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    Suite au texte d'Eric Baret, une fidèle lectrice m'écrit et dit préfèrer de loin le propos de Krishnamurti:

       

     

    Lorsqu'on demande ce qu'est l’amour, il arrive que l'on soit trop effrayé par la réponse pour l'accepter, car elle peut provoquer un bouleversement complet, rompre des liens familiaux. On peut découvrir que l’on n'aime pas sa femme, son mari, ses enfants... (Les aimez-vous ?)... on peut aller jusqu'à démolir l'édifice que l'on a construit autour de soi ; ne plus jamais aller au temple.

     

    Si, malgré cela, vous voulez le savoir, vous verrez que la peur n'est pas l'amour, que la jalousie n'est pas l'amour, que la possession et la domination ne sont pas l’amour, que la responsabilité et le devoir ne sont pas l'amour, que se prendre en pitié n’est pas l’amour, que la grande souffrance de n’être pas aimé n'est pas l'amour.

     

    L'amour n'est pas plus l'opposé de la haine que l'humilité n‘est l'opposé de la vanité.

     

    Si donc vous pouvez éliminer toutes ces choses, non par la force mais en les faisant disparaître à la façon dont la pluie lave la feuille chargée de la poussière de nombreuses journées, peut-être rencontrerez-vous cette étrange fleur à laquelle, toujours, les hommes aspirent.

     

    Tant que vous n‘aurez pas d’amour, non en petite dose mais en grande abondance, tant que vous n'en serez pas remplis, le monde ira vers des désastres.

     

    Vous savez, cérébralement, que l'unité de l’homme est essentielle et que l'amour est la seule voie, Mais qui vous apprendra à aimer ? Est-ce qu'aucune autorité, aucune méthode, aucun système vous diront comment aimer ? Si qui que ce soit vous le dit, ce n'est pas l’amour. Pouvez-vous dire : Je m'exercerai à aimer ; j'y penserai jour après jour, je m’entraînerai à être doux et charitable, je m'efforcerai de me pencher sur les autres ? Pouvez-vous vraiment me dire que vous vous disciplinerez, que vous appliquerez votre volonté à aimer ? Si vous le faisiez, l’amour s’enfuirait par la fenêtre.

     

    Par la pratique de quelque méthode ou de quelque système en vue d'acquérir de l'amour, vous pourriez devenir extraordinairement habiles ou un peu plus bienveillants, ou parvenir à un état de non-violence, mais tout cela n’aurait aucun rapport avec l’amour.

     

    Dans le déchirant désert de ce mande, l'amour est absent, parce que le plaisir et le désir y jouent les rôles principaux. Pourtant, sans amour la vie quotidienne n'a aucun sens. Et il ne peut exister d'amour sans beauté. La beauté n'est pas dans ce que l'on voit : elle n’est pas celle dont on dit : C'est un bel arbre, un beau tableau, un bel édifice, une belle femme. Il n'y a de beauté que lorsque le cœur et l'esprit savent ce qu'est l’amour. Sans l'amour et sans cette beauté, il n'y a pas de vertu, et vous savez fort bien que, quoi que vous fassiez : que vous amélioriez la société, ou nourrissiez les pauvres, vous ne feriez qu'ajouter au chaos, car sans amour il n'y a que laideur et pauvreté dans votre cœur et votre esprit.

     

    Mais avec la présence de l'amour et de la beauté, tout ce que l'on fait est bien fait, ordonné, correct. Si l'on sait aimer, on peut faire ce que l'on veut, parce que cela résoudra tous les autres problèmes. Nous arrivons au point suivant ; peut-on entrer en contact avec l'amour sans disciplines, ni impositions, ni livres sacrés, ni le secours de guides spirituels, et même sans l’intervention de la pensée ? Le rencontrer, en somme, à la façon dont on aperçoit soudain un beau coucher de soleil ? Une chose me semble-t-il, est nécessaire à cet effet : une passion sans motif, une passion non engagée, et qui ne soit pas d'ordre sensuel.

     

    Ne pas connaître cette qualité de passion c'est ne pas savoir ce qu’est l'amour, car l'amour ne peut prendre naissance que dans un total abandon de soi.

     

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    Chercher l'amour – ou la vérité – n'est pas le fait d'un esprit réellement passionné. Rencontrer l’amour sans l'avoir cherché est la seule façon de te trouver ; le rencontrer sans s'y attendre, non en tant que résultat d'efforts, ni parce que l'on a acquis de l'expérience. Un tel amour n'est pas tributaire du temps, il est à la fois personnel et impersonnel, il s'adresse à la fois à l’individu et au nombre. Semblable à la fleur qui a son parfum, on peut s'en délecter ou passer outre. Cette fleur-là est pour tous, tout autant que pour celui qui prend la peine de la respirer profondément et de la regarder avec joie. Que l'on soit tout près d'elle dans un jardin, ou qu’on en soit éloigné, cela importe peu à fleur, car elle est remplie de son parfum et le partage avec tout le monde.

     

    L'amour est toujours neuf, frais, vivant. Il n'a pas d’hier et pas de demain. Il est au-delà des mêlées qu'engendre la pensée. Seul l'esprit innocent sait ce qu'est l'amour et un esprit innocent peut vivre dans ce monde qui n’est pas innocent. Cette chose extraordinaire que l’homme a toujours cherchée, par le sacrifice, l’adoration, les rapports sexuels, par des plaisirs et des peines de toutes sortes, ne peut-être trouvé que lorsque la pensée, se comprenant elle-même, arrive à sa fin naturelle. Alors l’amour n'a pas d’opposé, alors l’amour n’a pas de conflit.

     

    Vous vous demandez peut-être : si je trouve un pareil amour, qu’adviendra-t-il de ma femme, de mes enfants, de ma famille, il leur faut une certaine sécurité. Si vous vous interrogez de la sorte, c’est que vous ne vous êtes jamais trouvés au-delà du champ de la pensée, au-delà du champ de la conscience Si vous vous y trouviez une seule fois, vous ne poseriez pas de telles questions, car vous sauriez ce qu'est l'amour, en lequel il n'y a pas de pensée, donc pas de temps.

     

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    Aller au-delà de la pensée et du temps, ce qui veut dire au-delà de la douleur, c'est se rendre compte qu’il existe une autre dimension qui s'appelle l'amour. Ne sachant pas comment atteindre cette source extraordinaire, que faites-vous ? Rien, n'est-ce pas? Absolument rien. Dans ce cas vous voilà, intérieurement, complètement silencieux.

     

    Comprenez-vous ce que cela veut dire ? Cela veut dire que vous ne cherchez plus, que vous ne désirez plus, que vous ne poursuivez plus rien, bref qu'il n'y a plus de moi du tout. Alors l'amour est là.

     

    Première et dernière Liberté,Krishnamurti

     

     

     


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    C'est bien bon l'ordinaire!

     

     

      Vient un stade où notre adhésion à la voie va tellement de soi que l'on n'a plus à chercher. Nos illusions ont été sinon mises en pièce, du moins réduites au silence et on s'est installé dans ce qui ressemble à une existence ordinaire. La vie comporte toujours ses aventures excitantes et ses expériences spectaculaires qui peuvent survenir de temps à autre : on peut avoir une vision de la texture de l'univers ou des instants où, regardant son conjoint ou son enfant, on se sent complètement un avec eux. Mais dans l'ensemble, que l'on ait ou non réalisé Dieu, la vie continue dans ses cycles et ses schémas ordinaires.

    Servir Dieu ou trouver la Vérité n'implique pas que l'on soit mis sur un piédestal ou dans une tour d'ivoire. La plupart du temps, cela se fait de manière tout à fait ordinaire. Une fois de temps en temps, on brille un peu, mais le reste du temps on se fraie péniblement un chemin dans la boue. Pour certaines personnes, le maître désire un feu d'artifice : il leur demande de voyager dans le monde entier, d'écrire des livres, de faire de grosses éclaboussures et tout et tout ; à d'autres, il demande seulement de s'occuper de leur famille et de vivre une existence ordinaire dans la bonté, la générosité et la compassion. L'ennui face à l'existence ordinaire est l'un des obstacles que les disciples rencontrent fréquemment sur la voie spirituelle.


    Le but de la vie spirituelle est de servir le processus continu de la vie et non de vivre dans quelque bulle mystique. Et dans cette réalisation, l'existence devient ordinaire, et même ennuyeuse. Car, parfois, servir le processus de la vie elle-même consiste simplement à être davantage en relation avec son conjoint, ses enfants, etc. Lorsqu'on a compris que la vie spirituelle consiste à servir – et en dernier ressort à partager la souffrance de Dieu –, c'est là que se porte notre attention : sur le service.

