Médecin, experte en médecine intégrative et en intelligence collective, née dans l’ayurvéda et le yoga, toujours dans l’expérimentation, Nathalie Geetha Babouraj accompagne aujourd’hui des personnes qui souhaitent se connecter à ce qui vibre à l’intérieur. « Quand je vois mon public, j’ai tendance à me dire que le féminin l’emporte sur le masculin ! » dit-elle. Elle sort un nouveau livre qui nous invite à danser avec le chaos !
JdY : La guérison pour toi, c’est quoi ?
Nathalie Geetha Babouraj : Médecine, maladie, santé, guérison. C’est très personnel, très intime. Avoir plein de définitions, c’est un peu comme donner tout son pouvoir à l’extérieur. À nous de nous réapproprier les mots. J’essaie d’aller sentir dans mon corps ce que ça fait de me répéter à l’intérieur « guérison ». C’est l’exercice que je propose au début de mon livre. Quand tu te mets à l’intérieur et que tu te dis : « je suis ma propre médecine », regarde comment ton corps répond, et j’ai envie de te proposer : quand tu poses le mot « guérison », là, que se passe-t-il pour toi ?
S’est-on déconnecté du sens des choses, des sensations ?
Oui. Admettre que nous, êtres humains, on ne sait pas grand-chose, revenir à cette humilité pour nous aider à nous reconnecter à la sagesse de la nature. À cette médecine de la vie qui est la médecine qui prend soin du vivant. La spiritualité est le maillon manquant dans tout ce que l’on est en train de vivre, cette connexion à l’invisible.
Tu parles de la crise sanitaire et d’une douche très froide…
Mon rêve d’une médecine intégrative s’est un peu écroulé lorsque j’ai compris que nous allions nous focaliser sur une seule solution pour enrayer la pandémie ! Il y a d’autres manières de prendre soin ! Je suis tombée de haut. Un véritable wake up call, un appel, un réveil pour développer avec d’autres un nouveau paradigme qui, en fait, déjà émerge. J’ai eu envie de proposer une médecine intégrative à l’intérieur de soi. Transformer le monde par l’intérieur. De revenir à des valeurs personnelles. Ce que je veux mettre en place dans ma vie pour me connecter à ce qui vibre à l’intérieur. C’est très personnel ! Qu’est-ce quicompte pour vous ? C’est la question à se poser.
Par où commencer ?
Il y a des étapes. Peut-être d’abord prendre le temps d’aller visiter tout ce qui fait que l’on s’est coupé de cet élan vital. Revisiter son histoire, les choix et les non-choix que l’on a faits. Mettre en lumière les dragons de l’histoire de l’humanité, le patriarcat, la domination… et les nôtres aussi, nos conditionnements, notre éducation… Je pense que l’on a tous, en tant qu’être humain, besoin de savoir et de comprendre ce qu’il s’est passé, pour déclencher une vibration de guérison au niveau collectif ou personnel et pour, enfin, décoloniser nos disques durs.
De l’obscur vers la lumière ?
L’idée est toujours dans un premier temps de transformer les mémoires difficiles et douloureuses. Au départ, on est connecté à la souffrance héritée de nos ancêtres. Au lieu de les cacher sous le tapis, on peut les accueillir, les guérir, les transformer. On va ensuite accéder à la sagesse de nos ancêtres. On parle souvent du trauma transgénérationnel, mais peut-être pas assez des cadeaux transgénérationnels !
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
On peut accueillir avec douceur, mettre de la lumière sur ce dictateur intérieur, celui qui veut toujours en faire plus, avoir raison, qui a peur d’exprimer ses émotions… On peut aussi cultiver une vibration hyperpuissante : la gratitude de ce qui est déjà là, sortir du mode de pensée bien ou mal avec la peur de se tromper si l’on tente quelque chose… Se dire que tout est expérience dans la vie et qu’à chaque fois, ce que l’on entreprend doit permettre de nous reconnecter à notre boussole intérieure, où tous nos corps vont être touchés, physique, énergétique, émotionnel, mental.
D’abord un travail d’introspection ?
