• Les religions face aux femmes

    http://www.galerie-les-tournesols.fr/oeuvres/ceytaire/ceytaire-1.jpg 

     

     

    Pourquoi un livre sur « Les religions face aux femmes » ?  Arianne Buisset

     

    Ce livre, qui m'a demandé un travail considérable, est né d'expériences diverses. Adolescente, en lisant la Bible, je remarquais que la femme y apparaissait comme un être inférieur, une servante, voire une pécheresse responsable de la Chute. Pire encore, elle était généralement absente et passée sous silence. Très intéressée par le MLF, à quinze ans, (surtout à quinze ans !) il m'était impossible d'adhérer à un tel tableau. Par ailleurs, dans ma famille, bien que mes parents aient affirmé leur égalitarisme, je devais accomplir toutes sortes de travaux ménagers dont mon frère était exempt, et je n'avais pas le droit de sortir comme lui. Comme j'étais la première de la classe et lui un cancre, ses privilèges me semblaient immérités !

     

    Découvrant peu à peu d'autres religions, je constatais que toutes étaient plus ou moins misogynes. Dès qu'on sortait des mythes (de la Vierge ou des déesses vivant dans les cieux), les femmes réelles étaient traitées comme des sottes, des objets sexuels dangereux, et même comme le mal absolu. Des objets sexuels dangereux ? Ça alors ! Qui était enlevée, prostituée et violée ? Quels sévices sexuels les femmes faisaient-elles subir aux hommes (pourtant visiblement morts de peur) ? Et que dire de toutes les guerres qu'ils avaient décidées seuls, votées seuls et accomplies seuls ? Une preuve de leur supériorité morale ? De leur intelligence incomparable ? Dans les textes sacrés, cet échec était tu ou habillé de grandes phrases (guerre sainte, croisade, amour du vrai Dieu). Mieux encore, on l'attribuait généralement à l'humanité dans son ensemble. Joli tour de passe-passe !

    http://blog.auxquatrecoinsduglobe.fr/IMG/jpg/INDE2006-856blog.jpgLes hommes, étant seuls à écrire, s'acharnaient sur les défauts «féminins» (réels ou fantasmés) et se gardaient bien de relever, qu'en tant que groupe, ils entretenaient de fausses valeurs, manquaient de patience et de compassion, mettaient leur honneur au mauvais endroit, ne savaient pas gérer leurs émotions, cherchaient d'abord à savoir qui était le plus fort au lieu de s'atteler aux vrais problèmes et n'imaginaient que des rapports dominant-dominé.

    Ceci ne signifiait pas qu'il n'y avait pas de femmes parfois plus violentes que des hommes, ou d'hommes parfois plus doux que des femmes, mais simplement que, dans leur ensemble, les hommes avaient plutôt tendance à tuer et à sombrer dans la délinquance (à brûler des voitures, par exemple). Pendant que les femmes étaient tuées et subissaient les humiliations en silence.

    Dans les religions comme dans la société, il me semblait que la violence n'était pas assez citée comme étant le mal absolu et comme un mal plutôt masculin. Or comment remédier à un désastre camouflé en supériorité, dont l'origine n'est pas cernée avec justesse ? Qu'il s'agisse d'un problème de nature ou de culture, autrement dit de testostérone ou d'éducation ratée, peu importait. Pour moi, la violence masculine était LE problème à traiter en priorité, pour faire progresser moralement l'humanité et assurer sa survie...

    Or je voyais que, depuis quatre mille ans, les femmes, écartées du culte et de la politique, mineures légales, économiquement dépendante et désarmées, se contentaient d'attendre le retour des guerriers et de soigner les blessés. La parole leur avait été confisquée, sous prétexte de leur imbécillité ou de l'impureté de leurs règles. Au milieu des pires conflits, elles devaient se contenter de tendre les bras vers le ciel et de pleurer au milieu des décombres.

    A côté de la guerre, les maux attribués aux femmes me semblaient être bénins (coquetterie, bavardage, jalousie), mythiques, comme le péché attribue à Eve, ou contredits par les faits. Je tais notamment ('équation femme = sexe et luxure. La terre est couverte de bordels pour le seul plaisir des hommes (qui n'épargnent même pas les enfants), la polygamie est encore en vigueur dans de nombreux pays, et ce cliché mensonger fait encore flores dans les églises, les temples et les mosquées. II est bien pratique en effet !

    http://laicite-aujourdhui.fr/IMG/jpg/geishas2.jpgL'idée de ce livre m'est ensuite venue de deux expériences. A 22 ans, alors que j'étudiais le Yoga a Londres, j'étais entrée dans une communauté bouddhiste « the Friends of the Western Buddhist Order » (FWBO). Ce groupe dirigé par un moine du nom de Sangharakshita, achetait des maisons délabrées et les remettait en état pour y installer des communautés, féminines ou masculines. Lors des chantiers, les hommes et les femmes partageaient les travaux manuels, mais à l'heure de la pause, les femmes redevenaient, comme par magie, des cuisinières censées apporter leur repas aux hommes et faire leur vaisselle... le soir venu, elles étaient écartées des rituels et de la méditation, sous prétexte que cela aurait troublé la concentration des hommes, en y mêlant un facteur sexuel.