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    Servir, c'est humain divin


    Beaucoup de ceux qui sont engagés sur la voie croient qu'ils progressent tant que prend place un travail intérieur intense et spectaculaire. Mais l'intensité peut devenir une drogue, car on associe de manière inconsciente l'intensité et le spectaculaire à la progression. Si rien de spectaculaire n'arrive, on croit ne plus être sur la voie. Or, le fait est que notre progression sur la voie nous a amené à une maturité qui fait que ces « signes » et cette intensité ne sont plus aussi nécessaires. Vient un stade où l'intensité dramatique passe et où l'on a géré ses crises. Et puis ? Et puis rien ! On a eu un aperçu du Bien-Aimé... et puis ? Rien. Le Bien-Aimé n'est plus obligé de nous donner des coups sur la tête. On l'aime tel qu'Il est, pour Lui-même.

     

     
    Quand on arrive à la demeure du Bien-Aimé, les signes sont si subtils qu'il nous faut réorienter notre attention, non seulement pour ne pas passer à côté d'eux, mais aussi pour ne pas penser que nous avons échoué sur la voie et n'avons pas progressé. La demeure du Bien-Aimé est si fine, si délicate, si sensible qu'elle ne comporte aucun feu d'artifice. Le Bien-Aimé est si subtil... C'est un peu comme la différence entre se faire sauter dessus par un tigre et se faire effleurer par les ailes d'un papillon. Le Bien-Aimé ne vous botte pas le cul ; il vous souffle une brise légère sur le visage, si subtile que vous n'êtes même pas certain que cela se soit vraiment produit.

    Les disciples de longue date se plaignent souvent du fait que leur existence sur le chemin est devenue ennuyeuse. Ils passent complètement à côté de la vérité. Ce qui se passe vraiment, c'est qu'avec le temps notre attention et notre intérêt s'absorbent de plus en plus dans le Divin, et que la vie extérieure devient à peu près sans importance. Nous prétendons faire chaque jour l'ascension de l'Everest alors que nous sommes déjà assis aux pieds de Dieu. Ce mont Everest n'est que du spectacle, il relève encore de l'ego.

    Notre vieux fantasme de progrès spirituel, c'est : « Je vais être éveillé. » Mais au fur et à mesure que le Divin nous absorbe, nous réalisons que cela n'a rien à voir avec nous personnellement. Il ne s'agit pas de devenir un grand maître spirituel ou la nouvelle Mère Térésa. Quand on finit par réaliser cela, les années de conditionnement font que l'on a peine à le croire, à prendre sa propre expérience au sérieux. L'ego ne peut tout simplement pas comprendre que la voie spirituelle, c'est l'annihilation, le rien, l'oblitération. Il croit toujours que la voie consiste à devenir quelque chose, quelqu'un ; un ego spiritualisé plutôt qu'un ego névrotique.
    Si nous nous investissons sérieusement dans les pratiques qui nous ont été transmises, avec le temps, on finit par être absorbé par un ailleurs, mais un ailleurs si lointain qu'il laisse à peine une trace. Si l'on pratique ainsi que l'envisage une tradition authentique, ce que l'on découvre, c'est que la vie extérieure continue simplement comme d'habitude. On a ses conflits, ses bons jours, ses mauvais jours. Bien sûr, plus on mûrit, plus l'extérieur devient placide, mais l'existence demeure essentiellement inchangée.

    L'une des composantes de la vie spirituelle est d'être satisfait du rôle que l'on a à jouer, quel qu'il soit. Parfois, on l'aime, parfois on ne l'aime pas. Même le plus grand des saints consacre beaucoup de temps à se lever le matin, à manger, à dormir, à parler aux gens et à s'asseoir en attendant la suite. Même si, après l'illumination, on n'a plus de face que l'on pourrait perdre, on continue néanmoins à perdre la face, et même si l'on n'a plus d'amour-propre, on n'en subit pas moins une blessure d'amour-propre. Bien sûr, il y a des histoires spectaculaires à propos de saints qui ne dorment jamais, ne mangent jamais, passent des jours voire des semaines dans des états d'extase ou de transe, mais de manière générale, la réalisation de Dieu, c'est simplement l'existence ordinaire : autrement dit, on fait face à l'existence telle qu'elle se déroule et se déploie.


    L'illumination, ou soumission, n'est pas mûre tant qu'elle n'a pas été mise à l'épreuve sur la place publique. Dans la tradition zen, quand quelqu'un était censé avoir réalisé le satori, son maître l'envoyait sur la route pour qu'il teste sa réalisation, non seulement auprès d'autres maîtres zen, mais au contact de l'existence même. Il nous faut prouver notre maturité spirituelle sur la place publique – en mangeant, en dormant, à travers nos relations, en allant travailler, en étant dans la circulation... surtout, en conduisant dans la circulation. On se retrouve coincé dans un embouteillage, sans nulle part où s'échapper, avec tous ces moteurs diesel qui vomissent de la fumée et nous polluent les poumons et en regardant sa montre, on se rend compte qu'on est en retard à un rendez-vous important... Voilà une mise à l'épreuve de l'illumination !


    Beaucoup de gens croient que dans la vie spirituelle, on ne devrait pas avoir à s'occuper de choses telles que l'assurance auto. Ils s'imaginent qu'ils devraient pouvoir méditer toute la journée, écrire des poèmes à Dieu pendant que quelqu'un d'autre s'occuperait des détails de l'existence. Mais cela ne se passe pas ainsi. Si l'on a un penchant mystique, on doit vivre comme les soufis : aller travailler le matin, s'occuper des clients et gagner sa vie pour pouvoir payer le prix à tous les niveaux et chaque fois que nécessaire. Puis, quand la boutique est fermée et la journée finie, alors seulement vient le temps d'entrer en union mystique avec le Divin et de prier toute la nuit... si on le doit. Et si on ne le doit pas, accordons-nous une bonne nuit de sommeil et ne nous soucions pas de notre progression spirituelle.

     

    De Lee Losowick

     

     

    Pris chez Chronophonix

     

     

    Lee Lozowick : Psychologie et spiritualité


    Lee Lozowick : Dissiper les voiles

     

    Lee Lozowick : Le Mensonge

     

    Lee Lozowick - Daniel Morin : L'entité séparée ill...

     

    Lee Lozowick : La Monogamie

     

    Lee Lozowick : L'amour chimique, l'amour émotionne...(2)

     

    Lee Lozowick : L'amour chimique, l'amour émotionne...(1)

     

    Lee Lozowick : L'Ange brisé (Broken Angel)

     

    Lee Lozowick : Amour humain, Amour mystique

     

    Lee Lozowick : Poursuivre l'Amour jusqu'au bout

     

    Lee Lozowick : Pas d'Ego=Amour, Ego=Pas d'Amour

     

    Lee Lozowick : Commencez par l'amitié

     

    Lee Lozowick : L'Amour ne finit jamais

     

     

     

     

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  • Vedanta Philosophy | Indian Vedanta Philosophy | Vedanta Yoga ...

    L’ensemble des disciplines du Yoga a été résumé par Patanjali dans ses Yoga Sutras ou Aphorismes sur le Yoga. Sa dimension philosophique dérive partiellement du système Samkhya, avec deux ouvrages importants que sont Samkhya Karika d’Isvarakrsna et les Samkhya Sutras de Kapila, le fondateur du Samkhya.

    La pratique du Yoga inclut le suivi de valeurs éthiques et de certaines attitudes (yama, niyama), des prières (la dévotion a aussi sa place dans certaines écoles de Yoga), des postures (asanas) et des techniques de respiration (pranayama), la concentration du mental (dharana) et des pratiques méditatives (dhyana). Le but du Yoga est l’absorption du mental en divers degrés et culmine avec le nirvikalpa samadhi, un arrêt total des activités naturelles de l’esprit, sans aucune division entre le sujet et l’objet, qu’il considère comme étant synonyme de libération.

