• Toucher la terre

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    Chaque méditation proposée ici est une petite conversation avec le Bouddha, dont chacun peut bénéficier en trouvant un passage qui correspond à sa propre situation.  Les présentes méditations visent à aborder les questions et les difficultés réelles d’une quadruple communauté de pratiquants, incluant moines, moniales, laïcs hommes et femmes. Ce qui nous met tous en relation, c’est notre aspiration profonde à vivre une vie éveillée, en paix et en harmonie avec nous-mêmes et les autres ; c’est notre désir de guérir les blessures qui ont marqué en profondeur notre corps et notre esprit ; c’est aussi notre engagement à servir la société. Les différents textes proposés ont été écrits par notre Maitre Thich Nhat Hanh et sont extraits d'un livre qui paraitra bientot en librairie "Conversations intimes avec le Bouddha".

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     Cultiver le bonheur avec la foi juste et la diligence juste

    Cher Bouddha, je vois tant de gens souffrir dans le monde. Ils détruisent leur corps et leur esprit, simplement parce qu’ils n’ont pas encore la foi, le chemin. Comme tu nous as dit, une bête de somme croulant sous son fardeau ne souffre pas forcément, alors qu’un être humain ignorant du chemin qui est le sien dans la vie endure une véritable souffrance. Je suis conscient d’avoir beaucoup de chance: j’ai un chemin à suivre et j’en ai confiance. Chaque fois que j’applique tes enseignements dans ma vie quotidienne, je vois un soulagement et une transformation. Je sens l’énergie de la pleine conscience, de la concentration et de la vision profonde s’accroître en moi. Elle m’aide à surmonter mes blocages et ma souffrance. Ainsi ma foi est fondée sur mon expérience de vie et non sur une promesse. Cette foi en moi est une énergie basée sur une compréhension claire et non sur de la superstition. Plus j’apprends et pratique tes enseignements, cher Maître, plus ma foi se fortifie et m’apporte du bonheur. J’ai une grande foi en toi, en tes enseignements, en ta communauté de pratique et en ma vie de pratique. Je n’ai pas à avoir peur de quoi que ce soit, et c’est le plus grand des bonheurs.


    Cher Bouddha, ayant l’énergie de la foi, je fais le vœu de pratiquer la pleine conscience avec mon corps, ma parole et mon esprit afin d’avancer, dans tous mes actes, chaque jour avec force et courage sur le chemin de la transformation et de la guérison pour moi-même et pour les autres. Je suis convaincu que l’énergie de la foi peut m’aider à réaliser cette aspiration.


    En suivant tes instructions, cher Maître, je suis déterminé à pratiquer l’attention juste, c’est-à-dire à ne prêter attention qu’à des pensées, images et sons qui arrosent de bonnes graines en moi, afin de ranimer les formations mentales[1] pures et belles dans ma conscience où elles prendront la place des formations négatives. Je suis déterminé à pratiquer aussi la diligence juste. Je ne veux en aucun cas, par mes contacts ou ma consommation irréfléchie, arroser dans ma conscience les graines négatives de la violence, de la haine, de l’attachement, etc. Je ne veux laisser aucune chance à ces graines d’être arrosées, de se manifester ou de grandir. S’il arrive que mes graines négatives soient arrosées et se manifestent dans mes paroles, actes ou pensées, je chercherai tous les moyens de les renvoyer tout au fond de ma conscience sous leur forme initiale de semence. Je sais que si elles se manifestent régulièrement, elles se développeront très vite. Si elles restent longtemps dormantes au fond de ma conscience, elles ne feront que s’affaiblir. Grâce au chant, à l’étude de tes enseignements et à la fréquentation d’amis pratiquants assidus, j’invite mes formations mentales positives comme la bonté aimante, la compassion, la joie, la non-discrimination… à se manifester régulièrement. Je chercherai tous les moyens de les maintenir aussi longtemps que possible dans ma conscience mentale. Si elles se manifestent durablement et sont entretenues, elles auront la chance de grandir, de réaliser beaucoup de transformation et d’apporter le bonheur à moi-même, ainsi qu’à mon entourage.


