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    Dans notre relation à autrui, nous devons, nous dit Eckhart Tolle, rester entièrement présent sans se référer au passé; sinon, on ne fait que calquer des schémas de pensées sur une situation totalement nouvelle. En demeurant ancré dans le présent, nous donnons à l'autre la possibilité d'être ce qu'il est en ce moment même et, à nous, de ne pas fonctionner sur un mode réactif basé sur un passé qui n'a plus lieu d'être.

    Eckhart Tolle souligne que rester présent à soi lorsqu'on est face à quelqu'un avec qui l'on a partagé un passé commun relève d'une gageure, car plus le passé partagé avec quelqu'un est long, plus les vieux schémas et les vieilles habitudes comportementales ont tendance à ressurgir.

     

     

     


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    Les émotions

     

     

     

    La personne est une fantaisie

     

     

     

    Eloignement

     

     

     

     

     


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    Jules Supervielle, poète de la connaissance de soi, est aussi celui de la compassion pour tous les êtres qui souffrent, comme cette petite fille définitivement solitaire, perdue dans un village voué à l'océan....

     

    Trouvé chez Accouphène

     

     

    L'Enfant de la haute mer est un recueil de huit nouvelles de l'écrivain français Jules Supervielle. Il a paru en 1931 aux éditions de la Librairie Gallimard (aujourd'hui les éditions Gallimard). Il reprend cinq contes parus en revue (entre 1924 et 1930) et en ajoute trois inédits. Tous évoquent des personnages en marge avec des éléments de fantastique.

     

    L'Enfant de la haute mer est une petite fille prisonnière d'une rue flottante, suscitée par la force du souvenir de son père, qui songe à sa fille morte, alors qu'il effectue un voyage en mer. L'Inconnue de la Seine (inspiré du fait-divers éponyme) est une jeune femme noyée qui dérive jusqu'au fond de l'océan où elle doit apprendre à vivre selon les coutumes des autres noyés. Les Boiteux du ciel sont un couple qui s'est raté dans la vie et se retrouve après leur mort dans un espace céleste où s'ennuient les Ombres des anciens habitants de la Terre.

     

    Wikipedia

     

     

    Comment s'était formée cette rue flottante? Quels marins, avec l'aide de quels architectes, l'avaient construite dans le haut Atlantique à la surface de la mer, au-dessus d'un gouffre de six mille mètres ? Cette longue rue aux maisons de briques rouges si décolorées qu'elles prenaient une teinte gris-de-France, ces toits d'ardoise, de tuile, ces humbles boutiques immuables ? Et ce clocher très ajouré ? Et ceci qui ne contenait que de l'eau marine et voulait sans doute être un jardin clos de murs, garnis de tessons de bouteilles, par-dessus lesquels sautait parfois un poisson ?
    Comment cela tenait-il debout sans même être ballotté par les vagues ?
    Et cette enfant de douze ans si seule qui passait en sabots d'un pas sûr dans la rue liquide, comme si elle marchait sur la terre ferme ? Comment se faisait-il... ?
    Nous dirons les choses au fur et à mesure que nous les verrons et que nous saurons. Et ce qui doit rester obscur le sera malgré nous.

