précisait avec cette expression : «sentir plutôt que penser». Dans cette pratique la rigueur de la posture n'est pas négligée, mais c'est la qualité de la présence sensorielle qui est mise en valeur.

    -      Avec cette qualité d'attention, je pense que l'on reçoit plus d'informations !

    -      Vous reprenez l'idée souvent exprimée en Occident que nos sens sont des récepteurs. Pour les Grecs et les Hindous, nous dit Jean Varenne, cité par Roger Clerc dans son premier livre, les sens sont émetteurs-récepteurs. «Autrement dit, notre oeil ne reçoit pas des impressions lumineuses, mais émet, au contraire une sorte de rayon qui va reconnaître le monde extérieur et, si l'on peut dire, le «palpe du regard» (...) Les sens ne sont pas de purs automatismes, mais des «puissances», des «pouvoirs souverains», que l'on appelle en sanskrit indriyas ou dévatas.» (Yoga de l'Energie p. 120)

    -      Ça alors : nos sens d'abord émetteurs, vous m'étonnez !???

    -      Vous allez vite vous en rendre compte. Si je suis fleuriste et que je rentre dans une pièce où il y a des plantes : qu'est-ce que je vois tout d'abord ? Mais si je suis architecte ou plombier ou peintre, je porte, j'envoie un tout autre regard. Nous "allons voir" selon ce que nous sommes. Nous sommes pilotés par les routines, c'est pourquoi nous ne nous rendons pas compte de ce premier temps "émetteur", ce sont les routines qui jouent ce rôle capital.

    -      Je comprends mieux. Mais que veut dire la citation en parlant d'indriyas et de dévatas ?

    -      Le mot "indriyas" veut dire "sens". Mais nous venons de voir que ce mot a une signification plus vaste en sanskrit et dans la pratique du yoga. Nos sens sont des énergies (Deva, dévata en sanskrit signifie dieu, dieux ; pour comprendre correctement nous devons traduire par "énergies"). Quelle révolution de les ressaisir en effet comme des forces que nous envoyons, en les dosant bien sûr, par l'usage de la volonté.

    Mais cette énergie nous la "formulons" - nous lui donnons une forme - par l'intention.

    -      Attendez, c'est extraordinaire ce que vous dites là : notre énergie sensorielle est mise en forme par l'intention ? Il faut que vous me donniez un exemple.

    -      Si je vais ressentir la chaleur dans ma main, je n'envoie pas la même énergie sensorielle que si je vais chercher à ressentir les battements du sang ou si je vais ressentir s'il y a des mouvements d'air autour de ma main. Autre exemple de "mise en forme" : dans les "va et vient" du "mouvement du regard intérieur", vous aurez un résultat très différent si vous vous programmez pour entretenir la chaleur par exemple ou pour détendre ou pour recharger en énergie. C'est bien l'intention qui préside. Ça vient du dedans. L'impulsion d'aller voir, d'aller toucher, de tendre l'oreille etc... vient du centre de moi-même.

    Les enfants disent cela très simplement : «La maîtresse, elle m'a "à la bonne" !» Ce regard de sympathie, il est actif, il est créateur, il change l'enfant qui est ainsi "bien vu". Et l'amoureux lui aussi participe à la beauté de sa belle ! Roger Clerc utilise le langage traditionnel en parlant de "la pensée dans sa forme". Mais donnons lui son sens pratique : par exemple, quand nous arrangeons un bouquet, il est évident que nous lui "donnons forme". Mais en fait, c'est ce que nous faisons à chaque instant avec nos sens, nous donnons forme à la réalité, mais sans conscience, endormis, drogués que nous sommes par les routines. La Réalité est globale : tout est totalement reliée à tout. Quand nous "donnons forme", notre esprit et nos sens découpent des ensembles en les isolant les uns des autres. Le yoga permet de devenir un peu plus conscient de cette vérité , c'est cela concrètement, l'éveil !

    -      Parlez moi un peu plus des indriyas

    -      Oui, en Yoga de l'Energie on se sert très consciemment de ce terme pour parler plus particulièrement des sens subtils.

    -      Qu'est-ce que vous allez encore m'apprendre ?

    -      Comme toujours, rien que vous ne connaissiez déjà, au plus profond de vous-même. Ordinairement, nous avons l'habitude de tout rendre objectif (comme extérieur à nous-même). Nous découpons la réalité en une multitude d'objets distincts, alors qu'en vérité tout se tient, tout est interdépendant.

    Ainsi quand nous parlons de la vue, nous pensons tout de suite à l'organe que nous utilisons principalement : l'oeil. La démarche scientifique, même si elle est encore bien partielle, nous a aidé à comprendre que c'est bien plus le cerveau qui voit que l'oeil. C'est un premier pas dans la démarche pour remonter vers la source.

    D'ailleurs, en français, quand nous disons "je vois", cela peut signifier "je comprends". Et à un niveau plus fin, plus subtil en effet, il peut être préférable de fermer les yeux pour «voir» ! L'énergie qui forge (à travers les siècles) les neurones, le nerf optique et l'oeil pour aller voir est capable de se passer de ces instruments. N'avons nous pas tous de ces expériences, soit en nous, soit autour de nous de ces "perceptions" qui dépassent le jeu ordinaire des organes des sens ?

    -      Là vous y allez un peu fort : traversez donc une route les yeux fermés !

