• Les relations

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    Comme nous sommes prompts à former une opinion sur une personne, à la juger. Il est satisfaisant pour le mental égoïque de classer un autre humain, de lui accoler une identité conceptuelle, de prononcer sur lui un jugement vertueux.

     

    Chaque être humain est conditionné à penser et à se comporter de certaines façons - généralement par des expériences vécues dans l'enfance et par son environnement culturel.

     

    Vous ne voyez pas l'essence de cette personne, mais son apparence. En jugeant quelqu'un, vous confondez sa nature avec ces schémas mentaux conditionnés. Cette attitude est en soi un schéma profondément conditionné et inconscient. Vous lui attribuez une identité conceptuelle et fausse qui devient une prison non seulement pour lui, mais aussi pour vous-même.

     

    Ne plus juger une personne, ce n'est pas ne pas voir ses gestes. C'est reconnaître que son comportement correspond à une forme de conditionnement et que vous la voyez et l'acceptez ainsi. Ce n'est pas lui fabriquer une identité.

     

    Cela vous libère, de même que l'autre, de l'identification au conditionnement, à la forme, au mental. Ainsi, l'ego ne dirige plus vos relations.

     

    ***

     

    Tant que l'ego dirige votre vie, la plupart de vos pensées, de vos émotions et de vos gestes émanent du désir et de la peur. Alors, dans les relations, vous désirez ou craignez quelque chose de l’autre.

     

    Ce que vous voulez de lui, ce peut être le plaisir ou le gain matériel, la reconnaissance, des louanges ou de l'attention, ou un renforcement de votre sentiment de soi par la comparaison et l'affirmation que vous êtes supérieur à lui, du point de vue de l'être, de l'avoir ou des connaissances. Ce que vous craignez, c'est le contraire: qu'il puisse, d'une façon ou d'une autre, diminuer votre sentiment de soi.

     

    Lorsque vous focalisez votre attention sur le moment présent - au lieu d'en faire usage comme d'un simple moyen -, vous dépassez l'ego et l'impulsion inconsciente d'utiliser les gens pour vous mettre en valeur à leurs dépens. En accordant toute votre attention à votre interlocuteur, vous écartez de la relation le passé et le futur, sauf pour des questions pratiques. En étant pleinement présent à votre interlocuteur, vous renoncez à l'identité conceptuelle que vous lui avez fabriquée - votre interprétation de son identité et de son passé - et pouvez interagir sans les impulsions égoïques du désir et de la peur. La clé, c'est l'attention, qui est la quiétude éveillée.

     

    Comme c'est merveilleux de dépasser le désir et la peur dans les relations! L'amour ne veut ni ne craint rien.

     

    ***

     

    Si son passé était le vôtre, sa douleur la vôtre, son niveau de conscience le vôtre, vous penseriez et agiriez exactement comme lui. Avec cette prise de conscience viennent le pardon, la compassion, la paix.

     

    L'ego n'aime pas entendre cela, car s'il ne peut plus être réactif et vertueux, il perd de sa force.

     

    ***

     

    Lorsque vous recevez comme un noble invité quiconque entre dans l'espace du Présent, et que vous laissez cette personne être soi, elle commence à changer.

     

    Pour connaître un autre humain dans son essence, vous n'avez pas vraiment besoin de connaissance sur lui - son passé, son histoire. Nous confondons la connaissance superficielle avec une connaissance profonde, qui n'est pas conceptuelle. Ce sont là deux modalités complètement différentes. L'une se préoccupe de la forme, l'autre de ce qui n'en a pas. L'une procède de la pensée, l'autre du calme.

     

    La connaissance superficielle est utile à des fins pratiques. Sur ce plan, nous ne pouvons nous en passer. Mais lorsque c'est le mode prédominant de la relation, elle devient fort contraignante et même destructrice. Les pensées et concepts engendrent une barrière artificielle, une séparation entre les humains. Alors, vos interactions ne sont pas enracinées dans l'Être, mais basées sur le mental. Sans les barrières conceptuelles, l'amour est naturellement présent dans toutes les interactions humaines.

     

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    La plupart des interactions humaines se limitent à l'échange verbal - le domaine de la pensée. Il est essentiel d'apporter du calme, surtout dans vos relations intimes.

     

    Aucune relation ne peut s'épanouir sans le sentiment d'ampleur qui accompagne le calme. Méditez, ou passez du temps ensemble en silence dans la nature. En vous promenant, ou assis dans la voiture ou à la maison, coulez-vous dans votre calme commun. Ce dernier ne peut et ne doit pas être créé. Il suffit d'être réceptif au calme déjà présent, mais généralement couvert par le bruit mental.