C’est par un travail d’introspection sur les différents corps, grâce notamment au yoga, que l’on arrive à faire la part des choses entre l’histoire que le mental se raconte pour justifier certaines choses, et son histoire avec un grand H. Il s’agit de revenir à ses référentiels intérieurs, prendre le temps de les redécouvrir, de les actualiser pour vibrer de cette étincelle unique. « Aller chercher sa note unique », disait Rumi, je crois. Dans tous les cas, ne pas aller chercher le rêve de l’autre, même si notre société nous conditionne à faire ceci ou cela… Donc faire la différence entre le mental qui raconte et cette petite voix intérieure connectée qui sait pourquoi elle a décidé de s’incarner et de vivre telle ou telle expérience.
Comment faire la différence ?
Simplement en regardant si l’histoire que l’on se raconte nous fait du bien et si elle nous permet d’être créateur, créatrice de notre vie. Si l’on est dans ce mouvement de la vie, garder cette histoire, car elle vous met en mouvement et, pas à pas, vous allez vous réajuster, vous réaliser. Si par contre l’histoire vous fait du mal, vous enferme, peut-être qu’il y a besoin d’aller la revisiter, d’être accompagné et de guérir, pour se créer une nouvelle histoire qui va être alignée avec nos valeurs, avec ce dont on a envie, ce qui nous fait du bien et exprime nos talents.
« Ne pas aller chercher le rêve de l’autre » ?
Oui, il faut faire attention à ne pas rentrer dans la prescription : il faut faire comme si, comme elle…, méditer tous les jours, au lieu de prendre le temps de savoir ce qui est bon pour soi. Par exemple, tout le monde n’a pas besoin d’être sur les barricades pour transformer le monde. Il y a des personnes qui ont l’énergie, les compétences, les talents pour le faire et c’est le bon moment pour elles. Elles vont être activistes. On a aussi besoin de méditants, ceux qui vont prendre soin. Et ce n’est pas du tout égoïste en fait. Pourtant, il y a beaucoup de mamans qui s’occupent de leurs enfants et qui culpabilisent… avec l’impression d’être désalignées…Il y a aussi les « transitionneurs », ceux qui mettent leur énergie d’action pour nourrir non pas l’ancien mais le nouveau monde et expérimenter de nouvelles choses !
« Le pont apparaît quand tu mets le premier pas. » Indiana Jones
Quelle est la force de l’intention ?
Dans le registre de la physique quantique, tout est information et énergie ; on se rend compte qu’avant que quelque chose ne se matérialise, il y avait un rêve, un projet, une intention. D’abord poser une simple intention (j’ai envie de vivre dans la nature par exemple) et inviter les sensations liées, régulièrement. Il se passe des choses, un peu comme si l’univers entendait. Portée par le mental, associée aux autres corps, à un ressenti émotionnel, énergétique, à un corps physique réceptif, répéter cette intention fait qu’à un moment donné, elle apparaît dans la matière ! C’est le saut quantique. Je crois à la puissance des intentions. Ne pas se bloquer sur le résultat. Relâcher et faire confiance. Quand ce sera le bon moment, l’univers va débloquer les choses, et peut-être pas comme nous l’attendions ! mais plus aligné avec qui nous sommes !
Les « transitionneurs » partent-ils à la campagne ?
Quand on se réfère aux textes anciens, on est la nature, ou le prolongement de la nature. Notre système nerveux est câblé pour fonctionner en homéostasie grâce à la nature. Toutes les informations sensorielles qui entrent par nos cinq sens, par la peau et tout l’invisible, viennent se connecter aux informations sensorielles internes et il y a vraiment un échange entre les deux. Plus on va se connecter à la nature, plus on va rééquilibrer notre homéostasie, plus on va réaligner nos cinq corps. Et ça, ça active ! Cette fréquence, cette vibration est la guérison !
Et ce nouveau monde, à quoi ressemble-t-il ?
Je ne sais pas, mais j’ai envie d’expérimenter, de tester des choses. Se mettre dans cette posture de créateur, de créatrice. Chaque petit pas est une expérience. Dans ce nouveau monde, comme des petites fourmis, chaque personne expérimente à son échelle de nouvelles choses, avec cet esprit d’aventurier, en faisant en sorte que chaque expérience soit un prétexte pour apprendre à mieux se connaître, à mieux connaître l’autre, et à grandir. C’est là que la bascule de conscience se fera, quand on aura tous mouillé la chemise, sans être dans « J’attends que ce soit fait et ensuite je viens » : en y allant.
À lire :
Devenir sa propre médecine du Dr Nathalie Geetha Babouraj
Éd. Eyrolles, 2022, 311 p., 18€
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