• La personne ne peut pas aimer

    Banc

    Souvent je me pose la question de ce que c'est qu'aimer vraiment quelqu'un...

     


    C'est un concept. On ne peut pas aimer quelqu'un. C'est un fantasme. La personnalité ne peut pas aimer. Aimer, c'est ce qui est essentiel, ce n'est pas quelque chose que l'on peut faire ou non. Quand on arrête de faire, il reste l'amour. Mais aimer quelqu'un... On aime quelqu'un s'il correspond à son fantasme. La personne que vous aimez, si elle fait ceci ou cela, vous ne l'aimerez plus. Un amour qui commence et qui finit, ce n'est pas vraiment un amour. Aimer, c'est écouter, c'est être présent.

    Aimer vos enfants, c'est ne rien leur demander et tout leur donner. Un jour, ils disparaîtront, ils ne seront plus en contact avec vous. Demander à votre enfant de vous téléphoner, de vous donner des nouvelles, ce n'est pas de l'amour. L'enfant fait ce qu'il sent le besoin de faire ; on ne demande rien à un enfant. Mais aimer quelqu'un sur un plan humain, c'est un fantasme. L'ego ne peut pas aimer. Il utilise, prétend, se sécurise.

    Quand vous trouvez quelqu'un qui correspond à votre fantasme physique, psychologique, intellectuel, affectif, vous dites l'aimer profondément. Quand cette personne fait ensuite ceci ou cela, vous dites que c'est quelqu'un de détestable.

    On ne peut pas aimer quelqu'un. Ressentir une forme d'amour est profondément juste. C'est avant le fantasme du « j'aime quelqu'un ». Le sentiment d'amour est profond, essentiel. Mais, par manque de maturité, on pense aimer quelqu'un. On n'aime pas quelqu'un ; on aime tout court, parce que l'amour est sans direction. Ce que j'aime, c'est ce qui est présent devant moi. Il n'y a rien d'autre. Que pourrait-il y avoir de plus beau, de plus extraordinaire que ce qui se présente à moi dans l'instant si je n'ai pas l'idée que la beauté, la sagesse sont là-bas ?

    L'amour est ce qui est quand on arrête de prétendre aimer quelqu'un. Aimer quelqu'un, vouloir être aimé, c'est une histoire. Que veut dire être aimé ? Personne ne vous aime, personne ne vous aimera jamais, personne ne vous a jamais aimé et c'est merveilleux ainsi. Les gens ne peuvent que prétendre. Si vous correspondez à leurs critères psychologiques, physiques, affectifs, ils vous aiment quand ils vous rencontrent. Si vous correspondez à l'inverse, ils vous détestent. Et alors ? Il y a des chiens qui vous aiment, d'autres qui ne vous aiment pas. C'est biologique. Pourquoi s'occuper de ces choses-là ? Que signifie être aimé ? C'est un fantasme. Qu'est-ce que cela peut faire que quelqu'un projette sur moi quelque chose d'attirant ou de repoussant ? C'est complètement fantasmatique ! À un moment donné, vous vous rendez compte que vous n'avez pas besoin d'aimer, pas plus que d'être aimé. Que reste-t-il ? Il reste le sentiment d'amour, cette communion qu'on a entre tous les êtres et qui n'est pas directionnelle.

    Vous vous rendez compte que c'est à vous d'aimer. Ce qui vous rend heureux, c'est d'aimer. Si quelqu'un vous dit vous aimer profondément mais que vous ne l'aimez pas, cela ne vous fait rien. Par contre, quand vous aimez, cela vous rend heureux. Les choses étaient vues à l'envers : c'est à moi d'aimer. Quand j'aime mon corps, mon psychisme, mon environnement, il y a tranquillité. Mais vouloir être aimé est un concept.

    Quand vous aimez, vous n'aimez pas quelqu'un, vous aimez tout court. La personne avec laquelle vous vivez, couchez ou allez au cinéma, c'est autre chose. Vous ne pouvez pas coucher avec tout le monde, habiter avec tout le monde. Une sélection organique se fait. Mais l'amour ne se situe pas là. Ce n'est pas parce que vous couchez avec un homme que vous l'aimez plus qu'un autre avec qui vous ne couchez pas ! Ce n'est pas parce que vous vivez avec une femme que vous l'aimez plus qu'une autre avec qui vous ne vivez pas. C'est fonctionnel. Il y a des gens que l'on aime profondément et l'on ne vit pas avec eux, on ne couche pas avec eux. Les circonstances ne sont pas là. Je n'ai pas besoin d'aimer quelqu'un pour vivre avec lui, coucher avec lui, partir en voyage avec lui. Cela se passe à un autre niveau. Mais aimer quelqu'un, tôt ou tard vous verrez que cela ne veut rien dire. C'est comme se prendre pour quoi que ce soit, se prendre pour un Français, par exemple ; c'est une image.

    Je peux être stimulé par quelqu'un. Lorsque mon corps passe à trente mètres de tel autre corps, une forme d'intensité se manifeste, et à dix mètres c'est encore plus intense, et dès que l'on s'effleure c'est comme une folie qui vient : son odeur, la forme de son corps, le son de sa voix, sa manière de bouger, sa douceur ou sa violence, sa richesse ou sa pauvreté font que je suis touché. Mais pourquoi mettre le mot « amour » là-dessus ? C'est purement chimique. Selon ce à quoi ressemblait votre père, votre grand-père, si à trois ans vous avez été battu ou caressé, vous allez aimer telle ou telle forme de corps, telle ou telle odeur, tel ou tel mouvement. Tel homme vous attire, tel autre pas du tout. Cela remonte à très, très loin. Il n'y a pas à mettre le mot « amour » là-dessus. Ce n'est que lorsque vous voyez cela que vous pouvez vivre avec quelqu'un, vous marier, avoir des enfants, tout cela sans besoin de jouer la comédie. Vous vivez fonctionnellement avec quelqu'un, avec tout le respect et l'écoute que cela implique. Mais vous n'êtes pas obligé de croire que vos enfants sont vos enfants, que vos parents sont vos parents, que votre mari est votre mari. Ils le sont aussi, bien sûr, occasionnellement.

    Aimer, c'est écouter. Vous êtes en face d'une situation, avec un homme ? Vous l'écoutez. Vous écoutez ce qu'il est, pas uniquement ce qu'il prétend être. Vous écoutez profondément, sans commentaire. Quand vous écoutez, vos enfants sont parfaits, votre mari est parfait, vos parents sont parfaits, votre corps est parfait, votre psychisme est parfait. Telle est la vision claire qui vient de l'écoute.

    Lorsque je pense que mes enfants, mon mari, mon corps doivent changer, c'est que je n'écoute pas. Je parle, j'ai une idéologie à propos de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas. C'est cela, le fascisme : vouloir que les autres soient comme je décide qu'ils devraient être. Ce fascisme psychologique n'a pas de sens.

    Aimer, c'est respecter. Je respecte mon environnement, mon enfant, mon mari, mon père, la société et toutes les violences que j'ai subies. Je respecte ce qui est là. Cela ne justifie rien, je n'ai pas à justifier. La vie n'a pas à être justifiée ; elle est ce qu'elle est. Je fais face à la réalité, non pas à ce que la réalité devrait être selon ma fantaisie intellectuelle. Le voisin est exactement comme il doit être, il ne peut pas être autrement. Quand je vois clairement comment il fonctionne, j'ai de bons rapports de voisinage. Quand mon voisin bat sa femme, je comprends profondément que sa terrible souffrance l'amène à battre sa femme. Cela ne veut pas dire que, dans certains cas, je ne vais pas appeler la police, faire une remarque ou intervenir physiquement. Cela veut dire que je sais que quand on bat sa femme on le fait par souffrance, que quand on est violent c'est que l'on se sent agressé. On peut se sentir agressé par un sourire...

    Dans une absence totale de critique, il y a une compréhension de la situation. J'appelle cela respect. Certains l'appellent amour. Mais aimer quelqu'un, quelle histoire extraordinaire ! Et être aimé, c'est encore plus merveilleux comme histoire ! Souffrir de ne pas être aimé, c'est le summum ! Voir comment on fonctionne.

    Si je donne un biscuit au chien, le chien m'aime. Si je tape sur le museau du chien, le chien ne m'aime pas. Je fais ceci, mon mari m'aime. Je couche avec son frère, mon mari ne m'aime plus. Et alors ?... Laisser les gens libres. Les gens m'aiment, les gens ne m'aiment pas, c'est merveilleux ainsi. Avoir besoin d'être aimé est une mode qui va passer. Elle est le fruit d'une époque un peu décadente.