    -    Il ne s'agit pas de cela bien sûr. Vous avez raison de garder votre bon sens. Il est impératif de se placer au niveau de conscience qui convient à chacune des circonstances. Nous le faisons instinctivement sans cesse, sans en avoir conscience. Si vous cherchez à sentir et à comprendre pourquoi votre bébé pleure, probablement vous n'êtes pas dans le même état de conscience et de perception que si vous fendez du bois. Ou encore, à l'instant même ou vous vous faites mal en vous cognant, par exemple, vous changez aussi de niveau de conscience et de perception : vous devenez conscient de l'intérieur de vous-même ! Le yoga aide à vivre ces changements en y étant présents et en devenant  capable de passer d'un état à un autre.

    A ce propos des indriyas, des sens subtils, Roger Clerc nous parle... de «l'entraînement» : la pratique, la pratique, toujours la pratique ! J'y reviens, car le danger est grand, en lisant un article ou un livre, comme en écoutant une conférence de se cantonner dans une compréhension intellectuelle, sans que ce soit un vécu.

    Voyez au contraire ce qui se passe quand vous vivez que vos sens perçoivent des vibrations. «Ces perceptions de vibrations, au delà de l'échelle normale, sont réalisables d'une part en développant nos sens au-delà du substrat physique, d'autre part en nous entraînant à percevoir et à utiliser consciemment nos divers corps : énergétique, psychique et spirituel.» (Manuel de Yoga p. 217).


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    Cinq corps !

    -      Si je me branche sur les vibrations, cela change tout en effet. Mais que veut-il dire en parlant de «nos divers corps» ? Moi je n'ai qu'un corps !

    -      Voilà encore une question de langage... et de niveau de conscience. Mais je suis content que vous posiez cette question de nos différents corps car c'est une clé importante pour la pratique du yoga et une aide puissante pour «l'art de vivre» au quotidien.

    Écoutons Roger Clerc : «Rappelons brièvement ces notions bien connues sur les diverses enveloppes qui constituent l'être humain.

    1. Le corps de chair ou corps grossier : annamaya-kosha.

    2. Le corps de l'énergie ou corps subtil : prânâmâya-kosha.

    3. Le corps du mental ou manas : manomaya-kosha.

    4. Le corps causal ou psychique : vijnânamaya-kosha.

    5. Le corps de félicité ou béatitude et conscience totale : ânandamaya-kosha.

    Ces divers éléments s'interpénètrent constamment, constituant notre individualité, laquelle est elle-même en relation avec le Tout...» (Manuel de yoga p. 202)

    -      N'en jetez plus ! Qu'est-ce que je fais avec tout cela ?

    -      Reprenez votre souffle ! Vous allez vite comprendre.

    1.    «Il y a un moi de matière» : le niveau physique de nous-même. C'est le corps de chair, le corps concret, que nous manipulons, que nous traitons le plus souvent comme un objet. Notre corps  physique est très important : c'est "le lieu où ça se voit". Il nous donne le sens de la réalité de l'être, de la réalité de l'existence. Il répond à nos sens en un premier degré d'évidence.

    Aller à la découverte de ce corps par des postures, des respirations, des relaxations, tel est le premier pas apparent du yoga  pratiqué le plus souvent en Occident. L'importance mise sur la prise de conscience et sur une certaine intériorité distingue déjà, à ce niveau, le yoga de la "gymnastique douce". En vivant le corps avec intensité et précision on débouche tout naturellement sur d'autres niveau de conscience... même si on ne se le formule pas. Très concrètement, par exemple, on débouche sur de la fatigue dans une posture difficile... et c'est bien là une perception énergétique ! Ou encore, après une pratique intense, un bien être flagrant se manifeste... c'est aussi de l'énergie ! En s'approfondissant, cette relation avec les différents organes et les parties du corps débouche sur les richesses du «symbolisme du corps humain» (livre d'Annick de Souzenelle). Cette compréhension témoigne d'une ouverture d'esprit : le chemin du corps nous a conduit au delà du physique.

    2.    «Il y a un moi d'énergie», un moi de vie. L'énergie vitale gouverne en arrière-plan tous les fonctionnements de notre corps : nutrition, éliminations, respiration, circulation, expression. Nous avons une certaine conscience diffuse de "notre bonne ou mauvaise forme". Le "yoga de l'énergie"  dans les séances comme dans la vie, propose d'affiner sa sensibilité pour percevoir beaucoup plus intimement ces phénomènes subtils de manière à entrer en phase avec ce niveau de perception intérieure. Il est, par exemple, assez facile d'observer que de placer son attention à gauche amène à respirer plutôt du côté gauche. Nous sommes là dans les polarités. Ceci peut se vérifier en plaçant les mains sur les côtes. Et il y a moyen de sensibiliser aussi la narine correspondante en y guettant le flot d'air. Ces expériences, ces exercices mettent en valeur le lien intime entre l'attention mentale, l'énergie vitale et les modifications qui en résultent dans le physique. Elles animent les postures dans le yoga de l'énergie. Nous disons "où la pensée va, l'énergie va" !

    -      Attendez, je mets mes mains, mais je n'ai rien ressenti !