    Selon la philosophie du Yoga, la nature du problème est l’identification de l’individu avec son corps, ses sens et son mental produite par cinq obstacles ou impuretés (klesas), dont le principal est l’ignorance. Le sentiment du je envers le complexe corps-sens-mental, l’attraction et l’aversion, l’attachement à la vie sont les produits de cette ignorance. Dans le but d’éliminer cette ignorance, l’individu doit connaître la réalité, qui selon le Yoga et le Samkhya, consiste à séparer le purusha (la monade spirituelle individuelle) de la prakriti (la création toute entière qui inclut son corps et son esprit). Cela signifie que pour parvenir à la libération, l’individu doit réaliser par la discrimination et la pratique qu’il est une monade spirituelle pure et isolée (purusha) complètement distincte des procédés changeants de la nature (prakriti) présents dans son corps physique, ses sens et son esprit. Selon le Yoga, purusha et prakriti sont toutes deux des entités réelles et il y a autant de monades isolées que d’individus.

    Bien que cela apparaisse de prime abord être proche du Vedanta, il y a des différences fondamentales entre le Yoga et le Vedanta. Tout d’abord, contrairement au Yoga qui affirme un dualisme, entre purusha et prakriti qui partagent le même degré de réalité selon le Vedanta, il n’y a pas deux entités parallèles mais une seule réalité une et non duelle. La réalité de ‘je’ est la réalité absolue alors que l’univers tout entier est mithya, dépend pour son existence ou son être de cette réalité absolue.

    De plus, le Yoga affirme qu’il y a plusieurs purushas sous la forme de poches de conscience, qui sont indépendantes de la prakritiSelon le Vedanta, il n’y a qu’un je illimité, qui est la vérité de toute chose.

    Finalement, le but ultime du Yoga est le nirvikalpa samadhi, où le mental cesse totalement d’avoir des pensées. Le but du Vedanta n’est pas l’expérience du nirvikalpa samadhi puisque ce n’est qu’un état particulier et variable du mental qui se produit puis disparaît. Il n’est aucunement nécessaire selon le Vedanta d’éliminer ou d’arrêter les pensées pour comprendre leur réalité ; tout comme il n’est pas nécessaire d’enlever physiquement la vague ou l’océan pour comprendre que leur nature est eau. La réalité absolue est ce qui est invariablement présent au sein de toutes les expériences et doit être comprise comme telle.

    Il faut aussi préciser que certaines interprétations du Vedanta ont manqué de comprendre les implications du rôle essentiel du Vedanta comme moyen de connaissance, et donc comme moyen direct de libération. Cela les a conduit à affirmer que la nature illimitée du soi révélé par le Vedanta s’obtient par le nirvikalpa samadhi du Yoga, c’est à dire une ‘expérience’ de l’illimité.

    Malgré ces différences, nous pouvons noter que la description des différentes fonctions de l’esprit et du corps, le concept des trois qualités (gunas) de la nature ou prakriti élaborée par le Yoga et le Sankhya sont activement utilisés par le Vedanta.

    Les disciplines du Yoga, c’est à dire les exercices physiques et les techniques de respiration ainsi que les valeurs et attitudes du Yoga, peuvent très bien être utilisées par l’étudiant du Vedanta. En effet, elles peuvent se révéler utiles pour le préparer à la connaissance de la réalité. Le mental pacifié, mûr et contemplatif résultant des techniques du Yoga est un mental prêt à voir la réalité telle qu’elle est révélée par les textes du Vedanta.

    Source

    https://www.systerofnight.net/religion/html/hindouisme.html

    https://www.centrejaya.org/spip.php?article61

     

     


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  • http://art-du-vivant.com/blogcfio/wp-content/uploads/2012/11/HUMILITE-Copie.jpg

     

    Par Marc-Alain Descamps

    Bien des personnes veulent avoir une vie spirituelle. Il s’agit d’une recherche de l’intériorité dans la dimension de la profondeur, une découverte de son essence, une plongée vers l’unité. Elle peut être menée dans le cadre d’une religion, comme autrefois où elle a été illustrée par tous les grands mystiques Catholiques, Orthodoxes, Hindous, Soufis, Bouddhistes ...

    Mais actuellement cela peut se dérouler hors du cadre de toute religion, dans la quête de la dimension du Sacré et de la découverte du Divin à l’intérieur de soi. Assez souvent, cette recherche prend assise sur des pratiques selon une voie traditionnelle, hors d’une religion : Soufisme, Yoga, Taï chi, Zen, Bouddhisme tibétain, Hésychasme, méditation, retraite, pèlerinage, prière chrétienne …

    Mais que l’on soit seul ou dans un groupe, les pièges sont nombreux et bien des personnes stagnent ou se découragent. Il existe en effet dans l’homme deux niveaux : la réalisation spirituelle et le nettoyage psychologique de la personnalité et de son inconscient par une psychanalyse. Et comme ils sont indépendants, l’un ne devrait pas aller sans l’autre.

     A. Les premiers obstacles

     Un certain nombre d’obstacles peuvent être évités, une fois qu’ils sont reconnus.

     - Les dissuasifs. Bien des gens traitent de tous ces sujets, alors qu’ils n’ont, de toute évidence, aucune vie spirituelle. Ils ne parlent et n’écrivent des livres ou des revues sur les dangers que pour dissuader d’y entrer et par conséquent pour se justifier de ne pas y entrer. Au lieu de nier ouvertement la voie spirituelle, ils se contentent de présenter quelque chose de frelaté sous ce nom. Une connaissance livresque dans ce domaine ne suffit pas, il convient d’en avoir une expérience authentique.

     - Les tartuffes. Comme dans toutes les religions, on trouve aussi dans la spiritualité des hypocrites, qui veulent en tirer profit en donnant le change. Combien de savants intellectuels savent parler avec éloquence, d’après leurs seules lectures, de ce qu’ils ignorent complètement. Ils excellent à traiter de la mystique comparée et leurs discours sur les mérites des voies de l’Orient et de l’Occident (ou leur mélange) sont très à la mode. Mais il en a toujours été ainsi, le Lama Brug-pa écrivait déjà au Tibet au XVème siècle : « Un maître authentique est plus rare que l’or, les charlatans plus nombreux qu’un nid de fourmis ».

     - Les paresseux. Ils sont tombés dedans dans leur enfance et se laissent porter, victimes de la routine, de l’inertie et de leur paresse. Entrée à cinq ans chez les Religieuses, Sainte Gertrude de Hefta déclarait « avoir à 20 ans aussi peu de souci de son âme que de la crasse de ses pieds ». Combien d’autres s’endorment dans une routine monotone et désuète. C’est la voie des tièdes ou médiocres, contents d’eux-mêmes sans élan, sans ferveur et sans intensité. (Luc XII, 40)

     - Les satisfaits d’eux-mêmes. Ces narcissiques, souvent jeunes, ont mal compris la formule « que tout est déjà là » (Tathâgatagarbha). Et ils attendent que tout arrive instantanément, sans travail et sans effort. Oui, tout est déjà là en nous, mais en potentialité, comme le chêne est dans le gland. (Mais un gland n’est pas un chêne). Cela ne doit point nous épargner une vie de recherche, de sacrifice et de progression et ce n’est qu’au bout du chemin à la fin d’une vie que nous pourrons réaliser qu’en effet la statue était déjà dans le bloc de bois ou de pierre.

     - Les champions sportifs. D’autres n’explorent ces domaines qu’au titre du « Développement personnel ». Ils veulent tout savoir et se développer au maximum. Ils veulent être les meilleurs : les champions du monde de la spiritualité puisqu’ils ont traversé absolument toutes les voies et connaissent tout. Ils sont pleins de curiosité et d’entrain, mais tout est au service de leur égo.

     - Les clients du supermarché du spirituel. Ce monde du voyage intérieur est devenu un marché où l’on trouve toute une série de machines et de gadgets pour aller plus vite, sans effort, automatiquement. On trouve à acheter des musiques new age, des encens et odeurs planantes, des bougies hopi, des gongs, des lunettes flashantes de l’intérieur, des casques pour sorties hors du corps, des water-beds, des piscines de l’extase, des sauts à l’élastique, ou des voyages au désert pour écouter un bavard faire ses trois conférences par jour …

     B. Les impasses

     Le problème principal est que la spiritualité est une superstructure, elle ne vient qu’en dernier et coiffe l’ensemble de la personne humaine, par conséquent tout se transpose en elle. En particulier tous les défauts et les problèmes psychologiques (psychanalytiques, psychopathologiques et psychiatriques) vont se transposer tels quels dans sa vie spirituelle et mener à choisir une voie qui aille dans le sens de ses défauts et permette de ne pas changer. On a ainsi trouvé une justification divine à ses travers.