    Avoir besoin d'être aimé est une forme de maladie très intense sur le plan somatique. C'est terrible, tout comme la jalousie. Cela détruit le système hormonal, le système cellulaire. Ce besoin d'amour est un poison. Le remède, c'est d'aimer. On ne peut qu'aimer. Quand on dit : « Je n'aime pas », on nie l'essentiel en soi-même, parce qu'il n'y a rien que l'on puisse ne pas aimer. Quand je dis ne pas aimer telle personne, je nie l'amour qui est en moi. Alors, je souffre.

    C'est merveilleux d'aimer, d'être totalement attentif à quelqu'un. Comme avec un enfant. Est-ce que l'on peut empêcher l'enfant de mourir, de se faire écraser ? Non. On aime l'enfant comme il est maintenant, à chaque instant. On ne sait pas si, l'instant d'après, il aura toujours cette forme. On est présent sans demande. Que peut-on demander à un enfant ? On fait tout ce que l'on peut, sans lendemain. C'est gratuit. Quand on vit avec un homme, c'est la même chose : vous faites tout ce que vous pouvez, sans rien demander. Là, une autonomie, une maturationse crée. Si, un jour, par la nature de la vie, il y a séparation d'avec la personne qui a vécu dix ans avec vous, d'abord vous verrez que cet amour ne vous quitte pas, et ensuite, si vous aimez profondément cette personne, il y aura une immense facilité pour vous de comprendre qu'elle a besoin de rencontrer quelqu'un d'autre et vous aussi (ou pas).

    L'amour, c'est la plasticité. Aucune demande possible. Plus vous vous familiarisez avec l'attitude de tout donner et de ne rien demander, plus vos relations affectives deviennent simples, faciles, harmonieuses. Dès l'instant où vous demandez la moindre chose, vous rencontrez l'amertume, la déception, les regrets, l'hésitation, l'agitation, le conflit.

    Cela se transpose à tous les niveaux. Tant que j'attends la moindre chose de mon corps, je serai déçu. Jusqu'au moment où je me rends compte que, au contraire, c'est moi qui dois donner, aimer. J'aime donc mon corps comme il est, avec ses maladies, ses limites, ses faiblesses, ses accidents. S'il est ainsi, c'est qu'il y a de très bonnes raisons. Il n'y a pas de hasard ? ce qui ne veut pas dire que cela ne changera pas. Je me rends disponible pour que mon corps puisse s'exprimer, dans la santé comme dans la maladie. Mais si je demande quelque chose à mon corps, si je veux utiliser mon corps, c'est encore la dictature, la volonté d'imposer la santé, le sport, un régime alimentaire, etc. C'est une forme de violence.

    J'écoute mon corps, qui transmet ce dont il a besoin. Tout ce que j'ai à faire, c'est d'être disponible. Chaque fois que mon corps a une faiblesse, je comprends que c'est un cadeau qui me permet d'en découvrir une qui est autrement plus importante : celle de croire que mon corps doit être sans faiblesse. C'est cela, la faiblesse. Quand je fais face clairement à cela, à un moment donné la faiblesse du corps reste ce qu'elle est : simple faiblesse du corps ; je ne me sens pas faible parce que mon corps est faible. Mais si la faiblesse du corps fait que je me sens faible, c'est à ma faiblesse psychologique que j'ai besoin de faire face. La faiblesse de mon corps m'aide à m'interroger.

    Ce qui me touche est ce qui me mûrit. Le fantasme de l'amour est une chose très ponctuelle dans la vie humaine. Cela ne dure qu'un moment, au milieu de la vie, pendant cette période où l'on entretient des voitures de course rouges. Un enfant de dix ans n'a pas ce fantasme ; il est très heureux sans être amoureux. À vingt-cinq ans, il se dit que, s'il n'est pas amoureux, la vie n'a pas d'intérêt ! Plus tard, à quatre-vingt-quinze ans, il n'a plus du tout envie que quelqu'un lui saute dessus pour le tripoter et il est très heureux quand même.

    L'amour tel qu'on l'entend habituellement est une absence d'amitié. C'est un troc, un échange, du business. Tu me donnes ceci, je fais cela. Je ne couche pas avec la voisine, tu ne couches pas avec le voisin ; nous sommes fidèles. L'amitié, c'est être disponible à tout ce qui est possible. On n'est pas obligé de savoir si l'on est l'amant, le mari, l'ami, le père, l'enfant. Il y a un tas de rôles humainement possibles. À un moment donné, on ne se situe plus en fonction de ces rôles. Tout est souple. Si on rencontre quelqu'un, on n'a pas de rôle. Le rôle se crée dans l'instant et il s'efface dans l'instant.

    Il faut trouver une créativité dans les relations humaines. Il n'y a pas une seule alternative -- faire l'amour ou ne pas faire l'amour -- il y a de multiples possibilités de rencontres humaines physiques, mentales, psychologiques. S'ouvrir à toutes ces couches, corporellement. Il n'y a pas que la tendresse ou la violence. Il y a toute une palette d'émotions. Par peur, par besoin de savoir quelque chose sur soi-même, on ne connaît généralement que l'un ou l'autre... et on néglige tout ce qui est au milieu.

    C'est facile, les relations humaines, très facile. Il suffit d'aimer ce que l'on rencontre. Aimer, c'est donner la liberté. Là où il ne peut pas y avoir de conflit psychologique, on ne peut pas se fâcher. Des gens se fâchent avec vous ? Vous respectez cela. À un certain moment, on ne peut plus être fâché.

    Il y a des souffrances inévitables, des souffrances physiques : quand on est torturé, quand on a certains accidents terribles. Mais la souffrance psychologique -- souffrir parce que ma femme fait ceci, parce que mon mari fait cela, parce que telle personne est morte -- est une chose inutile. On a déjà suffisamment de souffrances inévitables à affronter pour réserver notre capacité de souffrance à ces moments-là. Souffrir parce qu'on n'est pas aimé, de cela au moins on peut se passer. Cela ne nie pas l'intensité des rapports humains, au contraire. C'est le fantasme d'aimer qui rend mièvres les rapports humains.

    On peut très bien vivre toute une vie avec quelqu'un dans un profond amour. Dans ce cas, ce n'est pas un fantasme d'aimer, c'est une résonance qui est là. Si vous n'avez pas l'idée d'aimer quelqu'un, vous n'avez pas non plus besoin de changer de mari tous les dix ans. Vous savez très bien qu'avec un autre ce sera pareil ; on rencontre uniquement sa propre problématique. On peut passer toute une vie dans un rapport merveilleux, on peut passer toute une vie à approfondir ce rapport ; c'est un rapport sans demande, un rapport d'amour, dans le sens où l'on aime profondément ce qui est là. Autrement, il y a toujours déception. On est déçu, amer. On a la lèvre supérieure légèrement rétractée, symptôme physiologique des gens amers. On s'énerve facilement, on sursaute avec le téléphone, on est acariâtre parce que l'on est déçu sans le savoir, parce que l'on a demandé quelque chose qui n'existait pas. Cette prise de conscience nous libère de toute demande. Que reste-t-il alors ? Il reste l'amour, le non-besoin.

     

     


     

    Eric Barret

     



    « Une dame de compagnieYoga chez soi »

  • Commentaires

    42
    graux danielle
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 13:54
    graux  danielle

    pour  moi  c est  une  prise  de  conscience, réaliser  que  tant  que  l on  est  dans  l égo  on  ne  peut  aimer  que  égo¨istement donc  pas  du  vrai  amour.

    c est  vrai  c  est  pas  facile  a  admettre,mais  il  le  faut,pour  continuer  le  chemin.

    j ai  remarquer  quand  meme  qu  en  évoluant  notre  facon  d  aimer  aussi  évoluait,donc  il  n y  a  pas  de  problèmes.

    BISES A  TOUS.

    41
    naradamuni
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 13:54
    naradamuni

    Merci.

    40
    naradamuni
    Mercredi 13 Novembre 2013 à 13:54
    naradamuni

    Ni Dieu, ni maître, ni femme, ni rien, ni moi, ni eux et Basta!

    Il y a l'amour... peut-être. C'est une solution, une solution à un problème qui reste un problème. Alors... Rien.
    Une solution... Un problème... Par quoi commencer?
    On donne et on te prend. Celui qui prend a l'impression qu'il donne...
    Arrange-toi avec ça, si tu peux. Il y a derrière les yeux des gens, une cité privée où n'entre personne.
    Une cité avec tout le confort d'imagination possible. Les gens que tu vois chez toi, sont d'abord chez eux. Ils ne te voient pas.
    Ils se singularisent dans l'immédiate et toujours constante défense de soi. Ils ont peur. Ils sont terribles, les gens.
    Ceux que tu appelles tes amis, ce sont d'abord des gens remplis du moi qui les tient en laisse.
    L'homme est un "self made dog"...
    Mais il parle au centre du monde, et le monde, c'est lui.
    Il transpire, il a une queue mais ne sourit pas avec, comme le chien. C'est tout et c'est trop.
    L'amitié, c'est comme le ciment armé: on ne sait pas comment ça vieillit. J'aime les vieilles pierres. Elles ne transpirent pas.