    Cher Maître, tu m’as appris comment produire les cinq sortes d’énergie que sont la foi, la diligence, la pleine conscience, la concentration et la vision profonde. L’énergie de la foi produit celle de la diligence, qui produit à son tour celle de la pleine conscience, de la concentration et de la vision profonde, et qui, en retour, développe encore la foi[2]. Je touche la Terre devant toi, cher Bouddha, et devant mes nobles maîtres ancestraux en faisant le vœu de pratiquer chaque jour pour produire et renforcer à l’intérieur de moi ces sources d’énergie précieuse.

    Silence pendant quelques respirations

     

                Avec gratitude et de tout mon cœur, je touche la Terre devant toi, cher Bouddha, l’enseignant inégalé[3].

    1 son de cloche et on touche la Terre pendant au moins 3 respirations.

    1 demi son de cloche et on se relève.

     

                Avec gratitude et de tout mon cœur, je touche la Terre devant Mahasthamaprapta, le Bodhisattva[4] de la Grande Energie afin de recevoir son soutien.



    [1] Toute manifestation dans le mental comme l’amour, la tolérence, la colère, la jalousie, etc. Cf. Thich Nhât Hanh, Le Cœur des Enseignements du Bouddha, La Table Ronde, 2000.

    [2] Ce sont les Cinq Facultés et les Cinq Energies. Cf. glossaire et Thich Nhât Hanh, Le Cœur des Enseignements du Bouddha, La Table Ronde, 2000.

    [3] L’un des dix qualités du Bouddha.

    [4] Toute personne qui suit le chemin de l’Eveil, pour sa propre libération et pour aider les autres à se libérer.

    Arrêter la course pour revenir au moment présent

    Cher Bouddha, certains d’entre nous avons des trajets d’une heure en voiture ou en train pour aller au travail, et la même chose pour en revenir. Et une fois rentrés à la maison, malgré la fatigue, nous devons encore préparer à manger et faire le ménage. Il faut aussi penser à payer les factures, le loyer ou l’emprunt logement, l’électricité, l’eau, le téléphone, les impôts. Et puis s’ajoutent d’autres problèmes comme la maladie, le chômage, les accidents de la route… Voilà notre vie jour après jour, toujours occupée et constamment sous pression, créant en nous de la peur et de l’anxiété. La plupart d’entre nous vivons notre vie comme une course permanente. Nous nous dépêchons de finir une tâche pour vite passer à la suivante. Une tâche n’est pas finie qu’une autre apparaît, et c’est sans fin. Nous sommes également attachés à nos habitudes : nous ne supportons pas de rester oisifs ; nous remplissons tout notre temps de toutes sortes d’occupations. Cent ans passent en un éclair, comme dans un rêve. Mais je ne veux pas de ce mode de vie. Je veux vivre pleinement et librement chaque instant de ma vie quotidienne. Je veux suivre la pratique de vivre heureux dans le moment présent que tu nous as enseignée. Pour cela, je veux en faire moins et vivre de manière à ce que chaque instant m’apporte de la joie.

    Cher Maître, c’est seulement faute d’avoir vécu pleinement le moment présent, pris dans ma course perpétuelle, que je n’ai pas eu la chance de toucher toutes les merveilles de la vie. En regardant profondément, je me rends compte à quel point ces merveilles sont disponibles : une goutte de rosée, un brin d’herbe, un rayon de soleil, un nuage, jusqu’à une étoile… Dans le passé, j’ai vagabondé comme un enfant prodigue, fuyant le moment présent à la recherche d’un bonheur illusoire dans le futur. En cet instant, je suis éveillé par tes enseignements qui m’apprennent à vivre heureux dans le moment présent. Je reconnais le monde du bonheur qui est juste là, pour moi.

     

    Le monde est plein de trésors.

    Je vous offre ce matin

    Une poignée de diamants

    Qui brillent jour et nuit.

     

    Chaque minute est un joyau

    Qui renferme la terre, l’océan et le ciel.

    Il suffit d’une respiration légère

    Pour que tous ces miracles se produisent.

     

    Les oiseaux chantent, les pins murmurent et les fleurs s’épanouissent ;

    Le ciel bleu et les nuages blancs sont là ;

    Le regard brille, plein d’amour ;

    Le sourire emplit le cœur.