     Par exemple

    - Celui qui vit dans l’indifférence, car il est coupé de ses sensations, va choisir la voie du détachement. Rien ne lui est plus facile, car il n’arrive pas à se décider et il se moque de tout. A coté se trouve aussi la voie du Renoncement ouverte à tous ceux qui sont en dépression ou simplement déprimés.

     - La voie de l’humilité est prise par celui qui vit dans la dépréciation, le mépris, la haine de soi ; (« Je ne vaux rien parce que mon papa est mort quand j’avais dix ans, ou a divorcé ou est parti … Donc je ne mérite pas mieux »).

     - La mort de l’égo est un thème qui plaît beaucoup à tous ceux qui se haïssent eux-mêmes et sont suicidaires. Faute de tuer leur corps, ils sont d’accord pour faire le sacrifice symbolique de leur moi-égo. Mais ceux qui ont des problèmes psychotiques d’identité et ne savent plus qui ils sont, peuvent aussi choisir ce masque justificatif.

     - L’instable qui ne peut rien construire (famille, travail, insertion municipale) ou celui qui détruit aussitôt ce qu’il vient de construire, car il s’ennuie dans le succès, va adopter la voie de l’errant (beatnik, vagabond, pèlerin …). Il fait le tour du monde sur son bateau ou du désert sur son chameau. Il ne peut pas s’attacher, donc il se croit libre.

     - L’agoraphobe, au contraire, qui a peur des autres et de l’organisation de la vie va devenir ermite. Il ne rêve que de rester toute sa vie dans sa cellule ou dans sa grotte. Il médite tout seul et ne s’occupe que de lui-même dans un profond égoïsme, heureux dans la clôture du couvent qui le couve.

     - Le claustrophobe qui a peur d’être enfermé ou mis en prison, va devenir le moine prêcheur itinérant. Il va développer tout un discours apologétique sur « l’Ouvert » par opposition au fermé, au clos.

     - Les masochistes (et les sadiques car on ne peut pas les séparer, unis dans leur sadomasochisme) ont eu d’extraordinaires justifications dans les siècles précédents avec tous les raffinements des ascèses, jusqu’à se croire un saint (ou une sainte) parce qu’il (ou elle) se flagelle deux fois par jour. Mais les variétés des mortifications et tortures ont été quasi-infinies. Ainsi les anorexiques sont passées inaperçues dans la glorification des jeûnes.

     - Le dominateur puissant et orgueilleux transpose sa volonté de puissance sur l’Ordre religieux dont il devient vite le Général, ne travaillant désormais que pour le bien de l’Ordre. Et les narcissiques ressentent toute atteinte à leur Ordre comme une blessure narcissique.

     - Les délirants ont toute latitude pour développer un extraordinaire système religieux (hérétique on non), ou écrire leurs livres de conversations avec Dieu, les anges, les esprits des morts ou des extragalactiques conducteurs d’OVNI ... Mais comme l’écrit Freud (L’avenir d’une illusion), c’est le mérite de toutes les religions d’éviter la peine de s’inventer un délire individuel en entrant directement dans un grand délire collectif.

     - Ceux qui vivent un éclatement de leur personnalité (Spaltung) ont des lambeaux de leur inconscient qu’ils ne reconnaissent plus ou parfois des personnalités multiples. Ils entendent des voix, ont des apparitions, des visions, des hallucinations, des transes, des phénomènes de possession ... Ces messages de leur inconscient, ils les nomment intuitions, prémonitions, guide intérieur. Ils voient des synchronicités partout, ils ont l’impression d’avoir déjà vécu cela, d’être déjà venus en ces lieux, d’y avoir été dans une autre vie. Certains confondent leurs pulsions avec « le maître intérieur ».

    On peut d’ailleurs se poser la question de savoir s’il y a une transposition ou une simple translation, alors qu’il faudrait une sublimation. Ces problèmes psycho-spirituels sont étudiés dans « La psychanalyse spiritualiste ».

     C. Les pièges

     Avant de vouloir grimper sur les sommets, il serait peut-être plus avisé de commencer par se nettoyer. Pour se connaître mieux et consolider les bases, on peut faire une psychanalyse ou une bonne psychothérapie analytique. De toute manière c’est un travail que l’on n’évitera pas car s’il n’a pas été fait de façon préalable, il s’abordera dans la voie traditionnelle. Mais ce qui sera occupé à ce nettoyage ne sera pas disponible pour la progression spirituelle.

     Par exemple, ceux qui suivent la voie du Zen sans préparation vont revivre d’abord leurs conflits pendant les longues séances de méditation dont certains sortiront en pleurs par apitoiement sur soi-même, alors que d’autres, à cause de leur agressivité, sentiront leur colère grandir au fil des séances pendant des années.

     Dans les méditations le piège le plus courant est de confondre le sommeil et l’état de vacuité. On croit que l’on médite bien car l’on entre dans un état de somnolence ou une inertie mentale (de type Tamasique selon le Yoga) surtout si l’on croit que l’on peut méditer dans un bon fauteuil. Le Zen qui connaît bien ce défaut ramène à la vigilance avec un coup de bâton (kyusaku) sur les muscles trapèze. Puis l’on peut utiliser des trucs auto-hynotiques, comme d’osciller sans cesse d’avant en arrière, de balancer la tête de droite à gauche ou de pratiquer une révulsion des yeux …

     La notion de vide est souvent utilisée de façon insidieuse à partir d’un certain bouddhisme pour justifier le nihilisme occidental, alors que le Bouddha a toujours polémiqué contre les nihilistes. La Vacuité orientale est la Plénitude dont sortent toutes les Formes. Dans l’esprit il faut par les méditations atteindre le vide mental, ou silence des pensées, pour entrer après dans la Claire Lumière et ne faire qu’un avec le Bouddha.

     Après peut venir ce que les Pères du Désert ont nommé l’acédia. Il s’agit d’une désaffection et d’une perte de motivation qui pouvait atteindre les moines après de longues années de pratique. Sans doute ce que l’on connaît actuellement comme le break down ou le blow up des milieux humanitaires.

     De plus en plus d’Américains, puis d’Européens, publient des livres pour faire savoir à l’univers qu’ils ont atteint l’Eveil, qu’ils n’ont plus d’égo et que l’on peut désormais s’inscrire à leurs stages. Leur expérience est souvent un simple moment de joie où ils se sont sentis bien, en soudaine harmonie avec tout leur milieu. Le malheur est que cela vient après une période de dépression, appelée évidemment « nuit obscure ». Et les psychiatres ne voient en cela qu’une structure maniaco-dépressive, maintenant dite bipolaire.

    Le dernier piège, et le plus insidieux, est d’avoir une expérience ou une réalisation et de croire que c’est l’expérience suprême et ultime. Alors que dans la spiritualité il y a toujours à progresser. Comme le demandait le Sutra du Lotus « il faut aller par l’Au-delà, dans l’Au-delà de l’Au-delà, vers l’Au-delà de l’Au-delà de l’Au-delà … ».

    Le pire des pièges en ces domaines est de faire profession de Gourou dans son ashram. Les plus critiqués ont été Rajnesh/Osho et Hamsananda à Castellane avec ses statues. Un fondateur de secte est souvent une personnalité paranoïde et s’il ne l’est pas au début, sa position au sommet de la pyramide va le conduire à devenir paranoïaque. Sa névrose va l’amener à faire son profit personnel de l’argent, du sexe de son harem, du pouvoir, des honneurs et de l’Adoration. Lui n’a pas de conversation avec Dieu, il est Dieu. Il est vrai que dans ces domaines, on rencontre des forces colossales qui peuvent provoquer une inflation de l’égo (« la grosse tête ») où l’on ne peut plus supporter les autres. Il ne faut pas confondre charisme et sagesse ; les deux niveaux sont, hélas, indépendants.

    Le critère d’une expérience spirituelle authentique ou mutation réussie est le résultat (comme dans une expérience de mort imminente) : en est-on devenu plus patient, humble, modeste, à l’écoute des autres, compatissant, généreux, sachant que la seule chose importante sur terre est de vivre dans l’amour désintéressé et de faire le plus de bien possible autour de soi ?

    Conclusion

    La conclusion ne peut être qu’un élargissement à tous les auteurs qui ont déjà apporté de l’aide dans la guidance spirituelle pour cette quête vers le meilleur de soi-même. Ils ont montré qu’existent l’Eveil, la Réalisation, l’Union avec le Divin, l’Etat non-duel …

    L’éducateur donne ses connaissances, le guide se donne lui-même. Le guide est celui qui répare nos frustrations, libère du karma, du mental, de l’égo et transmet son niveau de Conscience et de Lumière.

