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Entre l'Être essentiel et le monde
Tout au long de notre vie le monde nous attire au dehors et l'Être essentiel nous appelle du dedans, et vers l'intériorité.
Le monde réclame savoir et pouvoir.
L'Être exige l'oubli de ce que nous savons et pouvons au profit de la maturation spirituelle.
Au monde, il faut une activité ininterrompue.
Le Soi nous demande seulement d'accueillir ce que nous sommes au plus profond de nous-même.
Le monde pousse sans répit au rendement.
L'Être veut que, tournés vers lui, nous ne le perdions pas au profit de la sécurité et de l'immobilisme.
Le monde nous engage à parler et à agir sans cesse.
L'Être essentiel exige que, dans le silence, nous nous abandonnions à son action sans agir nous-mêmes.
Le monde nous contraint à penser à notre sûreté.
L'Être essentiel donne le courage de prendre constamment de nouveaux risques.
Nous soumettons le monde en le définissant et l'expliquant.
Le Soi s'ouvre à nous lorsque nous ne le définissons pas et que nous supportons l'inexplicable.
Dans le monde nous cherchons à nous rassurer.
La force de l'Être essentiel qui nous porte se manifeste lorsque nous nous abandonnons à ce qui nous réconforte et nous soutient. Par le renoncement aux richesses du monde, et seulement ainsi, l'Être ne cessera pas de nous combler.
Nous voulons une existence sans danger et protégée de la douleur.
La maturité dans le Soi passe par l'insécurité et la souffrance, croît dans la douleur et ne porte son fruit que dans le mourir.
L'homme se trouve dans une double tâche: d'une part former le monde par son oeuvre, de l'autre mûrir sur la voie intérieure. Le monde exige de lui qu'il s'affirme et se classe par l'efficience; il faut qu'il serve la communauté et ses valeurs durables. Dans certains cas, l'Être présent en nous peut nous demander de rejeter toutes les exigences du monde et d'opposer notre volonté à celle de la communauté. Parvenu au terme d'une évolution motivée par le seul appel de l'Être, l'homme est libéré non seulement de sa dépendance, mais aussi de toute obligation à l'égard du monde. Délivré de ses liens terrestres, dissous dans l'Être, il cesse d'être un "homme parmi nous". Quelque chose de cette nostalgie demeure en chacun de nous. C'est l'aspiration orientale. La volonté de vivre occidentale est tout l'opposé. Elle s'affirme dans le monde; elle peut s'y perdre aussi; la vie chrétienne embrasse et unit la vision de l'Orient et celle de l'Occident. Elle veut que l'homme perçoive son origine céleste en la manifestant dans le monde de son origine terrestre. La voie intérieure ne mène pas alors hors du monde. Elle ne se pose pas en ennemie de "l'extérieur" car elle comprend aussi l'intériorité de tout, du monde et de toute chose. L'expérience et la fusion dans l'unité de l'ÊTRE est en contradiction avec l'être-dans-le-monde tant que l'on ne voit pas le dedans dans le dehors. L'enracinement dans l'Être ne suppose pas aux exigences du monde. Il est au contraire, la condition qui permet de les remplir d'une façon adéquate. C'est par le contact avec l'ÊTRE en nous que le monde lui-même peut être perçut dans son essence. "Si l'oeil n'était pas ensoleillé, il ne pourrait jamais appercevoir le soleil."
A travers le reflet de l'univers capté par l'oeil terrestre se projette sur lui et fait de l'infini qui l'habite la lointaine voute céleste.
Extrait de "L'Homme et sa double origine" de Karlfried Graf Dürckheim
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Commentaires
C'est le lot de tout un chacun dès que l'on est en chemin.
Oui, mettre la lumière dessus pour, peu à peu, un peu plus d'unité.
Loll, Durkheim nous parle, de lui, lui face à son conflit interne, et comment il parvient à vivre avec.
Il me semble que c’est « le monde » qui nous divise ainsi… conditionnés que nous sommes à la division...
Le voir ...
Beaucoup pense encore que spiritualité rime avec bulle.
Tu feras peut être un article nietzschéein pour expliquer?
J'aime certains passages, comme l'adversité nécessaire. J'y dirais... L'aventure de la vie finalement ! qui y contient ses dangers, sans quoi, ce n'est pas une aventure.