     

    Toi, la personne la plus riche sur Terre,

    Tu erres depuis si longtemps.

    Cesse de faire l’enfant prodigue,

    Reviens et reçois ton héritage.

     

    Offrons-nous le bonheur.

    Vivons pleinement l’instant.

    Laissons partir tout ce courant de souffrance

    Et choyons la vie au creux de nos mains[1].

     

    Silence pendant quelques respirations

     

                Corps et esprit parfaitement dans l’ici et le maintenant, je touche la Terre trois fois pour vraiment m’arrêter et entrer en contact avec les merveilles de la vie en moi et autour de moi.

    1 son de cloche et on touche la Terre pendant au moins 3 respirations.



    [1] Poème de Thich Nhât Hanh intitulé Notre véritable héritage, extrait de Une flèche, deux illusions, éditions Dangles, 2000.

    M’asseoir comme Bouddha

                Cher Maître, je rêve de m’asseoir comme toi, calme et solide. Je veux avoir une prestance comme la tienne. J’ai appris à m’asseoir le dos bien droit mais sans raideur, la tête bien droite, ni penchée vers l’avant ni vers l’arrière, les épaules détendues, les mains posées l’une sur l’autre avec légèreté. Dans cette posture, je me sens à la fois solide et détendu. Je sais qu’à mon époque, la plupart des gens sont trop occupés. Peu de gens ont la chance de s’asseoir tranquillement dans une totale liberté intérieure. Je fais le vœu de pratiquer la méditation assise de manière à ce que la joie et le bonheur soient possibles durant toute l’assise. Que je sois dans la position du lotus, du demi-lotus, en tailleur, sur les talons ou sur une chaise avec mes deux pieds bien au sol, je suis assis en personne libre. Je m’entraîne à m’asseoir tranquillement en suivant ma respiration consciente pour reconnaître et calmer mes sensations et mes émotions. Ainsi, mon corps et mon esprit se posent et s’apaisent. Avec cette pratique, j’allume la lampe de ma conscience : j’ai la chance d’unifier mon corps et mon esprit, de faire naître en moi la sensation de la joie et du bonheur. Je regarde profondément mes perceptions, mes autres formations mentales[1] lorsqu’elles se manifestent. Je contemple leur nature pour voir l’origine de leur manifestation.


                Cher Bouddha, je ne vois pas la méditation assise comme un effort à faire, qui force et emprisonne mon corps et mon esprit, ou comme un dur labeur capable de me procurer un certain bonheur dans un lointain futur. Au contraire, je suis déterminé à m’asseoir de manière à ressentir la joie et le bonheur, et à me sentir immédiatement nourri. Dans les générations passées, beaucoup de mes ancêtres génétiques n’ont jamais eu l’occasion de goûter au bonheur de l’assise en pleine conscience. Je fais le vœu de m’asseoir aussi pour eux. Je veux m’asseoir pour mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs. Si la méditation assise me nourrit, elle nourrit également ceux que j’aime. Chaque respiration, chaque moment de contemplation, chaque sourire pendant la méditation assise peut devenir un cadeau pour eux et pour moi-même, un cadeau qui nous nourrit tous en même temps. Je n’oublierai pas qu’il vaut mieux aller au lit de bonne heure pour ne pas m’assoupir pendant la méditation assise le lendemain matin. Si j’ai sommeil, je demanderai à la Sangha[2] l’autorisation de m’agenouiller pour réveiller mon corps et mon esprit et éviter de gaspiller mon temps en dormant pendant la session de méditation assise.


                Pendant le repas, pendant le partage du Dharma[3], les enseignements ou bien au travail, je m’entraînerai à m’asseoir dans la solidité et la liberté comme pendant la méditation assise. Je ne m’assoirai ni penché à droite, ni à gauche, ni appuyé contre le mur comme je l’ai fait par le passé. Sur la colline, à la plage, au pied d’un arbre, sur un rocher, dans la salle de séjour, dans le bus, dans une manifestation contre la guerre ou pendant un jeûne pour les droits de l’Homme, je m’assoirai de la même façon. Je n’irai pas m’asseoir dans des bars, des lieux de prostitution, des casinos, dans des lieux de médisance ou de bavardage, sauf dans l’intention d’y apporter de l’aide.