    A l'approche d'un navire, avant même qu'il fût perceptible à l'horizon, l'enfant était prise d'un grand sommeil, et le village disparaissait complètement sous les flots. Et c'est ainsi que nul marin, même au bout d'une longue-vue, n'avait jamais aperçu le village ni même Soupçonné son existence.
    L'enfant se croyait la seule petite fille au monde. Savait-elle seulement qu'elle était une petite fille ?
    Elle n'était pas très jolie à cause de ses dents un peu écartées, de son nez un peu trop retroussé, mais elle avait la peau très blanche avec quelques taches de douceur, je veux dite de rousseur. Et sa petite personne commandée par des yeux gris, modestes mais très lumineux, vous faisait passer dans le corps, jusqu'à l'âme, une grande surprise qui arrivait du fond des temps.
    Dans la rue, la seule de cette petite ville, l'enfant regardait parfois à droite et à gauche comme si elle eût attendu de quelqu'un un léger salut de la main ou de la tête, un signe amical. Simple impression qu'elle donnait, sans le savoir, puisque rien ne pouvait venir, ni personne, dans ce village perdu et toujours prêt à s'évanouir.
    De quoi vivait-elle ? De la pêche ? Nous ne le pensons pas. Elle trouvait des aliments dans l'armoire et le garde-manger de la cuisine, et même de la viande tous les deux ou trois jours. Il y avait aussi pour elle des pommes de terre, quelques autres légumes, des oeufs de temps en temps.
    Les provisions naissaient spontanément dans les armoires. Et quand l'enfant prenait de la confiture dans un pot, il n'en demeurait pas moins inentamé, comme si les choses avaient été ainsi un jour et qu'elles dussent en rester là éternellement.
    Le matin, une demi-livre de pain frais, enveloppé dans du papier, attendait l'enfant sur le comptoir de marbre de la boulangerie, derrière lequel elle n'avait jamais vu personne, même pas une main, ni un doigt, poussant le pain vers elle.
    Elle était debout de bonne heure, levait le rideau de métal des boutiques (ici on lisait: Estaminet et là: Forgeron ou Boulangerie Moderne, Mercerie), ouvrait les volets de toutes les maisons, les accrochait avec soin à cause du vent marin et, suivant le temps, laissait ou non les fenêtres fermées. Dans quelques cuisines elle allumait du feu afin que la fumée s'élevât de trois ou quatre toits.
    Une heure avant le coucher du soleil elle commençait à fermer les volets avec simplicité. Et elle abaissait les rideaux de tôle ondulée.
    L'enfant s'acquittait de ces tâches, mue par quelque instinct, par une inspiration quotidienne qui la forçait à veiller à tout. Dans la belle saison, elle laissait un tapis à une fenêtre ou du linge à sécher, comme s'il fallait à tout prix que le village eût l'air habité, et le plus ressemblant possible.
    Et toute l'année, elle devait prendre soin du drapeau de la mairie, si exposé.
    La nuit, elle s'éclairait de bougies, ou causait à la lumière de la lampe. On trouvait aussi l'électricité dans plusieurs maisons de la ville, et l'enfant tournait les commutateurs avec grâce et naturel.
    Une fois elle fit, au heurtoir d'une porte, un Nœud de crêpe noir. Elle trouvait que cela faisait bien.
    Et cela resta là deux jours, puis elle le cacha.
    Une autre fois, la voilà qui se met à battre du tambour, le tambour du village, comme pour annoncer quelque nouvelle. Et elle avait une violente envie de crier quelque chose qu'on eût entendu d'un bout à l'autre de la mer, mais sa gorge 'se serrait, nul son n'en sortait. Elle fit un effort si tragique que son visage et son cou en devinrent presque noirs, comme ceux des noyés. Puis il fallut ranger le tambour à sa place habituelle, dans le coin gauche, au fond de la grande salle de la mairie.
    L'enfant accédait au clocher par un escalier en colimaçon aux marches usées par des milliers de pieds jamais vus. Le clocher qui devait bien avoir cinq cents marches, pensait l'enfant (il en avait quatre-vingt-douze), laissait voir le ciel le plus qu'il pouvait entre ses briques jaunes. Et il fallait contenter l'horloge à poids en la remontant à la manivelle pour qu'elle sonnât vraiment les heures, jour et nuit.
    La crypte, les autels, les saints de pierre donnant des ordres tacites, toutes ces chaises à peine chuchotantes qui attendaient, bien alignées, des êtres de tous les âges, ces autels dont l'or avait vieilli et désirait vieillir encore, tout cela attirait et éloignait l'enfant qui n'entrait jamais dans la haute maison, se contentant d'entrouvrir parfois la porte capitonnée, aux heures de désœuvrement, pour jeter un regard rapide à l'intérieur, en retenant son souffle.
    Dans une malle de sa chambre se trouvaient des papiers de famille, quelques cartes postales de Dakar, Rio de Janeiro, Hong Kong, signées : Charles ou C. Liévens, et adressées à Steenvoorde (Nord). L'enfant de la haute mer ignorait ce qu'étaient ces pays lointains et ce Charles et ce Steenvoorde.
    Elle conservait aussi, dans une armoire, un album de photographies. L'une d'elles représentait une enfant qui ressemblait beaucoup à la fillette de l'Océan, et souvent celle-ci la contemplait avec humilité: c'était toujours l'image qui lui paraissait avoir raison, être dans le vrai; elle tenait un cerceau à la main. L'enfant en avait cherché un pareil dans toutes les maisons du village. Et un jour elle pensa avoir trouvé: c'était un cercle de fer d'un tonneau, mais à peine eut-elle essayé de courir avec lui dans la rue marine que le cerceau gagna le large.
    Dans une autre photographie, la petite fille se montrait entre un homme revêtu d'un costume de matelot et une femme osseuse et endimanchée. L'enfant de la haute mer qui n'avait jamais vu d'homme ni de femme, s'était longtemps demandé ce que voulaient ces gens, et même au plus fort de la nuit, quand la lucidité vous arrive parfois tout d'un coup, avec la violence de la foudre.
    Tous les matins elle allait à l'école communale avec un grand cartable enfermant des cahiers, une grammaire, une arithmétique, une histoire de France, une géographie.
    Elle avait aussi de Gaston Bonnier, membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne, et Georges de Layens, lauréat de l'Académie des Sciences, une petite flore contenant les plantes les plus communes, ainsi que les plantes utiles et nuisibles avec huit cent quatre-vingt-dix-huit figures.
    Elle lisait la préface :
    « Pendant toute la belle saison, rien n'est plus aisé que de se procurer, en grande quantité, les plantes des champs et des bois. »
    Et l'histoire, la géographie, les pays, les grands hommes, les montagnes, les fleuves et les frontières, comment s'expliquer tout cela pour qui n'a que la rue vide d'une petite ville, au plus solitaire de l'Océan. Mais l'Océan même, celui qu'elle voyait sur les cartes, elle ne savait pas se trouver dessus, bien qu'elle l'eût pensé un jour, une seconde. Mais elle avait chassé l'idée comme folle et dangereuse.
    Par moments, elle écoutait avec une soumission absolue, écrivait quelques mots, écoutait encore, se remettait à écrire, comme sous la dictée d'une invisible maîtresse. Puis l'enfant ouvrait une grammaire et restait longuement penchée, retenant son souffle, sur la page 60 et l'exercice CLXVIII, qu'elle affectionnait. La grammaire semblait y prendre la parole pour s'adresser directement à la fillette de la haute mer :
    - Etes-vous ? - pensez-vous ? - parlez-vous ? - voulez-vous ? - faut-il s'adresser ? - se passe-t-il - accuse- t-on ? - êtes-vous coupable ? - est-il question ? - tenez-vous ce cadeau ? eh! -vous plaignez-vous ?
    (Remplacez les tirets par le pronom interrogatif convenable, avec ou sans préposition.)

    Parfois l'enfant éprouvait un désir très insistant d'écrire certaines phrases. Et elle le faisait avec une grande application.
    En voici quelques-unes, entre beaucoup d'autres :
    - Partageons ceci, voulez-vous ?
    - Écoutez-moi bien. Asseyez-vous, ne bougez pas, je vous en supplie .
    - Si j'avais seulement un peu de neige des hautes montagnes la journée passerait plus vite. - Écume, écume autour de moi, ne finiras-tu pas par devenir quelque chose de dur ?
    - Pour faire une ronde il faut au moins être trois.
    - C'étaient deux ombres sans tête qui s'en allaient sur la route poussiéreuse.
    - La nuit, le jour, le jour, la nuit, les nuages et les poissons volants.
    - J'ai cru entendre un bruit, mais c'était le bruit de la mer .
    Ou bien elle écrivait une lettre où elle donnait des nouvelles de sa petite ville et d'elle-même. Cela ne s'adressait à personne et elle n'embrassait personne en la terminant et sur l'enveloppe il n 'y avait pas de nom.
    Et la lettre finie, elle la jetait à la mer -non pour s'en débarrasser, mais parce que cela devait être ainsi -et peut-être à la façon des navigateurs en perdition qui livrent aux flots leur dernier message dans une bouteille désespérée.
    Le temps ne passait pas sur la ville flottante : l'enfant avait toujours douze ans. Et c'est en vain qu'elle bombait son petit torse devant l'armoire à glace de sa chambre. Un jour, lasse de ressembler avec ses nattes et son front très dégagé à la photographie qu'elle gardait dans son album, elle s'irrita contre elle-même et son portrait, et répandit violemment ses cheveux sur ses épaules espérant que son âge en serait bouleversé. Peut-être même la mer, tout autour, en subirait-elle quelque changement et verrait-elle en sortir de grandes chèvres à la barbe écumante qui s'approcheraient pour voir.
    Mais l'Océan demeurait vide et elle ne recevait d'autres visites que celles des étoiles filantes.
    Un autre jour il y eut comme une distraction du destin, une fêlure dans sa volonté. Un vrai petit cargo tout fumant, têtu comme un bull-dog et tenant bien la mer quoiqu'il fût peu chargé (une belle bande rouge éclatait au soleil sous la ligne de flottaison), un cargo passa dans la rue marine du village sans que les maisons disparussent sous les flots ni que la fillette fût prise de sommeil.
    Il était midi juste. Le cargo fit entendre sa sirène, mais cette voix ne se mêla pas à celle du clocher. Chacune gardait son indépendance.
    L'enfant, percevant pour la première fois un bruit qui lui venait des hommes, se précipita à la fenêtre et cria de toutes ses forces :
    « Au secours! »
    Et elle lança son tablier d'écolière dans la direction du navire.
    L 'homme de barre ne tourna même pas la tête. Et un matelot, qui faisait sortir de la fumée de sa bouche, passa sur le pont comme si de rien n'était. Les autres continuèrent de laver leur linge, tandis que, de chaque côté de l'étrave, des dauphins s'écartaient pour céder la place au cargo qui se hâtait.
    La fillette descendit très vite dans la rue, se coucha sur les traces du navire et embrassa si longuement son sillage que celui-ci n'était plus, quand elle se releva, qu'un bout de mer sans mémoire, et vierge. En rentrant à la maison, l'enfant fut stupéfaite d'avoir crié: « Au secours! » Elle comprit alors seulement le sens profond de ces mots. Et ce sens l'effraya. Les hommes n'entendaient-ils pas sa voix ? Ou ils étaient sourds et aveugles, ces marins ? Ou plus cruels que les profondeurs de la mer ?
    Alors une vague vint la chercher qui s'était toujours tenue à quelque distance du village, dans une visible réserve. C'était une vague énorme et qui se répandait beaucoup plus loin que les autres, de chaque côté d'elle-même. Dans le haut, elle portait deux yeux d'écume parfaitement imités. On eût dit qu'elle comprenait certaines choses et ne les approuvait pas toutes. Bien qu'elle se formât et se défît des centaines de fois par jour, jamais elle n'oubliait de se munir, à la même place, de ces deux yeux bien constitués. Parfois, quand quelque chose l'intéressait, on pouvait la surprendre qui restait près d'une minute la crête en l'air, oubliant sa qualité de vague, et qu'il lui fallait se recommencer toutes les sept secondes.
    Il y avait longtemps que cette vague aurait voulu faire quelque chose pour l'enfant, mais elle ne savait quoi. Elle vit s'éloigner le cargo et comprit l'angoisse de celle qui restait. N'y tenant plus, elle l'emmena non loin de là, sans mot dire, et comme par la main.
    Après s'être agenouillée devant elle à la manière des vagues, et avec le plus grand respect, elle l'enroula au fond d'elle-même, la garda un très long moment en tâchant de la confisquer, avec la collaboration de la mort. Et la fillette s'empêchait de respirer pour seconder la vague dans son grave projet.
    N'arrivant pas à ses fins, elle la lança en l'air jusqu'à ce que l'enfant ne fût pas plus grosse qu'une hirondelle marine, la prit et la reprit comme une balle, et elle retombait parmi des flocons aussi gros que des oeufs d'autruche.
    Enfin, voyant que rien n'y faisait, qu'elle ne parviendrait pas à lui donner la mort, la vague ramena l'enfant chez elle dans un immense murmure de larmes et d'excuses.
    Et la fillette qui n'avait pas une égratignure dut recommencer d'ouvrir et de fermer les volets sans espoir, et de disparaître momentanément dans la mer dès que le mât d'un navire pointait à l'horizon.