    Ni Dieu, ni maître, ni femme, ni amis, ni rien, ni moi, ni eux ... et Basta!

    39
    Dimanche 7 Octobre 2012 à 18:05
    Yog' La Vie

    Ainsi va le monde....

     

    Le texte en entier....à petite gorgée

    Bises

     

    Quand j'emprunte des paradoxes, je les rends avec intérêts.
    J'enrichis mes prêteurs qui deviennent alors plus intelligents.
    Le taux usuraire de l'astuce n'est jamais assez élevé.
    Je ne sais pas d'où je viens mais je sais que je suis là, à reverdir, dans cette campagne toscane.
    Les rossignols teints au Gargyl chantaient des aubades pharmaceutiques.
    J'ai les cheveux trop longs... comme des voiles de thonier, mes beaux cheveux qu'on m'a toujours taillés, mes beaux cheveux longs dans ma tête.
    Dans la rue, on se retourne...
    Moi, je leur tire la langue!

    O belles pattes des fourrures
    Chapeau du vent de ces madames
    Inquiétude de la parure
    Toiles de soie vers vous je rame

    Je sais des paradis tranquilles où les anges n'ont pas de vin à boire mais des orages de raison.
    Des violettes de reverdie.
    Je sais des paradis tragiques où les fauteuils d'orchestre n'ont pas de mémoire
    Où les roses ne fleurissent que par osmose, et encore...
    Où les passions sont d'un autre ordre et les mirages d'une autre qualité et de la nuit pourtant venus...
    Je sais des paradis-bordels où l'on me fait signe
    Où l'on se signe
    Où l'on me désigne pour la bonté des mains tendues et des bouches capitales
    Comme au petit matin... Tchac!
    Je sais des paradis naturels où le mauve tient lieu de drogue
    Où l'on peut passer du mauve à la frontière
    Je sais des paradis câlins avec la barbe de deux jours et des saints
    Sans foi ni loi
    Sans feu ni eau
    Avec simplement une ceinture d'émigrant

    J'émigrerai quelque jour vers vos pays cachés
    Et ne reviendrai plus

    Regardez-moi
    Passants de rien, poules de luxe, fleurs incroyables
    Regardez-moi
    Je suis un migratoire, un migratoire
    Je suis un vieux corbeau qui court après une charogne comme un chien de course après le leurre
    Je suis un vieux corbeau de la plaine où je vais m'englânant des trucs dégueulasses, de vieilles graines d'homme qu'on a trop employées
    Je suis un vieux corbeau qui court après une corbeaute
    Je croasse comme on peut croasser quand on est un vieil oiseau de cinquante-sept piges

    Je tiens que le désespoir des ordures est une incompétence biologique à pouvoir en sortir un jour ou l'autre, coûte que coûte
    Quand la merde déborde, c'est encore de la merde
    À ce moment-là, je connaissais une chanteuse... Vous la reconnaîtriez aussi, c'est facile.
    Une chanteuse qui a le derrière sur la figure, ça vaut la carte d'identité, non?
    Et puis, Madame Lechose, taulière blonde, un peu grasse, un peu... Taulière
    à L'Escalier de Moïse, où il y avait de tout, du Fernand, du Ferré qui chantait au piano, avec son chien et ses grimaces, et son petit cachet...
    - Dis donc, Léo, ça ne te gêne pas de gagner de l'argent avec tes idées?
    - Non. Ça ne me gênait pas non plus de n'en pas gagner avec mes idées, toujours les mêmes. Il y a quelques temps.
    Vois-tu, la différence qu'il y a entre moi et Monsieur Ford ou Monsieur
    Fiat, c'est que Ford ou Fiat envoient des ouvriers dans des usines et qu'ils font de l'argent avec eux.
    Moi, j'envoie mes idées dans la rue et je fais de l'argent avec elles. Ça te gêne? Moi, non! Et voilà!

    Madame Lechose, un peu blonde, un peu... Je la regardais, des fois, en chantant, juste en face de moi, qui n'en perdait pas une, de ses fiches, et le whisky tant, et le gin-fizz tant, et le citron pressé tant... Et mon citron pressé?
    La Mère Lechose, un peu blonde, un peu grasse, toujours à l'heure, comme les vrais artistes, ceux qui travaillent, et comme ceux qui font travailler les artistes. Je faisais la salle.
    Jamais les clients. Arkel, mon chien, venait me chercher après le Flamenco de Paris.
    C'est tout ce que j'ai eu de vraiment espagnol à ce moment-là. Ce devait être un chien exilé.
    Je rentrais chaque nuit dans le désert Paris, dans cette brume des garages où reste un peu, le soir, après que les voitures soient passées, de cette odeur des temps modernes qui vous remonte du fond de votre carter, portant
    le deuil des foins brûlés. Je rentrais chaque nuit dans le désert Paris.
    Les putains ne m'accrochaient jamais. Elles savaient que j'étais un homme public, Elles, les filles publiques...
    - Alors, comme ça, on se prostitue, Ferré!
    Je rentrais chaque nuit dans cette maison douce où gouttait l'eau du robinet, dans cette cuisine un peu salle de bains, avec sa cuvette...

    Je vivais à ce moment-là avec une femme. Assez longtemps, avec des problèmes de mouise, d'attentes au bout d'un téléphone qui ne sonnait jamais.
    Le téléphone, quand il sonne trop souvent, on s'arrange pour faire répondre qu'on est là ou qu'on n'y est pas.
    Les importuns ne croient jamais ainsi qu'ils vous importunent et vous êtes tranquille. On ne peut pas être plus sociabilisé, pas vrai?
    Et puis, les commissions, le dentiste, les droits d'auteur minces, minces... Quand on travaille comme on veut, on touche comme on peut.
    J'allais chercher les sous moi-même, toujours moins de cent mille balles.
    Pas de chèque, et vite un restaurant dans un bon quartier. Et puis et puis, les souvenirs s'entassent. Le mariage vous mine petit à petit.
    On est fidèle parce que c'est l'usage et les années s'entassent aussi. Les souvenirs, d'ailleurs, c'est du présent discutable. On est hier, toujours.
    Moi, je vivais demain et ça fabriquait les malentendus. Un artiste vit toujours demain, sinon il est fait pour l'usine.
    À l'usine, le présent, c'est un cadeau quotidien, incessant.
    On peut te congédier, alors tu prends des dispositions particulières pour ne gueuler qu'en connaissance de cause et dans le silence revenu des retours à la maison.
    À la table de travail, devant la page blanche, l'artiste n'est pas là. Il vit là-bas, loin de tout, du téléphone, de sa compagne, de ses problèmes.
    La solitude est une affaire d'ordinateur. Moi, je me perfore loin des imbéciles et du propos courant. On me hait.
    Je m'en fous. Je suis un autre mec. Voilà.

    Ni Dieu, ni maître, ni femme, ni rien, ni moi, ni eux et Basta!

    Il y a l'amour... peut-être. C'est une solution, une solution à un problème qui reste un problème. Alors... Rien.
    Une solution... Un problème... Par quoi commencer?
    On donne et on te prend. Celui qui prend a l'impression qu'il donne...
    Arrange-toi avec ça, si tu peux. Il y a derrière les yeux des gens, une cité privée où n'entre personne.
    Une cité avec tout le confort d'imagination possible. Les gens que tu vois chez toi, sont d'abord chez eux. Ils ne te voient pas.
    Ils se singularisent dans l'immédiate et toujours constante défense de soi. Ils ont peur. Ils sont terribles, les gens.
    Ceux que tu appelles tes amis, ce sont d'abord des gens remplis du moi qui les tient en laisse.
    L'homme est un "self made dog"...
    Mais il parle au centre du monde, et le monde, c'est lui.
    Il transpire, il a une queue mais ne sourit pas avec, comme le chien. C'est tout et c'est trop.
    L'amitié, c'est comme le ciment armé: on ne sait pas comment ça vieillit. J'aime les vieilles pierres. Elles ne transpirent pas.

    Ni Dieu, ni maître, ni femme, ni amis, ni rien, ni moi, ni eux et Basta!