     

    Sans ce calme spacieux, la relation sera dominée par le mental et aisément envahie par les problèmes et les conflits. Le calme, lui, peut tout contenir.

     

    ***

     

    L'écoute véritable est un autre moyen d'apporter le calme dans la relation. Lorsque vous écoutez vraiment, la dimension du calme émerge, devenant un aspect essentiel de la relation. Mais l'écoute véritable est un talent rare. Habituellement, une personne accorde une grande part de son attention à sa pensée. Au mieux, elle peut évaluer vos paroles ou préparer son prochain propos. Ou elle n'écoute peut-être pas du tout, perdue dans ses propres pensées.

     

    L'écoute véritable dépasse largement la perception auditive. C'est l'attention éveillée, un espace de présence dans lequel les paroles sont reçues. Celles-ci deviennent alors secondaires, pouvant ou non avoir un sens. Ce qui compte, bien plus que ce que vous écoutez, c'est l'écoute même; l'espace de présence consciente se manifeste dans votre écoute. Cet espace est un champ de conscience homogène dans lequel vous rencontrez l'autre sans les barrières créées par la pensée conceptuelle. Ainsi, cette personne n'est plus "autre". Dans cet espace, vous êtes tous deux reliés en une seule conscience.

     

    ***

     

    Vivez-vous des drames fréquents et répétitifs dans vos relations intimes? Des désagréments relativement insignifiants déclenchent-ils souvent des discussions violentes et une douleur émotionnelle?

     

    Cela repose sur les schémas égoïques de base, soit le besoin d'avoir raison et, bien sûr, de donner tort à l'autre. En somme, sur l'identification à des positions mentales. Il y a aussi le besoin de l'ego d'être en conflit périodique avec une chose ou une personne afin de renforcer son sentiment de séparation entre "moi" et "l'autre", condition essentielle à sa survie.

     

    S'y ajoute l'accumulation de la douleur émotionnelle antérieure que vous portez, comme tout être humain, celle de votre passé personnel et de la douleur collective de l'humanité, fort ancienne. Ce "corps de souffrance" est un champ d'énergie intérieur qui s'empare sporadiquement de vous, par besoin de ressentir une plus grande douleur émotionnelle, pour s'en nourrir et se reconstituer. Il tente de contrôler votre pensée et de la rendre profondément négative. En réalité, il adore vos pensées négatives. Comme il résonne à leur fréquence, il peut s'en nourrir aussi. Il provoque également des réactions émotionnelles négatives chez vos proches, surtout votre partenaire, pour se repaître du drame et de la douleur émotionnelle qui s'ensuivent.

     

    Comment vous libérer de cette inconsciente et profonde identification à la douleur qui engendre tant de malheur dans votre vie ?

     

    Prenez-en conscience. Voyez que ce n'est pas votre nature et reconnaissez-la pour ce qu'elle est: une douleur passée. Observez-la chez votre partenaire ou chez vous-même. Lorsqu'elle est rompue, lorsque vous pouvez l'observer en vous, vous ne l'alimentez plus et elle perd graduellement sa charge énergétique.

     

    ***

     

    L'interaction humaine peut être un enfer. Ou une grande pratique spirituelle.

     

    Si en considérant un autre humain, vous ressentez beaucoup d'amour à son égard, ou si, en contemplant la beauté de la nature, quelque chose en vous réagit profondément, fermez un instant les yeux et ressentez en vous l'essence de cet amour ou de cette beauté, essence inséparable de qui vous êtes, de votre nature véritable. La forme extérieure est un reflet temporaire de votre nature intérieure, de votre essence. C'est pourquoi l'amour et la beauté ne vous quitteront jamais, contrairement à toutes les formes extérieures.

     

    Quelle est votre relation au monde des objets, aux innombrables choses qui vous entourent et que vous manipulez quotidiennement? Ce fauteuil, ce stylo, cette voiture, cette tasse? Sont-ils pour vous de simples moyens, ou vous arrive-t-il parfois de reconnaître leur existence, leur être, ne serait -ce que brièvement, en les remarquant et en leur accordant votre attention?

     

    Lorsque vous vous attachez aux objets, que vous les utilisez pour rehausser votre valeur à vos propres yeux et à ceux des autres, les préoccupations matérielles peuvent facilement s'emparer de votre vie. En vous identifiant aux choses, vous ne les appréciez pas pour ce qu'elles sont, car vous vous cherchez en elles.

