• Mon corps, mon chemin de vie

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    Du corps que j’ai au corps que je suis.

    Mon corps me parle, m’appelle, m’invite et me raconte…

    Il est matière et me chante le sacré.

    Mon chemin d’évolution se trace dans ma relation à mon corps.

    Le Transpersonnel me ramène dans un corps conscient.

     

    1 – De la conscience pure à l’incarnation

    Notre corps physique nous est donné lors de notre conception pour pouvoir connaître l’extraordinaire expérience de la vie humaine. En tant que conscience pure, il n’y a pas de « je », pas de corps, seulement un espace infini et immédiat, un vide potentiel sans forme, une énergie tissée d’amour, un grand Tout sans différenciation.

    Puis, c’est l’aventure humaine, la naissance, la conscience s’incarne, prend corps pour pouvoir se reconnaître, se singulariser, pour éprouver sa capacité à créer, à jouer, à être en relation. Nous devenons un «je», une identité associée à un corps, un modèle unique parmi les milliards de milliards de possibilités. Notre histoire d’être humain commence et avec elle, l’épopée que nos appelons «la vie», notre vie et l’aventure souvent compliquée, parfois douloureuse, jamais anodine de la relation avec ce corps qui nous est donné en cadeau de naissance. C’est le miracle de l’incarnation : se faire chair. «Le verbe se fait chair» pour donner un temple à notre âme et nous permettre ainsi de déployer et d’explorer les différentes facettes de la conscience qui cherche à se rencontrer. Notre corps/matière nous ancre dans la réalité terrestre et humaine. C’est notre blessure et notre chance.

     

    2 – Le corps, lieu d’expériences

    Et c’est dans ce corps, grâce à ce corps, à la fois réceptacle et créateur, que nous vivons toutes nos expériences de vie. Ce corps, nous le subissons parfois car ses limites et ses douleurs nous affectent. Il nous permet aussi une gamme d’expériences immensément riche dont souvent nous ne prenons conscience que lorsqu’une épreuve nous prive de notre capacité d’agir. Ce qui nous est donné «va de soi» tant que cette réalité n’est pas menacée, interrogée et donc rendue plus visible, par les épreuves de vie. C’est pour cela que la relation à notre corps n’est pas toujours une relation consciente, habitée. Il nous met aussi au défi, car il change, souvent, très souvent, il n’est pas comme nous voudrions qu’il soit, avec l’âge, il perd son autonomie, il se détériore, il souffre et nous rappelle ainsi qu’un jour, sa vie, en tant que corps, s’arrêtera. Il est le lieu de l’inscription de nos expériences, comme des cicatrices ou des rides qui marquent peu à peu les traces de notre chemin de vie. Corps-témoin, corps-véhicule, corps-instrument qui, comme un instrument de musique, va vibrer de toutes les résonnances que chaque instant de vie nous apporte. C’est grâce à notre corps que nous pouvons vivre, agir, bouger et que nous pouvons savourer, souffrir, sentir,… Il est la grande caisse de résonnance qui nous permet de participer à la vie. Il nous met aussi directement en contact avec notre finitude et le sens de notre vie.

    Que faisons-nous ici, sur cette terre, de passage, puisque nous le savons, cette expérience que nous appelons la vie humaine est éphémère ? Qui sommes-nous? Cette réalité changeante et périssable? Entreprendre un chemin de relation consciente avec notre corps peut nous initier aux mystères de la vie et nous réserver bien des surprises. Nous pouvons aussi l’écouter – mais le faisons-nous ? – pour recevoir ses précieux messages sur notre relation à nous-mêmes et au vivant.

     