                Je suis déterminé à m’asseoir comme toi et pour toi, cher Bouddha, toi qui m’as donné naissance dans cette vie spirituelle. Je suis conscient que si chacun dans le monde est capable de s’asseoir calmement, la paix et le bonheur se répandront sûrement sur cette Terre.

    Silence pendant quelques respirations

     

                Corps et esprit en parfaite harmonie, je touche la Terre trois fois devant toi, mon cher Maître, et devant le Vénérable Baddhiya qui a goûté la joie et le bonheur de la méditation assise[4].

    1 son de cloche et on touche la Terre pendant au moins 3 respirations.

    1 demi son de cloche et on se relève.

     



    [1] Toute manifestation dans le mental comme l’amour, la tolérence, la colère, la jalousie, etc. Cf. Thich Nhât Hanh, Le Cœur des Enseignements du Bouddha, La Table Ronde, 2000.

    [2] Communauté de pratique.

    [3] Discussion des enseignements du Bouddha.

    [4] Avant de devenir moine, Baddhiya était gouverneur des provinces du nord dans le clan Sakya. Une fois tard le soir, pendant sa méditation assise, ce disciple du Bouddha  réalisa combien il était libre et heureux et ne put s’empêcher de s’exclamer deux fois : « Oh, quel bonheur! » Cf. Thich Nhât Hanh, Sur les traces de Siddharta, Jean-Claude Lattès, 1996, chapitre 38.

    __________________________________________________________

    Manger avec gratitude

                Cher Bouddha, je fais le vœu de faire naître en moi la gratitude chaque fois que je m’assieds à table pour le repas. Je sais que le moment du repas est aussi un moment de méditation. En mangeant, je nourris non seulement mon corps physique mais aussi ma conscience. Les mains jointes, je pratique la respiration consciente pour ramener mon esprit à mon corps. Dans cet état de concentration calme et paisible, je regarde la nourriture sur la table ou dans mon assiette, et je pratique cette contemplation :

     

    Cette nourriture est un cadeau de l’univers tout entier, de la Terre, du Ciel,

    d’innombrables êtres vivants et le fruit de beaucoup de travail.


    En tant que laïc, je dois aller travailler chaque jour pour gagner de l’argent et pouvoir ainsi nourrir ma famille. Pourtant, je n’en retire pas l’idée que cette nourriture m’appartient, ni que c’est moi qui la produis. En regardant le contenu de mon assiette, je vois très clairement que c’est un cadeau de tout le cosmos. J’y vois les rayons du soleil et la pluie. J’y vois également les plantations, les vergers de pommiers et de pruniers, les potagers, l’engrais, les abeilles et les papillons butinant de fleur en fleur, les graines semées qui deviennent plantes. J’y vois aussi celui qui fait la récolte, qui la vend et celui qui cuisine. Tous les êtres de l’univers ont contribué à l’existence de la pomme, de la prune et du morceau de pain que je tiens dans ma main. Mon cœur s’emplit de gratitude et de bonheur. En mâchant le pain et la nourriture, je cultive la pleine conscience ainsi que ce bonheur, sans me laisser entraîner dans le passé, le futur ou les pensées insignifiantes du présent. Chaque bouchée me nourrit, ainsi que mes ancêtres et mes descendants déjà présents en moi. Et j’aime mâcher la nourriture avec ce poème:

     

    En mangeant dans la dimension ultime

    Je nourris des générations d’ancêtres

    Et tous mes descendants.

    Ensemble, nous frayons un chemin

    Et nous avançons en beauté[1].

     

                Ma nourriture est faite d’aliments comestibles et d’impressions sensorielles. La nourriture comestible est le pain et tout ce qui entre dans mon corps par la bouche. La nourriture des impressions sensorielles est la joie et la compassion que je touche pendant le repas. Lorsque je mange en pleine conscience, je fais naître compassion, liberté et joie, et je nourris ainsi toute ma famille et toute la Sangha[2]. Cela correspond à la deuxième contemplation :

     

    Je mange cette nourriture en pleine conscience et avec gratitude pour être digne de la recevoir.

