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    Savasana
    La position de relaxation totale




    Balasana
    Cette position qui apporte la sensation de paix et de calme




    Setu Bandha Sarvangasana
    Cette position calme le cerveau et guérit les jambes fatiguées




    Marjayasana
    Cette position stimule la zone du ventre et la colonne vertébrale




    Halasana
    Cette position est excellente pour les maux de dos et d'insomnie




    Dolphin
    Cette position est excellente pour la zone des épaules, le thorax, les jambes et les bras




    Salambhasana
    Cette position stimule la région lombaire, les jambes et les bras




    Ananda Balasana
    Cette position est parfaite pour le massage de la région de la hanche




    Malasana
    Cette position est pour les chevilles et les muscles du dos



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  • La vie se reçoit …  

     

    Et plus s’élargit le réceptacle, plus grande est la communication avec le tout.
    Savons-nous recevoir les multiples communications qui fusionnent entre le corps, le psychisme, l’intellect et l’esprit ? Le geste le plus humble, exécuté avec l’entièreté du corps, devient réceptacle. L’ennui, la perte de goût de vivre sont les effets d’une limitation de notre champ d’action et d’intérêt. C’est l’incompréhension qui est l’effet d’une obstination à ne pas recevoir l’ensemble du problème. Comprendre, c’est pouvoir re-lier la partie au tout. Quant aux erreurs, elles découlent d’une errance, d’une fuite consciente ou non, de l’enjeu qui nous permet de nous cramponner à ce qui nous intéresse sans jamais envisager la totalité. Ainsi, d’errements en errements, c’est la fuite en avant. A nous de dé- couvrir nos possibilités. La réceptivité permet de nous ouvrir à l’entièreté du réel, en nous et autour de nous. Apprendre à recevoir, c’est apprendre à sentir. La sensation s’épure et se fortifie par la réceptivité. Etre réceptif, c’est accueillir par tous ses sens. C’est se découvrir, s’ouvrir à la vie.
    La première attitude requise pour recevoir est la confiance. Pour recevoir il faut faire confiance, pour s’ouvrir à l’autre, il faut risquer, oser se confier à l’inconnu et croire dans la bonté fondamentale de la vie.Outre la confiance, la patience sera de mise car en effet, la réceptivité qui nous relie à la vie, s’acquiert lentement. Vouloir « arriver » plus vite, ne fera que freiner la rencontre avec la vie. Il est nécessaire de vivre au rythme de ses nerfs sensitifs par qui se réalise la réceptivité. Naturellement, cela demande une disponibilité.Recevoir les évènements, les faits, ouvre l’Etre aux dimensions du réel.
    Recevoir la sensation dans chaque partie de son corps qui s’exprime différemment, c’est vivre intensément.

    Recevoir, c’est aussi prendre le temps. Il nous faut réapprendre à le « perdre » afin de retrouver notre propre rythme et réveiller l’influx vital qui sommeille en nous.

    Accueillez … accueillez …

    Cette qualité d’être dans la globalité, qu’il nous est permis de vivre sur un tapis, n’est pas un assemblage de sensations distinctes, mais un processus unique de fusionnement. Il peut se reproduire dans chaque pensée, chaque sentiment, chaque acte, au fur et à mesure qu’ils se produisent en nous, exactement, comme lorsque quelque chose nous intéresse profondément, lorsque nous observons un enfant, un paysage, les oiseaux.
    Nous recevons sans condamnation, sans identification, de sorte, qu’en cet état, il y a communion complète.