    -   Vous n'avez pas fermé les yeux pour être mieux centré en vous-même.  Pour vivre des sensations nouvelles il est important de rejoindre le niveau de conscience requis. Et vous n'avez pas pris le temps d'apprivoiser tranquillement cette expérience. «Le temps n'épargne pas ce que l'on fait sans lui», nous disait souvent Roger.

    -      Je vais avoir du pain sur la planche. Mais continuez, ça m'intéresse !

    -     L'énergie nous la vivons spontanément avec le jeu de nos émotions. Elles déclenchent en nous des tonnes d'énergie, pas toujours agréables et presque toujours en nous emportant avant d'avoir notre accord. Émotions, sentiments sont le sel de la vie : il n'est pas question de les supprimer mais de les sublimer. C'est à dire de les ouvrir à un fonctionnement plus élevé. (étym. du latin "sublimis = élevé) Ces réalités énergétiques sont le pont entre le physique, le corps, la matière en nous et l'esprit. La perception des énergies nous conduit à l'intérieur. Et c'est le chemin pour mettre en lumière le rôle du mental et, par delà, pour remonter toujours plus vers la source.

    3.    «Il y a un moi de mental». Le mental est un bon serviteur et un mauvais maître. S'il règne en nous, si tout est soumis à ses limitations naturelles, nous nous enfermerons dans la raison. Mais la raison qui veut toujours avoir raison, est-ce bien raisonnable ? Si le mental a un rôle indispensable de logique, de contrôle, de réflexion, d'expression objectivante, son mode de fonctionnement indique ses limites : il est incapable d'embrasser la totalité, la plénitude. Il découpe, délimite, définit, mesure, range en mémoire, se repose sur le savoir. Il est maître en dualité. Ses précieuses capacités d'analyse et de synthèse ont besoin de s'ouvrir à l'intuition. Et quand il lâche prise de son besoin de tout commenter, de tout enfermer, il devient capable, en association avec plus vaste que lui, d'évoquer, de s'ouvrir à l'énergie des symboles et de la poésie. Et surtout, nous dit le yoga, il peut se taire pour faire place au silence et au mystère.

    -      C'est très beau ce que vous dites là. Et c'est vrai que le mental tient une grand place en moi : ça bavarde, ça bavarde...

    -      Mais le mental n'oeuvre pas qu'avec le langage, son rôle de rênes, de guides pour les sens est capital. C'est par l'intermédiaire de la conscience mentale qui détermine l'attention que nos yeux vont regarder à droite ou à gauche (rôle de choisir). C'est par son entremise que nous allons voir ceci ou cela, de telle ou telle manière (concentration). Certes, le plus souvent ces capacités sont voilées car ce sont les automatismes, les habitudes qui assurent un fonctionnement répétitif. Dans la posture le fait de choisir de placer sa sensibilité dans telle ou telle partie du corps, de telle ou telle manière, dans telle ou telle intention, est vraiment un enrichissement qui d'ailleurs va déterminer en grande partie les effets de la posture en question. Cette qualité de présence et de précision n'est évidemment pas le premier pas en yoga de l'énergie. Elle vient en son temps, après un long cheminement. Elle renouvelle profondément la manière de vivre les postures.

    Autrement, nous cherchons la nouveauté extérieure, l'exercice ou la posture nouvelle, le dépaysement,  pour combler notre soif intérieure. L'éveil aux énergies sensorielles, à leurs richesses et à la capacité de ne pas s'en servir ( ! ! ! ) est une des composantes de la pratique d'un yoga intégral.

    4.    «Il y a un moi d'intuition» Nos véritables capacités de connaissance ne sont pas de l'ordre du mental - dont le domaine est le savoir - elles sont de l'ordre de l'intuition. L'intuition survient quand la place est libre, quand le bavardage mental cesse. Et nous pouvons développer cet état de disponibilité, de limpidité, d'instantanéité silencieuse, d'intelligence du coeur, de co-naissance (naître-avec ; cum en latin). L'intuition se conjugue volontiers sur les différents registres que nous venons d'entrevoir : sur les plans les plus pratiques, les plus concrets jusqu'aux ouvertures les plus élevées où elle est reine. Et elle n'exclut nullement les autres aspects du moi :"Quand j'ai une intuition, je lui demande son passeport" disait avec humour Sri Aurobindo pour situer le rôle du mental ! A lui de vérifier si c'est bien raisonnable.

    5.    «Il y a un moi de joie et d'amour, un moi de béatitude»  "Ce qui est vrai, sourit" disait encore Sri Aurobindo. Dans la Bible, le premier mythe de la création répète comme un leitmotiv "et Dieu vit que cela était bon !" Tout ce qui coule de Source, tout ce qui est, Est , et donc est basé sur un "bien être". Les joies de l'existence peuvent certes être déviées de leur source profonde, mais elles peuvent aussi y conduire. C'est même leur fonctionnement propre. Dans cet esprit, dans cette lumière, "prendre plaisir" nous réintègre dans notre vérité fondamentale. Se rendre accessible à la beauté du monde et des êtres, s'en trouver tout remué, tout activé, tout co-responsable, tout rayonnant de joie, voilà l'ouverture à la Source ultime. Nous touchons là notre dimension spirituelle. Et ceci a aussi éminemment sa place dans la séance de yoga et dans la vie.

    -     Vous me remuez, en effet, avec cette plongée dans les profondeurs. Mais est-ce que ça change vraiment le quotidien ?