    Marins qui rêvez en haute mer, les coudes appuyés sur la lisse, craignez de penser longtemps dans le noir de la nuit à un visage aimé. Vous risqueriez de donner naissance, dans des lieux essentiellement désertiques, à un être doué de toute la sensibilité humaine et qui ne peut pas vivre ni mourir, ni aimer, et souffre pourtant comme s'il vivait, aimait et se trouvait toujours sur le point de mourir, un être infiniment déshérité dans les solitudes aquatiques, comme cette enfant de l'Océan, née un jour du cerveau de Charles Liévens, de Steenvoorde, matelot de pont du quatre-mâts Le Hardi, qui avait perdu sa fille âgée de douze ans, pendant un de ses voyages, et, une nuit, par 55 degrés de latitude Nord et 35 de longitude Ouest, pensa longuement à elle, avec une force terrible, pour le grand malheur de cette enfant.    

     

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    "Il suffit d'avoir été touché une seule fois et ça éclaire toute la vie"

     

    "Accueillir, c'est de dire qu'on n'a pas le choix, c'est là. C'est prendre acte de la réalité sans construire de l'imaginaire sur ce qui devrait être. C'est souffrir que de voir la réalité d'un côté et de ce qui aurait du être de l'autre côté. S'il n'y a pas d'imaginaire, il n'y a pas de souffrance. Les situations ne sont pas douloureuses en elles-même. C'est la résistance aux situations qui sont douloureuses"

     

    "La souffrance, c'est la création d'un personnage"

     

    "On  raconte ses petites misères pour se donner le sentiment d'exister"

     

    "Les gens les plus heureux sont ceux qui se tournent vers les autres au lieu de se lamenter à se regarder le nombril"

     

     

     

     

    ***************
    Cette  retranscription ci-dessous a été faite par Emmanuel:

    Il suffit d'être touché une fois, une seule fois dans la vie, par la vie, mais vraiment touché et ça suffit. Ça éclaire tout le reste de la vie. Ça éclaire tout ce qu'on pense, tout ce qu'on dit, tout ce qu'on fait.

    Pendant longtemps on a essayé de se transformer, de se changer, en changeant son comportement. Vous avez vu ça ne marche pas.

    En changeant sa manière de penser, ça marche pas beaucoup plus.

     

    Pourquoi ? Parce qu' on a toujours gardé le même point de vue. C'est-à-dire qu'on toujours eu un point de vue.

    Tant qu'on a un point de vue, on vit dans la peur. C'est imanquable, ça va ensemble.

    Avoir un point de vue c'est se localiser continuellement dans toutes les situations, c'est se référer à l'image de soi-même qu'on a fabriquée. On a fabriqué le monde au complet pour soutenir cette image de soi-même.


    Ca ne veut pas dire que le monde n'existe pas mais il n'est pas ce qu'on croit, ce que l'on en a fait.

    Il faut voir qu'on a construit un corps de peur, un corps de manque, un corps de soif, un corps de désir continuellement. Et c'est ça que j'appelle se localiser. Toujours se mettre en situation par rapport à tout.

     

    Alors que ce que j'appelle se laisser toucher c'est regarder sans point de vue, pur regard, non pas quelqu'un qui regarde quelque chose. Tôt ou tard l'intensité du regard brûle la chose qui est regardée, enfin brûle l'apparence de chose de ce qui est regardé et brûle aussi l'imaginaire de quelqu'un qui regarde.

    C'est là une forme d'existence ce que l'on appelle moi mais c'est une forme d'existence et nos difficultés viennent de ce qu'on confond comment l'on est avec ce que l'on est. Comment on est c'est la personnalité. C'est ça qui se lève le matin, qui se réveille, qui recommence à désirer, à avoir peur, à souhaiter qui arrive ceci plutôt que cela, qui se demande si ça va bien aller, qui est inquiète. C'est ça la personnalité. C'est ça qui saute hors du lit le matin, la personne-alitée, voilà.

    On se rappelle ce qu'on croit être chaque matin. S'il n'y avait pas la mémoire, il n'y aurait pas la personnalité. C'est la mémoire. Ce que l'on appelle le corps, c'est aussi une forme de mémoire qui a beaucoup d'inertie d'ailleurs.


