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Supériorité
Le citadin est imbu de sa supériorité
Et le paysan est persuadé de sa supériorité
Le bourreau est tout sacré de sa supériorité
Et la victime est toute sainte de sa supériorité.
L’homme fourbe est tout savant de sa supériorité
Et l’individu vertueux se rengorge de sa supériorité.
L’artiste est convaincu de sa supériorité
Et le boutiquier se félicite de sa supériorité.
L’ouvrier se barricade de supériorité,
L’intellectuel s’électrise de supériorité
Et tous, de cette façon
Dans une fraternité surprenante
Celle qu’on chercherait en vain
A réaliser par des moyens pacifiques
Pilent, pillent, dépècent, écorchent
Et convoient à sa fin malheureuse
Ce monde humain.
Le poète toujours doublé d’un haïsseur
Médisant de tous sauf de lui-même
Ou de ce qu’il pense aimer
N’est pas d’une essence plus pure
Ni plus amène.
Je ne sais s’il vaut mieux quand il déclare
Qu’il est
Délibérément, décidément
Et définitivement inhumain.
Car ce n’est là qu’une supériorité comme une autre
Très loin de la véritable supériorité.
Indicible mérite qui ne s’encense pas.
Adrian MIATLEV (1910-1965)
"Contre-crieur de contre-journaux, mon travail c'est de ruiner tout le monde sur mon passage, en gueulant."
Ravageur permanent, ardent polémiste, il était le féroce critique de "La Tour de Feu".
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Commentaires
11daniellegMercredi 13 Novembre 2013 à 14:0610naradamuni/Sans, ni+Mercredi 13 Novembre 2013 à 14:06Du même contre-crieur
La paille dans la poutre
Si la poésie pour vous c'est sourire
Vous épanouir et vous attendrir
Devant tel pitre éminemment sympathique
Qui vous exprime à merveille -
Je vous dis de me laisser crever en paix.Si telle rencontre ne doit signifier
Qu'un quelconque bonheur
Suivi d'une énorme sécrétion de paroles
Et d'un grand flux de pensées -
Je vous dis qu'il valait mieux passer votre chemin.Et je dis que si pour vous la poésie
Consiste en la seule description de vos sensations
Devant une fleurette, une pierrette
Ou le néant mal compris de toutes chosesJe dis que votre joie de vivre emmerde le monde
Avec succès. Et que la simplicité
N'est pas, ô insectes nés d'hier
Ce piège qui vous encolle
Jusques à la fin - je le crains.Adrian MIATLEV (1910-1965)
9daniellegMercredi 13 Novembre 2013 à 14:06Lorsque l'on Est vraiment dans l'instant Présent, il n'y a plus de place pour le 'je', donc plus rien de toutes ces supériorités, qui sont le mental ne peuvent exister, du moins tant que l'on reste dans le Présent.
Attention alors lorsque l'on en sort!
Et dire que cette soi-disant "supériorité" ne cache rien d'autre qu'un énorme manque de confiance en soi.... Quand on l'a compris, on devient plus humble...
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