    -      A vous d'entrer dans l'expérimentation. Ces cinq aspects de nous-même s'imbriquent les uns dans les autres. Voici un exemple simple de leur fonctionnement ordinaire dans la vie. Je me tords la cheville - une vibration de douleur s'en suit - émotion et souffrance agitent mon mental entraîné dans l'événement. Cette agitation me coupe de l'intuition (qui pourrait me conduire vers une solution) et de la compréhension de l'événement. Dans cette manière de réagir je suis le jouet des circonstances, c'est l'aspect de moi-même qui est perturbé qui entraîne et enchaîne les autres niveaux.

    Au contraire, en prenant du recul pour laisser se manifester une conscience plus profonde, les relations jouent dans l'autre sens : cheville lésée (niveau physique) et douleur (niveau énergétique) alertent un mental qui cherche à ressentir plus précisément  ce qui se passe. Et il fait silence pour laisser l'intuition prendre en main le problème, ce qui peut déboucher sur l'émerveillement de la solution qui survient. Et puis cette cheville, dans son symbolisme, elle a peut être des choses à me dire : "mal-a-dit", nous dit la maladie !

    -      Prendre du recul, voilà une expression-clé ! Où cela peut-il mener ?...

    -    A un singulier élargissement. Nous nous vivons ordinairement comme un individu séparé du reste du monde. Mais en fait nous sommes en tout relié à l'univers, nous en faisons partie, il est notre "grand corps". Comme nous sommes loin de cette conscience cosmique qui est conscience de cette réalité globale. Mais comme nous en sommes proche aussi puisque c'est notre réalité ! Les êtres spirituels témoignent de cet élargissement de conscience par une présence au monde à l'évidence bien plus grande que celle des personnes uniquement préoccupées par leur petit monde individuel.

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    Le corps de l'énergie

    -      Dans la citation de Roger Clerc, il était question du corps de l'énergie. Vous venez d'en dire quelques mots dans «les cinq corps». Mais je pense que cela doit avoir un très grand rôle dans le Yoga de l'Energie ?

    -      C'est juste. J'ai insisté sur le premier pas, pour ne pas en rester seulement à des notions intellectuelles : changement de longueur d'onde, mise en sensibilité particulière, passage de la perception ordinaire d'un monde d'objets à la réalité vibratoire sous-jacente. Non plus seulement "je suis là", assis, debout, etc... mais je me sens vibrant de vie, attentif aux ambiances, rayonnant au sein des réalités dont les vibrations interfèrent avec les miennes.

    -      Ça y est,  j'ai déjà vécu cela ! Quand j'étais enfant j'ai eu une très forte fièvre. Je ne me ressentais plus du tout comme d'habitude. Le moindre bruit m'atteignait et me faisait mal. Au contraire rien que la présence de maman me faisait un bien fou.

    -      Bravo, vous avez fait le lien avec votre expérience. Ce rappel d'expérience vous permet en effet de constater que vous avez déjà vécu votre capacité à vivre votre corps d'énergie et l'influence des énergies environnantes. C'est cela, vivre le corps subtil... mais sans attendre la prochaine maladie !

    D'une manière un peu technique, les éléments du "corps de l'énergie" sont :

    - Les polarités et le jeu des "complémentaires"

    - Les zones énergétiques

    - Les fonctions énergétiques

    - Les trajets et circuits d'énergie dans le corps (les méridiens et les nâdîs)

    - Les centres émotionnels-énergétiques (les chakras)

    - Les pacifications et harmonisations nécessaires à une progression,

    - Les niveaux de sensibilité et les taux de vibrations plus ou moins subtils.

    Vous trouvez tout cela développé dans les livres de Roger Clerc et dans les stages et les activités des Ecoles de Yoga de l'Energie, ainsi que dans les cours des enseignants formés par ces Ecoles.

    -      Et alors, il n'y a plus besoin de postures ?

    -      Oh si ! Rappelez-vous : elles vous permettent de constater dans le concret, dans le visible, si vous vous transformez en vérité, si vous n'êtes pas en train de vous raconter des histoires fumeuses. Le Yoga de l'Energie se vit sur tous les plans. On ne peut croire que l'on vit pleinement l'énergie si on reste raide et froid.

    Les ambiances

    -      Vous avez déjà évoqué plusieurs fois les ambiances : qu'entendez-vous par là ?

    -      Pour évoquer les ambiances je vais vous donner plusieurs exemples que je serai obligé de nuancer.

    1.    Je suis invité à un mariage : joie d'échanger avec les membres de la famille que je ne vois pas souvent. Il se met à pleuvoir : quel sale temps ! quel temps pourri ! L'ambiance a changé dans mon vécu, dans mon ambiance vibratoire : c'est l'énergie "temps" - ressenti et jugé comme désagréable - qui prend le dessus. Si pour moi la joie de rencontrer frères et soeurs, neveux, nièces, enfants... continue largement à primer, le temps de pluie n'a pas d'emprise : l'énergie générée par la joie rayonne plus fort que celle de la réalité «pluie».

    2.    Toujours au mariage : c'est le moment du bal. Musique, danse, énergie dépensée, énergie régénérée par la joie : c'est une autre ambiance, une autre énergie de participation à tout ce mouvement.