    Vous pouvez changer votre mental, il change aussi mais le corps suit plus lentement dans tout. Ca prend des années avant que votre corps porte les traces de tout ce que vous avez mis dedans, qui est bon ou mauvais, surtout mauvais, et ça prend du temps aussi avant qu'il redevienne comment il était. Si toutefois, il redevient comme il était. Mais dans tout le corps est une mémoire qui a plus d'inertie que la mémoire mentale.

    Regardez d'ailleurs si voulez traverser la rue, votre mental est déjà de l'autre côté de la rue. Votre corps traîne encore de ce côté ci.

    C'est comme cela dans tout. Quelque chose qui est plus cristalisé mais c'est une forme de mémoire. A ce niveau là tout n'est que mémoire.


    Alors quand je me réveille le matin ce n'est pas moi qui se réveille, c'est la personnalité qui se réveille. La personne, personna. Chez les romains c'était le masque que les acteurs portaient. Il y avait un trou pour la bouche, pour que le son puisse passer à travers. Personnare, la personne. Ce qu'on appelle une personne humaine ou autre, c'est pas très différent, c'est encore un masque pour que le son puisse passer à travers. Le son, les idées, les pensées, le regard. Et ce son il est impersonnel. Ce qui vit vraiment notre vie est impersonnel. Quand on entend ce mot là impersonnel, on pense à quelque chose qui est froid, non ce n'est pas ça, au contraire. Ce qui est froid, c'est se croire une personne. c'est avoir froid. C'est être frileux, c'est vivre de manière frileuse. Etre quelqu'un. De manière petite, de manière mesquine.

     

    On est pas fait pour vivre aussi petit que ça. On est immense. On est sans borne. Alors on ne se contente jamais de toutes les bornes que l'on s'impose soi-même, que les autres voudraient nous imposer. On se révolte facilement contre la dictature des autres. Mais on laisse faire le dictateur qui est constamment à l'oeuvre ici (pointant de son doigt sa tempe) qui nous dit, dicte qu'on est ceci, qu'on est cela.


    Et on ne voit plus très bien. C'est par habitude, on s'est mis à vivre par habitude. Alors qu'on est fait pourvivre dans l'éclat, la beauté dans quelque chose qui est sans limite. Alors on pourrait dire c'est dommage d'avoir commencé à vivre dans l'habitude. On est en train de manquer le plus beau de la vie pendant qu'on s'inquiète de petites choses minuscules, microscopiques.

    C'est pas qu'il ne faut pas s'occuper du quotidien. Mais s'inquiéter c'est autre chose. S'occuper de, être attentif, être diligent. C'est le fait de la vie, c'est l'amour ça. Mais s'inquiéter c'est le fait de la pensée petite, de la pensée frileuse qui a peur.

     

    Et toutes les peurs sont une seule peur. La peur de la mort, la peur de ne pas être en existence (?) qui est très réelle mais qui est fondée sur un imaginaire, imaginaire d'être quelqu'un. Vous ne pouvez pas avoir peur de la mort si vous n'avez pas le sentiment très profond que ce n'est pas possible que vous mourriez. C'est parce qu'on a tous ce sentiment très profond, indélébile

    qui ne peut pas partir. Et en même temps on tient quelque chose, la croyance d'être quelqu'un, d'être quelque chose, d'être une entité séparée des énergies, de l'univers; Et les deux, un qui est la réalité, qui va jamais disparaître, et un autre qu'on veut pas laisser. Et la rencontre des deux dans le cerveau produit quelque chose comme une sorte de révolte. Parce que c'est ça la peur de la mort d'où découle toutes les peurs. La peur de la mort c'est "non ..." "c'est pas possible", "ça se peut pas", c'est un mouvement, une sorte de révolte et on a bien raison c'est pas possible. Mais comme on voit pas clairement, qu'on est encore en train de tenir cette chose, ou ce qu'on croit être, cette restriction de soi-même, qu'on appelle moi, on veut pas le lâcher, on est mis devant l'évidence qu'un jour on va mourir, on va tous mourir un jour. Alors on comprend pas. On ne comprend pas l'idée qu'on s'est fait de la mort, c'est normal, ça n'existe pas. c'est pour cela qu'on ne peut pas y comprendre. C'est pas important de savoir ce qui se passe après la mort, juste savoir ce qui se passe actuellement, ça suffit. Parce que c'est la même chose. Si vous voulez en savoir plus, comme je disais hier, vous demanderez à mon chauffeur (rires) "il sait tout". Si vous savez exactement ce qui est en jeu maintenant, vous savez ce qui est en jeu tout le temps.Si vous voulez savoir si le riz est cuit, vous avez pas besoin de vider la casserole. Vous goûtez à un ou deux grains et ça suffit. Si vous connaissez la vraie nature d'un seul élément du rêve, vous les connaissez tous, c'est le rêveur. il y a pas un seul élément du rêve qui est séparé d'un iota de la conscience du rêveur. Transposez dans...

    (Fin de la vidéo.)

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  • Trouvé chez Maria

     

    Magnifique!

     

     

     

     

     

    Je répondrai bientôt à vos derniers commentaires. Merci!

     


    5 commentaires
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  • http://clairemarie.blog.24heures.ch/media/01/02/1129531011.JPG

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    Lytta Basset est pasteure et théologienne franco-suisse. Professeure de théologie à l'Université de Lausanne, c'est au mal qu'elle a consacré sa thèse de Doctorat . Publié il y a une dizaine d'années, l'ouvrage " De l'abîme du mal au pouvoir de pardonner " est aujourd'hui disponible en deux volumes et en format de poche chez Albin Michel ("Guérir du malheur" et "Le Pouvoir de pardonner"). Dans ces deux volumes, l'auteure invite le lecteur à un chemin de guérison à la lumière des Ecritures. Pour elle, tout être humain possède en lui le pouvoir de pardonner, à condition qu'il accepte de mettre à nu sa blessure, de regarder vraiment ce qui s'est passé et de tout "laisser aller". Une telle "bonne nouvelle" vaut la peine de travailler sur soi : ainsi est-on entraîné dans l'abîme d'un pardon plus originel que l'abîme du malheur dans lequel on s'était noyé.C'est donc un invitation à la résurrection intérieure que nous propose cette femme authentique et sincère.


     

     

     



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  • Je vous laisse apprécier!

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le texte de l'interview


    David Servan-Schreiber: Merci beaucoup d'avoir accepté de nous parler. Je suis ravi de vous rencontrer à Paris. Nous sommes dans un atelier où vous faites vos propres impressions de lithographie lorsque vous séjournez ici, c’est cela ?

    David Lynch: Exactement, c'est une imprimerie qui existe depuis 150 ans, le studio Item. Patrice Forest dirige ce lieu qui est une vraie perle. Les pierres lithographiques sont les mêmes pierres sur lesquelles Picasso, Matisse ou Miro travaillaient, donc l’endroit a une grande histoire et les l’inspiration vient facilement.