                En pratiquant la troisième contemplation : je reconnais et transforme mes formations mentales négatives, par exemple l’avidité, qui m’empêchent de manger avec modération. [3]


    L’excès de nourriture nuit à ma santé et à ma pratique. Si je prends mes repas dans une communauté monastique ou dans une collectivité, je me souviendrai de cette contemplation en faisant la queue pour me servir et en remplissant mon bol ou mon assiette. Cette contemplation me rappellera de ne prendre que le strict nécessaire, afin de préserver la paix et la légèreté dans mon corps. En tant que moine ou moniale, je sais que mon bol à aumône est un instrument de mesure. Alors je l’utilise pour m’entraîner à me servir une quantité juste suffisante pour moi, même si la nourriture est très appétissante…

                En regardant cette nourriture, je vois bien que c’est un cadeau de la Terre, du Ciel, et le fruit de beaucoup de travail. En tant que moine ou moniale, je vois que c’est un don qui m’est offert par des laïcs et également par toi, cher Bouddha. Le jour de mon ordination, en me donnant un bol, tu m’as dit qu’avec lui, je n’aurais plus peur d’avoir faim si je pratiquais correctement. Maintenant, à la fin de chaque repas, le bol dans mes deux mains, je me tourne vers toi pour te remercier : Merci, cher Maître, de m’avoir donné de quoi manger. Mon cœur est plein de gratitude envers toi, c’est-à-dire envers la Terre, le Ciel, tous les êtres, le dur labeur et l’amour de tant de gens, notamment ceux qui ont cuisiné ce bon repas.

    Silence pendant quelques respirations

     

    Cher Bouddha, je touche la Terre trois fois devant toi, le plus digne de respect et d’offrande[4], afin d’exprimer ma gratitude envers la Terre, le Ciel et tous les êtres, et nourrir le bonheur en moi.

    1 son de cloche et on touche la Terre pendant au moins 3 respirations.

    1 demi son de cloche et on se relève.



    [1] Poème extrait de Chants du Cœur de Thich Nhât Hanh, Sully, 2009, page 279.

    [2] Communauté de pratique.

    [3] Cf. les Cinq Contemplations dans l’annexe en fin d’ouvrage.

    [4] L’une des dix qualités du Bouddha.

     

     

     

     

     

    Samedi 30 mars 2013

     

    Thay :

    Ce matin j’ai marché comme d’habitude et pendant la marche je me dis :

    « Qu’est ce que tu cherches ? ».

    Pendant l’inspiration : « Qu’est–ce que tu cherches ? Qu’est-ce que tu cherches ? ».

    Puis Thay regarde l’audience et demande :
    « Vous cherchez quelque chose ? » et ce que vous cherchez est déjà là.

    C’est cela, c’est  cela, c’est cela et quand vous faîtes une inspiration

    vous réalisez que ce que vous cherchez est déjà là en vous et autour de vous,

    les merveilles de la vie. Est-ce que vous cherchez le Royaume de Dieu ?

    Il est là, il est disponible mais vous n’êtes pas en contact avec le Royaume.

    Il faut se mettre en contact, la nature du Bouddha, le Nirvana,

    les merveilles de la vie, la Terre Mère, le Père Soleil, tout est là pour vous

    et vous n’êtes pas là pour eux.

    Donc l’éveil, la concentration, le bonheur est possible à chaque pas, à chaque souffle.

    Au Village des Pruniers vous êtes encouragé à être heureux à chaque pas, avec chaque souffle.

    C’est une chose possible, le bonheur c’est possible, la paix c’est possible,

    la fraternité c’est possible.

    Il faut commencer à vivre.

     

    dans-le-desert.jpg



    A la Rechercher L’un de l’Autre :

    Honoré du Monde, je vous ai cherché depuis mon enfance.

    Dès mon premier souffle, j’ai entendu votre appel.