    3.    Notre fille est partie en voyage. Pas de nouvelles. Je suis inquiet. Dans ma tête, ça s'agite beaucoup : «Et s'il lui était arrivé quelque chose. Les trains ne sont plus sûrs maintenant... etc... etc...» L'ambiance mentale troublée, agitée amène une ambiance globale de crainte, de mal-être. Mon corps vibre si mal que n'importe qui  s'en rendrait compte. Téléphone. C'est elle. Tout va bien ! Ouf, ça va mieux. Changement d'ambiance...

    -      Tout ce que vous venez de dire est évident pour tout le monde !

    -    Oui d'une manière très globale et souvent vague, nous connaissons les ambiances. Mais nous avons l'impression qu'elles s'imposent à nous. C'est autre chose d'en prendre plus clairement conscience,  d'en tenir compte et de faire l'expérience que nous pouvons influencer et choisir. Ordinairement les énergies de l'inconscient déterminent ce à quoi nous nous relions "instinctivement". A notre insu, elles choisissent l'ambiance dominante que nous subissons. Nous pouvons être suffisamment présents au vécu vibratoire pour être un peu plus conscients des composantes de notre ambiance du moment.

    -      Donnez-moi un exemple !

    -    Je rentre dans un supermarché. Il y a de la promotion dans l'air. Ce qui veut dire que la sono fonctionne avec force décibels. J'ai immédiatement conscience que cette ambiance externe a tendance à m'agresser. Je me recentre sur ma démarche interne et je choisis de vivre avec force la joie de me sentir en bonne forme physique (ambiance interne). En plus je choisis de regarder avec sympathie et intérêt les personnes (aux ambiances si diverses) que je croise d'instant en instant. Le recul me permet d'être en même temps très présent à la liste des objets que j'ai à acheter pour être efficace. Le bruit n'a plus d'emprise sur moi, tant je suis dans l'ambiance d'une riche expérience.

    Cette démarche a très certainement été favorisée par les pratiques du Yoga de l’énergie où nous choisissions de préciser : ambiance interne, ambiance externe, ambiance mentale, ambiance digestive, ambiance frontale, ambiance atmosphérique, ambiance familiale etc... etc... Pour donner une définition aussi simple que possible, nous disons : «ambiance : toute manifestation d'énergie à laquelle nous nous relions plus ou moins, ce qui nous colore et nous imprègne.»

    -      Quelle est alors la différence avec l'émotion ? Et avec "l'état d'esprit"?

    -      Voici un exemple. L'orage gronde, zèbre et claque : quelle ambiance énergétique (externe) ! Je suis saisi et tout remué par la peur : quelle émotion (qui change mon ambiance interne) ! Plus tard, je parle avec une amie : je lui raconte l'orage. Ceci crée en moi un "état d'esprit" qui me remet dans l'ambiance et éveille en moi le sentiment de peur.

    -      Et comment vous en servez-vous dans la séance de yoga ?

    -      En ayant cette qualité de présence et d'attention qui permet par exemple de ressentir l'évolution de son ambiance vitale avant une posture - pendant la posture - après la posture. Ceci permet,  après la posture de prolonger l'ambiance obtenue... ou au contraire de chercher à en changer rapidement. Notre état vibratoire peut ainsi devenir le cœur de l'exercice.

    Dans le prânâyâma, en yoga de l'énergie, l'observation et les transformations d'ambiances sont capitales. Elles sont le moyen d'évaluation énergétique par excellence sur les différents plans de conscience. Elles nous permettent de nous situer du dense vers le subtil, du subtil vers le dense.

    -      Je comprends beaucoup mieux la place importante qu'elles ont dans le Yoga de l’Énergie.

    -     Vous les retrouverez souvent dans les livres de Roger Clerc. La pédagogie consiste à s'entraîner sur des ambiances très évidemment différentes pour aller vers des perceptions plus fines. Je vous ai déjà cité l'ambiance de jour par rapport à l'ambiance de nuit, solaire/lunaire ; ou l'ambiance "face avant" par rapport à l'ambiance "face arrière".

    -      Et là, en effet, c'est évident !

    -      Dans le quotidien, l'éveil à ces réalités permet de  moins se laisser piéger par des vibrations mal vécues ou mal digérées qui viennent pourrir la vie ou l'assombrir.
    http://www.energyenhancement.org/AmySmall/DSC02208.jpg

    Conclusion

    «Vivre en yoga consiste à vivre consciemment.» nous dit Roger dans ses "Aphorismes". En vous présentant le Yoga de l'Energie d'une manière originale, j'espère avoir suscité en vous des "prises de conscience" qui vous aideront à mieux vous servir des livres de Roger Clerc. La pratique débute avec des réalités simples : conscience de son corps dans les mouvements et postures ; conscience de la respiration et de son impact sur les postures ; conscience des ambiances et de la réalité sous sa forme vibratoire.

    Le yoga utilise les éléments naturels de la vie. Il leur donne le coup de pouce que permet la conscience. Et ce n'est pas rien. Dans la grande démarche du jeu de la nature, nous dit Sri Aurobindo, le yoga peut tenir une place importante, s'il s'insère consciemment dans la réalité évolutive.

    C'est la pratique qui est à la base de tout yoga. Bon sens et persévérance disait Roger Clerc en ajoutant : «Ne vous dispersez pas !» Ceci ne signifie pas que l'on ne puisse participer aux autres formes de yoga à l'occasion... et en tirer profit. Mais si l'on veut vraiment s'ouvrir profond il faut creuser au même endroit en suivant une voie aussi clairement définie que possible.