    Krishnamurti (1895-1986) en proclamant que « la vérité est un pays sans chemin » a eu comme unique souci, la libération totale et inconditionnelle de l’homme. Il la trouve dans la psychologie et l’étude attentive des conditionnements que nous nous créons sans cesse. La révolution du silence permet par une vision pénétrante de rendre son esprit ouvert comme un ciel sans nuage.

    Jack Kornfield en publiant en 2000 « Après l’extase, la lessive » a fait le relevé de tous les défauts des grands maîtres spirituels américains. Et le même livre pourrait être écrit sur bien des noms célèbres de France et d’Europe. Monter dans la spiritualité, sans avoir amélioré psychologiquement sa personne est de plus en plus scandaleux, selon le proverbe africain « Plus le singe monte haut, plus il montre son derrière ». Mais il ne faudrait surtout pas conclure de son livre que, parce qu’ils ont des défauts, ils ne peuvent plus nous aider. Il y a encore des Mystiques, des Éveillés, de grands Spirituels, mais ils se reconnaissent à ce qu’ils se cachent ou restent discrets.

    Pir Vilayat Inayat Khan (1916-2004) apprenait toujours à voir tous les êtres non tels qu’ils sont, mais tels qu’ils seraient s’ils étaient devenus ce qu’ils auraient du être.

    Marie-Magdeleine Davy (1903-1998) a passé sa vie à prévenir que « la voie de l’intériorité est remplie de méandres et d’illusions ». Pour explorer l’homme du dedans, il faut éviter le cœur dur, durci et endurci. L’appel du dedans n’est donné qu’à ceux qui ont le goût du silence et du mystère dans un état de liberté. Celui qui a éprouvé la morsure de l’Absolu sait de connaissance certaine qu’il lui est impossible de lui échapper. L’homme essentiel est toujours seul à habiter avec lui-même (habitare secum), mais en présence d’un être de lumière, on se sent toujours meilleur.

    Lilian Silburn (1908-1993) dans Les voies de la mystique et Le maître spirituel dénonce dans son chapitre « de l’incompétence à l’imposture » le passage de l’erreur spirituelle à la faute des pseudo-guides. En distinguant la montagne, le sentier et la carte, on peut décrire les marchands du temple qui vendent une montagne qu’ils ne connaissent pas, ceux qui n’ont pas besoin de partir car ils sont déjà arrivés, les cartographes qui n’ont que la carte d’un pays inconnu où ils ne sont jamais allés, ceux qui se souviennent à peine de leur brève ascension, celui qui, parvenu au sommet sans pouvoir en redescendre, ne peut aider personne et enfin le bon guide qui va au sommet quand il veut, a la carte et connaît le sentier.

    Ma Ananda Moyi (1896-1982) incarnation de la joie divine demandait de vivre toujours dans la joie et de fuir la tristesse comme son ennemi.

    Ammatchi (1953) dans sa précieuse rencontre fait vivre l’amour divin …

    Un vibrant hommage et une profonde gratitude sont dus à tous ces êtres merveilleux qui ont tellement apporté dans la vie spirituelle.

    Références

    Davy Marie-Madeleine, Encyclopédie des mystiques, Payot, 1996.

    Descamps, M-A. La psychanalyse spiritualiste, Desclée de Brouwer, 2004

    Guyon J-M. Ma vie, Dervy livres, 1983

    Kornfield, Jack, Après l’extase la lessive, La table ronde, 2001

    Krishnamurti, J. La première et dernière liberté, Stock, 1954

    Silburn Lilian, Les voies de la mystique, Hermès 1, Les deux océans, 1981

    Silburn Lilian, Le maître spirituel, Hermès 3, Les deux océans, 1983

    Vigne Jacques, Éléments de psychologie spirituelle, Albin Michel, 1993

     

    www.europsy.org/marc-alain                        

     

     


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  • Être

     Être n'a pas d'histoire, pas d'expérience sur laquelle s'appuyer pour être

    Être ne peut se penser, s'expliquer.

    Être est la nudité, la vacuité silencieuse de notre être.

     

    Être est le son d'un insondable silence,

    matrice vierge d'un verbe créateur

    sans cesse renouvelé.

     

    Être est connaissance directe dans l'instant

    à jamais libre de tout savoir accumulé.

     

    Être est un mourir vivant où aimer c'est mourir

    à tout ce qui limite, enferme, sécurise,

    l'être dans quoi que ce soit.

     

    Être est la Vie sans commencement ni fin

    qui met à nu le corps et le coeur

    et les rend intensément vivants,

    intensément présents, au sein d'un amour sans objet.

     

    Être fait exploser l'illusion mentale de la séparation

    entre l'esprit et la matière,

    et révèle l'amour tapi au coeur

    même des cellules du corps.

     

    Être libère le corps de l'usurpateur mental

    qui l'emprisonne dans la fausse identité

    d'un moi penseur

    dépendant du temps psychologique pour exister,

    pour l'installer à tout jamais

    dans l'intemporalité créatrice d'un éternel présent.
     

     


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  • Le chemin que je découvre

     Le chemin que je découvre est celui du quotidien. Sans religion, ni croyance particulière. C’est un chemin dénué d’extraordinaire, habillé d’ordinaire. C’est un chemin de vie parmi tant d’autres, ni plus, ni moins.

    Chaque jour est un jour nouveau. Je me lève et une nouvelle journée commence. Je me regarde et observe mon comportement sans jugement. Chaque jour j’apprends. Lorsque je juge et que la colère ou l’impatience me gagnent en soulevant les voiles de la tourmente, ou lorsque je souris, je m’observe, tout simplement. Chaque journée m’apprend à vivre un peu plus en conscience, à mon propre rythme. Je n’attends rien. Je n’apprends rien si ce n’est l’acceptation et le pardon.

    Le chemin ne s’achète pas, il se vit. C’est un lien que l’on établit avec une part si intime et si profonde de soi-même que ce serait trahison de la monnayer. Elle est inestimable et sans prix.

    Le chemin que je découvre

    Le chemin que j’entrevois lorsque j’ouvre les yeux, reste pragmatique et accessible à tous, sans distinction d’aucune sorte. C’est un chemin pétri de bon sens et de simplicité qui permettent d’accéder à une réelle liberté inconditionnelle au travers de l’apprentissage du non-attachement.

    Cette liberté demande intégrité et honnêteté envers soi-même; de la transparence. Elle se cultive au quotidien. Une période de sevrage est souvent nécessaire. Elle nous apprend à désapprendre et dénouer les liens qui nous retiennent prisonnier de nos automatismes afin de laisser notre barque ouverte et offerte aux vents du grand large.

    On ne choisit pas ce chemin. C’est le chemin qui nous choisit si nous savons lui prêter une oreille attentive. Ce n’est pas un choix de raison ou de déraison. C’est une évidence de cœur.
    C’est un dialogue qui s’ouvre entre soi et le monde. Il permet de regarder le fleuve et la fleur avec des yeux innocents, sans jugement, sans présupposer aucun, avec un regard d’enfant. Un regard qui ressemble à une prière…

    Ce qu’enseigne nombre de sciences contemporaines à nouveau émergentes, c’est que l’Univers, et donc notre monde, est constitué d’énergie et que cette énergie possède une conscience.
    Du règne minéral, jusqu’à l’homme, toutes les manifestations de la vie sur terre sont des déclinaisons d’une même Conscience.

    Le chemin que je découvre

    Cela implique qu’une communication devient envisageable et possible entre ces différents états de conscience. Et ceci ouvre de nouvelles portes.

    Si l’on accepte de remettre en cause ses acquis et ses habits de raisons, de réapprendre à observer le monde en faisant taire son mental, un champ infini de possible commence alors à germer… Ici et maintenant, dans ce présent qui accompagne notre propre conscience.

