•  

    Meditation.JPG



    Quelle que soit l’envie que nous ayons de trouver un endroit solitaire pour échapper à la foule et au bruit, nous en reviendrons toujours à cette évidence : l’homme est fait pour vivre en groupe.

     

    Si le yoga ne tient pas ce fait inéluctable en ligne de compte, il ne saurait répondre à sa définition : le yoga est la science de la juste manière de vivre.

     

    Dans sa racine, le mot Yoga porte la notion de lien. Nous devons lui demander de nous relier à nous-mêmes, mais aussi à l’autre.

     

    Je vais dans ma salle de yoga. Je m’installe sur mon tapis de sol comme sur ma petite île de paix ; les yeux fermés, j’écoute la voix du professeur. Elle vient du fond des âges pour m’aider à me retrouver moi-même. Oui, je sens mon corps, et les courants d’énergie qui me traversent. Je ne peux éprouver leur sillage que si je me coupe de l’ambiance extérieure qui me baigne d’habitude. Comme disent les textes zen : « Je retourne à la maison ». J’ai fermé mes volets, tiré mes persiennes, j’ai oublié le monde et ses tracas. C’est déjà beaucoup.

     

    Cependant, l’erreur consisterait à m’en tenir là. Beaucoup de gens se sont laissés prendre au piège, et ont fait de leur recherche intérieure un refuge, une tour d’ivoire, l’emblème d’une fuite.

     

    En fait, une vie réussie ne se plaît ni dans la solitude, ni dans la société. Nous avons besoin d’unir ces contraintes. On lit dans les Mémoires d’un homme qui s’était retiré au fond des bois cette phrase : « J’ai, dans ma hutte, une chaise pour la solitude, deux pour l’amitié, et trois pour la société ». Ainsi de notre existence : nous ne trouvons l’équilibre que dans un ajustement aux lois de la vie.

     

    Croire que le Yoga consiste à baisser la tête vers son nombril est une erreur que la tradition nous pousse à éviter. En effet, c’est dans le système des ashrams que le yoga s’est perpétué jusqu’à nos jours.

     

    Or, qu’est-ce qu’un ashram? C’est le lieu d’une vie communautaire centrée autour des enseignements transmis par le maître à ses disciples. A la base, il y a un contrat tacite : le maître enseigne, et les disciples s’ingénient à faciliter la vie matérielle de celui qui les guide.

     

    Il est émouvant de constater que la vie spirituelle a besoin du manger, du boire et du dormir pour prendre son essor.

     

    De même, nos nécessités pratiques deviennent belles d’être inspirées par un idéal qui les dépasse mais leur donne un sens profond.

     

    Un sage zen disait : « Avant l’illumination, coupez du bois, allez chercher de l’eau à la fontaine, après l’illumination, coupez du bois, allez cherchez de l’eau à la fontaine ». Ainsi peut-on dire : « avant l’illumination, j’ai parlé à mon frère, à mon ami, à mes élèves, après l’illumination, j’ai parlé à mon frère, à mon ami, à mes élèves ».

     

    Le yoga ne saurait en aucune manière nous couper du monde. On a remarqué que ceux qui s’engagent sur la voie subissaient pour un temps la contrainte d’un repli, comme si la nouveauté de leur expérience les obligeait par contraste à rejeter pour un temps ce qu’ils avaient aimé.

     

    Pourtant une trajectoire éprouvée ramène le chercheur vers ses semblables. L’aventure est arrivée au Bouddha : ayant atteint l’illumination, on dit qu’il eut à faire un choix entre une joie éternelle et un retour à l’humanité. Il choisit l’homme. Et depuis, les grandes âmes, les Mahatmas sont devenus pareils à lui : boddhisattvas. Des hommes et des femmes éclairés qui reviennent se jeter dans la mêlée.

     

    Un sage rabbin disait : « Si je veux sauver celui qui se noie, je ne le tirerai pas d’en haut par les poignets, mais je serai à ses côtés, en bas, pour l’aider à remonter à la surface ».