    C'est ce que prétend «le Yoga de l'énergie... (qui) tient à la fois du hatha-yoga, du kundalini-yoga et du râja-yoga» (Brochure faite par Roger : «Le yoga de l'Energie» - Cariscript Paris). Parce qu'il a cette richesse et cette ampleur, parce qu'il est vivant et évolutif, comme tout réalité sur cette terre, il est une de ces voies traditionnelles qui conduisent vers la Source.

    Présentation Yves Mangeart, Directeur de l'Ecole de Yoga d'Evian et de l'Académie du Yoga de l'Energie Alpes-Savoie.

    Yves Mangeart - Flon - 74500 FETERNES (France), Site

    Accueil > Enseignement > Yoga de l'Energie > Article de Yves Mangeat

     
    Cet article, rédigé par Yves Mangeat, Directeur de l'Ecole de Yoga d'Evian, pour un numéro spécial Fidhy-Info, peut être téléchargé en format pdf: mangeat.pdf (80k)

    http://yoga-artdevivre.wifeo.com/images/1/18m/18-mouvements-preliminaires.jpg

     


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  •  Yellow_calla_lilies_bouquet.jpg

    J'écris peu mais pratique beaucoup; finalement, le chemin devient au fur et à mesure de la pratique tellement personnel, tellement intime qu'on ne peut pas partager cela avec qui que ce soit, sauf quand on est mystique : on partage alors avec la " Lumière" ou Dieu si vous préférez ce terme, ce qui revient au même car mes cours de sanskrit m'ont appris que la racine de Dieu est " Di" en sanskrit qui signifie... lumière! Quelqu'un de radieux est quelqu'un qui porte la lumière et l'irradie autour de soi

    Aujourd'hui, un article un peu concret; quelques petits " trucs" que tout le monde peut pratiquer, indépendamment d'un chemin personnel.

    Comme le dirait le beau texte du Bairavha tantra, au fond tous les chemins mènent à "Dieu", le tout est de trouver le sien!!!

    Je me suis longtemps posé cette question : profiter de l'instant présent, soit, c'est joli, mais comment fait-on? Quel truc pour en profiter précisément, puisque au moment où j'en profite il passe?

    Au fil de mes années de pratique j'ai trouvé quelques réponses. Les voici:

    • D'abord, commencer la journée en prenant conscience qu'elle commence.  

    Cela veut dire qu'avant même d'ouvrir les yeux et de poser le pied au sol, on met sa concentration dans l'oeil droit avec le son " RAM" pour reprendre contact avec le monde diurne ( qui n'a pas plus de réalité que le monde nocturne!!! tout est maya!!!)

    • Ensuite, avant de travailler, faire un pacte avec les accords toltèques

    1) faire de son mieux  ( voilà, sans mettre la barre trop haut, ni trop bas!!!)

    2) ne pas faire de supposition, ni de prêter d'intention à qui que ce soit  ( du coup, quelle paix!!!!). Communiquer est la chose qui peut complètement changer une vie quand on est capable de s'exprimer et de communiquer positivement avec les autres.

    3) ne pas médire ni de soi, ni des autres  ( ce n'est pas " moral" c'est juste que du coup, on ne fait plus de son mieux!)

    4)  ne rien prendre personnellement  ( si les autres vous agressent, c'est en fait une partie d'eux mêmes qu'ils agressent car nous ne sommes que des images pour les autres, qui les renvoient à leur propre monde).

     

    Ce ne sont pas des accords " moraux" mais des accords fait avec l'énergie.

    Rien n'arrête une pensée dans cet univers, nous sommes responsables de nos pensées comme de nos paroles.

    Nous passons notre temps à " critiquer les autres" souvent sur l'apparence avec l'impression illusoire que cela nous donne de l'énergie, nous soulage, en fait cela nous en fait perdre.

    C'est la même chose en pire lorsque c'est soi même que nous fustigeons.

    Si tous les jours nous faisons de notre mieux là où nous en sommes, déjà nous échappons à la culpabilité, aux regrets : c'est énorme!!!

    Ne pas faire de supposition, car chaque être " non éveillé" est dans sa propre réalité qui n'a en fait que peu d'interférence avec la nôtre; Maya brouille tout, et tant que l'on a pas réalisé cela, on prend " des vessies pour des lanternes".

    C'est pourtant l'exacte réalité.

    Une fois ces accords conclus, essayer de s'en souvenir quand précisément on est en train d'en " bafouer"' un. Comme cela on rectifie notre attitude mentale ou autre. Rien que cette prise de conscience nous rend vivant, au lieu d'être une simple "mécanique" qui ne sait pas quelle en est une!

    • Lorsque nous mangeons offrir la nourriture qu'on ingère à la conscience; cela évite cet acte mécanique que souvent nous ignorons quand bien même nous le pratiquons.

    Vous verrez, autour de cette pensée toute simple, plein de choses se passeront, très belles!

    • Pour garder ensuite la conscience toute la journée, observer dans quelle narine passe notre souffle; tantôt il passe à droite, tantôt à gauche.

    Notez le sur un petit tableau (fait sur un mois) que vous aurez sur vous. Vous verrez : à la fin de la journée, il n'y aura pas tant de notation que cela!!! Cela en dit long!!!!