     

    David Servan-Schreiber: Vous êtes venu à Paris pour promouvoir un film

    David Lynch: Un court métrage que j'ai fait pour Dior. Il a été conçu pour Internet, il sera sur Internet en mai, je suis ici pour faire un peu de pub.

     

    David Servan-Schreiber: Et vous parvenez à venir travailler chaque jour à cet endroit. Super.

    Je suis très intrigué par le fait que vous vous êtes beaucoup intéressé à la méditation depuis plusieurs années, en plus de tout ce que vous faites, vos films et votre art. Pouvez-vous nous dire comment tout a commencé, ce qui s'est passé au début?

    David Lynch: Dans les années 60, je n'étais pas intéressé du tout par la méditation. J'entendais des trucs à ce sujet, ça m’apparaissait comme un phénomène de mode, moi je voulais travailler. Et la méditation me semblait une perte de temps. Puis j'ai entendu cette phrase "le vrai bonheur n'est pas au-dehors, le vrai bonheur se trouve à l’intérieur" et je me souviens qu’elle me trottait dans la tête. Il y avait un accent de vérité, mais rien qui me disait où était cet espace intérieur, pas plus que la façon de s’y rendre. C'était très frustrant.

    C’est pendant que je travaillais sur mon premier film que j'ai soudain pensé que la méditation était peut-être la voie qui conduisait à cet espace intérieur. J'ai commencé à me renseigner sur les différents types de méditations, à interroger les gens, à lire des choses. Je travaillais sur mon premier long métrage, « Eraserhead ». J'étais au American Film Institute, une bâtisse de 55 pièces dans le quartier le plus côté de Beverly Hills. J’avais récupéré des anciennes étables, avec un loft, des garages, des dépendances. J’avais un mini-studio rien que pour moi, tout le matériel dont je pouvais rêver, tout ce que je voulais pour mon film. J’aurai du me sentir le plus heureux des hommes, mais je ressentais que ce bonheur était superficiel. Il n’y avait rien à l'intérieur. C’était très étrange, ça m’a poussé encore plus à rechercher un bonheur plus intérieur.

    A cette époque ma sœur m’appelle, elle avait commencé la méditation transcendantale et j'ai entendu un changement dans sa voix: plus de bonheur et plus d’assurance. Elle m’a expliqué ce qu’elle vivait et une petite clochette a résonné en moi. Ce qu’elle m’expliquait c'est précisément ce que je désirais et c'est ce que j'ai donc découvert, en 1973. Et je médite deux fois par jour depuis presque 37 ans maintenant.

     

    David Servan-Schreiber: Donc, c’est peu de temps après que votre sœur vous a décrit sa propre expérience, sachant que vous étiez sur cette voie...

    David Lynch: J'étais en recherche.

     

    David Servan-Schreiber: Vous aviez déjà une conviction, que le bonheur résidait au-dedans, qu’il fallait le trouver. Vous recherchiez le chemin et c’est l’expérience de votre sœur qui a produit le déclic, cette façon particulière d'y arriver, qui a été pour vous la méditation transcendantale. Pouvez-vous nous dire en quelques mots comment vous caractérisez la méditation transcendantale ?

    David Lynch: Oui. La méditation transcendantale est une technique mentale, une forme ancienne de méditation revivifiée par Maharishi Mahesh Yogi. La méditation transcendantale est comme une clé qui ouvre la porte à la transcendance, le niveau le plus profond de la vie. La transcendance a reçu de nombreux noms, l'un d'eux est l'océan de la conscience pure, un autre le champ unifié, découvert par la physique moderne, c’est-à-dire l'unité de toutes les particules et des forces de la création, l'unité, la source, la totalité absolue, le réel Royaume du ciel, la transcendance, la conscience transcendantale, la constitution de l'univers. Tous ces noms pour ce seul domaine qui est la liberté, l’infini, l’éternel. Il a toujours été là, il est là à cet instant, nous sommes en son centre et il sera là pour toujours. Et un être humain peut rencontrer ce champ transcendantal, cet océan de bonheur, la conscience, et chaque fois que vous en faites l'expérience, vous vous en imprégnez, vous développez la conscience que vous avez en vous, elle commence à se développer, c'est un océan d'intelligence infinie, de créativité infinie, un bonheur infini, la béatitude.

     

    David Servan-Schreiber: Et l'idée est d'essayer d'y arriver avec une technique.

    David Lynch: Pas essayer d'y arriver :  y arriver facilement et sans effort, à l’aide de cette technique. Ce n'est pas une forme de concentration, ni de contemplation. Vous utilisez un mantra. Le mantra de Maharishi oriente votre conscience à l’intérieur. Une fois tourné vers l’intérieur, vous vous laissez descendre, au travers des plus subtils niveaux de l'esprit, des plus subtils niveaux de l'intelligence. Aux frontières de l'intelligence vous rencontrez la conscience libérée. C’est tout naturel. A chaque fois que vous progressez au plus profond de l’esprit, au plus profond de l'intelligence, vous rencontrez plus de bonheur, plus d’enchantement. Il vous suffit de glisser et d’aller à l'intérieur et de transcender. C’est facile et d’une sublime beauté. Cette transcendance, cette projection de bonheur est une béatitude. Vous qui êtes un scientifique versé dans les neurosciences, vous savez que les chercheurs maintenant peuvent détecter sur les écrans des électro-encéphalographes, quand la personne transcende vraiment. Lorsque la personne navigue dans cet océan de liberté, tout son cerveau est mobilisé. Les scientifiques appellent ça la pleine cohérence du cerveau. C’est la seule activité qui produit cela. A chaque fois que vous transcendez, vous vous approchez de la pleine cohérence du cerveau, et beaucoup beaucoup d'autres choses se produisent, qui sont bénéfiques pour nous.

     

    David Servan-Schreiber: qu'est-ce que vous constatez comme avantages importants dans votre propre vie, en dehors de cette expérience de béatitude, que nous aurions tous bien évidemment envie de faire souvent. Mais en dehors de cette expérience, quels autres avantages, qui donnent de la fluidité à la vie ?

    David Lynch: Transcender est une expérience holistique, tous les chemins de la vie se libèrent. La chose que j'ai remarqué au début c'est que j'avais beaucoup de colère, des soucis, une sorte de dépression étrange. Dans ma vie d’alors, cette colère me venait de ma relation avec ma première femme. On dit que la colère est une forme de faiblesse. J'étais faible, j'avais très peu d’assurance. C’est à ce moment que j’ai commencé la méditation transcendantale. Deux semaines plus tard, ma femme vient vers moi et elle me dit : qu’est-ce qui se passe? Je lui demande de quoi elle parle. Elle me répond : ta colère, elle est passée où ? Tout était parti. Je n'ai même pas essayé de la faire partir. Vous ne pouvez pas essayer d'être bon quand vous êtes perturbé comme ça, vous pouvez parvenir à être bon pour une semaine peut-être, et puis tout s’écroule. Et là, ça s’était envolé.