    "L'Écluse"... fin 49... Drôles de mariniers, sur ces quais néon'cifs!
    J'étais le pianiste et le chanteur. Cette " écluse " où la galère échoua, un soir, entre Barbarie et une Inconnue de Londres, et deux romances à goémons, une guitare et un gitan, égarés là... Allez donc savoir...
    Et ce taulier, qui me lucarnait derrière son zoom, un zoom qu'il vous plantait là, sur le front, jamais en face, jamais dans votre zoom à vous, toujours un peu au-dessus, comme s'il regardait l'ineffable.
    C'est pas mal, un particulier qui sue du goulot, qui transpire de l'en dedans. Rien ne sort jamais. Un lavatory, quoi! Qui garde tout, transmet, qui assume sa condition de réceptacle.
    L'âme de certains individus m'empêchera toujours de croire tout à fait en Dieu.
    J'ai oublié son nom. Il y a une chance pour les mauvais souvenirs.
    - Eh! Ferré! Bonjour, tu te rappelles? C'est moi... l'ordure...
    - Qui ça? Ordure? Tiens, il y en a encore dans le siècle?

    Je vous demande excuse, Monsieur. Je ne connais, quant à moi, que des anges...

    Ni dieu, ni maître, ni anges, ni rien et Basta!

    Il faudra que je change de support. Écrire sur des champs de luzerne, sur des biffetons "Banque de France", des faux, sur le ventre de certaines Girls in Magazines. En tournant la page, on pourra voir, juste en dessous.
    Les girls, ça se regarde où ça s'invente. En dessous de trente ans, c'est plus lisse, et c'est, des fois, encore un peu môme. Après, ça se froisse, et on les jette.
    Il faudra que je change de support. Le papier, yen a marre!
    De ce papier-xylo qui fait grincer, gémir les arbres que je porte en moi.
    Quand on scie un arbre, j'ai mal à la jambe et à la littérature. Quelle horreur, la parlote! Écrire partout, à l'envers de toi, sur mon coeur, sur ma loi, dans mon froc, lorsque tu me regardes précisément et que je te dis que je suis dingue de toi, pour te faire couler ton printemps court...
    Cours, cours, petite, n'oublie pas.
    Sur mon cahier quadrillé c'est la misère. J'essaie de mettre au carreau mes ailes, mon job. Rien à glander, today, au club des métaphores.
    Il faut que ma plume feutrée, ma petite japonaise glissante et noire soit serve d'une certaine rigueur de gueulante.
    Le drapeau noir, c'est encore un drapeau.
    Il faudrait que je leur lance un Manifeste de la Méthode.
    Quelque chose de concret, du style genre polyester qui aurait l'air de ne pas moisir dans les gothiques et qui psalmodierait tranquillement des lamentations tocs devant le Mur des Fédérés...
    Sur la fenêtre, je pourrais mettre un vieux chiffon rouge, histoire de bien signifier mes origines. Des tambours, aussi, et des crécelles à couvrir de leurs criasseries les millions de chevaux Paris, Milan, New York and so and so on.
    Au large, hommes tergaliens, boys d'alpaga, filles jeanisées au maxi, avec vos clous dessinant les orages du Guevara.
    Le Che crevé, crucifié, pourri déjà, même sur vos images.
    Dépoitraillez-vous, Hommes, s'il en reste, et venez vous chauffer au
    bain-marie de ma métaphore, celle qui appelle chat une amphore et gouttière un vieux thème serbo-croate.
    Au large! Monocloez-vous l'oeil de rechange et changez de basse-cour.
    Fuyez vers les tramontanes d'Eros, puisez dans les accordéons des rythmiques plus sûres, vers les caniveaux.
    Plongez-y en lune à becs frisants... Vous y verrez peut-être une gorgée de solitude...
    Quand je me regardais, en ces temps, au ras du trotte madame, la neuille, des fois, une image reflétée me donnait la solution du style.
    Ma méthode est simple: Mettez-vous à coucou, Place de la Bastille et prenez-vous pour un serpentaire.
    Vous verrez alors qu'il n'y a plus de métaphore possible quand on se dénature, quand on se désanalyse, quand on s'antidate et qu'on s'insectise, quand, mouche devenue, pour prendre le quart dans un hôtel fameux où la passe est sanguine ou à Bidon's City, vous pourrez sentir s'exhaler la queen, et la vrombir, et la gémir, et la voir même prendre son pied à certaines désinences. Alors, vous aurez accompli la mutation que j'attends de vous, Mouches vertes des prairies du double... Je vous ai créées.

    Je dirigeais alors des fantômes bon marché, dès que j'achetais dans des économats spécialisés en bizarreries, en relativisme du tout venant.
    J'avais une carte qu'on me tamponnait à chaque coup. L'employé me disait:
    - Alors, ça biche, Ferré? Vous en prenez pour votre pognon?

    Un réverbère propre à décrypter les étymologies les plus perverses
    Un chandelier en robe du soir
    Un réveille-la-Mort des fois qu'on oublierait de s'actualiser
    Un canevas dernier modèle pour tricoter de l'affection technicolor
    Des ciseaux pour tailler dans le vif du sujet même si le sujet ne colle pas à la syntaxe
    Des hôtels barbelés au travers desquels je pisserais quand même
    Des mômes à comètes et à cendriers portables histoire d'être confortable au risque de payer de leur vie
    Des vies punies de vide et de tambours voilés frappant tout doux ta résurrection journalière

    Quand je dors je suis mort sans bière uniquement avec du Coca sur la table de chevet
    Je lis des sons particuliers quand Ludwig sanglote doucement les bras tendus vers la Neuvième

    Les épices m'ont toujours brûlé le charme
    J'ai du slave qui se balade quelque part entre peau et jactance
    La mer, chez moi, dans la rue, cela m'était facile
    Je l'appelais, elle arrivait: le flot, bouillonnant, au ras de chaussée

    L'eau cette glace non posée
    Cet immeuble cette mouvance
    Cette procédure mouillée
    Me fait comme un rat sa cadence
    Me dit de rester dans le clan
    A mâchonner les reverdures
    Sous les neiges de ce printemps
    A faire au froid bonne mesure
    Et que ferais-je nom de Dieu
    Sinon des pull-overs de peine
    Sinon de l'abstrait à mes yeux
    Comme lorsque je rentre en scène
    Sous les casseroles de toc
    Sous les perroquets sous les caches
    Avec du mauve plein le froc
    Et la vie louche sous les taches...

    La mémoire et la mer...

    Ton corps est comme un vase clos
    J'y pressens parfois une jarre
    Comme engloutie au fond des eaux
    Et qui attend des nageurs rares
    Tes bijoux ton blé ton vouloir
    Le plan de tes folles prairies
    Mes chevaux qui viennent te voir
    Au fond des mers quand tu les pries
    Mon organe qui fait ta voix
    Mon pardessus sur ta bronchite
    Mon alphabet pour que tu croies
    Que je suis là quand tu me quittes...

    La mémoire et la mer...

    Cette mer cavaleuse, propre, cynique... Ce toit tranquille, comme disait l'autre... Ce drame mouvant comme un outrage de la nature, quand j'y plonge, de mémoire, je m'y perds, et moi, et mon courage, et ma passion, et ma musique.

    Le vent, y aidant, n'a qu'à bien se tenir. Il se prosterne, ce vent filou des bises des frilures...
    68... 68... 68...
    Noblesse du calendrier.

    Je ne vais tout de même pas te raconter comment et pourquoi j'écris des chansons, non? C'est comme ça!
    Ma main sur le clavier de mon piano est reliée à un fil et ça marche. Je suis "dicté".
    J'ai un magnétophone dans le désespoir qui me ronge et qui tourne et qui tourne et qui n'arrête pas.
    Alors je copie cette voix qui m'arrive de là-bas, je ne sais, qui m'arrive, en tout cas, et je la reconnais chaque fois. Ça fait comme un déclic et ça se déclenche.
    Je suis le porte-parole d'un monde perdu, présent pour moi, d'un monde auquel vous n'avez pas entrée parce que si tu y entres, dans ce monde, tu perds pied et deviens inédit. Ton foie, tes poumons, ton sexe, tout ça est à toi.
    Ta tête, non. Si tu es fou, alors viens dans mes bras. Je t'aime.

    68 68 68 68 68

    Il y a des chiffres qui me font mal à mon dicteur. 68... Il s'en fout mon dicteur, il le connaît ce chiffre. Il l'a fait, comme on fait une partie de cartes. Les cartes, aujourd'hui, sont mêlées. Il n'y a plus rien qu'une certaine forme de dictature sentimentale qui vous arrange et qui vous endort pendant que les Autres veillent.
    Vous êtes vraiment des cons et des malheureux. Ou bien alors, crève, paysan, crève et passe de l'autre côté de la rue, avec tes dieux, avec tes maîtres, avec tes pantoufles et tes clopes...

    68 68 68 68 Madame la Misère... Misère c'était le nom de ma chienne qui n'avait que trois pattes...
    Ton style, c'est ton cul, et oui... quand il a du style! Ça ne dure pas longtemps. Un cul, ça se cache un jour ou l'autre. Plutôt un jour que l'autre.
    Quelle connerie!