     

    Si vous appréciez un objet pour ce qu'il est, si vous reconnaissez son être sans projection mentale, vous ne pouvez qu'être reconnaissant de son existence. Vous pouvez également sentir qu'il n'est pas vraiment inanimé, que ce n'est qu'apparence des sens. En effet, les physiciens confirmeront que, sur un plan moléculaire, tout objet constitue un champ d'énergie en pulsation.

     

    Grâce à votre appréciation désintéressée du domaine des objets, le monde qui vous entoure prendra vie de bien des façons dont votre mental n'a pas la moindre idée.

     

    ***

     

    Lorsque vous rencontrez quelqu'un, ne serait-ce que brièvement, reconnaissez-vous son être en lui accordant toute votre attention ou bien le réduisez-vous à un simple moyen, à une fonction ou un rôle?

     

    Quelle est la qualité de votre relation avec la caissière du supermarché, le préposé au stationnement, le réparateur, le "client"?

     

    Un moment d'attention suffit. Lorsque vous regardez ou écoutez cette personne, un calme éveillé se produit - de deux ou trois secondes, peut-être d'une durée plus longue. Cela suffit pour qu'émerge quelque chose de plus réel que les rôles habituels auxquels nous nous identifions. Tous les rôles font partie de la conscience conditionnée qu'est le mental humain. Ce qui se révèle par le geste attentif, c'est l'inconditionné - votre nature essentielle, derrière votre nom et votre forme. Vous n'êtes plus en train de jouer un scénario; vous devenez réel. Lorsque cette dimension monte du fond de vous, elle l'attire aussi chez l'autre.

     

    En définitive, il n'y a bien entendu personne d'autre; c'est toujours vous-même que vous rencontrez.

     

     

     

     

    Eckhart Tolle dans "Quiétude"

     

     

     
    « Maitriser sa vie14 juillet: La Marseillaise de Graeme Allwright »

  • Commentaires

    5
    naradamuni
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 14:14
    naradamuni

    Bien que cela ait l’air d’un paradoxe, nous ne faisons aucun acte bon ou mauvais, si minime soit-il, que nous ne soyons forcés de faire, attendu que tout acte est le résultat de la relativité qu’il y a entre une ou plusieurs sensations nous venant du milieu dans lequel nous vivons, et la plus ou moins grande faculté d’assimilation qu’elle peut rencontrer en nous. Or, comme nous ne pouvons être responsables de la plus ou moins grande faculté d’assimilation qui est en nous, relativement à un ordre de sensations ou à un autre, ni de l’existence ou de la non-existence des influences provenant du milieu dans lequel nous vivons et des sensations qui nous en viennent, pas plus que de leur relativité et de notre plus ou moins grande faculté de réceptivité ou de résistance, nous ne pouvons être responsables non plus du résultat de cette relativité, attendu qu’elle est non seulement indépendante de notre volonté, mais encore qu’elle en est déterminante. Donc, tout jugement est impossible et toute récompense, comme toute punition, est injuste, si minime soit-elle, et quelque grand que puisse être le bienfait ou le méfait.

    On ne peut donc pas juger les hommes, ni même les actes, à moins d’avoir un criterium suffisant. Or, ce criterium n’existe pas. En tout cas, ce n’est pas dans les lois qu’on pourrait le trouver, car la vrai justice est immuable et les lois sont changeantes. Il en est des lois comme de tout le reste. Car, si ces lois sont bonnes, à quoi bon des députés et des sénateurs pour les changer ? Et, si elles sont mauvaises, à quoi bon des magistrats pour les appliquer ?

    Déclaration d’Étiévant

    4
    danielleg
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 14:14
    danielleg

    Si son passé, sa douleur, son niveau de Conscience était les votres, on peut même rajouter son éducation, ce que tu a souligner en jaune m'interpelle aussi trés fort.

    On les comprend bien mieux! d'agir ainsi, n'est ce pas?

    Et puis, plus de jugement de notre part aussi, mais il faut faire attention a ne pas dépasser nos limites dans la compassion car cela devient vite de la pitié, et c'est dommage, apprend donc tes limites! On en a jamais fini avec soi-même.

    En ce moment, overdose de bons films, grâce a Teb qui est de TRES bon conseils!

    Hier c'était "Auguste Ruch" Génial, une ode a la musique!

    Je t'embrasse très fort, ma chère.

    3
    danielleg
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 14:14
    danielleg

    Suis d'accord, celui qui viole est en grande souffrance lui aussi!

    Bonne fin de journée Yog!

    2
    Jeudi 14 Juillet 2011 à 15:37
    Yog' La Vie

    Nous jugeons les crimes tel le nazisme, mais si nous avions été dans ce contexte, nous aurions fait la même chose. Rien n'est excusable mais tout doit se comprendre. Tu connais peut-être cette histoire?