    Plus vous êtes dans cette unité, dans cette transcendance, plus vous développez votre conscience. Et comme en complément, la négativité commence à reculer tout naturellement. Vous vous sentez mieux: l'anxiété, le stress, toutes nos maladies liées au stress, vous pouvez leur dire au revoir. Tous ça s’envole sans que vous n’ayez rien à faire. Tout s’envole, de sorte que vous vous trouvez profondément heureux, de plus en plus, chaque fois que vous faites quelque chose. Vous le faites avec plus de bonheur, plus de plaisir. Les gens se plaignent d’être tout le temps fatigués de nos jours. Alors qu’on peut plonger dans un océan d'énergie infinie qui peut tout alimenter.

     

    David Servan-Schreiber: comme une source qui peut nous nourrir...

    David Lynch: Exactement, comme une source, grande, infinie, une source qui n’est jamais limitée.

     

    David Servan-Schreiber: Les gens sont inquiets que la méditation transcendantale soit une sorte de secte. Si les gens commencent à pratiquer, ils pourraient perdre leur libre-arbitre, ils pourraient être victimes d’abus, exploités, par les gens qui contrôlent cette pratique, ou cette "religion", quel que soit le nom qu’on lui donne. Qu'est-ce que vous avez à dire à ce sujet ?

    David Lynch: Je dirais: foutaise totale. Une des choses que j'aime vraiment dans la méditation transcendantale, est que vous apprenez la technique et puis vous l'avez en vous. Vous n'avez pas besoin d'aller à des réunions, personne ne vous demande de manifester dans la rue ; ils n’organisent pas de conspirations. Ce n'est pas une secte, c'est une technique qu'on vous donne, pour vous rendre la vie meilleure. Et ça nourrit mon travail. Et au lieu de rendre les gens tous pareils, tout le monde devient plus fort. C'est comme dans un jardin. Une fleur bleue va devenir un peu plus bleue et plus belle, et si c'est une fleur verte, elle ne va pas devenir bleue parce qu’elle commence à méditer, elle reste verte et elle est juste plus belle et plus fleur et plus parfaite. Ce sont des malentendus qui disparaissent rapidement maintenant.

     

    David Servan-Schreiber: Le nom de David Lynch est très fortement lié à une idée de créativité sans limite. Quelle est la relation entre cette expérience de la méditation dans votre vie et votre créativité ?

    David Lynch: Vous plongez dans un océan de créativité infinie. La même créativité qui a créé toutes choses. C’est vous dire.

     

    David Servan-Schreiber: mais comment cela se manifeste dans un travail de création?

    David Lynch: Il y a une chose qui existe dans tous les domaines, mais surtout dans l'art, c’est l'intuition. Vous savez : être artiste c’est savoir. C’est un peu abstrait, mais je prends l’image d’un violoniste. Prenez 100 joueurs de violon, mettez-les devant un microphone et chacun joue le même morceau. Comment se fait-il que l'un d'eux, avec le même morceau de musique, vous arrache toutes les larmes de votre cœur, de façon tout simplement incroyable, bien plus que tous les autres ? Qu’est-ce qui fait la différence ? Juste un sens plus profond de l’archet, la connaissance intime de la durée juste de la note, de la façon de glisser dans la suivante, du moment où ça doit être fait, la finesse, le savoir. Qu'est-ce que c'est en fait ? C'est l’intuition. Et c'est une qualité qui peut se développer. Plus vous êtes dans la conscience, plus vous accédez à la créativité. Cela vous vient en aide pour résoudre les problèmes que vous rencontrez, vous l’utilisez à chaque fois que vous avancez dans la vie. Dans le travail, vous détectez quelque chose qui n'est pas juste et vous voyez comment le corriger. Les idées et le flux créatif s’amplifient...

     

    David Servan-Schreiber: Il devient plus facile de détecter ce qui va avec quoi, comment doivent s’assembler les pièces du puzzle pour résoudre les contraintes…

    David Lynch: Exactement

     

    David Servan-Schreiber: accéder à cette source créative rend le travail quotidien plus facile, permet de repérer ce qui fonctionne...

    David Lynch: Un autre phénomène se produit : vous apprécierez mieux toutes choses, vous voyez les différences, et vous appréciez les différences. Les gens vous paraissent plus aimables, plus amicaux. Il vous semble les connaître, vous les regardez, et vous aimez ce que vous voyez. Je pense vraiment que cela nourrit les relations, que cela vous rend capable de miséricorde et de pardon, comme ils disent.

     

    David Servan-Schreiber: c’est un sentiment d'appartenance à l’humanité

    David Lynch: Oui, oui, vous savez que vous n’avez pas connu cette personne avant, mais votre sentiment c’est que vous la connaissez intimement. Au niveau du champ unifié, nous sommes tous connectés. Nous sommes tous un, c'est une famille mondiale. Les hommes n’agissent pas en fonction de cette connaissance, mais ils le pourraient.

     

    David Servan-Schreiber: Votre expérience de la méditation vous a poussé à agir pour permettre à plus de gens d’y accéder, c’est exact ?

    David Lynch: C'est exact. Maharishi se donnait deux missions: l'illumination de l'individu, et la paix sur la terre. Il a travaillé 22 heures par jour pour y arriver, pour diffuser son immense connaissance. Je travaille à un film sur Maharishi, un documentaire, et je vais essayer de montrer les connaissances qu’il nous a apportées. C’est incroyable.

     

    David Servan-Schreiber: Dans l'esprit de la plupart des gens qui ont connu cette période, le nom de Maharishi est connecté très profondément avec les Beatles. Quelle est votre opinion à ce sujet ? Que faut-il savoir ou démystifier à propos de ce compagnonnage ?

    David Lynch: Les Beatles sont allés à Rishikesh avec Maharishi en 1968. En avril 2009, Paul McCartney et Ringo ont pris part à un grand concert pour la « Fondation David Lynch pour l'éducation basée sur la conscience et pour la paix mondiale », au Radio City Music Hall. Ringo et Paul ont pratiqué la méditation transcendantale de Maharishi pendant toutes ces années. Il y a eu un gigantesque malentendu à l’époque, qui a fait capoter leur relation avec Maharishi. Ce que les gens ne savent pas c'est que ce malentendu était fondé sur des mensonges. Il a été aplani, mais les gens ne le savent pas.

    Les Beatles sont seulement quatre des nombreuses personnes qui ont appris cette technique, et au cours de ces années il y a eu six ou sept-cents études sur la méditation transcendantale et ses bénéfices. Petit à petit, les gens commencent à se dire peut-être qu’il y a quelque chose. De plus en plus de gens se rendent compte que la méditation transcendantale n'est pas une religion, et ce n'est pas contre les religions. Des gens de toutes les religions la pratiquent, et quand ils la pratiquent, ils témoignent qu'ils comprennent mieux leur religion et qu’ils l’apprécient mieux.

     

    David Servan-Schreiber: leur propre religion ...

