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Sur l'enracinement - J. Winkel
" Si la tête en haut récapitule tout le corps,
en bas, les pieds le récapitulent aussi et portent son devenir en puissance ...
Partant des pieds, l'homme vivant doit croître, comme un arbre, et atteindre la tête où se multiplieront ses fruits "Annick de SOUZENELLE
Notre corps est comme un arbre. Par nos pieds et nos jambes nous nous enracinons dans le sol. La colonne en est le tronc, avec le bassin comme souche. Nos bras sont les branches et nos mains les feuilles, la tête étant au sommet. Par les pieds, les jambes, le bassin, nous plongeons dans la vie qui est d'abord physique et inconsciente. Par les plantes de pied nous nous enracinons dans le sol, nous nous abandonnons à la vie qui monte en nous. Par le bas nous tirons la vie du sol. Par le dessus, nous recevons le soleil, l’air et le vent. C'est avec les muscles des jambes et des fesses que nous devons marcher, monter, nous asseoir, nous lever.
Ces muscles sont enracinés dans ceux de l'abdomen qui est le centre de force et d’équilibre, le centre moteur principal du corps. C'est notre sphère de base, le centre vital où tout germe. Non seulement l'enfant chez la femme, mais également la vie physique, psychique et spirituelle de l'homme. Une belle attitude humaine consiste à se planter solidement dans son bassin et à porter son buste. Installé fermement dans son bassin, on en retire son buste que l'on porte pour s'affirmer.Le buste, notre seconde sphère, est orienté vers l'action et l'affirmation de soi. Alors que la sphère du bassin nous récupère en nous, celle de la poitrine nous oriente vers l'extérieur. C'est dans la troisième sphère, celle de la tête, que l'homme d'aujourd'hui s'est réfugié. Cette sphère est la plus complexe, elle est le sommet de l'évolution humaine. D'ailleurs, plus que son buste encore, normalement, on porte sa tête. Etre dans son bassin, c'est être dans son assiette. Ne dit-on pas du vrai cavalier qu'il est "dans son assiette" lorsqu'il fait correspondre son centre de gravité avec sa monture ? L'assiette est la posture du hara. C'est celle que forme le corps lorsque le rapport exact est observé entre cette coupe et l'axe de la colonne vertébrale. Cela implique que l'homme debout tient ses pieds parallèles l'un à l'autre et séparés l'un de l'autre de la longueur d'un pied environ. Ses genoux non raidis, sont prêts à la flexion, prêts à jouer avec les chevilles et les hanches pour que l'équilibre mouvant soit toujours assuré. Stable dans le mouvement ; dansant sur ses racines, l'homme dans son hara est centré en lui-même. Son buste n'est ni penché en avant, ni cambré en arrière, mais ancré avec exactitude dans le hara de telle sorte que le ventre soit toujours libéré.
La tête, bien dégagée des épaules, qui elles lâchent prise et tombent, la colonne cervicale se déroule dans la lumière et prolonge au mieux la colonne vertébrale, obligeant le menton à un léger retrait.L'homme ainsi posé devient le trait d'union, l'arbre bien enraciné entre terre et ciel.
Johanna Winkel
Extrait de la revue Yoga Energie Janvier - Mars 1992
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