      Il y a ici et maintenant, la plus belle des promesses, celle qui pose une union ordinaire et cependant sacrée entre nous et le monde. Aujourd’hui, et plus que jamais, cette union commune, cette co(m)-union est en train d’éclore dans le terreau de notre vie et nous en sommes tous les acteurs privilégiés et l’intelligence motrice. Un cycle se termine pour en accueillir un autre…

    Il y a là un défit pour certains, une évidence pour d’autres, mais en tous les cas un avenir et une promesse pour tous…

    Sur ce chemin, qui reste parfois un chemin de croix et de solitude, nous ne sommes jamais seuls. Et pour guérir il est parfois nécessaire de tomber malade…

    Nous pouvons tenter de comprendre et de connaître dans ses moindres détails l’histoire du monde. Cela nous prendra du temps, mais cela reste dans le domaine du possible. Nous pouvons amasser des montagnes de connaissances et être celui qui sait. Nous pouvons essayer de comprendre les intrigues de notre monde afin de combattre les injustices et être celui qui brandit l'épée de la justice, nous pouvons même espérer 2012 comme une concrétisation de nos plus beaux espoirs.

    Le chemin que je découvre

    Mais tout cela ne remplacera pas, et ne nous dispensera jamais de tourner notre attention à l’intérieur de nous-mêmes afin de nous observer et mieux nous connaître. Tout cela ne remplacera jamais le fait de vivre pleinement notre vie afin d’expérimenter et de mûrir.
    Nous portons, au plus profond de nous, nos plus belles promesses, à nous de les découvrir et de les mettre en lumière, de les faire éclore dans le terreau du monde. Et cette mise en lumière passe par le vécu et les défis, petits ou grands, du quotidien qui nous livrent le miroir de nos propres aspirations.

     Alain Degoumois


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  • L'instant présent est débordant de joie

     C'est inouï la joie que nous gâchons à chaque instant par nos constructions mentales.

    L'instant présent est débordant de joie, et nous travaillons très fort à le gâcher, dans le but d'arriver, peut-être un jour, à une joie très quelconque et extrêmement fugace.

    Donc, toujours revenir à ce qui est là, maintenant.

    Il faut persister en cela. Comment y arrive-t-on ? Seulement si il y a de l'enthousiasme, de la passion, pour la liberté.

    Dans toutes les sphères d'activité - en art, en science, dans les domaines techniques-, ce sont des gens passionnés qui ont fait des découvertes et permis des transformations durables dans l'humanité."

    Jean Bouchart d'Orval, Au coeur de l'instant


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  • Résultat de recherche d'images pour "joy"

    Explorer la dépendance requiert, tout d'abord, de l'observer. Comment pourrait-on explorer une chose sans l'observer en premier ?

    Observer veut dire voir. Voir se réfère à la vision. La vision implique un sujet qui voit et un objet qui est vu. Le voyant, le vu et la vision constituent ainsi un trio inséparable.

    Le vu ici est l'ensemble des conditionnements de la personnalité. Le voyant est cela qui les perçoit. La vision est ce qui relie les deux.

    La dépendance est aussi une reliance. Elle unit un sujet dépendant à un objet de dépendance.

    Dans le cas qui nous intéresse, le sujet se nomme "moi". Il est un personnage, le personnage central de notre histoire.

    L'objet de dépendance se relie au sujet par le corps. Peut-on imaginer de dépendre de quelque chose sans qu'il y en ait un ressenti corporel ? Peut-on ressentir le chagrin du voisin sans se projeter à sa place et expérimenter dans notre corps ce qu'il ressent ?

    Le corps est donc un passage obligé. Il utilise les sens pour relier le dedans au dehors. Sans les sens, pourrait-on percevoir, sentir, goûter, palper, vibrer ? Les sens sont donc aussi nécessaires au corps que la fenêtre l'est à la maison. Une maison sans fenêtre n'est plus une maison, mais une cave. Un corps dépourvu de sens n'est plus un corps, mais un cadavre.

    La sensation est ainsi un intermédiaire nécessaire à la dépendance. C'est elle qui relie le sujet qui dépend et l'objet dont il dépend.

    Il existe des sensations dites agréables et d'autres dites désagréables. Cette notion est subjective, car ce qui est agréable pour l'un peut être désagréable pour l'autre, et vice-versa.

    Concernant les sensations désagréables, elles ne sont pas, en principe, l'objet d'une relation de dépendance, mais plutôt d'éviction.

    Les sensations agréables sont, elles, au cœur de la dépendance. Peut-on imaginer un breuvage qui ne déclencherait que souffrances ? Il n'encouragerait guère à en devenir dépendant. Par contre, si ce même breuvage nous transporte dans des états enchanteurs, il devient alors un objet d'attachement. Ce n'est pas le breuvage lui-même qui l'est, mais l'état dans lequel il nous transporte.

    Pourquoi un état devient-il attachant ? Parce qu'il est assimilé à une expérience de plaisir.

    Le plaisir est une sensation particulière. On pourrait la nommer vibration, tant elle transporte les sens dans un royaume qui lui est propre.

    Selon le lieu où cette vibration est ressentie, l'objet de plaisir se transforme. Lorsque la vibration est expérimentée à la base du corps, c'est toute la sexualité et ses jouissances plus ou moins raffinées qui sont évoquées. Le frottement crée le feu, comme le fait le silex. Que la vibration monte d'un étage, et ce sont les "tripes" qui sont affectées, cette tension particulière que connaît et cherche l'amateur de risques, de dangers insensés. Qu'elle monte encore d'un cran, et ce sont les délices gustatifs qui sont concernés, reliant la bouche, porte ouverte du dehors vers le dedans, et l'intestin, porte ouverte du dedans vers le dehors. Qu'elle continue son ascension, et c'est le cœur qui est concerné. Ah, ce cœur ! Que n'en entend-on pas parler ? Que ne nous fait-il pas faire, tant sa vibration nous est chère ? En poursuivant notre promenade ascensionnelle, c'est à la gorge que nous nous trouvons. La joie de s'exprimer, de parler, de partager le ressenti. Ce lieu aussi de tous les conflits, dans lequel s'accumulent les non-dits. De la bouche et de ses plaisirs, nous en avons déjà parlés. Ils sont à l'honneur chez le bébé amoureux de sa tété, et chez le gourmet, vénérant les fumets. Le nez est aussi, pour celui qui l'a raffiné, une source de plaisir. Certains en usent et en abusent, et en font même l'exercice de leur profession. Les yeux, la fenêtre de l'âme, n'échappent pas à cette enquête. Que ne ferions-nous pas pour voir ce qui nous fait vibrer, ce à quoi nous sommes attachés, spectacles licites ou illicites qui ont la vertu de nous faire chanter. Nous arrivons bientôt aux plaisirs de l'intellect, ceux qui font frémir le philosophe et l'érudit, qui voient dans les concepts qu'ils chérissent la beauté incarnée, que ce soit sous la forme d'une formule, d'un trait ou d'un bon mot. Nous nous approchons maintenant des cieux auspicieux, vers lesquels se tourne le regard intériorisé du méditant, absorbé dans sa contemplation du sans-forme, dédaigneux du mirage des formes. Même ici, dans l'espace sans limite du silence, le moi peut s'accrocher au son subtil du ravissement, et s'attacher à une pratique qui le maintient dans l'extase désirée.

    En visitant ainsi tous les étages de nos dépendances, nous voyons à quel point sont impliqués les sens, de la base au sommet, du rouge vif au turquoise, de la densité à la subtilité.

    Un seul et même plaisir se décline ainsi dans des conjugaisons multiples : à chacun les siennes.

    Si l'on remonte le fil du plaisir, quelle en est sa source ?

    Examinons sa relation à la joie. Ils diffèrent tous deux tout d'abord quant à la durée. Le plaisir, même prolongé, est limité dans le temps. La joie peut durer… toute l'éternité. Le plaisir est limité dans sa localisation. La joie ne peut être localisée. Le plaisir requiert un "objet" pour s'éveiller. La joie ne requiert que la joie pour se révéler.

    Le plaisir et la joie apparaissent ainsi comme deux comparses, l'un prolongeant l'autre, comme la main prolonge le bras.

    Le plaisir peut être donc vu comme une fenêtre ouverte vers la joie, prémisse d'une permanence qui se cherche. Qui n'a donc pas désiré que le plaisir ne cesse jamais ? Or, aussitôt né, il cherche déjà à s'en aller, nous laissant à nouveau tout seul, dans une solitude abhorrée.

    L'attachement au plaisir, qui est au cœur de la dépendance, ne serait-il qu'un attachement à la joie, ainsi déguisée ? Le plaisir viendrait-il éveiller nos sens pour nous révéler la joie par lui masquée ?