Par contre je suis aussi dans une aspiration nietzschéenne du surhomme, bref trop long à expliquer dans un commentaire.
Et cela dépend de notre histoire, personnalité,... et donc de nos projections. Une seule image peut donner lieu à mille interprétations. Le Vrai, est quand le mental s'est tu. Une surprise du genre demain matin à 6 h pétante!
Bonne soirée!
J'ai pris le temps de répondre à ta réponse.
Oui c'est moi qui regarde mon passé et qui observe mon passé qui parle au sujet de la souffrance.
Et quand je suis pleinement dans l'instant, je suis d'accord avec toi, ces questions là "ce qu'il est juste ou pas de vivre, de faire" ne se posent pas, puisque je suis plus directement relié à cette source en moi qui me permet de poser les actes qui s'imposent à ce moment là.
Reconnaître qu'il est des actes que nous produisons qui induisent de la souffrance, et que ces postures et ces actes dont nous sommes à l'origine peuvent être une fois vus ne plus être répétés, voilà ce que je voulais dire maladroitement en disant "il est des soufrances inutiles que l'on s'inflige". parce qu'il est assez des souffrances qui nous viennent de l'extérieur pour en rajouter.
Il est des choses dont nous pouvons avoir la maîtrise d'autres non. Alors agissons sur ce quoi nous pouvons agir.
Reconnaître, voir ses moments de fuite , les moments où nous nous refusons à faire face, sans s'accabler bien sûr, ne me semblent pas inutile non plus. Parce que cela ouvre à une plus grande compréhension de soi. Cela aussi était maladroitement, confusément exprimé je te l'accorde.
Au sujet de la morale, je parle sur mon blog de mon lien ancien à la morale, et j'examine mon lien présent. J'interroge ce que je comprends aujourd'hui de la perfection, de l'acte juste, à la lumière de ce que je vis.
As-tu lu dernièrement ce que j'essaye d'approcher, et pourquoi j'essaye de l'approcher.Il y a au moins autant de questions que de réponses dans ce que j'ai écris.
J'ai eu l'impression en lisant ta dernière réponse que tu m'enfermais dans une catégorie ou une autre d'être, je suis peut-être plus en mouvement que tu ne le crois. N'étais-tu pas en train de m'étiqueter dans cette réponse alors que tu me reproches de le faire concernant mes agissements.
Je lis de temps à autre krishnamurti, quand il m'en prend l'envie. D'ailleurs j'ai lu dernièrement un texte de lui, il faut que je remette la main sur un texte que j'ai trouvé éclairant par rapport à une question que je me posais et que je posais à Lungta (Frédéric). Dès que je l'aurai saisi, je t'en avertirai, peut-être y trouveras-tu quelque chose d'intéressant aussi.
Tu sais en ce moment je fais l'effort de comprendre à nouveau tout ce que j'ai abordé sur mon blog, pour voir ce que j'ai réellement compris, intégré avec mes mots et mes petites expériences de vie. Voir aussi les questions anciennes auxquelles je n'ai pas encore répondu, et celles qui nouvelles émergent.
Alors cela révèle ma maladresse, ma fragilité, mes difficultés de compréhension et d'expression, mais j'assume cet effort de vérité approchée avec les moyens qui sont les miens et leurs conséquences qui sont parfois une incompréhension de ceux qui me sont chers.
Je t'embrasse, bon week-end, Emmanuel
"La souffrance me semble être parfois le signe d'une transformation, avant l'abandon". Oui.
Parler de souffrance inutile, c'est le mental à nouveau qui juge!
Ce qui nous empêche de grandir (encore jugement! )n'est que momentané. Un jour viendra....quand on est capable de voir....mais ne pas l'attendre!!
Dès lors que l'on est là, ces questions n'ont aucune raison d'être. Non?
...Mais tout ce que tu dis est tout en fait en phase avec la morale que tu décris chez toi. Comme quoi, il est bien difficile d'Être! Il suffirait de reconnaître mais non point d'accoler une étiquette de ce qui est bien ou mal, fruits des conditionnements.
...Peut-être s'imposer une petite révision krishnamurtisienne?
On ne peut nier les épreuves de notre vie.
En tire-t'on toujours un enseignement ?
La souffrance me semble être parfois le signe d'une transformation, avant l'abandon.