    3 - Corps inconscient, corps que l’on a, que l’on subit

    C’est le lot de la plupart des être humains la plupart du temps. «Sommes-nous victimes de notre corps» ? Est-ce que nous subissons les limites qu’il nous impose comme une contrainte, une séparation ? Est-ce un corps-objet, objectifié? Une mécanique qui doit tourner rond et se faire oublier ? Dans ce cas, tout va bien tant que notre corps ne se manifeste pas. Nous ne l’entendons que lorsqu’il a mal et c’est de cette façon qu’il se rappelle à nous, qu’il nous appelle. En général, nous n’aimons pas cela. Et c’est pourtant une expérience commune et banale. Nous ne prenons conscience de quelque chose que lorsque cette chose nous est retirée, ou lorsqu’un dysfonctionnement quelconque apparaît, et devient une figure qui émerge sur un fond mais tant que la figure n’émerge pas, on reste dans l’inconscience, elle n’existe pas réellement pour nous. Notre corps nous est tellement familier qu’il est comme un fait acquis. Parfois, la maladie ou l’accident nous réveille et dans la souffrance, il y a le germe du cadeau qu’est cette révélation «mon corps me parle». Il est un indicateur de notre état d’être, notre niveau de conscience. «Les contractions sont toujours l’expression dans le corps de nos revendications, de notre intérêt personnel.» (Yvan Amar). Il nous renseigne sur qui nous sommes, où nous en sommes. Inscrit dans la matière, dans la réalité physique, il nous oblige car nous ne pouvons pas faire l’impasse très longtemps de satisfaire (au moins partiellement) ses besoins. Mais cela peut encore se faire dans l’inconscience. «Si le corps était le grand instructeur, s’il était cela que l’on n’écoutait pas assez ?» (Yvan Amar) Que peut-il nous enseigner?

     

    4 - Corps conscient, corps que l’on est, devenir disciple

    Il ne suffit pas «d’avoir conscience de son corps» mais de devenir conscient «d’être un corps». Sommes-nous disciples de notre corps? Pouvons-nous l’écouter comme le lieu, l’interface « organisme/environnement », le lieu de rencontre avec la vie, le lieu de l’alliance, comme le dit Yvan Amar ? Il dit aussi « Votre corps est terre sainte, terre de la promesse; par l’effort conscient, par le travail conscient, le corps devient terre de révélation. […] Il est une terre qui écoute.» et, j’ajouterais, qui a aussi besoin d’être écouté. Notre corps nous parle mais encore une fois, l’écoutons-nous? Certains d’entre nous vont avoir la chance, la sagesse de se relier de façon consciente à leur corps, au travers par exemple, d’une activité physique ou sportive qui leur offre des multitudes d’occasions de découvertes, de révélations du potentiel, des limites, du mode de fonctionnement de leur corps. Pour d’autres, ce sera la maladie qui par l’expérience de la douleur physique et la privation d’autonomie va devenir un révélateur intransigeant de réalités insoupçonnées jusque là ; Ou peut-être l’accident qui va les obliger à des réapprentissages de base qui sont un chemin humiliant (pour l’ego bien sûr) ou qui va les obliger à vivre dans un «nouveau corps» à réinvestir. Toutes ces expériences sont des opportunités que la vie nous propose pour devenir conscient ou plus conscient ; car là encore, le choix de subir ou devenir disciple est présent. Nous créons notre vie et nous pouvons en faire une célébration mais nous pouvons aussi la subir, en être victime quand nous nous coupons de notre responsabilité envers nous-mêmes et donnons aux autres, aux événement, le pouvoir de déterminer qui nous sommes ou croyons être.

     

    5 - Corps de relation

    Quelle relation avons-nous avec notre corps? Et quelle relation notre corps a-t-il avec l’environnement, les autres ?..... Donner, toucher, sentir, exprimer, palper, recevoir… Expériences reçues, expériences données. Nous sommes invités, nous avons la possibilité de développer nos sens et de sentir avec tout notre corps. «Si nous voulons être vivant, il faut accompagner le mouvement du vivant.» (Yvan Amar) Notre corps nous relie à la vie et nous guide tant par ses possibles que par ses limitations. C’est le grand enseignement de l’humain, de l’humus, de la terre. La terre et le corps sont la même chose. Tout comme l’esprit et le ciel sont la même chose. Dans notre corps comme dans notre incarnation, se relient la terre et le ciel. Encore une fois, Yvan Amar nous ramène à des vérités essentielles : « Voyez la sacralité de cette présence corporelle, elle est le lieu de la manifestation de cette rencontre de la force de la terre et de la force du ciel». «Mon corps sait-il aimer?» Sait-il donner, manifester l’amour? Ce sera plus facile si nous aussi nous l’aimons et nous le respectons. Nous avons développé notre relation à notre corps par le biais de la relation à notre mère tout d’abord (ou celle ou celui qui en a été le substitut). Par la manière dont il a été touché, stimulé, caressé, aimé, nous serons ou non, portés à le considérer comme bon, aimable ou à le rejeter, s’en méfier voire à en avoir honte parfois. Mais quelque soient les marques, les empreintes de cette relation primordiale, aujourd’hui nous avons le choix de suivre un chemin différent. Comme le dit si souvent Richard Moss, «notre histoire commence maintenant» et ceci est vrai aussi pour notre corps et pour notre relation avec lui.