    On voit ainsi que transparaît, derrière l'expérience de la dépendance, une expérience plus fondamentale, celle de l'être. La division entre un sujet dépendant et un objet de dépendance peut-elle être abolie ? N'est-ce pas le propre de l'amour que de faire fusionner le sujet amoureux et son objet d'amour ? Je deviens ce que je désire. Je deviens donc ce plaisir que je désire. Je me perds en l'objet de mon propre désir. Je suis ce que je désire. Divine ivresse dans laquelle se perd le "je".

    D'où peut-on contempler la division si ce n'est de l'indivision ? Si nous n'étions pas un, comment pourrions-nous connaître le deux ? La quête de l'un ne passe-t-elle pas par la vision du deux ?

    Nous voici donc au point-même où nous nous trouvons, là où nous sommes dans cet instant. Ici-même, sans distance, un !

    De l'objet de dépendance au sujet dépendant, il n'y aurait donc aucune distance. "Je" est le pont entre le sujet et l'objet. "Je" est ce vers quoi tendent à la fois l'objet et le sujet. "Je" est un, malgré ses apparences multiples. "Je" est ce que je désire, bien que les objets apparents du désir soient infinis.

    Explorer la dépendance signifie donc s'explorer soi-même. Explorer le moi, dans toutes ses facettes, et se retourner vers le connaisseur du moi, celui qui se sait sans pouvoir se nommer.

    Laissons donc au sans-nom la primeur de cette enquête, qui nous a conduits depuis les affres du plaisir jusqu'au contentement de la joie. C'est ainsi la joie qui se cherche derrière tous les désirs et plaisirs. Rendons hommage à l'objet suprême de la dépendance, la joie qui ne se laisse jamais saisir, mais qui peut nous saisir, qui se reflète dans les miroirs du corps et de l'esprit sans pour autant leur appartenir, qui n'a de cesse tant qu'elle ne nous a pas complètement absorbés, qui est quand je ne suis pas. Elle se réjouit de mon absence, et s'épanouit dans ma présence. Hommage à elle, source de toute dépendance et libre de toute dépendance.

    *   *   *

    Philippe - Certains aspects de ce texte m'ont fait songer à une phrase de Pierre Feuga, qui dit approximativement : "Si tu ne célèbres pas ta Vie et la Création, tu insultes sa beauté". Et  ces paroles  dans les ouvrages de Neale Donald Walsch ("Conversation whith God") : "Un des aspects du divin est l'exaltation". Je pense aux chants soufis, par exemple, ou à la musique gnawa, aux musiques et rites chamaniques, etc. Le terme "dépendance", dans notre société, me  semble renvoyer l'Homme à un sujet social ou ni le divin, ni la nature spirituelle de l'être, n'ont de place. La "dépendance" semble d'abord vue comme une anomalie à traiter, le sujet  étant alors regardé comme non-conforme, moins "productif". Cependant , ce que vous nous dites, Jean-Marc, c'est que ce que le sujet cherche dans l'objet de sa dépendance - l'alcoolique avec la boisson par exemple - est finalement un chemin vers... la joie sans cause, l'unité, la révélation de l'Immuable.

    Oui. Sans le savoir, habituellement.

    Philippe - Le dépendant (celui qui cherche) serait en quelque sorte cherché par la joie une - la lumière de la vérité -, qui se servirait de ses sens et de ses penchants (son goût pour l'alcool) pour se rappeler à lui et le rappeler à sa réalité non finie, non humaine.

    C'est exact.

    Philippe - Qu'en est-il de notre véritable nature ? Est-elle une explosion d'extase renouvelée - épousailles et retrouvailles mystiques - ou extrême simplicité - vide -, ou bien les deux à la fois ?

    Vous ne pouvez définir votre véritable nature que par ce qu'elle n'est pas. Elle est ce qui reste dans l'absence de ce qu'elle n'est pas. La démarche soustractive évite de transformer votre nature en un concept qui vous en éloigne.

    Philippe - Notre véritable nature n'est pas localisée ?

    En effet, vous ne pouvez la localiser ni dedans, ni dehors, ni en haut, ni en bas, ni à gauche, ni à droite, ni devant, ni derrière.

    Philippe - N'a pas de corps ?

    Le corps tout entier repose en elle, comme le lotus dans l'étang. La conscience, connaisseur du corps, ne peut être de nature corporelle. Comment pourrait-on connaître un objet si nous étions cela ?

    Philippe - Se situe donc hors du plaisir ?

    Le plaisir est une expérience vécue par le connaisseur du plaisir, qui, lui, se situe en dehors du plaisir.

    Isabelle - La joie est sans objet. Est-ce un état, un état d'être ?

    Un état a un début et une fin. La joie peut ainsi être qualifiée de non-état, car elle n'a ni début, ni fin.

    Isabelle - La joie n'est-ce pas lorsque l'on ne sait pas dire pourquoi, ni comment on se sent joyeux ?

    Le silence est la nature de la joie. Le silence n'a pas besoin de parler pour se savoir silence.

    Isabelle - Le plaisir est toujours lié à l'objet du plaisir ?

    Le plaisir libéré de l'objet pointe vers la joie sans objet.

    Isabelle - La joie nous saisit, nous ne pouvons la saisir : elle ne se localise pas, ne se définit pas,  "je" y est absent ? La joie serait-elle l'absence du "je" ?

    Plus précisément, la présence à cette absence.

    Isabelle - La joie serait-elle l'expression de la Vie même qui est.... lorsque "je" n'est pas, lorsque "je" n'y suis pas, l'absence ? le vide ?

    L'absence et le vide sont encore quelque chose. Ils sont objets de connaissance pour le plein qui les contemple.

    Isabelle - Lorsque se fait la fusion du je avec l'arbre que je contemple, la musique que j'écoute, le mouvement que j'explore, je est absorbé, n'est plus séparé, alors la joie s'installe ?....

    Disons que la joie se révèle. Le soleil ne provient pas de l'absence des nuages. Leur absence ne fait que le révéler.

    Isabelle - Ne cherche t-on pas à retrouver l'absence du "je", c'est-à-dire le mental, par l'alcool, les drogues, les médicaments ?

    Oui, tout à fait, une fois de plus sans le savoir.

    Isabelle - La méditation, qui nous met sur le chemin de l'absence, est-elle le lieu privilégié de la joie ?

     

    Dans sa nature, la méditation est la joie. Elle n'est ni une technique, ni une action. On ne peut la localiser, bien qu'elle soit omniprésente. Vous êtes elle, à chaque instant. Ce n'est que l'habitude de vous identifier à la projection mentale qui vous le fait oublier.

    Elisa - Je verrais la dépendance en lien avec un sentiment de manque et de vide qu’elle viendrait combler, en rapport à un plein qui se cherche inlassablement, comme substitut au goût originel, que l’on connait par essence, mais que l’on croit avoir perdu… Je verrais aussi la dépendance comme la nostalgie de l’unité, comme ce besoin de recréer un sentiment de fusion avec l’éternité…fusion qui n’est en fait qu’illusoire dans le sens où elle ne nous a jamais quittés. Qu’en pensez-vous ?

    En effet, on ne peut être dépendant que de ce dont nous nous sentons séparés. C'est l'illusion d'optique de la séparation qui crée et maintient ce sentiment vivant. Si vous et moi sommes un, comment l'un pourrait-il être dépendant de lui-même ?

    Jacques - Les dépendances, quelles qu'elles soient, permettraient-elles de maintenir les créatures vivantes reliées au monde matériel, charnel, sensitivement palpable ? Ceci, peut être, pour qu'elles ne se "refondent" pas dans le domaine éternel, infini, indifférencié et somme toute innomable qu'est celui de l'Origine du tout ?

    La dépendance maintient le sentiment d'une existence séparée, et donc d'un personnage qui donne l'impression d'indépendance. Dans le sommeil profond, la séparation se résorbe, en même temps que disparaît la pensée "moi".

    Sébastien - A l'instant où nous prenons du plaisir, sommes-nous dans la joie sans cause ?

    Oui, à chaque instant, vous êtes cela. La joie se dévoile au mieux après que le plaisir ait été comblé. A cet instant, il y a un moment sans désir, qui est l'équivalent de l'espace séparant l'expiration de l'inspiration suivante; un espace de pure conscience, qu'il convient d'habiter et non d'objectiver.

    Sébastien - Le piège serait-il d'associer ce plaisir à ce que nous faisons sur le moment ?

    Oui.

    Sébastien - De croire que je suis heureux par exemple parce que je fais cette activité ?

    Oui. Le bonheur est sans cause. Vous êtes le bonheur, et l'activité se déroule en vous.