    David Lynch: oui, leur propre religion, ça n’entre pas en conflit. Ce n'est pas un culte. Dire cela, c'est comme si vous aviez un super professeur de physique et vous voulez aller à un pique-nique avec lui et les gens disent, tiens on dirait une sorte de secte. Il y a beaucoup d'absurdités, beaucoup de manque de connaissances à ce sujet. C'est juste une technique pour les êtres humains, qui rend la vie toujours meilleure, parce que vous êtes en mesure de vous connecter aux niveaux de conscience les plus profonds à l'intérieur de vous-même.

     

    David Servan-Schreiber: Comment votre fondation agit pour rendre tout cela accessible au plus grand nombre ?

    David Lynch: Aujourd’hui, la fondation David Lynch a permis d’initier 100 000 étudiants à la méditation, dans quelque 20 écoles. Lorsque la fondation a commencé il y avait trois écoles, aujourd'hui plus de 20 aux États-Unis et plus encore dans de nombreuses régions du monde. Ça concerne le milieu scolaire dans sa globalité. Certaines des écoles où nous sommes intervenus étaient les pires du pays. Elles connaissaient la violence, les fusillades, les coups de couteau, le suicide et la dépression, les abus de médicaments, et les élèves n’en avaient rien à faire d’apprendre. C’étaient des mauvais mauvais mauvais endroits. Et les responsables essayaient beaucoup de choses, des remèdes de surface, mais sans résutats. Parce qu’ils ne traitaient pas ce qui est à l'intérieur des élèves, la souffrance, le stress qui frappe les enfants de plus en plus tôt. Un sombre paysage.

    Un jour ils entendent parler de la méditation, ils se disent c'est des dingues avec une sorte de religion asiatique, mais finalement, quelqu'un dit on va essayer ça et on prendra ce qui est bon. Ça commence comme ça, vous enseignez la méditation transcendantale aux enseignants, vous proposez aux enseignants de méditer, aux étudiants ... Vous ne pouvez pas forcer quelqu'un à méditer. Certains disent, non, je ne veux pas. Mais on le propose à tous ceux qui le désirent, le personnel, tout le monde commence à méditer. Les formateurs en méditation transcendantale restent dans l'école un an. Quand vous revenez un an plus tard, c’est devenu une école où vous rêveriez d’aller. Les notes se sont améliorées, les relations pacifiées, la violence s'est arrêtée, parce que ça vient de l'intérieur. Et les gens se sentent mieux et ils n'ont plus envie de tuer leur voisin au moindre mot de travers. Ils se seraient entretués avant, maintenant c'est comme une autre école. Désormais le petit Kevin parvient à se concentrer. C'est tout simplement incroyable.

    Plein de choses se produisent. Dans une des écoles à laquelle je pense, ils ont ouvert un cours d'expression artistique, il y a des œuvres d'art partout dans les salles de classes aujourd'hui. Toutes ces choses commencent à sortir et les gens commencent à vraiment profiter de la vie. Tout à coup l'école ne leur semble pas si mauvaise. Les connaissances deviennent plus faciles à assimiler, et à comprendre. Et les gens prennent du bon temps.

     

    David Servan-Schreiber: Qu’est-ce qui rend tout cela possible dans une école comme celle-ci ?

    David Lynch: Habituellement c’est une personne seule qui se met en tête d’amener ça dans l’école. Mais de plus en plus je pense que les étudiants vont le demander: donnez-nous cette technique, qu’on devienne tous des apprentis yogi et une fois lancé le mouvement continuera naturellement. Souvent c’est quelqu'un qui a entendu quelque chose et qui se dit que ça devrait être proposé dans l'école. Une fois que le programme débute, 9 fois sur 10 les élèves qui ne voulaient pas participer ou dont les parents refusaient qu’ils participent supplient qu’on leur trouve une place au bout de quelques mois. Il y a un groupe de 50 qui participe et un groupe contrôle de 50 qui ne participe pas, pour mesurer les différences. Mais les gens disent : pourquoi je suis dans le groupe contrôle moi ? Je veux méditer.

    Le changement vient comme ça, de l'intérieur, si naturel. C'est à la disposition des hommes. C’est un trésor au coeur de chaque être humain. Vous recevez la clé pour ouvrir la porte du trésor et tout est pour vous. Ça vous enrichit de plus en plus et vous regardez les choses s’améliorer.

     

    David Servan-Schreiber: Combien de temps faut-il à un étudiant lambda pour remarquer que quelque chose change pour lui ? Quand peut-il témoigner des bénéfices ?

    David Lynch: Presque du jour au lendemain.

     

    David Servan-Schreiber: Vous voulez dire à la première expérience?

    David Lynch: Ma première expérience a été tellement sublime. Je ne pouvais pas y croire. Est-ce que cela arrive à tout le monde? Nous avons beaucoup de déchets à l'intérieur de nous-mêmes. La méditation transcendantale est la clé pour ouvrir le trésor. Quand vous faites cette expérience de la conscience sans limites, de ce bonheur, de toutes ces qualités, vous nettoyez la machine et vous vous imprégnez d’un flux d’or. Quand une personne peut s’appuyer sur la méditation transcendantale, la physiologie trouve des forces dans le même mouvement. Les chercheurs disent par exemple que la méditation procure trois fois plus de repos que le sommeil profond. Les énormes stress qui fatiguent notre corps peuvent se dénouer. A l’origine il y a peut être un souvenir traumatique, ou autre chose. Avec la méditation, ce souvenir disparaît sans que vous vous en aperceviez. Les psys sont super, mais ils vous confrontent une nouvelle fois avec ce qui vous fait souffrir. Là le souvenir s'évapore. La machine est nettoyée et vous pouvez découvrir à la place de l’or, un or magnifique.

     

    David Servan-Schreiber: La technique de méditation transcendantale est basée sur un mantra. Est-ce que chaque élève reçoit un mantra spécifique ou y a-t-il un mantra générique ?

    David Lynch: Je ne sais pas combien de mantras différents existent, mais je sais qu'il y en a plus d'un, tout comme les gens ont différents types de sang. Quand vous allez chez le médecin et que vous avez besoin d'une transfusion, vous avez intérêt à trouver le sang qui vous convient. Il peut être différent du mien, mais il n'est pas différent pour chaque personne. Votre mantra doit vous correspondre, c'est pourquoi vous avez besoin d'un bon formateur pour la méditation transcendantale. Il faut quatre jours pour l’apprendre, environ une heure et demie chaque jour, et à la fin vous avez votre mantra, vous avez appris à l'utiliser, le formateur a répondu à vos questions, vous savez comment méditer correctement. Vous êtes sur votre chemin. Quelques mois ou un an plus tard, si vous voulez vérifier que vous vous y prenez bien, vous revenez voir votre formateur et il vérifie. Mais c'est votre technique. Le mantra est une sorte d’amour naturel. Il y a beaucoup, beaucoup de mantras dans le monde. ...