    Ce geste simple là aussi oblige " à la conscience".

    • Quand le souffle passe à gauche, faire une inspiration, retenir le souffle et la concentration dans l’œil gauche, on peut associer un mantra, ou ce que vous voulez, mais c'est bien de faire cette rétention, cela fait comme un signet dans la conscience.
    • Le soir, en s'endormant, mettre la conscience dans l’œil gauche, avec le son Iam, et essayer de s'endormir sur ce son. Observer le passage dans le sommeil et à ce moment " faire tomber le souffle dans le cœur".

    Toutes ces petites pratiques sont très faciles, mais très difficiles à tenir quotidiennement.

    Choisissez en d'abord une seule! Juste une mais à laquelle vous penserez tous les jours.

    Vous verrez votre champ de conscience changer, tout à coup vous vous sentirez...  vivant et conscient!!!!

    Voilà, depuis quelques mois, j'essaie de " tout faire " tous les jours.

    Ma vie en est bouleversée.

    On est euphorique quand tout à coup, au lieu d'être une mécanique " qui pense mais ne vit pas" on devient conscient de soi même...

    Un chemin lumineux s'ouvre alors à soi!!!!


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    Comme le poisson appartient à l’océan et l’oiseau au ciel, le yogi est un être du silence. Silence extérieur, silence intérieur. Silence du corps, des émotions et des désirs, des mémoires et des pensées. Plénitude d’un silence heureux, qui n’a plus besoin de se dire, ayant tout accepté et pardonné. 

    Présence au monde d’un silence ouvert qui ne se soucie plus de se protéger, étant imprenable, ancré au cœur de l’être.…

    Le problème bien contemporain de savoir si le yoga enferme dans une bulle de bien-être à l’abri des bruits d’un monde rageur, s’il empêche de s’engager en mettant au pratiquant des « boules quies invisibles », trouve une réponse. Les courants d’air qui secouent nos jours troublés soufflent aussi sur ces espaces silencieux que la pratique nous consent : le yoga est dans la continuité de la vie et réciproquement ; le silence est le contrepoint de la rumeur, du chant, du cri, et réciproquement …

     Certes, on peut toujours se servir des techniques du yoga pour se retrancher dans un autisme d’autant plus subtil qu’il se pare des plumes de la spiritualité. Comme on pourra le constater ici, nous sommes conscients de cette impasse possible et nous avons souhaité y réfléchir en proposant d’envisager le yoga dans un tout autre esprit, dans ce que nous pourrions appeler une démarche « éthique ».

    Pour employer l’expression indienne, le silence est le fruit d’un tapas - une ascèse, une discipline … Tapas canalise les énergies, non pas pour les réduire, mais pour en extraire la pleine potentialité… C’est un travail opiniâtre, à la fois abandonné et volontaire, un ensemble d’actions cohérentes destinées à produire un résultat intérieur escompté – bonne santé, harmonie, stabilité, sérénité. Il s’agit bien de faire pour être transformé : faire silence, de plus en plus souvent et profondément, pour instaurer un état fondamental de silence.

    La pratique du yoga conduit à faire silence pour être en silence. Faire silence grâce à tous les exercices qui éteignent l’incessant bavardage intérieur et l’agitation corporelle. Ce travail fait éclore un état de pure présence, de réceptivité, de vigilance lumineuse.

     

    Ysé Tardan Masquelier

    Revue Française de Yoga – Juillet 2007


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    5) kâmakrodha : pradhâinâvaranam

     

    kâma le désir ; krodha la colère ; âvaranam voile ; pradhâna principal.

    Le complexe desir-colère est le voile principal

     

    Pour ceux qui ont l'expérience de la méditation continue lors de retraites prolongées, c'est une évidence. Les théories psychologiques, les métaphysiques et les ésotérismes diluent les choses, mais pour celui qui veut progresser, l'obstacle principal est le désir et la colère, et l'habileté dans la pratique consiste à savoir soit comment les désarmer, soit comment les transmuter. Le Soi est toujours là sous-jacent, mais il est recouvert par le complexe désir-colère de même que le feu à l'intérieur d'un volcan est recouvert par une croûte de lave en train de se refroidir et de se figer.

     