    Anne - Il est, ici, très peu question de souffrance, alors que la plupart du temps, la dépendance nous fait pourtant bien souffrir.

    Ce n'est pas tant la dépendance qui fait souffrir, mais le refus de la dépendance, et donc le désir d'indépendance. La dépendance est inévitable dans le monde des formes, qui est régi par l'interdépendance. Mais, vous, connaisseur des conditionnements, êtes inconditionné. En vous rappelant de votre nature inconditionnée, c'est la liberté naturelle de l'être qui s'éveille en vous.

    Jean-François - En anglais existe l'expression : Self-dependance, la dépendance au Soi. Qu'on le sache ou pas, qu'on le veuille ou pas, c'est ainsi.

    C'est bien dit ainsi. Notre nature véritable est en effet la seule dépendance qui ne peut être abandonnée, et la seule à ne dépendre que d'elle-même.

    Michel - La dépendance est une obligation qui s'impose au moi. Sinon elle n'existerait pas. La seule liberté me semble être dans l'acceptation de cette non-liberté. Cette acceptation supprime le support de l'obligation, à savoir le moi. Autrement dit, s'accepter dépendant rend indépendant. Le problème est, effectivement, le plaisir. Plus précisément : la mémoire du plaisir, qui pousse à rechercher le même résultat et donc réactive le moi, support de la dépendance. Observer la dépendance, sans culpabilité, est possible ; observer le plaisir qui préside à la dépendance, sans culpabilité non plus, est également possible. La difficulté survient dans la durée, car la dépendance observée sans y céder est adossée à l'insatisfaction. Il est donc nécessaire d'observer aussi l'insatisfaction. Dès lors, il y a deux possibilités : soit pérenniser l'observation de l'insatisfaction, si l'on en est capable, et le temps disparait avec l'affaiblissement du moi qui se dissout dans l'observation, soit libérer la dépendance et simplement observer son accomplissement : savourer sa dépendance, en quelque sorte. Si la conscience est maintenue, la dépendance finit par disparaitre par pure acceptation inconditionnelle de son existence. Quelque chose s'est rempli, et il est mis fin à cette fonction.

    Oui, cela semble bien fonctionner ainsi.

    Denise - La dépendance : est-ce vraiment une question ...? Ne sommes nous pas dépendants les uns les autres de nos systèmes de vie : culturel, géographique, social, familial et de nos mécanismes de fonctionnement du corps ? Ne sommes-nous pas continuellement dans des interactions de nos situations quelles qu'elles soient, qui nous permettent de vivre l'écoute, la disponibilité, l'accueil, la tendresse, la joie, l'amour par cet effet de résonance ; la dépendance : moyen, outil, support pour percevoir le non-perçu, si cela doit se vivre dans cet instant ou se répéter jusqu'à absorption de l'ignorance, voile de l'ego. La dépendance ne serait-elle pas l'école de la vie, qui, quand la leçon est sue, ne nécessite plus le livre qui l'a portée ? La dépendance ne serait-elle pas l'ouverture de conscience, à son rythme, de la connaissance de nos schémas libératoires et enfermés ?

    Vous soulignez bien l'interdépendance qui régit le manifesté, et l'illusion de l'indépendance, qui ne peut concerner le manifesté, mais renvoie à la liberté propre au non-manifesté. L'autonomie désirée est ainsi une autonomie spirituelle, mais non matérielle. C'est par le pouvoir de projection du mental qu'elle est cherchée là où elle ne se trouve pas.

     LE PLAISIR ET LA JOIE, HYMNE À L'IMPÉRISSABLE 

    Dr Jean-Marc Mantel

    Un texte écrit à l'attention d'un ouvrage collectif, trilingue allemand-anglais-français, sur la dépendance,
    qui sera publié par
    l'association allemande de Médecine et Philosophie, en l'honneur du Dr Rémo Bernasconi.

     

     

     


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    Quand quelqu’un vous critique, vous fait des reproches ou vous traite de tous les noms, au lieu de rétorquer immédiatement ou de vous défendre, ne faites rien.

    Laissez l’image de votre moi être diminuée et observez avec diligence la façon dont vous vous sentez au plus profond de vous. Pendant quelques secondes, vous vous sentirez peut-être mal à l’aise, comme si vous aviez rétréci. Puis, vous sentirez une vastitude intérieure intensément vivante. Mais vous n’avez pas diminué du tout. Au contraire, vous avez pris de l’expansion. Il se pourrait ensuite que vous fassiez une découverte époustouflante : quand vous êtes apparemment diminué et que vous ne réagissez absolument pas, c’est-à-dire pas seulement extérieurement mais également intérieurement, vous réalisez que rien de réel n’a été diminué, qu’en devenant moins vous êtes devenu plus.

    Quand vous ne renforcez plus la forme de votre moi, vous vous dissociez de l’identification à la forme, de l’image mentale de votre moi. En devenant moins (selon la perception de l’ego), vous connaissez en fait une expansion et vous faites de la place pour que l’Être puisse se manifester. Le vrai pouvoir, c’est-à-dire ce que vous êtes au-delà de la forme, peut enfin briller à travers la forme apparemment affaiblie".

    Eckhart Tolle
    (Nouvelle Terre, p.182-183.)

    Image associée

    La peur, la colère, l'anxiété comme toute autre émotion ou pensée, sont des visiteurs temporaires.

    Ils apparaissent à un certain moment dans le temps, restent en toi pendant quelques minutes, puis s'en vont.

    Toi, la conscience perceptive, es là tout le temps, comme le fond sur lequel toutes les émotions et les pensées apparaissent et disparaissent.

    Penses à l'écran de cinéma et aux images qui y sont projetées.
    L'écran n'est pas brûlé par les images enflammées, ni trempé dans les images de pluie ou de cascade.

    De même, tu es l'écran sur lequel les pensées et les sentiments sont projetés.
    Tu restes intact et intact dans la réalité.

    Comprendre ta vraie position en tant que témoin non affecté de tout est le but de la pratique de la méditation.

    En d'autres termes, tu n'es pas ta peur, tu n'es pas ta colère.
    Tu n'es pas tes émotions.

    Et tu n'es pas non plus tes pensées.

    Parce qu'elles vont et viennent, mais toi tu restes la/le-même.

    Il te faudra du temps pour réaliser pleinement ce fait.

    Pourtant, cela vaut la peine de s'y attarder, car cela apporte une grande liberté et une paix intérieure.

    Prends l'habitude de regarder le contenu de ton esprit.

    Objective tes pensées et tes sentiments, en te rappelant qu'elles ne sont que des visiteurs temporaires, et que tu n'es qu'un observateur.

    Pema Chodron

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    "Quand vous savez que tout ce qui se passe n'apparaît que sur l'écran de la conscience, et que vous êtes vous-même l'écran sur lequel tout cela apparaît, rien ne peut vous toucher, vous blesser ou vous faire peur."

    Swami Annamalai

     


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    La joie est la matière la plus rare dans ce monde.

     

    Elle n'a rien à voir avec l'euphorie, l'optimisme ou l'enthou­siasme.

     

    Elle n'est pas un sentiment. Tous nos sentiments sont soupçonnables.

     

    La joie ne vient pas du dedans, elle surgit du dehors

    — une chose de rien, circulante, aérienne, volante.

     

    On lui accorde beaucoup moins de crédit qu'à la tristesse qui, elle,

    fait valoir ses antécédents, son poids, sa profondeur.

     

    La joie n'a aucun antécédent, aucun poids, aucune profondeur.

     

    Elle est toute en commencements, en envols, en vibrations d'alouette.

     

    C'est la chose la plus précieuse et la plus pauvre du monde.

     

    Il n'y a guère que les enfants pour la voir.

     

    Les enfants, les saints, les chiens errants.

     

    Et toi.

     

    Tu l'attrapes au vol, tu la redonnes aussitôt, il n'y a rien d'autre à en faire.

     

    Et tu ris, tu ne sais que rire devant tant de richesse donnée, reçue.

     

    Tu as pourtant à faire, comme chacun, à cette chose terrible dans ta vie, à cette ombre terriblement lourde, dure, âpre.

     

    Tu lui fais place comme au reste.

     

    Tu ouvres la porte à la tristesse si aimablement qu'elle en est perdue, qu'elle en perd ses manières sombres et qu'on ne la reconnaît plus."

     

    Extraits... "La plus que vive" Bobin Christian

     

     

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