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Les vieux
Le vieux est assis dans la cuisine. Ses yeux ont la même couleur que le vieux fauteuil.
Sa main posée sur la table est une étrangère, un gros noeud tout seul.
Le vieux creuse une idée.
Le feu et le chien se regardent.
Le vieille éveille mille souris -mille besognes surgissent dans tous les coins.
Le balancier de l'horloge va de l'un à l'autre...
D'année en année, l'ombre des arbres a envahi la pièce. Et maintenant, il y fait mi-jour même en plein été.
La vieille monte vite vite l'étroit escalier. Où en est la provision de soleil?
La fenêtre du grenier est si petite, si bas contre le sol, juste pour une tête d'enfant.
Le lit craque de lavande sèche.
Des enfants ont laissé leur ombre, des enfants font encore la ronde dans les murs.
La vieille redescend précipitament, elle a dérobé une pomme, elle l'enfouit au fond de sa longue poche, comme si quelqu'un allait lui faire des reproches...
Le vieux n'a pas bougé, il tourne un peu la tête, puis lentement il reprend le cours de son idées. Ses joues sont un peu plus creuses que tout à l'heure.
Un calendrier suspendu par un ruban bleu très pâle fait une tâche insolite sur le mur.
Des visages montent de la profondeur de la pierre.
La vieille fait briller ses bougeoirs, et ses doigts s'allongent, s'allongent dans l'univers métallique. Elle a donné toute l'étincelle de ses yeux à son vieux cuivre... elle y a enfermé toute l'eau du printemps, tout le soleil des feuilles...
Le vieux reprend sa main posée sur la table, comme un fardeau il l'a met sur son genou. Sa tête se penche, elle non plus il ne sait trop où la mettre.
Le chien s'aplatit contre le sol.
Le feu est bas, une petite frange de coquelicots surgit timidement de la souche de bois.
Dans l'oeil du chien subsiste une petite, toute petite lueur.
Il essaie de maintenir la vie, mais la vie s'échappe et le vieux a perdu son idée.
La vieille est raide sur sa chaise, solennelle pour personne.
Soudain elle n'a plus rien à faire. elle trouve que l'éternité met du temps à venir...
Le balancier va toujours doucement, de l'un à l'autre. Depuis longtemps, ils ne se parlent pas autrement.
Renée Rivet-BoracVoir les vidéos chez Miche
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Commentaires
Peut-être sont-ils heureux malgré tout ...
C'est quand l'un des deux partira que l'enfer commencera !
amitié pas encore vieille !
LOl, cela me fait penser à la chanson de JACQUES Brel : "Les vieux..."
La même ambiance, en plus de douceur peut être ...
Ce que je les aime ces vieux et ce qu'il m'énerve aussi parfois ;)
kiss
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C'estsouvent comme ça .
Un peu triste ,
Dommage quand même,
IL n' y a plus rien d' autre qu' une simple habitude.
Actuellement je pourrais dire "voila mon quotidien "
Mais je refuse cette vie qui m' est imposée et je pense a ceux que j' aime et qui m' aiment encore.
Je suis lasse mais pas desepérée.