    Je suis parti à votre recherche, Bhagavan,

    J’ai parcouru tant de chemins périlleux, rencontré tant de dangers.
    Dans mes pérégrinations, j’ai enduré désespoir, peur, espoir et souvenirs.
    Vers les contrées les plus lointaines, sauvages et immenses, je suis parti,

    Sur les étendues d’étranges océans, j’ai navigué,

    Sur les plus hauts sommets perdus dans les nuages, j’ai grimpé.marche dans le desert
    j’ai plusieurs fois gît mort dans une solitude absolue sur le sable d’anciens déserts,

    J’ai tenté de retenir dans mon cœur les nombreuses larmes de pierre,

    J’ai rêvé de boire les gouttes de rosée scintillant de l’éclat des galaxies lointaines.
    J’ai  laissé des traces de pas sur les montagnes célestes des dieux.
    J’ai hurlé du fond de l’enfer Avichi, exténué, éperdu de désespoir.
    C’est parce que j’avais faim, j’avais soif.
    Au cours de mes dizaines de millions de vies,

    J’ai désiré découvrir l’image de Celui qui est parfait,

    Bien que je n’en connaisse pas exactement le lieu,

    O Béni, je sens du fond de mon cœur la mystérieuse certitude de votre présence.
    J’ai le sentiment que depuis des milliers de vies, vous et moi, n’avons été qu’un,

    Qu’entre nous il n’y a que l’éclair d’une pensée.
    Hier encore, je marchais seul, j’ai vu le chemin ancien couvert de feuilles d’automne.
    La lune brillante, accrochée au-dessus du portail, est apparue soudain comme l’image d’un vieil ami.
    Alors les étoiles tout excitées ont annoncé que vous étiez là.
    La nuit durant, la pluie de la compassion n’a cessé de tomber,

    La lumière des éclairs traversait ma fenêtre, un énorme orage s’était levé,

    Comme si la Terre et le Ciel s’emportaient dans leur furie.
    Enfin, en moi, la pluie s’est arrêtée et les nuages ont disparu.
    Par la fenêtre, je vis la lune tardive, paisible et brillante.
    Le Ciel et la Terre étaient totalement apaisés.
    En me contemplant dans le miroir de la lune, je me suis vu et soudain je vous ai vu, Bhagavan.
    Vous étiez souriant.

    Comme c’est étrange !

    La lune brillante de la liberté  venait juste de me revenir.
    En un seul instant, tout ce à quoi j’ai cru, je l’avais perdu.
    Dès lors, et à chaque instant qui suivit, je vis que rien ne m’avait quitté,

    Et qu’il n’y avait rien à retrouver.
    Chaque fleur, chaque caillou et chaque feuille me regarde et me reconnaît.chemin-de-pierre.jpg
    Où que se tourne mon regard, je vous vois sourire,

    Le sourire de ce qui ne naît ni ne meurt.
    Voilà ce que j’ai découvert en regardant dans le miroir de la lune.
    Je vous ai vu, Bhagavan,

    Vous êtes assis là, aussi solide que le Mont Mérou, aussi calme que mon propre souffle.
    Vous êtes assis comme s’il n’y avait jamais eu la violence des tempêtes en ce monde.
    Vous êtes assis en paix et libre.
    Je vous ai  trouvé Bhagavan, et je me suis trouvé.
    Je suis assis, le ciel bleu profond est silencieux,

    Les montagnes couvertes de neige sont peintes sur l’horizon, et le soleil chante sa joie.


    Vous êtes mon premier amour, Bhagavan,

    Vous êtes l’amour toujours présent, immaculé et vierge,

    Ainsi  jamais je n’aurai besoin d’un amour dont on dirait qu’il est « le dernier ».
    Vous êtes la source, le courant d’une vie spirituelle,

    Qui s’écoule depuis des millions de vies dans le samsara, mais qui reste pure comme au début.


    Vous êtes ma paix.
    Vous êtes ma solidité.
    Vous êtes ma liberté intérieure,

    Vous êtes le Bouddha,
    Vous êtes le Tathagata.
    Sans dévier,

    Je souhaite  nourrir en moi la solidité et la liberté,

    Pour les offrir à tous les êtres.
    Aujourd’hui et toujours.


    -          Poème Inédit de Thich Nhat Hanh

    « Quelles connaissances?Prière à la Terre »

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