Puis elle se traverse ou se dépasse, ou s'évanouit.
Il est me semble-t-il aussi des souffrances inutiles que l'on s'inflige.
Mais il est aussi des fuites, des évitements, de peur de souffrir, qui nous empêchent de grandir.
Sans être maso, reconnaître que les épreuves sont salutaires. Non?
Etes-vous vraiment sûrs qu'"actuellement" le "chemin de l'intériorité privilégié" soit l'apanage de l'orient, et le "chemin de l'extériorité privilégié" l'apanage de l'occident ? Je pense en disant cela au courant zen du bouddhisme, qui invite à l'ancrage dans le réel, "avant l'éveil, il coupait du bois, après, il coupait du bois" (enfin quelque chose comme ça) et puis aussi au sage Nisargadatta Maharaj qui continuait à vendre ses clopes...N'avons-nous pas par ici des moines chrétiens ?
Bon ce n'est peut-être qu'une tendance (statistique) qui est décrite dans ce texte et puis je manque sans aucun doute de culture spirituelle.
Alors voyons ce que j'en pense...
Je comprends qu'il ne saurait y avoir d'opposition au niveau de mon état d'esprit entre ce que je tente de faire émerger en moi et mon action dans le monde, je comprends aussi que les freins à l'intérieur et à l'extérieur sont de l'ordre de mon rapport à l'instant. Suis-je tout entier à ce que je fais ou dans la projection future : le bénéfice, le fruit de mon action ?
Etre vivant c'est tout à la fois, vos commentaires l'illustre bien, une discussion autour du texte de Durckheim, et celle autour du Larynx de Madame Yog, son dysfonctionnement et les remèdes à cela. Cela me semble tout aussi important.
C'est être attentif à ce que l'on perçoit en soi, et suivre ce qui apparait juste, bon pour soi, agir en fonction de cela. Et cette justesse pour peu que l'on y prenne garde s'affine et semble aussi provenir peu à peu d'ailleurs, d'un autre centre en soi.
Ce qui m'interpelle, dans le texte de Durckheim : "la vie chrétienne qui embrasserait et unifierait la vision entre occident et orient" (ah?) "La maturité dans le Soi passerait par l'insécurité et la souffrance, croit dans la douleur et ne porte son frut que dans le mourir." (Oui, mourir à soi-même, à hier... enfin c'est pas nécessaire de se fouetter jusqu'au sang non plus...)
Bon j'arrête là.
Bonne journée !
A bientôt Lilou!
L'homéopathie et la diète semble apporter des résultats aussi. Merci! Bonne semaine!
Mon état général ne s'est pas arrangé. j'ai, passé le WE comme une loque.
Ça va mieux ce matin malgré la tête encore lourde, la fatigue, et les sinus sensibles.
BisesOn a surtout appris aux hommes que pour être "quelqu'un" il fallait être dans la course, "réussir", avoir des connaissances...sans se rendre compte qu'ils cherchent la considération.
Pourtant quelle joie, quel repos, de rencontrer quelqu'un qui est tout simplement là parce que Tout est déjà là.
...Certainement que les premiers sont à la recherche de ce qu'on les seconds mais ne le sachant pas, ils se perdent sur la voie matérielle et uniquement dans celle-ci. (Car on a bien compris que les deux doivent aller ensemble)
Après un mois d’interruption il est temps de reprendre le clavier de façon modérée et de visiter les blogs des amis… ; et le tien toujours pleuin de sagesse
bon weekendParaître ou être voilà bien toute l'ambiguïté de notre civilisation occidentale !
bisous !
un jaune d'oeuf, noyé d'huile mixé avec du sucre cassonade à volonté ... tu m'en diras des nouvelles ...
amitié curative !
L'homme est un imitateur, il parle en entendant parler, il sourit quand il renvoie notre sourire. Il se sent heureux quand il en a l'exemple. L'exemple est une voie à creuser en occident.
bisous
Je m'en vais voir l'homéopathe, j'ai le larynx en feu depuis 3 jours.
Bises!
amitié .
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petit -grand,gros-maigre,bien-mal,arnaud dirait dualité,rien n est bien ,rien n est mal,puisque ce que l on voit ,chacun dépend de notre niveau de conscience...acceptation de ce qui est ,sans juger.