    Ni Dieu, ni maître, ni toi, ni eux, ni cul, ni rien

    68 / 73 NON STOP

    Je suis d'un autre monde et tu le savais bien
    O toi qui tant et tant me regardais et m'écoutais
    Tu m'apportes le fait d'un instant de malheur
    Je drisse tout à coup avec ma peine en l'air
    Vas-y petit les oiseaux s'en vont de côté cet hiver

    68 / 73 NON STOP

    La vie d'artiste... C'est dur de ne pas être, hein?
    Il y avait vraiment de quoi
    Ça a commencé pour rien, en trombe, Rue des Écoles et à la Maube
    Understand?
    Les drapeaux noirs et les aminches et l'Été 68 et puis les anarchistes
    Où ça?
    Les purées de Nanterre et la purée des anges
    Tu l'envoies, ta purée?
    Je signe dès ce jour avec mon double crème
    Je vivais dans l'ardeur de notre connerie
    La très haute la très grande
    Et je suis seul ce soir devant le ciel brouillé
    NON STOP avec des bulles dans ma tête
    C'est difficile à raconter ce genre de bulles, même pas au neuro...
    Vous n'avez rien compris ni toi ni lui ni eux
    Ni rien
    Understand?
    Quand je pense que je pensais à vous comme à une épure de chantoung
    Cette soie je la pressens toujours comme un destin pavé
    Vous étiez de cette intelligence sûre
    Et qui se connaît bien
    Et qui drague la nuit les grands auteurs
    Pour être sûre d'être orthodoxe
    Les mains... Ah! les mains...
    Ça me fait peur ces mains tendues et renfrognées et biaiseuses
    Vous aviez les mains gercées de rancoeur
    De cette rancoeur qu'on promène tranquillement
    Sans rien devoir à personne
    Avec ces fautes de parler et de syntaxe qui me sont devenues insupportables
    Et puis cette culture qui débordait de vos calepins
    Oublie donc Camarade oublie les soirs épais comme l'encre de Chine
    Oublie les yeux drivés par le regard là-bas
    Drive-toi pénardement dans les horribles banlieues où tout est bien
    Où l'avenir est aux pointés pointeurs
    Arrache-toi doucement à la musique d'acier de ce Paris
    Qui vous manque dès que vous le déjugez
    Vous n'êtes que des Parisiens
    Des Parisiens

    68 / 73 NON STOP

    Le grand drame des solitaires c'est qu'ils s'arrangent toujours pour ne pas être seuls.
    Qu'est-ce que j'en ai marre
    Je l'ai dit
    Je l'ai écrit
    Je le redis
    Je le réécris
    Maintenant je fais gaffe. Tu parles!
    Je paie des gens pour les besognes élémentaires et ne mange plus avec eux
    J'ai gardé ma première facture de restaurant. Combien? où j'ai mangé tout seul cet été
    Je l'ai mise sous verre et la montre à mon fils non non non tous les jours
    C'est la gravure de mon 68 à moi. On a les 68 qu'on peut
    Quand les gens se mettent à avoir une comptabilité derrière les yeux ils deviennent des comptables!

    Qu'est-ce que je fais ici, à cette heure, attendant je ne sais quelle sonnerie de téléphone me rendant une voix, quelque part, quelque chose de fraternel, d'insoumis, de propre, de comme ça pour le plaisir, de rien, de larmes j'en ai trop en veux-tu? de quoi, enfin? Penses-tu!
    Le silence, lui, ne téléphone jamais, et c'est bien comme ça, c'est bien.
    La vie ne tient qu'à un petit vaisseau dans le cerveau et qui peut déconner à n'importe quel moment, quand tu fais l'amour, quand tu divagues, quand tu t'emmerdes, quand tu te demandes pourquoi tu t'emmerdes.
    Il faudra que je prenne un jour quelque distance et dire à qui voudra mon style de pensée et de vie et de mort et je m'en monterai doucement du fond de l'An dix mille...

    Je suis le vieux carter d'une Hispano Suiza
    Une première femme: six ans de collage administratif.
    Une deuxième femme: dix-huit ans de collage administratif.
    Elles ne me voient plus que publiquement, elles savent, elles me connaissent
    Moi je ne les vois plus publiquement
    Si je les rencontre, alors... alors...
    Les rides ça s'apprend petit à petit. Je sais.
    La vieillesse c'est une façon de coup de poing dans la gueule
    Au-dessus de trente ans, allez... allez vous faire foutre.
    Moi, j'ai cent mille ans. C'est pas pareil. Je suis un mort en instance et je vous regarde.
    On se demande ce qu'on fout à se multiplier par deux
    Deux coeurs deux foies quatre reins... Je suis seul et je pisse quand même.
    Le couple? Voilà l'ennemi! Je t'aimais bien, tu sais?

    Les souvenirs s'empaquettent négativement
    La mémoire négative, c'est une façon de se rappeler à l'envers, c'est plus commode
    Les ombres passent, un peu grisées
    On pense à des gravures pleines de roussures, sans grand talent qui dépasse de l'encre rapportée
    Les souvenirs n'ont pas de talent, ils végètent dans un coin du cerveau
    Un amas cellulaire qui s'ennuie et qui perd sa charge. Comme une batterie.
    La matrice nourricière? Il y a urgence. Le piment, le vrai, c'est celui qu'on rajoute.
    La femme inventée ne déçoit jamais, seulement, il faut tout le temps en changer.
    L'invention permanente, tout, les dentelles, le savoir tout en dedans du dedans...
    L'érotisme c'est vraiment dans la tête
    Et puis, pas tellement que ça...
    Une jupe, un cul de hasard et le reste...
    Les collants... C'est de la pure imprécation
    J'ai besoin de les arracher ces cuirasses fileuses
    La femme en collant peut partir à la guerre, comme au Moyen Âge...

    Quelle horreur, quelle défense d'entrer dans le jardin avec des fleurs...
    Mener un train d'enfer à une pépée maxi, le long du fleuve, une pépée tout encerclée d'idées reçues.
    Et pas moyen de lui griffer la chatte C'est vraiment dégueulasse la moralité publique
    L'enfer? Une façon de voir et de se laisser voyant.

    Ni Dieu, ni maître, ni Eros, ni collant.

    Des bas oui, des bas, avec un peu de cette blancheur qui tend à une géométrie particulière
    Un peu de cette blancheur des fois tirée vers le malheur et puis l'angoisse du déjà vu
    Du déjà pris
    Je sais de toute éternité que tu n'es pas à moi
    Rien n'est à moi que l'illusion et encore Je l'invente tellement cette illusion
    Quand je la rencontre, l'Illusion, elle m'est déjà ancienne et chiffonnée
    Salut! ma petite Camarade, Salut!

    Mes illusions je les arrange, quand je n'ai pas envie de leur parler et de leur dire qu'elles ne sont là que parce que c'est l'usage
    Elles deviennent mes souvenirs controuvés.
    Le moulin de Pescia
    Le papier
    L'odeur
    Ce type empaqueteur
    Cette machine à pointer, en bas,
    Ce soleil de Mars et cette brume en préface à la belle journée se préparant, se fardant de nuages discrets et prometteurs de belles coulées de ciel dans ce bleu d'aventure et songeant comme change ta vie à chaque instant, à chaque millième de seconde toi, vieillissant au fil de moi maintenant que je pense à toi, t'écrivant, te dictant, t'improvisant aussi comme une musique de messe noire
    Ce péage avec ce mec au mois, qui s'en fout,
    Caron d'un macadam déroutant, compteur du trouble et de l'ennui
    Ces accidents abstraits que je m'invente au hasard des 150 à l'heure
    Ce retour dans le bleu et cette façon de ne pas être dans le siècle et tout en y roulant
    Cette descente vers les chiens et leurs paroles rassemblées

    Cette pintade mise en route et mes fureurs de cuisinier sentant mouiller la casserole et s'attacher à un désespoir ailé
    À des oiseaux traqués dans des caisses avides
    Et tout ce néant de la merde qui monte à mes babines
    Ce code pénal particulier qu'on devrait pouvoir lire en petites notes en bas de page du livre des recettes
    Cette soirée après les autres
    Cette machine qui tant et tant dactylographe
    Ces cris perdus quelque part et que je n'entends pas et qui retrouvent un coeur saignant
    Ce pain de seigle qui s'éternise sous la dent dure du couteau scie
    Les choses manufacturées qui souffrent à travers celui qui les a machinées
    Et ces choses qui souffrent dans l'idée de celui qui les regarde
    Ce piano, ma maison ancienne, anciennement la mienne et cette humide honte les touches qui s'étaient décollées et des larmes qui me venaient d'un chagrin de Czerny
    De Debussy aussi
    Cette horrible femme qui a désossé mon piano en attendant qu'on ne le coupe en deux pour en avoir son dû... La moitié
    Mais la moitié de la musique? La moitié de ma tête? La moitié du sentiment banni?
    Le code civil distribué en bandes dessinées aux imbéciles inadaptés
    Ce parfum de la nuit comme une pièce de piano de Debussy jouée par Gieseking
    Cette passion de passionner tout ce qui se passe autour de moi
    Les loups promis
    Les gufi
    Les araignées dessinées avec leur toile sur ce gadget tire-lire avec son cadavre peint en vert et qui salue
    Cette envie de passer vite très vite et puis quand même m'attarder sur le bestiaire de ma mie
    La source et le cloaque
    Ça dépend du contexte
    Les chiens c'est comme les gens: avec un os Ça grogne.