     

    6 – Corps sacré

    Notre corps est aussi la porte ouverte sur le sacré, le lieu de la manifestation du divin. Comment témoigner du divin, le chanter, le danser, le partager sans notre corps? Une spiritualité désincarnée est dangereuse car le risque est grand de bâtir une vision spirituelle sur des croyances et des fantasmes. Notre corps nous ramène ici, nous permet de faire l’expérience du moment présent puisqu’il est toujours là. Souvenons-nous encore et toujours de ramener l’esprit là où est le corps pour vivre cette verticalité, cet arbre relié à la terre autant qu’au ciel. Spiritualiser la matière ou relier spiritualité et matière, divin et incarnation, c’est le chemin que nous proposent les voies transpersonnelles. Pendant fort longtemps et encore maintenant, l’église catholique a méprisé le corps, en diabolisant la sexualité et la sensualité (rappelons-nous que la gourmandise était quand même un des sept péchés capitaux !). Les pratiques de flagellation et de mortification de la chair étaient très en vue dans les milieux cléricaux et monastiques. Nous avons un passé et un passif lourd à porter et vivre la sacralité du corps et des sens, comme un cadeau de Dieu, ne nous est pas chose facile. C’est une véritable réhabilitation que nous essayons de vivre aujourd’hui. «Il est autant l’expression de la quête que celle de la souffrance, de l’humilité, et de sa gloire. Il est le lieu du grand pèlerinage.» (Yvan Amar)

    Le Transpersonnel nous invite à reconnaître cette dimension divine qui est en nous, qui est partout, à honorer et célébrer la vie sous toutes ses formes. Le corps est sacré comme la nature est sacrée.

     

    7 – Le corps et la thérapie transpersonnelle

    Dans les approches transpersonnelles, être relié au corps est essentiel. Dans des pratiques comme la Respiration Holotropique, la transe, le lying, etc., on part du corps pour créer l’accès à des niveaux très profonds de l’inconscient, qu’on soit encore dans le niveau biographique, périnatal ou dans des expériences transpersonnelles. Notre corps a une mémoire. Il porte à la fois la mémoire de notre histoire personnelle mais aussi l’histoire de notre généalogie (A. Ancelin-Schutzenberger, G. Devroede) et même la mémoire de toute l’humanité. Parfois, au cours du processus thérapeutique, il aura besoin de bouger, de s’agiter, trembler, pleurer, hurler, vomir, ce sera sa façon à lui de nous permettre de nous libérer et de nous remettre au monde en nous déligotant de nos liens inconscients inscrits au plus profond de notre chair. Et tout comme notre vie marque et façonne notre corps, tant dans sa forme, ses expressions, ses cicatrices, de la même façon, le travail thérapeutique, surtout s’il s’agit d’une thérapie psychocorporelle, va s’imprimer, offrir une nouvelle empreinte qui va inscrire dans le corps de nouveaux messages. Comme une renaissance permanente. C’est pour cela que je parle de «remise au monde».Notre corps est cette merveille qui nous permet à chaque instant de vivre en conscience et d’écouter la vie au plus intime et au plus juste. Et nous n’avons jamais fini de le découvrir, d’apprendre de lui et par lui. Et il n’est jamais trop tard pour découvrir que nous avons un corps. L’aventure peut commencer à chaque instant, donc maintenant.

    Bernadette Blin

    Septembre 2008

     

    Bibliographie :

    Amar Yvan, La conscience corporelle - Les éditions du Relié 2006 –

    Blin Bernadette, Chavas Brigitte Guérir l’ego, révéler l’être – Trédaniel 2009

    Mahler Jean, Une nouvelle thérapie sensitive, un regard chamanique pour notre temps – Dervy 2003 

    Montagu Ashley, La peau et le toucher – Seuil 1979

    Moss Richard, Le deuxième miracle – Souffle d’Or 1996

    Spitz René, De la naissance à la parole, - PUF 1993 -

     

    Source

     

    « Se permettre d'être une loque humaine Les vidéos de Maxime Gréau »

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  • Commentaires

    3
    Jeudi 9 Juin 2016 à 17:37

    C'est toujours super interessant de lire les textes que tu choisis. Merci.

    2
    Angélique
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 14:02
    Angélique

    Bonjour

    je me suis récemment abonnée  à votre newsletter et je voulais vous remercier pour ces lectures inspirantes proposées à travers vos articles

    un grand merci !!

    Angélique

    1
    Mercredi 7 Décembre 2011 à 13:48
    Yog' La Vie

    Merci Angélique. Alors, bonnes découvertes!

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