     

     

    Johanna Winquel

    Extrait de la revue Yoga Energie Avril / Juin 1994

     


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    Lorsque l’on prend la posture du guetteur, tous les muscles s’unissent pour tendre le corps en appui sur les orteils au-dessus du sol : distance et contact au sol, pour trouver la respiration juste, symbolisent l’effort du yogi. L'appui sur les bras réussi est maîtrise de soi et libération, Nous plantons nos orteils dans le sol et nos mains prennent appui de part et d'autre du buste : nous les posons à plat, un peu plus large et un peu plus bas que les épaules, au niveau des hautes côtes. Certains préfèrent les placer au niveau des épaules. Nous inspirons sans bouger et sur un expir nous repoussons le sol avec nos mains jusqu'à avoir les bras tendus de sorte à obtenir de notre dos une ligne droite et ferme des talons jusqu'à la nuque.

    Nous voilà face au sol, en appui sur les deux bras. Nous veillons à garder notre nuque dans le prolongement de notre dos, notre visage ne monte pas vers le ciel et ne plonge pas vers le sol.

    La ceinture scapulaire " l'ego "

    C'est l'effort que nous exigeons de notre ceinture scapulaire qui retient en premier notre attention.

    Or s'il est une région de notre corps où la tension soit habituelle, c'est bien celle-ci. Tout se passe comme si cette ceinture était sous tension jour et nuit, il est rare que nous parvenions à y retrouver une détente vraie et durable. On pourrait penser que dans ces conditions, cette région devrait être très développée, forte, capable de produire un effort puissant et prolongé. Or il n'en est malheureusement rien (sauf probablement chez quelques sportifs qui cultivent cette partie de leur musculature) nous notons au contraire une alliance de tension et de faiblesse.

    Et c'est le signe tangible d'une réalité psychologique fondamentale : toute tension fausse se traduit par une faiblesse. Ce qui reste indéfiniment tendu dans nos épaules, ce ne sont pas seulement nos muscles, c'est notre personne, notre système nerveux, nos angoisses.

    Nous disons que cette tension est " fausse " parce qu'elle n'est exigée ni par l'action à faire ni par le résultat à produire, elle ne provient que de notre anxiété, elle n'est qu'un symptôme d'une difficulté psychologique.

    La ceinture abdominale le " hara "

    L'effort du guetteur est tout aussi intense au niveau de la ceinture abdominale. Il ne suffit pas que les bras tendus maintiennent nos épaules et notre thorax à une certaine distance du sol, il faut encore combattre la propension de notre abdomen à s'alourdir vers le sol et à entraîner une cambrure lombaire à laquelle nous ne sommes que trop enclins. Il arrive fréquemment, il est vrai, que le souci de soulever l'abdomen conduise au contraire à soulever les fesses vers le plafond. Toute perte d'identité, tout manque de confiance en soi vident notre centre vital de sa force. Trop de gens vivent à longueur d'année avec un ventre désespérément mou et des épaules désespérément dures ! Ce n'est pas tant une question de kilos en trop dans nos viscères, c'est plutôt notre attitude intérieure vis-à-vis de nos devoirs à accomplir, de nos obstacles à franchir et de nos luttes en général. Il nous faut faire un effort pour tenir notre abdomen et décambrer nos reins et cet effort ne doit pas contrarier la justesse de notre geste respiratoire, alors que celui-ci doit trouver sa place précisément dans le centre vital. L'effort au niveau des épaules contrarie la respiration haute, l'effort au niveau de l'abdomen contrarie la respiration abdominale.

    La pratique permettra de découvrir qu'il est possible de maintenir une respiration juste et paisible au sein même d'un effort important de la ceinture abdominale.

    L'entraînement postural est nécessaire, bien sûr, mais c'est surtout l'apaisement dans la tête qui importe.

    Retrouver notre autonomie respiratoire au sein de notre effort, c'est éprouver cette liberté en acte. […]

    Distance et union

    Le yogi en appui sur les bras se donne pour tâche de se tenir à distance du sol, ni trop, ni trop peu. Et cette distance, pour être et rester juste, exige de lui un effort soutenu. Cet effort est un engagement de tout son être, il est une application dans ce cas particulier d'un cas de figure très général : les êtres et les objets avec lesquels je suis en relation doivent être tenus à la distance juste. Trop près, c'est la confusion et le manque de liberté ; trop loin, la relation se distend et se perd, je reste dans ma solitude. L'art de la relation juste, c'est l'art de la distance juste. Pour trouver la distance juste, il est absolument nécessaire de garder le contact. Les arts martiaux nous offrent d'excellents exercices pour maintenir un contact dans lequel on ne saisit pas et on n'est pas saisi.

