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La distinction du verbe (Tariq Ramadan)
Quand on écoute le Coran dans la force des mots, dans la beauté de leur expression comme dans la profondeur de leur substance nous emporte. Elle emporte notre cœur, elle emporte notre esprit et nous sommes rapprochés dans ce dialogue avec le Divin.
Il y avait une caractéristique chez le prophète As’Salam. Porté par le message du Coran, il était lui-même un être de la parole, de la formule. On disait de lui, qu’il peut dire en peu de mots des choses extrêmement profondes. Alors il y a la psalmodie du Coran dans la beauté, et puis il y a la force du verbe dans peu de mots qui disent plusieurs choses, qui disent des choses très profondes et surtout peu de mots qui, selon les esprits, vont pouvoir dire des choses différentes et plus profondes.
En d’autres termes, une parole concise, une parole forte qui dit les choses à différents niveaux et qui peuvent être comprises de différentes manières selon la profondeur de l’esprit qui les entend. Et ça c’était le propre du prophète As’ Salam il était porteur d’un message et il savait, avec l’écoute, savoir dire les choses qui portaient. Il avait une parole qu’il fallait méditer. Non pas simplement entendre mais qu’il fallait écouter. Non pas simplement comprendre mais qu’il fallait méditer. Non pas simplement recevoir mais qu’il fallait nourrir, qu’il fallait assimiler.
Voila comment le prophète As’Salam avait cette parole qu’il comprenait et encore une fois avec tout ce que nous avons dit tout au long de ce mois, la psychologie, l’empathie, le temps, le courage, la justesse, la simplicité, tout ça déterminait aussi ce qui donnait aussi sa parole.
Et c’est ce que nous devons aussi comprendre dans nos vies. Ce que, au bout du compte il faut essayer de nourrir notre verbe à la lumière des sensibilités, à la lumière de notre histoire, à la lumière de la traduction. Il faut faire attention à cela. Quand il est dit dans le Coran, le très miséricordieux a enseigné le Coran, il a créé l’être humain, toute l’humanité et il lui a enseigné à l’être humain l’art de l’expression.
Il faut faire attention à cela, il faut faire attention à nos modes. Le prophète As’ Salam n’avait jamais de vulgarité, il évitait la nervosité de la langue. Il faut maitriser sa langue, travailler son expression, travailler son contenu, travailler sa forme, éviter la vulgarité. Pendant le mois du Ramadan on évite la vulgarité mais c’est maintenant qu’on en sort que j’insiste sur ceci, c’est qu’on sort du Ramadan, il faut à ce moment là, non pas avec le jeûne avoir tenu sa langue, et sans le jeûne laisser libre court à ses mots. Non, il faut travailler son expression, travailler son contenu, travailler sa forme, éviter la vulgarité, éviter la nervosité, trouver et chercher les mots. Ça c’est un travail.
Il y a un véritable Djihad de la langue, c'est à dire un effort pour que la langue exprime la noblesse.
Certains ont une vie dans laquelle on s’habitue. On s’habitue à un langage vulgaire, on s’habitue à des mots qui n’ont pas de délicatesse. Parce que c’est comme tout, on s’habitue à tout et tout se normalise, même dans notre langage.
Et quand on voit le prophète As’Salam, on voit que ce n’est pas possible, que la distinction du cœur suppose et exige la distinction du verbe et que dans la distinction du verbe, il y a quelque chose qui est dit sur notre cœur : faire attention à sa façon de s’exprimer, faire attention à ne pas trop en dire et en dire juste ce qu’il faut en cherchant les bons mots et chercher les bons mots c’est un travail, ça ne vient pas comme cela, c’est un effort qu’il faut faire.
Chacun peut s’améliorer. Chacun doit s’améliorer. C’est le véritable effort intellectuel pour trouver le meilleur mot, pour pouvoir dire la plus profonde des sensibilités, le meilleur mot pour pouvoir être le miroir du cœur.
N’oubliez pas, n’oubliez jamais de prendre soin de vous et de dire à ceux que vous aimez, avec les meilleurs mots possibles que vous les aimez.
Reprise à partir du document audio
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Commentaires
Oui, très beau texte.
Tour à tour, nous sommes blessés et blessons, volontairement ou non, souvent par réaction.
Nous nous infligeons alors, à notre insu, la double peine. Apprendre à méditer pour se rendre compte du refrain constant dans la tête, de ce que ça provoque dans le corps et laisser passer.
Cette pause est toujours salutaire.
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Tout d'abord par leur féquence vibratoire, ensuite par le fait que nous nous les répétions mentalement plusieurs fois, en esayant de les" digérer", et là on se fait encore plus de mal...Sidoni.