    Je tombais des nues : ainsi les hommes se considéraient comme neutres par rapport à nous. Ainsi nous n'avions pas de sexe quand il était question de service, mais nous en avions un, face à l'enseignement et à toutes les cérémonies auxquelles nous aurions tant aimé participer. Il ne nous restait plus qu'à improviser notre pratique sur le chantier, en dehors de la salle consacrée ! La moutarde m'étant montée au nez, je demandais un RV à Sangharakshita lui-même. C'était un homosexuel affiché dont on connaissait toujours l'ami en date, ce qui ne me gênait pas. Ses jeunes disciples avaient eu le choix, pas nous. La loi tombée du ciel nous écrasait. Sangharakshita m'écouta avec une certaine patience, mais ne fit rien pour corriger ce qu'il considérait comme sans gravité aucune. Il se contenta de déclarer : « Nous aurons besoin de femmes comme vous dans quelques années. » Il voulait dire «de femmes capables de réfléchir», je suppose, car mes diplômes étaient supérieurs à ceux des hommes qui m'avaient repoussée comme un objet sexuel dérangeant.

    Autrement dit : « Patience. Laissez à ces pauvres hommes le temps de s'habituer !

     

    Infos Yoga 70 - Janvier/fevrier 2009

     

    « Se recentrerRetour »

  • Commentaires

    14
    danielleg
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 14:15
    danielleg

    Il me semble, que lorsque la Conscience évolue que ce soit celle d'un homme, ou celle d'une femme il n'y a plus aucun problèmes!

    L'homme fonctionne ainsi, tant que son égo lui fait penser qu'il est supérieur.

    L'évolution intérieure gomme toutes ces sottises.

    Dans le Tantra, la femme est l'égale de l'homme.

    Bisous, Yog!

    13
    Lundi 4 Juillet 2011 à 09:44
    Yog' La Vie

    Oui, tout n'est que conditionnement....et donc du temps pour en prendre conscience. Je suis en train de lire un livre de Pierre Feuga: "Fragments tantriques".

    Bisous également.

    12
    Jeudi 12 Novembre 2009 à 01:34
    Yog' La Vie
    C'est vrai, beaucoup de choses passionantes. Il est temps d'aller au lit. Je viens de regarder celles que j'ai mises sur l'autre blog. A bientôt!

    http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Endormi/mini-dodo-2932.gif
    11
    Jeudi 12 Novembre 2009 à 01:29
    Yog' La Vie
    Ce n'est pas réellement ma réflexion.
    On peut être soi avec ses aspirations sans toutefois prendre une revanche et créer une guerre de clan entre les deux sexes. Mais il est vrai qu'il faudra encore du temps.

    (Pour répondre à ta question chez toi sur Jonathan le goéland: Oui, il a apprécié. Je vais donc le lire aussi!)
    10
    Mercredi 11 Novembre 2009 à 21:49
    Annick
    Merci Yog pour le lien.
    Du coup j'ai regardé quatre des vidéos.
    Intéressant ce site internet.
    9
    Mercredi 11 Novembre 2009 à 13:04
    witney
    je partage complètement ta reflexion, moi qui suis pour une juste reconnaisance des femmes ! j'ai vu comme toi ds diverses religions les mêmes choses !  est ce que cela va évoluer ? je n'ai pas de réponse. Lorsqu'on veut être soi et être femme (non objet, non servante etc.) et prôner l'égalité, on fait peur, ou on dérange ..... je pense qu'on a choisi certaines valeurs masculines comme étant LES  valeurs pour en profiter de prendre le pouvoir, et de créer des sociétés faussées en fait !! on a du boulot !!
    8
    Mercredi 11 Novembre 2009 à 10:04
    Yog' La Vie
    Porteuse de vie, oui, mais sans l'homme elle ne le pourrait pas!
    La femme, c'est vrai, a beaucoup souffert à tel point que l'on en retrouve toujours les traces dans ses comportements actuels.
    Bises!
    7
    Mardi 10 Novembre 2009 à 20:05
    catiechris
    la femme est porteuse de vie, , juste le rappeler à la race masculine !
    enfin je ne vais pas m'étendre sur le sujet,
     mais tu as bien écrit et décrit nos vies,nos souffrances et notre avancée
     merci de l'avoir fait !
    à bientôt
    6
    Mardi 10 Novembre 2009 à 17:27
    Yog' La Vie
    Merci pour les renseignements. Je vais voir aussi pour le livre.
    Une vidéo ICI


    Vous en dites quoi Messieurs?
    ...Passionnant le Tao, non?!
    5
    Mardi 10 Novembre 2009 à 11:55
    Annick
    Oui c'est tout à fait ça.
    J'ai pratiqué des méditations de TAO pendant deux ans.. et puis mon "instructrice" a déménagé. J'ai abordé aussi (très fugacement) avec elle le TAO de la femme.