    Si mes mains se refermaient sur la prise de mon partenaire, je ne pourrais plus le lâcher sans risquer de prendre un coup et par conséquent je deviendrais prisonnier de ma prise. Mais si je maintiens un contact dans lequel je ne saisis pas, je contrôle la situation tout en conservant ma liberté de mouvement. […]

     

    Bernard REROLLE

    Extrait de la Revue Française de Yoga - Juillet 1997


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    ...   dans les postures en rotation


    GENERALITES
    ASPECT PHYSIQUE
    C'est essentiellement au niveau de la colonne vertébrale que s'effectuent les torsions, telles qu'on les entend dans la pratique courante. On assiste à des rotations suivant des angles variables, intéressant différents segments de la colonne vertébrale. De ce fait, une attitude consciente est exigée, afin de localiser les lieux où s'appliquent les forces de torsion, en vue d'éviter toute maladresse. En effet, l'absence de contrôle entraîne des contraintes insupportables et même dommageables pour certains segments vertébraux. Sont particulièrement visées les deux zones cervico-dorsale et dorso-lombaire. De plus, pour satisfaire aux exigences de la mécanique appliquée à l'anatomie, toute tentative de rotation du tronc doit s'accompagner d'un redressement de la colonne. Effectuer la torsion d'un matériau en arc de cercle revient à accentuer sa courbure. La colonne vertébrale, tissu vivant, obéit à cette loi.
    En outre, le bassin reste particulièrement impliqué dans toute posture de torsion comme base d'appui dans les départs assis et, dans la plupart des cas, comme point fixe à partir duquel s'organise la rotation du rachis. Une pratique convenable devrait prendre en compte une préparation libérant les tensions localisées dans cette région.
    Espace entre bassin et thorax : la taille, partie molle, si l'on n'y prend garde, tend à se tasser sur elle-même. Elle doit donc faire l'objet d'une attention particulière lors de la prise de posture, afin de conserver un positionnement correct au niveau lombaire. Cette région joue en effet un rôle énergétique important, comme nous le verrons plus loin.
     ASPECT ENERGETIQUE
    Tout changement d'attitude par rapport à la symétrie modifie les échanges énergétiques à l'intérieur du corps. La dissymétrie d'une posture favorise une ouverture ou bien une fermeture de chaque hémithorax, influençant ainsi la polarité respiratoire au niveau des narines, et modifie également la circulation dite "méridienne". Si ces phénomènes passent inaperçus dans la vie courante, la pratique du yoga mobilise l'attention particulièrement au niveau des narines, suivant le principe universel "qui place la circulation d'Energie sous le contrôle de l'activité consciente".
    En ce qui concerne le mode respiratoire dans la posture, deux attitudes différentes peuvent être envisagées :
    - l'attitude réceptive : dans une attitude de "témoin", on s'efforce d'observer l'incidence de la posture ou de l'exercice effectué sur le passage du souffle dans les narines, ceci sans chercher à modifier le résultat. La polarité constatée résulte alors de la posture elle-même... et de notre état de réceptivité.
    - l'attitude directive : dans ce cas, nous mettons en jeu notre qualité d'attention pour entretenir une polarité respiratoire qui, à son tour, devrait favoriser l'attitude posturale. Il est possible, suivant le type de posture et le degré d'entraînement, de pratiquer la respiration alternée par le seul déplacement de la conscience d'une narine à l'autre, ou bien une respiration polarisée unidirectionnelle.
    En outre, suivant les canons de l'énergétique orientale, la respiration ainsi modifiée est un épiphénomène de la circulation d'Energie, telle qu'elle est modifiée par la posture. Cette circulation sera favorisée par l'action du regard intérieur se déplaçant sur ces trajets, en liaison avec le contrôle du souffle, réalisant, suivant le cas, une tonification ou une détente neuro-musculaire. L'importance de la conscience au niveau de la taille, qui contribue à conserver une attitude correcte, trouve également son écho sur le plan énergétique. En effet, la taille est enserrée par le vaisseau ceinture dai mai. Ce vaisseau encercle tous les méridiens comme "l'attache d'un fagot", avec l'incidence sur les énergies d'organes : rein, vésicule biliaire et estomac. "Elle influence le dynamisme du diaphragme lié à l'ajustement entre énergie et sang", selon le Docteur Yves Réquena. D'autre part, pour la tradition indienne, la torsion va impliquer les deux nâdî, idâ et pingalâ, s'enroulant autour de la colonne vertébrale - du périnée jusqu'au sommet du crâne pour ressortir par chaque narine. Ces deux nâdî, de polarité opposée : idâ symboliquement lunaire et pingalâ solaire, véhiculent les courants d'énergie vitale. Enfin, quelle que soit la référence théorique sur laquelle se base notre pratique, nous devons garder à l'esprit que le corps physique est le lieu de la transformation de l'être sur le chemin de l'évolution et la respiration consciente, son moteur. Suivant ce point de vue, toute pratique sincère et persévérante portera ses fruits.


    Rémy Chaloin
    Revue Française de Yoga - Juillet 1993


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    … ou fruit longtemps mûri

     

    Qui dit équilibre, parlant de l’homme vivant, dit mouvement, gestes, attitudes. Il y a longtemps que les grandes traditions spirituelles ont pris conscience que nos gestes et attitudes constituent un miroir, le miroir le plus véridique de nos états intérieurs, conscients et inconscients. Et elles s’en servent comme instruments d’acquisition de la sagesse. L’équilibre n’est jamais donné d’emblée.


    L’équilibre est éphémère et capricieux

    Tous ceux qui pratiquent le yoga, les arts martiaux, la cérémonie du thé et tant d’autres disciplines psychocorporelles, savent ce que c’est que de recommencer mille et mille fois le même geste : l’apprentissage parait désespérément long, les progrès peu perceptibles, quand ce n’est pas bien souvent l’impression de régresser ! Et puis un jour, on s’aperçoit qu’en restant sur la configuration extérieure du geste, nous regardions du mauvais côté. Car pendant tout le temps de l’apprentissage, c’est notre être intérieur qui a évolué. Et c’est parce que cet être intérieur a évolué que notre geste finit par évoluer à son tour. La progression finit par s’inscrire visiblement dans nos évènements. Cette variation peut d’ailleurs aller dans les deux sens, car le malheur veut que nous soyons tout aussi capables de régresser que de progresser et que la désorganisation de notre être intérieur, toujours possible, entraîne la désorganisation de nos gestes, même s’ils étaient devenus très habiles.

    Le geste du thé, celui de la danse, etc.… sont éphémères par nature. Il faut être là au bon moment pour les recevoir, comme il faut être présent au bon moment pour les accomplir.

    La grâce n’est pas toujours au rendez-vous ! Chaque geste, si appliqué soit-il, peut apporter un élément de surprise, en bien ou en mal. En bien, c’est l’étonnement, en mal, c’est l’irritation !

    Au cours de nos pratiques de yoga, nous avons connu quelques « moments étoilés » comme les appelait Dürckheim. Au cours de nos exercices de calligraphie, nous avons vu naître sous notre pinceau quelques superbes caractères chinois, quelques superbes bambous … autant de petits cadeaux qui nous ont consolés de beaucoup de déboires. Notre vie quotidienne aussi se trouve jalonnée de quelques rencontres réussies, de quelques moments de contemplation affectés d’un coefficient de plénitude. Tout se passe comme si, en récompensant nos efforts à des moments inattendus, ces petits cadeaux nous étaient donnés pour encourager notre persévérance « sur la Voie ». Ils n’étaient sans doute pas spectaculaires. C’étaient des cadeaux très subjectifs, très personnels : il est presque impossible de les communiquer, de les faire partager à notre entourage. Et pourtant, ils enracinent en nous le sentiment que nous avançons dans la bonne direction. Même s’il est fragile, c’est à ce sentiment de certitude que j’aimerais donner le nom d’équilibre. Dürckheim donnait le nom de « petite voix » à cette réalité ténue et fugitive.

     

    Bernard Rerolle

    Extrait tiré de la Revue Française de Yoga – Juillet 1991


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  • http://perso.numericable.fr/~berrygill/Fleurs_des_champs.jpgL'éparpillement dans notre vie fait que parfois, même ce à quoi nous tenons le plus, est oublié. Peut-être parce que justement nous y sommes attachés et que nous croyons que c'est immuable. Comme un meuble, il est là, il ne bougera pas.

    J'ai eu peu l'occasion de côtoyer ma famille mais il y a quelques années j'ai fait connaissance avec Marie-Thérèse la dernière tante maternelle qui me restait. Nous avions fait le voyage en train ensemble après l'enterrement de ma mère, en Savoie. Elle s'arrêtait à Paris, moi je rentrais dans le Nord. Toute de suite, je me suis prise d'affection pour elle, sa douceur en même temps que sa vivacité. Elle était très inquiète pour son fils qui avait été hospitalisé d'urgence (et qui est décédé peu après).

    Puis nous avons continué à garder les liens. Je lui écrivais ou elle me téléphonait. Elle pouvait radoter autant qu'elle voulait je l'écoutais patiemment. L'an dernier elle a été hospitalisée plusieurs fois. Nous lui avions fait la surprise d'aller la voir  (ICI)

    Pour la nouvelle année, je lui ait envoyé une carte comme d'habitude. Cette année elle n'a pas rappelé comme elle le faisait habituellement pour me remercier. Souvent, je me disais: "Il faut que j'appelle".

    Et puis, il y  a quelques jours, ma cousine m'appelle pour me dire: "Marie-Thérèse est décédée".

    Évidemment, le choc et puis les regrets.

    On n'aime jamais assez les gens qu'on aime.

    Pourtant j'avais lu cette phrase qui m'avait interpellée sur une tombe au cimetière du Père Lachaise:
    "Si j'avais su que je t'aimais autant, je t'aurai aimé davantage"


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  • Ou moments de zénitude...











    Le Druide












     



    ...Un peu moins zen





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  • Fleur-sourire-fille.jpg

     

    "Lorsqu'on polit une pierre, on ne la voit pas diminuer, pourtant avec le temps elle sera effacée. Lorsqu'on plante un arbre et qu'on en prend soin, on ne le voit pas grandir mais avec le temps il devient vaste.
    Lorsqu'on accumule la vertu avec une pratique continue, on n'en voit pas le bienfait, mais avec le temps elle se déploie."
    Lingyuan



    Il faut du temps pour que nous changions mais, impatients, nous l'oublions trop souvent. Nous devons donc apprendre à faire les choses progressivement. Un grand sportif s'entraîne par exemple chaque jour, plusieurs heures tout au long de l'année. Nous trouvons cela normal et nous admirons son effort, sa constance, sa volonté, la discipline qu'il suit. En revanche, dès qu'il s'agit de l'esprit et de la façon de le transformer, nous oublions que nous devons le soumettre aux même exigences, à un entraînement aussi rigoureux.