    En sanskrit, on associe régulièrement les deux mots kâma, désir sexuel et krodha, colère. Le désir frustre engendre la colère, et celle-ci vient du désir de soulager une tension, les deux sont donc entremêlés. C'est pour cela qu'on peut parler à juste titre du "complexe" désir-colère. Le voile, la couverture, âvaranam, est une notion fondamentale du védanta. Le Soi n'est pas absent, mais est il voilé par notre agitation mentale et notre façon erronée de voir les choses ; et si on va à la racine de tout cela, on trouvera le désir et la colère comme cause principale de même qu'il y a une cause principale à la Nature physique ou subtile qu'on appelle pradhân dans le samkhya. Cette Nature « pradhân » est le premier voile sur la conscience pure (purusha), qui dans le samkhya primitif est démultipliée en chaque individu. Dans la Bhagavad-Gita, Krishna va droit au fait en parlant du désir et de la colère comme des deux portes de l'enfer. Quand Shiva, le dieu du Yoga est tenté par l'apparition de Kâmadev, le dieu du désir, il le brûle de son troisième oeil. Après Vishnou qui est chargé de la protection du monde vient se plaindre à lui en disant : « Comment la société pourra¬telle survivre, comment les enfants pourront-ils être conçus si le désir est détruit ? » Shiva accepte l'argument et redonne vie aux cendres de Kâmadev dispersées par le vent, c'est-à-dire qu'il réssuscite le désir mais sous la forme transmutée d'amour spirituel et universel. Ceux qui font beaucoup de méditation imposent de longues périodes d'immobilité à leur corps et à leur mental, et ceux-ci n'y sont guère habitués. D'où tension et désir de soulager cette tension par la colère. Cette dernière peut prendre volontiers le masque respectable de la colère juste, par exemple contre les pratiquants qui n'ont pas une vie exemplaire ou contre les enseignants qui répandent des idées fausses — il est vrai qu'il ne manque pas et qu'il ne manquera jamais ni des uns ni des autres. C'est pour cela qu'il faut se méfier tout particulièrement des colères qui semblent justifiées. Même si elles ne semblent pas graves de l'extérieur, elles sont comme le citron dont quelques gouttes suffisent à faire tourner un pot entier de lait. On fait bien de caricaturer le prophète de malheur qui prédit les pires catastrophes au peuple s'il ne suit pas les décrets du Tout-Puissant, décrets que bien sûr le dit prophète est le seul habilité à communiquer.

     

    Le désir et la colère sont les deux grandes drogues, les deux grandes dépendances du mental. On sait bien en thérapie que le propre de quelqu'un de dépendant, c' est de ne pas vouloir reconnaître qu'il l'est. J'ai parlé dans un autre ouvrage d'un de mes patients alcooliques qui m' avait dit : « Docteur, je veux bien faire toutes les thérapies que vous voulez, mais surtout ne me demandez pas d'arrêter de boire. » C'est typique d'un paralogisme, c'est-à-dire d'un raisonnement qui semble logique alors qu'il est faux et dont le patient se sert pour se masquer à lui-même sa dépendance. Les justifications diverses des colères sacrées ou impulsions fanatiques sont aussi des paralogismes pour essayer de couvrir une dépendance, une addiction au plaisir à la base physique que procure une «bonne » crise de colère. De même, vue globalement, il y a toute une part de l'entreprise psychothérapique actuelle qui tient du paralogisme. On fait croire au patient qu'avec un travail de quelques weekends ou une cure de cent ou deux cent heures, il va devenir indépendant de ses impulsions de colère ou sexuelles en les gérant "rationnellement " ; ce n'est pas si simple. De même il y a un certain nombre de formes de spiritualités pour grand public qui sont sentimentales, voire tantrico-érotico-mystiques, ou l'on parle de l'amour à chaque phrase ; elles semblent tenir du paralogisme. Elles donnent l' impression de transmuter la force sexuelle et les émotions perturbatrices mais en fait entretiennent plutôt les gens dans leur accoutumance. Au vu de tout cela, il est bon de redire que le meilleur moyen de guérir d'une dépendance, c'est déjà de la voir en face sans chercher à la couvrir de raisonnements paralogiques. L'enseignement de l'Inde traditionnelle est fondé sur le Dharma, la Loi juste ; certes, à chaque génération, des intellectuels fatigués s'escriment à démontrer qu' elle n'existe pas, mais ils sombrent bientôt dans l'oubli, détruit par le temps inéluctable comme des insectes par le passage des saisons. Seule demeure la Loi juste.

     

    J'ai souvent constaté que lorsque des gens font un début de démarche pour demander des conseils spirituels à quelqu'un de plus avancé et qu'on se met à leur parler d'une meilleure discipline dans leur vie sexuelle, ils deviennent irrités, voire furieux. Ceci prouve deux choses : d'une part, le désir et la colère sont intimement liés, nous l'avons vu ; d' autre part, le désir est à la racine de l' ego comme le nerf à la racine de la dent. Quand le dentiste le touche, le patient saute en l' air et si c'est un enfant, il peut même s'enfuir du cabinet pour ne plus y retourner. C'est là, en pratique, le principal obstacle à la transmission spirituelle. Les gens ont envie d'entendre ce qui leur plaît, et quand on leur dit ce qui leur est utile mais ne leur plaît pas, ils s' enfuient et ne reviennent plus.

     

     

    Articles précédents:

     

    Manas, le mental (1) Du sein, du Soi, le fil du yoga

     

    Manas, le mental (2) Rentrer en résonnance

     

    Manas, le mental (3) Posture et joie

     

    Manas, le mental (4) -Comme la tige de rose sans épine-

     

    Article suivant

     

     

     

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    Les incursions de la psychologie, de la psychothérapie et de la psychanalyse dans le subconscient et l'inconscient sont limitées et visent essentiellement à des fins thérapeutiques. Les techniques spirituelles vont bien au-delà. Grâce à elles, nous pouvons expérimenter et découvrir réellement le fonctionnement des différents niveaux de conscience. Elles nous conduisent ainsi vers le stade le plus élevé, la perception du mental complet. La science médicale continue d'ignorer cet état qui est qualifié d'illumination, de mukti* ou de nirvana par les différentes traditions spirituelles.

     

     

    * Libération

     

     

    Yoga Darshan. Paramahamsa Niranjanananda

    Page 9.  Swam Editions

     

    Yoga-Darshan.JPG

     

     

     

     

     

     


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