    Ni Dieu, ni maître, ni mie, ni bestiaire, ni gens, ni os.

    La solitude est une configuration particulière du mec: une large tache d'ombre pour un soleil littéraire
    La solitude c'est encore de l'imagination
    C'est le bruit d'une machine à écrire
    J'aimerais autant écrire sur des oiseaux chantant dans les matins d'hiver
    J'ai rendez-vous avec les fantômes de la merde
    Les jours de fête, je les maudis, cette façon de sucre d'orge donné à sucer aux pauvres gens, et qui sont d'accord avec ça et on retournera lundi pointer.
    Je vois des oranges dans ce ciel d'hiver à peine levé
    Le soleil, quand ça se lève, ça ne fait même pas de bruit en descendant de son lit ça ne va pas à son bureau, ni traîner Fg Saint-Honoré et quand ça y traîne, dans le Faubourg, tout le monde s'en rengorge. Tu parles! ni rien de ces choses banales que les hommes font qu'ils soient de la Haute ou qu'ils croupissent dans le syndicat. Le soleil, quand ça se lève, ça fait drôlement chier les gens qui se couchent tôt le matin
    Quant à ceux qui se lèvent, ils portent leur soleil avec eux, dans leur transistor.
    Le chien dort sous ma machine à écrire. Son soleil, c'est moi
    Son soleil ne se couche jamais... Alors il ne dort que d'un oeil
    C'est pour ça que les loups crient à la lune. Ils se trompent de jour.
    Les plantes? Les putes? Les voitures
    Cette voiture aussi qui débordait... C'était terrible... Qu'est-ce qu'on riait!
    Et je rêve aujourd'hui d'une voiture monoplace...
    Et ce bois de chauffage qui s'est gelé des tas d'hivers en attendant mon incendie...
    Je vous apporterai des animaux sauvés, l'innocence leur dégoulinant des babines ou de leurs yeux...
    Je mangerai avec eux, de tout, de rien.
    Je boirai avec eux le coup de l'amitié et puis partirai seul vers un pays barré aux importuns
    Presque tous.
    Je suis un oiseau de la nuit qui mange des souris
    Je suis un bateau éventré par un hibou-Boeing
    Je suis un pétrolier, pétroleur de guirlandes et de marée plutôt noire comme mes habits, et un peu rouge aussi, comme mon coeur
    J'aime
    La multitude
    La multitude
    Les chiens
    Les hiboux
    Les horreurs

    68 / 73 NON STOP

    Dans la Cité il y a la fête allez-y. Je t'invite à y boire
    À mon malheur, à mes cheveux, à mes parents, à mes avions hiboux
    Comme en 747
    En 747 je vous le dis Tous ces rampants iront brouter du fil coutil
    Des ténèbres et du sang mijoté dans des endroits particuliers
    Dans des endroits comme à la gauche du sacripant dont vous avez décidé que je sois le souteneur patenté, indécis, frivole et centenaire.
    Les comptes à rendre ne sont jamais à prendre
    Je vous rends des comptes que je n'ai jamais eus
    Que vous m'avez comptés, dûment, précisément.
    Les équations sur le grand huit de der ça me fait bien rigoler.
    Cette chanson qui tant et tant me désespère
    Et que je ne vous chanterai jamais
    Je n'ai plus de voix pour vous Plus Plus Plus

    68 / 73 NON STOP

    Comme un voilier dans les descentes vers le Sud
    En autoroute et des voiliers roulant
    Foutez-m'en vingt litres, Camarade!
    Je descends à la proche banlieue
    Celle qui se défait vers le quinzième, You see?
    Cette banlieue de mes défaites et de votre Vertu, Camarades
    Allez-y le sang n'est plus de Une le sang des réverbères gauchisants
    Dans les aciers de cet Orly où je m'envole
    Vers où?
    Devine!
    Je sais des vagabonds pleins de sous de sonnaille et qui sonnent dans les soirs tristes de Paris
    Quand je m'envole et quand tu assassines ce petit enfant
    Cet enfant du malheur auquel je fais des signes
    Et puis qui me regarde me mirant dans l'eau verte de ses beaux yeux
    Ah la passion des clairs obscurs sur les minuits
    Quand nous allions vers les mirages et les bifs de carême
    Je suis Perhaps Perhaps Peut-être Magari...
    Et toi et Lui et Vous et Elle
    Elles... Elles ont toutes une cicatrice qui nous fait des blessures
    Elles ont toutes un entre deux sur lequel je dégueule
    Partons partons
    68 Cette marée rouge et moirée
    Le 10 comme un chiffre soumis
    Le 10 du mois de Mai de cet An de soixante et huit
    Non stop au carrefour T'es dingue et je poursuis une comète
    Non stop la tendresse de ces soirs inventés
    De ces soirs sans heure sans compagne dans le siècle un peu puant d'étoiles
    Non stop sur une bulle comme une idée poignante
    J'ai l'invention qu'il faut pour me tirer de vos outrages
    L'outrage le plus absolu est cette poignée de main avec dans l'idée une potence
    Et le sourire le sourire Camarade
    Le sourire c'est de la peur comptée d'avance
    Le sourire c'est une prescience d'outre-tombe
    C'est un peu la tendresse des insoumis
    Ce sourire dis donc!
    Qu'est-ce que le sourire en dedans de la tête comme une ride intelligente?
    Quand les rides ça se met à être intelligent c'est ce qui fait le monde clos.

    Ni Dieu, ni maître, ni code, ni quoi
    Pas vrai, mec!

     

     

     

     

    38
    Samedi 10 Juillet 2010 à 17:03
    Yog' La Vie

    Il y a l'amour "attachement" et c'est celui-là surtout que les hommes connaissent. Et ce dont parle Barret c'est de l'amour inconditionnel (sans condition) qui est le fait (pour faire simple) de se laisser porter par la Vie telle qu'elle se présente. C'est un état. Et comme tu le dis aussi, une libération et une aventure sans fin. Merci! Bel été!

    37
    Vendredi 9 Juillet 2010 à 19:28
    dju770

    Désolé de parler "ringard" Yog, mais l'Amour, j'en ai besoin : c'est ce qui m'a fait naître, c'est ce qui me fait vivre, et c'est ce qui restera après mon passage sur Terre...

    L'Amour - le vrai -  est gravé au fond de mes gênes d'Homme, et c'est la seule chose qui me rend vraiment heureux (je ne parle pas de plaisir, mais de bonheur).

    Oui, je sais l'amour n'est jamais totalement "pur": je donne peut-être, mais je veux recevoir aussi... En fait pour moi, l'Amour c'est un chemin de perfection, qui part du "tout pour moi" au "tout donné". Donner tout, s'oublier soi-même : c'est une folie, l'Amour est une folie, c'est aussi une extraordinaire libération et une aventure sans fin... Aimer c'est se réaliser pleinement.

    Amicalement

    36
    Mercredi 30 Juin 2010 à 12:57
    Yog' La Vie

    C'est le manque d'informations et/ou le formatage qui rend le jugement primaire. Il faut avoir beaucoup d'énergie et de temps pour faire de la pédagogie au long cours.

    35
    Mercredi 30 Juin 2010 à 12:53
    Yog' La Vie

    On se comprend mal. Je ne dis pas que ton discours est bisounours, je parle du monde qui ne l'est pas et que je suis surprise que cette évidence soit encore à préciser. Mais bon, il est vrai que beaucoup encore ont des peaux de saucisson et s'indignent à tout propos. Et je redis donc que puisque le constat est là, il reste l'action (dans le verbe et/ou dans le geste) avec les convictions qui nous sont propres, celles qui nous aideront à mieux supporter ce monde plutôt que d'être dans l'inaction et la culpabilité, de faire sa part.

     

    Cette action, pour qu'elle soit vécue de la manière la plus sereine ne doit pas être vécue avec en vue d'un résultat. Semer

    34
    Mercredi 30 Juin 2010 à 06:43
    Jo des RG

    Je reviens pour préciser que quand je parle de comportement insensé de l'humain, je ne fais que rapporter leur jugement, toujours exprimé dans ces mouvances, jugement lui aussi primaire. Ils ne sont pas assez stupides je pense pour s'arrêter à ça, mais on ne se voit que brièvement, dans des contextes d'action et non de réflexion et d'analyse, et là c'est ce discours qui domine  et que je voulais évoquer ici.

    33
    Mercredi 30 Juin 2010 à 06:33
    Les  RG

    Non, ce n'est pas du discours bisounours, c'est un simple  constat de la colère des gens engagés que j'ai cotoyés devant le comportement insensé de l'humain. Colère primaire, un comportement parmi d'autres, mais elle est là, très forte, et je voulais seulement l'évoquer. Après je rejoins tout à fait ton analyse. 

    32
    Mercredi 30 Juin 2010 à 00:26
    Yog' La Vie

    Je suis étonnée par ce discours car cet état des choses de ce monde ne m'étonne en rien. Quand on a compris que le monde des bisounours n'est pas encore prêt à exister et qu'on peut faire des listes sans fin sur tous les fléaux du monde, sur tous les comportements humains, qu'est ce qu'il peut bien encore rester à faire, à dire,...

     

    Chacun a une connaissance et conscience différente: ceux qui ne savent pas et ceux qui savent mais tant qu'ils ne sont pas touchés directement ne bougeront pas. On voit cela à tous les niveaux de la société alors pourquoi s'étonnerait-on plus de ce cas ci que de ce cas là? A quoi bon rajouter du dur à la dureté?

     

    Est-ce que, puisqu'il n'est pas possible de transformer l'humanité du jour au lendemain, la meilleure solution n'est pas de faire ce qui nous semble juste à un moment donné sans s'inquiéter de ceux qui suivent ou non? Accuser l'autre d'indifférence n'y changera rien. Par contre on peut avoir envie de suivre un exemple quand une personne est complètement en accord dans ses paroles et dans ses actes. Je pense en particulier à cet homme paisible qu'est Pierre Rhabbi.

    31
    Mardi 29 Juin 2010 à 23:21
    Jo des "RG"

    Je te réponds, en te priant d'excuser ce hors sujet: oui,  l'information est essentielle (c'est pour elle que nous avons créé les "RG", en envoyant quelques 300.000 faxs il y a qqs années à ceux qui ont le pouvoir de changer les choses: élus, fonctionnaires, églises) mais devant l'inertie et l'indifférence  de tous, politiques comme population, nous devons balancer des coups de pieds dans la fourmilière. Et donc, aller sur le terrain

    Informer s'avère très dangereux aussi: risques de poursuites, descentes musclées de flics etc. Un ami journaliste, simple pigiste, a été enlevé dans une manif d'un G8 et été tabassé 3 jours durant dans une cave par la police.

    Il n'y a pas que les bobos écolos qui s'en foutent ou ont trop la trouille pour ne serait-ce que se montrer dans une banale manif ! c'est triste, et Jean-Marie Pelt avait raison de nous exhorter à la solidarité : ce qu'ont compris les petits animaux qui parviennent à tuer un gros en groupe,  disait-il. 

    Manque de solidarité, manque d'amour, c'est triste à en mourir et des amis en sont morts.  

    30
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:51
    Yog' La Vie

    Bon, on va dire que c'était un message universel

    29
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:48
    Roberta

    Je n'ai pas pensé que c'était pour moi ce message mais il me correspond

    28
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:44
    Yog' La Vie

    En fait, je ne sais pas si il y a cette notion d'apprendre. Je vois plutôt qu'un jour il y a quelque chose de profond qui se passe et qu'ensuite on cherche à l'entretenir. Alors que peut-être, oui, à ce moment là, il y a une forme d'apprentissage au quotidien que j'appelerais la vigilance.

    "la vision que j'ai du monde n'est pas le monde."Je suis d'accord, chacun avance ou n'avance pas vite et tout est à respecter.

     

    Ta dernière phrase est très belle, très lucide.

    Merci!

    27
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:37
    Yog' La Vie

    Ici, il m'apparaît que tu parles de la personnalité et je ne vois pas ce texte de cette manière.

    Bises

    26
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:35
    Yog' La Vie

    Pour moi, c'est un grand soulagement. Car au nom de l'amour, c'est fou tout ce qu'on se trimballe de culpabilités. Or il faut savoir faire la différence entre la forme et le fond.

    25
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:32
    Yog' La Vie

    Il faudrait que je me le procure...jeudi je vais faire une séance découverte de biodanza avec mr Yog... Va falloir la traîner!

     

    ...Je pensais à Annick qui fait de la biodanse.

    Bises

    24
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:30
    Yog' La Vie

    Est-ce que là, ce ne serait pas plutôt l'information qui serait le plus utile? Ceux qui luttent et ceux qui consomment sont des mondes trop éloignés et ces bobos en grande partie ignorent sûrement que leurs façons de consommer n'est pas la meilleure. Et puis, il n'y a pas que les OGM. Il faudrait aussi interdire la consommation de bananes, d'oranges, de tout les produits qui demandent des coûts en transport et qui créent des pollutions.

     

    On véhicule la trouille à longueur de médias et je comprends que ceux qui ont des familles aient peur. Je n'en avais parlé à personne mais j'avais créé le blog Infos Vaccins et associé 3 autre personnes. Quand j'ai vu que l'Express avait mis le nez dessus, j'ai préféré le supprimer. Pour moi toute seule je m'en fiche mais j'ai des enfants.

    23
    Mardi 29 Juin 2010 à 17:18
    Yog' La Vie

    On peut avoir toutes les bonnes raisons d'être aigri mais je crois qu'il vaut mieux prendre un peu de distance et de compassion avec le genre humain. Dans n'importe quel domaine, une grosse proportion veut les bénéfices sans mettre la main à la pâte.

     

    Non, le bénévolat ce n'est pas toujours fait pour s'auto-satisfaire. J'ai la chance en ce moment d'être avec une équipe où il n'y a pas de jeu de pouvoir, où la plupart des personnes viennent parce qu'il y a des besoins...même si on y trouve des avantages (repas resto offerts par ex), de la convivialité,...

     

    J'aimerais bien que tu fasses un article spécifique sur tes (vos) actions et pourquoi certains en viennent à ces fatalités. Pourquoi aident -ils ici précisément sachant les risques encourus alors qu'il y a plein d'autres causes à défendre.

     

    Lisant que Monsanto va "offrir" ses semences pour "sauver" Haïti, je me dis que vous êtes tristement la goutte d'eau dans l'océan.

    22
    Mardi 29 Juin 2010 à 10:54
    catiechris

    c'est vrai ce texte fait décoller vers notre unité, apprenons à  aimer sans vouloir tout posséder, surement y trouverait-on le bonheur ??

    Mais j'aime bien aussi le débat que cela entraine, avec rouge renard, et RG, ils ont leur vision du monde, comme quoi :

    la vision que j'ai du monde n'est pas le monde.

    Cet auteur a trouvé sa vérité qui peux convenir à qui veut l'entendre ou le lire, à chacun sa perception, sa sensibilité, et en cela le monde n'en est que plus beau que plus varié.

    Mais moi ces mots m'ont fait du bien, en fait cela s'appelle surement quelque part le lacher-prise pour trouver son bonheur celui auquel j'aspire, celui que je recherche partout, ailleurs, chez les autres dans la communication d'un blog (par exemple) mais qui en fait est au fond de moi n'est-ce pas ? Et chacun le sien pour le meilleur des mondes !

    21
    Lundi 28 Juin 2010 à 14:49
    marie-claude

    Oui, on peut aimer ...

    même mal, même pas pour toujours ...

    mais aimer !

    20
    Lundi 28 Juin 2010 à 14:42
    anne marie

    Voilà de quoi méditer et les réactions aussi !

    Aimer :un fantasme , certainement tant qu'on reste "dans la vie humaine " .

    Après c'est l'amour inconditionnel tout simplement, en tant qu'ETRE.

    Merci pour ce texte.

    19
    Lundi 28 Juin 2010 à 09:47
    Roberta

    Bonjour MariYog,

    Je suis allée voir ce magazine les nouvelles clés "danser sa vie", cela correspond à mon style je pense de "dancing queen".

    Merci à toi et bon lundi, bises

    18
    Lundi 28 Juin 2010 à 09:12
    Les  RG

    ... ah, et  j'oubliais de répondre à ta remarque  "Qui parle de vivre dans une bulle? De sauver le monde?....Où est écrit tout cela?" : ma réflexion n'était pas liée au texte,  j'extrapolais.

    J'écris  "je"  mais mes potes ont les mêmes  réactions que moi. Si tous les bobos qui trainent dans les biocoops  venaient au moins  nous soutenir devant les tribunaux (à défaut de lutter dangereusement sur le terrain, on comprend leur peur ... quoique si nous étions 40.000 au lieu de 400 Faucheurs d'OGM dans les champs, et 5 millions au lieu de 500.000 dans les G8 les CRS, les Etats  ne feraient pas le poids et les problèmes seraient  depuis longtemps réglés !).

    Mais la trouille d'être fichés ou photographiés devant un tribunal ... 

    17
    Lundi 28 Juin 2010 à 08:25
    Les RG

    C'est vrai Yog, les RG sont en colère et même pour certains aigris - mais pas haineux - et il nous faudra relire ce texte plus attentivement.

    Le bénévolat, l'activisme, c'est pas fait pour s'auto-satisfaire, on le sait bien  et on savait qu'on y laisserait des plumes, mais pour certains d'entre nous le prix à payer a été si élevé !  la folie, la mort par coups de matraque ou suicide ...

     

    16
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:59
    Yog' La Vie

    Pour moi, ce n'est pas un emballage, c'est le contenu. Mé tavis que ça mériterait une deuxième lecture plus attentive.

    Qui parle de vivre dans une bulle? De sauver le monde?....Où est écrit tout cela?

     

    Il me semble que c'est plutôt toi qui te prend pour le sauveur. Si tu as décidé de lutter, c'est très bien. Si cela te rend amer, je pense qu'il vaut mieux arrêter. Pourquoi s'obliger à faire quelque chose qui nous démoralise et dont l'humeur déteint sur l'entourage?

     

    J'ai fait des années de bénévolat et je sais qu'il y a toujours une bonne raison d'en faire. La lucidité c'est de ne pas être dupe: Le désir d'amour est partout.

    http://www.yogasatyananda-france.net/pages/fr/karma-yoga.php

    http://www.centrejaya.org/spip.php?article32

    15
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:39
    Yog' La Vie

    Aussi!

    14
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:38
    Yog' La Vie

    Ben voilà!

     

    Finalement, c'est bien à cause de ce faux amour que le monde va autant de travers car à travers les désirs d'appropriation et les jalousies, c'est cela au fond que les humains recherchent.

    13
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:36
    Yog' La Vie

    Peut-être cela va te faire voir les choses autrement par rapport à ce que tu traverses....

    Le weekend fût chaud!

    12
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:35
    Yog' La Vie

    C'est bien Danielle, nous sommes sur la même longueur.....

    11
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:32
    Yog' La Vie

    A mon humble avis, il n'y a pas de décision à vouloir ou ne pas vouloir. Les choses se font d'elles même quand on a suffisament oeuvrer à son dépouillement, où l'autre n'est plus là pour compenser ses besoins affectifs, de valorisation,... La Présence (l'Amour) devient une nourriture et celle-ci nourrit les autres.

    Je ne sais pas si mes propos sont compréhensibles...

    10
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:24
    Yog' La Vie

    N'être rien, ne s'identifier à rien est pour moi être Tout. Et c'est cette grande liberté que je tente d'atteindre chaque jour.....si lentement.

     

    Tu n'a jamais joué au jeu "Qui es-tu?". Quand tu as dit ta position sociale, ton sexe, ton âge, tes goûts, tes idées, .... quand tu as enlevé toutes ces étiquettes  que réponds-tu à ce "Qui es-tu?".

    Effrayant ou non de se déshabiller?

     

     

    9
    Lundi 28 Juin 2010 à 04:14
    Yog' La Vie

    Ah Renard, pas facile d'expliquer ce qui est de l'ordre du ressenti. En fait, il n'y a pas de concepts à suivre sur ce qui doit être ou ne pas être. La seule vérité à laquelle on doit se fier est sa propre expérience.

    Mais je reconnais que pour celui qui lit ce texte uniquement sur le plan intellectuel ou matériel, il peut effectivement être dangereux. Parce qu'à ce moment là, il sera dans une croyance, dans un avenir peut-être prometteur et illusoire, alors qu'en fait il ne sait pas que tout est déjà là et qu' il suffit simplement d'enlever le voile.

    Yoga veut simplement dire relié. Ne faire qu'Un. Être.

    Il est des instants où tout est parfait, où il n'y a rien à ajouter. C'est tout simplement Cela dans l'ici et le maintenant que je cherche à faire perdurer. Le reste est cogitations.

    8
    Dimanche 27 Juin 2010 à 08:37
    Les  "RG"

    Un bien bel emballage pour un sac de (dangereuses) fadaises. Pour ne pas avoir à "changer de mari tous les 10 ans, bein suffit de se réincarner en poireau ... donc tout à fait d'accord avec toi, Rouge le Renard !

    C'est bien joli de vivre dans une bulle qui va embellir le monde et le sauver, de prier, visionner, mais en attendant c'est nous qui résistons, luttons sur le terrain,  risquons la taule, bref nous tapons tout le sale boulot pour vraiment tenter, SUR LE TERRAIN, de sauver ce qui peut l'être.

    Et quand on voit dans une biocoop des bobos sereins acheter des produits bios importés, ne se souciant que de leur petite santé et de leur palais délicat, on se demande pourquoi on en chie autant.

    Nous, on continue, devant la souffrance animale: l'humain, qu'il crève puisque c'est son but ultime !

    7
    Samedi 26 Juin 2010 à 12:35
    Vieux Jade

    Moi ça me semble évident et désirable. D'ailleurs la personne n'a pas de continuité. Comment pourrait-elle faire ou ressentir quoi que ce soit ?

    6
    Samedi 26 Juin 2010 à 10:34
    Annick

    J'ai pris le temps de tout lire

    C'est une belle réflexion. Merci Marie-Yog.

    Passe un beau week-end !

    5
    Vendredi 25 Juin 2010 à 22:57

    Superbe texte qui correspond à une question qui me hante ! Est-il normal d'être heureux sans vouloir être aimé ?

    Bon week-end, bises

    4
    Vendredi 25 Juin 2010 à 20:09
    Rouge Le Renard

    Ah, oui et j'oubliais :

     

    à entendre ce Barret (ceux qui l'écoutent sont mal barrés) :

     

    "Vous n'avez pas de parents, vous n'avez pas d'enfants, vous n'avez pas de famille, vous n'avez pas d'amoureux, vous n'avez pas de nation ("Français") vous n'avez pas de mission, vous n'avez rien ! vous n'êtes rien !!!..."

     

    en filigrane il vous reste : "la secte !"

    qui, au passage, n'est pas à vous non plus !...

     

    ça pue tout ça ! c'est du craignoss ! je dis ça comme ça hein, en vérité j'en ai à peu près rien à foutre que les gens, heureusement peu nombreux, se fourvoient dans ces trucs, mais bon, j'ai parfois un truc comme ça dans la réaction, je pourrais tout aussi bien laisser pisser !...

    3
    Vendredi 25 Juin 2010 à 19:51
    Rouge Le Renard

    Ce genre de textes me débectent ! y a pourtant bien des vérités, mais détournées vers un truc du style, je ne ressens plus rien, le reste autour n'est que... mes passions ne sont que... ceci et cela ce n'est que... et au final il reste quelqu'un qui ne vit plus et qui croit que le renoncement c'est la vie, tandis que la vie c'est l'implication et le combat, ll'émotion et les impressions, la passion et la liberté, tout ça se jugule au fil certes de ce qui nous a marqué au cours d'une vie. Mais ce côté  "je deviens presque autiste, insensible, au nom de la liberté et de l'amour" ! Que nenni ! c'est du gros toc ça ! et dangereux, ça fait perdre du temps et ça rend à la mercie de bien des charlatans des intérêts matériels, de pouvoirs sur l'autre, et l'accaparage sexuel, car nul doute que ce type de chantres ne feront aucune distinction entre ce qui les a marqué dans leur enfance et une jolie paire de fesses complètement crédules à force d'avoir été éteinte avec ces sornettes de derrière les fagots... et surtout d'exercer un sale pouvoir sur elle ou lui tout en lui faisant croire qu'il ou elle est libre !

     

    Bref ! j'ai rien à voir avec ce truc Yoga, même si je n'attaque ni Yog, ni ceux qui y trouvent leur compte, mais mon verbe doit dézinguer, partout où il passe, c'est la loi de l'authenticité

    2
    Vendredi 25 Juin 2010 à 19:06
    Yog' La Vie

    Oui, ce qui revient à Regard

    En cliquant sur le lien  Eric Barret quelques autres textes très très intéressants (le mot est faible).

     

    Gracieux weekend!

    http://www.eternelpresent.ch/page5totem.html

    1
    Vendredi 25 Juin 2010 à 17:35
    lilou

    Merci pour ce partage, c'est effectvement un grand cadeau !

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