    Prenons l'exemple de la colère. Une émotion telle que celle-ci par exemple, en réduisant notre espace, nous "étouffe". Nous devenons moins lucides, moins détachés, et ouverts, moins rayonnants et donc moins libres. Parmi les pratiques bouddhistes, la méditation permet d'accroître la sensation d'espace dans lequel nous nous trouvons en transformant si nécessaire une émotion "négative" en son contraire grâce notamment à la visualisation.

    Cette méthode est basée sur une observation pratique: deux émotions contraires ne peuvent coexister en même temps en nous. C'est le cas de l'amour et de la haine. Ainsi, si vous apprenez par exemple à développer un sentiment de tolérance envers une personne que vous n'appréciez pas, vous vous surprendrez petit à petit à ne plus lui en vouloir ou à la comprendre... et dans tous les cas à ne plus la rejeter.



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    Samskâra désigne la purification de l’esprit grâce au prânâyâma, c’est-à-dire à la régularisation du souffle. Dhâranâ insufle ensuite une direction au mental par l’intermédiaire d’un objet ; c’est la dernière étape avant d’atteindre dhyâna, la méditation profonde. (…)

    PREPARER L'ESPRIT

    Mon père, Sri T. Krishnamacharya, compare les pratiques préliminaires telles qu'âsana, prânâyâma et le régime alimentaire au nettoyage d'un récipient. Tout comme le récipient utilisé pour cuire le riz a besoin d'être nettoyé avant qu'il puisse resservir à la cuisson, notre esprit a besoin d'être purifié. Il appelle ce procédé samskâra.

    Samskâra est l'action par laquelle un instrument est rendu utilisable pour un usage futur. Si, pour cuisiner une préparation à base de lait, on utilise, sans le nettoyer, le récipient dans lequel ont cuit des oignons, l'entremet sera imprégné de l'odeur de l'oignon, et dans la pire des éventualités, gâché. Il en va de même du mental ; en lui s'impriment tous les souvenirs, et il est soumis aux conséquences d'actions tournées vers l'extérieur. Lorsqu'il doit être dirigé vers quelque chose de profond, les pratiques qui l'en détachent doivent être évitées.

    Tout l'objectif du sâdhanâ pâda des Yoga Sûtra de Patanjali consiste à identifier et à réduire ces obstacles à dhâranâ. Le prânâyâma est le moyen essentiel pour cela. Cette méthode qui consiste à régulariser consciemment le souffle est si importante que le prânâyâma est l'étape préliminaire obligatoire de tout rituel hindou. (…)

    DETERMINER LA BONNE DIRECTION POUR DHÂRANÂ

    Il ne suffit pas de nettoyer le récipient. Un récipient propre ne joue aucun rôle par lui-même. Il n'est pas sage non plus d'essayer de regarder sans remplir le récipient avec quelque chose à cuire. De la même façon, disposer d'un mental libre de distractions n'est qu'un début, mais un début significatif. Le mental doit alors être orienté. Et ce processus par lequel on donne une direction au mental se nomme dhâranâ.

    Cela implique de choisir un desha, un objet sur lequel l'esprit puisse s'appuyer. L'objet lui-même ne doit pas être une source de distractions. On ne s'éloigne pas du serpent pour se jeter dans la gueule du loup ! Le desha doit être shubha, c'est-à-dire bienfaisant pour la personne. Il devrait aussi être abhimata, acceptable par la personne. Si je n'ai aucun intérêt pour une déité, aussi grande soit-elle, elle ne peut pas être abhimata. Même si c'est un objet que j'aime mais qui me crée des difficultés au cours du temps, il cesse d'être shubha.

    Une fois que ce choix a été fait, l'accès à dhyâna représente tout simplement l'étape suivante. Ainsi dhâranâ mène à dhyâna. Cependant, si dans dhâranâ le choix est possible, dans dhyâna il ne l'est plus. Dhâranâ représenterait le moment où l'on choisit de prendre un billet d'avion pour telle direction. Dans dhyâna, le voyage a commencé. C'est pourquoi il est très important d'avoir un bon guide dans le choix de desha.