    Pour ceux que celà intéresse : le livre de Mantak Chia "le couple multi-orgasmique".
    aux éditions Trédaniel - pour un achat internet vous pouvez le trouver chez Decitre ou directement chez Trédaniel.

    Quant au livre dont tu parles, je vais regarder.
    4
    Mardi 10 Novembre 2009 à 11:09
    Yog' La Vie
    Hello Annick!

    Si les hommes savaient davantage que pour ne pas être fatigués, il ne faut pas qu’ils éjaculent. C’est un principe du Tao. Coitus reservus que ça s’appelle. Les sexologues occidentaux commencent à en tenir compte. De cette façon, chacun y trouve son compte puisque l’homme étant moins fatigué la femme peut plus longtemps profiter ! Hé hé!
    C'est alors plus un sentiment de communion étroite et de partage et non pas un spasme individuel et solitaire excluant la femme.

    Je viens de terminer un très beau livre: "La chaleur de nos coeurs empêche nos corps de rouiller" de Marie de Hennezel.

    J'ai eu un peu de mal au démarrage parce qu'il était décrit tous les inconvénients à vieillir (solitude, santé, maison de retraite déplorable,...) mais une grande partie de l'ouvrage est plein d'un bel optimisme. Il y a des passages et des témoignages magnifiques! Je le conseille à tous!

    Bonne journée! <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=utf-8"> <meta name="ProgId" content="Word.Document"> <meta name="Generator" content="Microsoft Word 11"> <meta name="Originator" content="Microsoft Word 11">
    3
    Mardi 10 Novembre 2009 à 10:57
    Yog' La Vie
    Les femmes ....les hommes aussi!

    A mesure que l'on s'interroge sur ce que nous croyons savoir, d'où nous venons, la portée réelle de nos actes on finit par s'apercevoir que l'on nous a menti. Le mensonge s'est répandu dans toutes les institutions. Rendez-vous compte un instant que seule l'institution de la religion n'a pas été touchée. Les institutions religieuses de ce monde sont à l'origine de ce foutoir. Les institutions religieuses de ce monde sont établies par ces mêmes individus qui décident de votre gouvernement, de votre éducation corrompue, et de la mise en place des cartels bancaires internationaux. Nos dirigeants n'en ont rien à faire de vous et de votre famille. Tout ce dont ils se soucient et qui les a toujours intéressés c'est de contrôler ce foutu monde. On nous a occulté la présence véritable du divin dans l'univers ce que l'Homme appelle "Dieu".

    J'ignore ce qu'est Dieu mais je sais ce qu'il n'est pas. Et à moins que et jusqu'à ce que vous soyez prêts à regarder la vérité en face où qu'elle aille, qu'importe vers qui elle vous mène, si vous voulez regarder dans une autre direction ou si vous voulez jouer aux bons élèves alors quelque part sur la route vous comprendrez que vous avez affaire à la justice divine. A mesure que vous vous cultiverez vous comprendrez d'autant mieux d'où proviennent les choses et tout deviendra plus clair c'est là qu'apparaîtront des mensonges de partout. Il vous faut connaître la vérité, et la rechercher car la vérité vous libérera. "Certains doivent trouver difficile.... d'avoir fait de l'autorité leur vérité, plutôt que de la vérité leur autorité"

    G. Massey, Egyptologue

    La suite

    2
    Mardi 10 Novembre 2009 à 08:23
    Annick
    En résumé de mes nombreuses lectures, une explication de l'utilisation de la force de physique des hommes pour reprimer les femmes.

    Les femmes sont multi-orgasmiques. Les hommes ne sont pas multi-orgasmiques. Après le coït ils sont fatigués. Et les femmes sont toujours désirantes et aimantes.
    Alors les hommes pour éviter de se faire épuiser par les demandes des femmes désirantes, ont inventé (avec l'appui de leur force physique qui est indéniable) toutes sortes de répressions. Le premier ne serait-il pas le péché d'Eve la tentatrice.

    J'ai lu à plusieurs reprises cette explication dans des ouvrages différents, des ouvrage sérieux, dont celui de Boris Cyrulnic "Les nourritures affectives" que j'ai déjà évoqué ici ou dans ton autre blog.

    Passe une bonne journée.
    1
    Lundi 9 Novembre 2009 à 17:37
    marie-claude leloire
    La femme ne doit rien attendre des religions, si elle veut exister elle se doit de les renier toutes sans exception !
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :