• L'empire de la honte (5/6)


    http://www.camer.be/UserFiles/Image/Refugies190908200.jpgPour l'heure aucun instrument du droit international ne permet de « décriminaliser » le réfugié de la faim. La Convention des Nations unies pour la protection des réfugiés, de 1951, n'accorde le droit d’asile qu’à des personnes qui sont persécutées pour des raisons raciales, religieuses ou politiques. Ces critères sont limitatifs.

     

    Quant à la Convention pour la protection des migrants, dont l'administration incombe au Bureau international du travail (et non au haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés), aucune de ses dispositions ne permet de décriminaliser les réfugiés de la faim.

     

    Seule instance à pouvoir légiférer : le Conseil des Nations unies pour les droits de l'homme, composé de 47 Etats membres élus par l'Assemblée générale de New York au prorata des continents pour une durée de trois ans renouvelable.

     

    Lundi 11 juin 2007, 18 heures, salle n° XXII de l’annexe orientale du palais des Nations, bondée et surchauffée. A l'ordre du jour : la proposition de création d'un droit d'asile temporaire pour les réfugiés de la faim.

     

    Au nom de l'Union européenne, Mme Anke Konrad refuse l'entrée en matière.

     

    Dans l'empire de la honte, gouverné par la rareté organisée, la guerre n'est plus épisodique, elle est permanente. Elle ne constitue plus une crise, une pathologie, mais la normalité. Elle n'équivaut plus à l'éclipse de la raison — comme le disait Horkheimer —, elle est la raison d'être même de l'empire. Les seigneurs de la guerre économique ont mis la planète en coupe réglée.

     

    Ils attaquent le pouvoir normatif des Etats, contestent la souveraineté populaire, subvertissent la démocratie, ravagent la nature, détruisent les hommes et leurs libertés. La naturalisation de l'économie, la « main invisible » du marché leur tiennent lieu de cosmogonie et la maximalisation du profit de pratique.

     

    J'appelle violence structurelle cette cosmogonie et cette pratique.

     

    La dette et la faim sont les deux armes de destruction massive utilisées par les maîtres du monde pour asservir les peuples, leur force de travail, leurs matières premières, leurs rêves.

     

    Des 192 Etats de la planète, 122 se situent dans l'hémisphère Sud. Leur dette extérieure cumulée dépasse les 2 100 milliards de dollars.

     

    La dette extérieure agit comme un garrot. L'essentiel des devises qu'un pays du tiers-monde gagne par ses exportations sert au paiement des tranches d'amortissement et des intérêts de la dette.

     

    Les banques créancières du Nord agissent comme des sangsues.

     

    Le pays débiteur est frappe d'anémie.

     

    La dette empêche tout investissement social conséquent dans l'irrigation, l'infrastructure routière, scolaire, sanitaire, à fortiori dans quelque industrie que ce soit.

     

    Pour les pays les plus pauvres, aucun développement durable n'est possible.

     

    Le massacre quotidien de la faim se poursuit dans une normalité glacée. Toutes les 5 secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim. Toutes les 4 minutes, quelqu'un devient aveugle par manque de vitamine A.

     

    En 2006, 854 millions de personnes — un homme sur six sur notre planète — ont été gravement et en permanence sous-alimentées. Elles étaient 842 millions en 2005.

     

    Le World Food Report de la FAO, qui donne ces chiffres, affirme que l'agriculture mondiale, dans l'état actuel du développement de ses forces de production, pourrait nourrir normalement (soit à raison de 2 700 calories par jour et par adulte) 12 milliards d'êtres humains.

     

    Nous sommes aujourd'hui 6,2 milliards sur terre. Conclusion : il n'existe aucune fatalité. Un enfant qui meurt de faim est assassiné.

     

    L'ordre du monde économique, social et politique érige par le capitalisme prédateur n'est pas seulement meurtrier. Il est aussi absurde.

     

    II tue, mais il tue sans nécessité.

     

    Il doit être combattu radicalement.

     

    Mon livre veut être une arme pour ce combat.

     

    Où est l'espoir ?

     

    Dans le refus raisonné de l'homme d'accepter durablement un monde où la misère, le désespoir, l’exploitation, la faim d'une multitude nourrissent le relatif bien-être d'une minorité, généralement blanche et la plupart du temps inconsciente.

     

    L’impératif moral est en chacun de nous.

     

    II s'agit de le réveiller, de mobiliser la résistance, d'organiser le combat.

     


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  • Commentaires

    2
    Vendredi 18 Juin 2010 à 21:42
    Yog' La Vie

    Certainement oui. Ça finira par se savoir.

    1
    Vendredi 18 Juin 2010 à 08:41
    Vieux Jade

    En dehors du mal "pur", si je puis dire, il y a certainement des raisons comme celles-ci : http://www.romandie.com/infos/news2/100617123356.nqrerzay.asp qui expliquent sans l'ombre d'un doute les motifs réels d'une autre guerre.

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