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L'empire de la honte (1/6)
La nuit était noire, sans lune. Le vent soufflait à plus de 100 km/heure. II soulevait des vagues de dix mètres qui s'abattaient clans un fracas effroyable sur la frêle embarcation de bois. Celle-ci était partie dix jours auparavant d'une crique de la côte mauritanienne avec à son bord 101 refugiés africains.
Par miracle, la tempête jeta la barque contre un récif de la plage d'El Medano, sur une petite ile de l'archipel des Grandes-Canaries.
Au fond de la barque, les agents de la Guardia civil espagnole trouvèrent, parmi les survivants hébétés, les cadavres d'une femme et de trois adolescents, morts de faim et de soif.
La même nuit, un rafiot s'échoua quelques kilomètres plus loin sur la plage d'El Hierro : à son bord 60 hommes, 17 enfants et 7 femmes. Spectres titubants à la limite de l'agonie, ils s'effondrèrent sur le sable.
A cette même époque, mais en Méditerranée cette fois-ci, se joua un autre drame : à 150 km au sud de Malte, un avion d'observation de l'organisation Frontex2 repéra une barque surchargée de 53 passagers qui dérivait — probablement du fait d'une panne de moteur ballottée par les flots. A son bord, les caméras de l'avion purent identifier des femmes et des enfants en bas âge. Aussitôt, le pilote en informa les autorités maltaises.
Celles-ci refusèrent d’intervenir, prétextant que les naufrages dérivaient dans la « zone de recherche et de secours libyenne ». Laura Boldini, déléguée du Haut- Commissariat pour les réfugiés des Nations unies, intervint, demandant aux Maltais de dépêcher un bateau de secours. Son argument : « Par le passé des embarcations ont pu dériver en Méditerranée jusqu'a vingt jours.
Rien n'y fit.
L’Europe ne bougea pas.
On perdit toute trace des naufragés.
Quelques semaines auparavant, un rafiot ou se pressait une centaine de refugiés africains de la faim, qui tentait de rejoindre les Canaries, avait sombré dans l'Océan au large du Sénégal. II y avait eu deux survivants.
Ce texte est un extrait de la préface du livre de Jean Ziegler "L'empire de la honte".
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Commentaires
15NarfMercredi 13 Novembre 2013 à 13:3914danielle grauxMercredi 13 Novembre 2013 à 13:39c est vrai la on ne peut que dire non.
mais a notre petit niveau individuel on ne peut pas grand chose,
a part continuer notre travail sur nous meme,cela a un impact sur le monde.
puisque nous sommes tous relié quelques part,notre propre progression fait boule de neige.beau courage a tous ,et énorme bises.
13NarfMercredi 13 Novembre 2013 à 13:39Toujours la Vie nous rappelle que nous sommes LIBRES et responsables! Nous sommes LIBRES mais nous sommes les premiers à chercher refuge, à bâtir notre prison, avec des barreaux ou des murs bien solides.( Ben oui, responsable ça va avec! Nous n'avons rien sans rien!). Prendre conscience à quel point nous sommes libres, donne ....la trouille! et nous nous renfermons dans notre coquille! Jusqu'à que nous étouffions... solution....respiration... Entrons dans la danse...de la Vie!
12NarfMercredi 13 Novembre 2013 à 13:3911danielle grauxMercredi 13 Novembre 2013 à 13:3910danielle grauxMercredi 13 Novembre 2013 à 13:39Il existe deux genres d'humains.
Ceux qui sont libres à l'intérieur, et donc comblés. Et là, à la limite, la notion de responsabilité n'a rien à y faire.
Et ceux qui, effectivement, ont des libertés illusoires, celles qui pourraient être par exemple de consommer à outrance, sans penser aux conséquences. C'est aussi cette catégorie qui est prise dans les mailles de ceux qui nous dirigent.
Un interview que j'aime bien ici:
http://www.dailymotion.com/video/x14d8m_lempire-de-la-honte-jean-ziegler_events
Avec une qualité pourrie hélas. Je l'ai sauvegardé, au cas où il disparaitrait :)
Jean Ziegler ne dit pas de bêtises, c'est un homme de coeur qui aimerait que le reste des hommes de ce monde en ait aussi !
merci de le publier !
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MERCI YOG!