     

    David Servan-Schreiber: Pour que les gens qui nous écoutent comprennent bien : le mantra est soit un mot soit une phrase que vous répétez, et vous vous concentrez dessus…

    David Lynch: C'est une vibration sonore en pensée. Je n’utiliserais pas le mot  « concentrer » ... il y a de nombreuses techniques de méditation. La méditation transcendantale n'est pas la concentration. Ce n'est pas la contemplation. Vous savez, dès que vous avez une activité mentale, vous restez en surface. Le mantra oriente votre prise de conscience à l'intérieur de vous, et vous avancez dans cette direction.

     

    David Servan-Schreiber: Vous le suivez.

    David Lynch: Vous le suivez comme un petit bateau qui vous emmène vers la transcendance. C’est important que les gens comprennent que c'est une forme particulière de méditation. Lorsque Maharishi a introduit la méditation transcendantale en Inde, ils étaient tous à faire des trucs de concentration ou de contemplation, et ce qu’il a enseigné leur a semblé étrange, même en Inde, où ils sont pourtant habitués à toutes ces méditations. Maharishi a apporté cette technique, et les gens ont soudain découvert l'expérience qu'ils recherchaient depuis toutes ces années.

    Au fil des jours, je vois des gens essayer telle ou telle méditation… je leur dis allez-y, essayez, mais vous vous devez à vous-même d’essayer la méditation transcendantale et de constater la différence. Parce que j'ai entendu des tas d’histoires de gens qui essaient plein de trucs. Et un jour ils essaient la méditation transcendantale et ils trouvent enfin ce qu'ils cherchaient. Si cela ne donne pas des résultats tout de suite, c'est juste que la machine est très encrassée.

    Avec le temps, une méditation quotidienne, deux fois par jour, une fois le matin, une fois dans l'après-midi, de 20 minutes, c’est ça qu’il faut. Les gens perdent beaucoup plus de 20 minutes chaque jour de toute façon. Vous vous asseyez, ce n'est pas difficile. Et c’est tellement beau. Vous devez consacrer un peu de votre temps pour cela, mais c'est une belle expérience. En général ce sont vos amis ou votre famille qui remarquent les premiers changements. C’est si naturel, ce changement. C’est naturel de se sentir bien et c’est tellement contre nature de souffrir. C’est tellement contre nature d'être rempli de colère, d’amertume, de haine, c'est contre nature. Ce n'est pas naturel d'être stressé, d'être tout le temps fatigué, ce n'est pas bon. Ce n'est pas naturel. C'est si naturel, réellement naturel, de se sentir bien dans la vie.

     

    David Servan-Schreiber: Et une technique enseignée par un formateur en méditation transcendantale serait la clé de tout ça ?

    David Lynch: Maharishi a voulu enseigner à tout le monde mais il a dit: "il y a trop de gens, je dois former des formateurs». Pour conserver l’esprit de son enseignement, et pour que ça marche, les formateurs passent beaucoup de temps à apprendre, mais ensuite vous recevez le même enseignement que si c’était Maharishi lui-même. Vous recevez vraiment la formation qu’il faut. C'est comme avec les ingrédients d’un gâteau. Si vous suivez la recette, vous pouvez faire un bon gâteau. Si vous commencez à changer plein de trucs, très bientôt, ce n'est plus un gâteau, et ça ne va pas donner le même effet.

     

    David Servan-Schreiber: J'ai posé la plupart des questions que je voulais aborder, et c'est merveilleux de vous écouter parler avec cette passion. Elle est contagieuse et je suis sûr qu’elle va toucher un grand nombre de gens. Est-ce qu’il y a quelque chose que je n'ai pas demandé, que vous pensez qu'il est important de préciser ?

    David Lynch: Nous discutions avant votre arrivée de la violence dans les écoles en France, il y a de la violence dans les écoles en Amérique, de la violence dans les écoles un peu partout. Tellement de stress dans le monde. Je veux juste que les gens sachent que cette technique qui ouvre la porte à tant de bienfaits, elle met le stress KO.

    Offrez cette technique aux étudiants. Donnez-là aux enseignants, qui souffrent de surmenage. Donnez-là aux directeurs d’école. On les a nommé dans une école, ils ont tout essayé, ça ne marche pas : donnez-leur la méditation et qu’on regarde ce qui se passe, vous serez tellement heureux d’avoir lancé le mouvement. Ça vient de l'intérieur, de l'intérieur, c’est si important. Toutes ces choses qui flottent, les démons à l'intérieur, les remèdes de surface ne traitent pas ces choses. Et l’élève souffre. Vous lui donnez ça, ça change sa vie, il s'agit de vivre le bonheur, qu’il vienne de l'intérieur, c’est important de le leur donner. Et si vous avez des doutes, donnez-le à un petit nombre d'écoles et examinez vraiment la question. C'est le vrai, c'est le tout, c’est vraiment le truc. Mais si vous avez besoin d'y aller petit à petit et de tout valider, faites-le, mais faites-le vraiment.

    Ça s’adresse à chaque individu. Ça vous rend plus sûr de vous, plus autonome, vous élargissez votre regard, vous êtes plus heureux quand vous sautez du lit le matin, vous avez de plus en plus d’idées, de plus en plus de joie dans l'action, de meilleures relations. C’est beau.

     

    David Servan-Schreiber: J’entends ça. Merci beaucoup David, et je rappelle que vous préparez un film sur Maharishi. Fantastique.

    David Lynch: J’ai beaucoup apprécié de parler avec vous David. C’était vraiment bien.

     

    David Servan-Schreiber: Je vous remercie

     

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    Fille d'un père juif et d'une mère chrétienne, Christiane SINGER est née à Marseille en 1943.Longtemps lectrice à l'université de Bâle, puis chargée de cours de littérature française à l'Université de Fribourg, elle était écrivaine et résidait en Autriche. Elle est morte à l'âge de 64 ans.Auteure d'une dizaine de romans, tous publiés chez Albin Michel ("La mort viennoise", "Histoire d'âme", "Une passion" ont été récompensés par différents jurys littéraires), c'était aussi une conférencière de renommée internationale.A la fin de sa vie, elle s'était consacrée à des essais inspirés par ses nombreuses rencontres et par son vécu personnel. On lui doit ainsi notamment "Du bon usage des crises", "Eloge du mariage, de l'engagement et autres folies" et ''Seul ce qui brûle'' (Albin Michel, 2006).Elevée dans le catholicisme, Christiane SINGER avouait avoir été tentée par "la religion de la Raison" avant de renouer avec la veine mystique du christianisme grâce au bouddhisme zen et à la "Leibtherapie" de K.G. Dürckheim, "le sage de la Fôret Noire".Pour elle, vivre, c'était "laisser passer la Vie dans nos petites vies". Elle a toujours témoigné d'une spiritualité spontanée, délivrée des dogmes et des églises. Elle nous a laissé un livre-testament bouleversant "Derniers Fragments d'un long voyage" (éd. Albin Michel, 2007).

     


     



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