    Il faut également ajouter que desha ou l'objet choisi dans dhyâna influence la personne. Il n'est pas exagéré de dire que "la personne agira bientôt comme le desha sous l'effet de dhyâna". En fait, samãdhi, la dernière étape du yoga, est celle où la personne "devient" l'objet lui-même. En tant que tel, dhâranâ n'est pas un procédé dépourvu de toute activité mentale. Ce processus n'est pas non plus possible sans qu'une direction soit fixée. Il faut donc reconsidérer l'opinion qui estime que dhyâna ou la méditation - qui est la conséquence de dhâranâ – est caractérisée par l'élimination des activités du mental.

    Patanjali introduit également une autre pratique mentale appelée samyama dans laquelle la personne décide de centrer son esprit sur un sujet bien particulier et demeure avec lui jusqu'au bout. Ici, la première étape est dhâranâ. Cette pratique fait non seulement de la personne le maître du sujet choisi, mais elle lui permet aussi d'atteindre certains pouvoirs extraordinaires connus sous le nom de vibhûti. Le troisième chapitre des Yoga Sûtra s'appelle ainsi vibhûti pâda. Savoir si de tels pouvoirs sont à rechercher est une autre question. Patanjali lui-même admet qu'ils peuvent se manifester mais qu'on ne doit pas les rechercher. Avec le temps, ils deviennent cause de souffrance.

    Un autre usage intéressant du terme dhâranâ figure dans la Katha Upanishad. Le yoga y est défini comme "sthiram indriya dhâranâm " : la capacité de réfréner les sens en présence de stimuli très forts. La notion est proche de ce que Patanjali appelle pratyâhâra. Cependant, si l'esprit n'est pas relié à quelque chose de profond et n'y reste pas lié malgré les provocations, pratyâhâra ne peut exister.

    Le Yoga Yajnavalkya, un texte ancien sur le yoga, traite de dhâranâ dans le huitième chapitre. Le Maître y divise le corps en cinq parties représentant les cinq bhûta. En orientant l'esprit sur ces cinq parties, on produit différents effets, dont la réduction de certaines maladies. Les techniques comprennent la visualisation de certaines déités, la récitation et la méditation sur des syllabes qui représentent les cinq éléments. L'orientation de l'esprit se fait à travers des techniques respiratoires particulières comme viloma krama prânâyâma.

    Pour conclure, on peut dire que dhâranâ est l'étape la plus importante pouvant conduire à dhyâna, le but principal du yoga. Le succès ou l'échec de l'antaranga yoga en dépend.

     


    T.K.V. Désikachar
    Extrait de Revue Française de Yoga - Janvier 1994

     

     


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  • Lecture du moment:


    Je n'aurai pas le temps


    Hubert Reeves se livre ici comme il ne l'avait jamais fait. De son enfance québécoise à sa carrière scientifique internationale, de son milieu familial à sa renommée médiatique et à ses engagements écologiques, c'est la vie à la fois exemplaire et singulière d'un chercheur d'aujourd'hui qu'il nous raconte à la première personne.

    Comment les expériences de sa prime jeunesse dans la nature canadienne ont forgé sa passion pour le cosmos, comment les enthousiasmes et les déceptions de sa formation scientifique l'ont amené au désir de partager son savoir, comment la philosophie, la religion, la musique se sont indissolublement mêlées à sa quête intellectuelle, comment les rencontres d'autres grands esprits ont orienté le sien, comment ses voyages autour de la planète l'ont amené à en devenir un défenseur fervent – tous les lecteurs de Hubert Reeves le retrouveront ici plus proche encore, et de nouveaux le rejoindront. En un temps où l'aventure scientifique devient incertaine, découvrant ses limites dans ses succès mêmes, la valeur d'un tel témoignage est sans égale.

     

    La suite ICI

     


    Je donnerai mon avis un peu plus tard...



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