     

    Un matin, j’ai appris l’histoire d’une petite fille, une « boat people » de onze ans. Elle a été violée par un pirate, en mer, et lorsque son père a tâché de s’interposer, ils l’ont jeté dans l’océan. Après avoir été violée par le pirate, la petite fille s’est jetée à l’eau et s’est noyée. Ce sont des nouvelles que nous avons reçues par courrier ce matin là. Nous recevions fréquemment ce genre de nouvelles. J’étais fâché. En tant qu’être humain, vous avez le droit d’être fâché, mais en tant que pratiquant, vous n’avez pas le droit de ne pas pratiquer. Je ne pus avaler mon petit déjeuner, c’était trop pour moi. J’ai pratiqué la méditation marchée dans le bois voisin. J’essayais d’entrer en contact avec les arbres, les oiseaux, le ciel bleu pour me calmer et j’ai commencé par m’asseoir et méditer. Et la méditation fut longue. Pendant la méditation, je me voyais en petit garçon, en bébé, né dans le zone côtière de Thaïlande. Mon père est un pauvre pêcheur, ma mère est une femme qui n’a pas reçu d’instruction et la pauvreté existe chez nous depuis plusieurs générations et je grandis dans ce milieu. Quand j’ai eu quatorze ans, j’ai dû prendre la mer avec mon père pour gagner ma vie, c’était très dur. Et lorsque mon père mourût, j’ai dû reprendre l’affaire. Il y avait un autre pêcheur qui me dit qu’il y avait beaucoup de « boat people » venant du Vietnam et très souvent, elles avaient leurs richesses avec elles, comme l’or et les bijoux. Si nous pouvions juste en profiter une seule fois, nous prendrions un peu d’or et sortirons de notre éternelle pauvreté. En étant un pauvre pêcheur sans instruction, je me suis laissé tenté et donc je l’ai accompagné pour voler les « boat people » et lorsque je vis un pêcheur qui avait une relation sexuelle avec une femme, je fus tenté de faire pareil. J’ai regardé autour de moi, ne vis aucune police, aucune menace et me dis à moi-même : « Essaie juste une fois » et je devins un pirate violant une petite fille.

    Maintenant, supposons que vous êtes sur ce bateau et que vous avez un fusil. Vous me tirez dessus et je meurs. Vous ne m’aidez pas . Parce que, dans ma vie, personne ne m’a jamais aidé. Personne n’a jamais aidé mon père, ma mère. On m’a élevé comme un garçon sans instruction. Toute ma vie, j’ai joué avec des enfants délinquants. J’ai grandi comme ça, comme un pauvre pêcheur. Aucun politicien ne m’a jamais aidé. Aucun éducateur ne m’a jamais aidé. Personne ne m’a jamais aidé et c’est pourquoi je suis devenu pirate. Si vous me tirez dessus, je meurs. Cette nuit, pendant la méditation, je me suis vu en pirate, en jeune pêcheur devenant pirate. J’ai réalisé que le long de la côte thaïlandaise, cette nuit, quelques centaines de bébés sont nés et si, aujourd’hui, personne ne les aide à avoir de l’instruction, personne ne les aide à avoir une vie décente, alors parmi ces centaines de bébés, il y aura, dans vingt ans, plusieurs pirates. Quand j’ai vu ça, ma colère vis à vis des pirates a fondu en moi. J’ai commencé à comprendre que si j’étais né comme ce petit garçon, dans un village de pêcheurs, je serai devenu pirate. Maintenant, si vous me tirez dessus, je mourrai. Lorsque la compréhension entra dans mon cœur, la colère commença à se dissiper et au lieu de me sentir fâché contre ce pêcheur, j’éprouvai de la compassion à son égard et fis le voeu de faire ce qui était en mon pouvoir pour aider les bébés nés la nuit dernière le long de la côte thaïlandaise. Et la forme d’énergie appelée colère s’est transformée en énergie de la compassion et cela est possible grâce à la méditation. Le pardon ne saurait pas être obtenu sans cette forme de compréhension et la compréhension est le fruit du regard profond. Je l’appelle méditation.

     

    J'ai vu les films que Teb proposait mais je n'arrive pas à y accéder.

     

    Bises sans artifices!

    1
    Jeudi 14 Juillet 2011 à 15:30
    Yog' La Vie

    Oh, très bon texte!.....que je vais bien sur remettre en article!

    Merci!

     

    .....Les tomates n'ont pas brûlées?

    Bises

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