     

    On a souvent confondu le dégoût de soi avec la charité, et l’amour du prochain avec le rejet de son propre bien-être. Nous nous apercevons aujourd’hui que c’est là une erreur grossière : comment peut-on apporter à autrui ce qu’on n’a pas soi-même ? Mon frère pleure, il a perdu ce qu’il aimait. Que puis-je faire pour lui si je souffre de même? Il me faut d’abord sortir de mon tunnel pour annoncer que la lumière est au bout ! « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».

     

    Ainsi la démarche du yoga est-elle clairement dessinée : retrouver les bases de l’équilibre en soi-même, lancer des racines très profondes dans la terre, puis, s’élever dans la même proportion vers les cieux.

     

    Quand la base est assurée, je puis largement étaler mes branches autour de moi, et, tel un chêne, rayonner l’énergie et donner de la sève.

     

    Sivananda de Rishikesh donnait pour thème à ses disciples : « Aimer, méditer et servir ».

     

    On mesurera aisément le chemin parcouru et le progrès intérieur à la qualité de la relation à l’autre. N’allez pas chercher les preuves tangibles d’une marche vers l’équilibre ailleurs.

     

    Si vous avez de l’énergie, du « prana » à revendre, vous n’allez pas le garder pour vous, ni le mettre dans un coffre blindé, ni même dans un bas de laine ! Mettez-le au service d’un idéal commun : un lien qui vous rattache à l’humanité.

     

    Il est dit dans la Bhagavad-Gita que nous avons un devoir à remplir envers nous-mêmes, envers les autres, et envers notre puissance créatrice. Par exemple, que penser d’un peintre qui ne peint ou n’écrit que pour lui-même ? Toute œuvre a pour finalité un public qui la contemple et s’en nourrit.

     

    Il en va de même pour cette œuvre que nous sommes — en potentiel — nous avons pour burin et ciseaux le hatha-yoga, le pranayama et toutes les autres techniques que les livres, les sages nous ont léguées. L’œuvre achevée est faite pour rayonner à l’entour.

     

    La littérature ancienne nous transmet l’image assez désuète d’un yogi ermite, réfugié loin du monde dans une grotte, passant le plus clair de son temps à méditer dans la posture du lotus.

     

    Cette figure stéréotypée correspond à une ère révolue où le yoga était réservé à quelques rares adeptes, acceptés par un maître au bout d’une longue période de probation. Il en est qui naissent ermites comme d’autres naissent poètes.

     

    Les maîtres du yoga contemporain répandent une vision plus démocratique pourrait-on dire de la recherche essentielle. Pour eux, l’être humain porte en lui le germe d’une réussite spectaculaire. Elle concerne le développement de son potentiel latent.

     

    S’il est vrai que la relation à l’autre est inscrite dans les gènes de l’être humain, nous demanderons au yoga de donner plénitude à toute la variété des rapports humains.

     

    La tradition tantrique nous dépeint le summum de l’illumination sous les traits de l’harmonie entre Shiva et Shakti : Shiva représente le principe masculin, symbole de la conscience, Shakti le principe féminin, symbole de l’énergie.

     

    Il est remarquable que le couple soit donné comme l’archétype de l’ascension spirituelle. Cette réussite est une promesse qui nous attend dans la vie, à une condition : c’est de se souvenir que l’union conjugale ne saurait nous dispenser d’établir l’entente cordiale, le mariage spirituel, avec nous-mêmes.

     

    HARI OM TAT SAT !


    Micheline Flak


    (Revue Énergie Vitale. No 9. Janvier-Février 1982)


     

    Photo prise dans le livre "L'esprit du yoga" de Chri sty Turl ington

     


     

     

    ♥♥♥ Désolée si je ne réponds pas à tous vos commentaires. Je les lis avec attention.....Merci  ♥♥♥



    11 commentaires
  •  

    « Les gens ne comprennent rien à ce qu’est le yoga. C’est une philosophie intellectuelle. Il n’y a pas de pratique de yoga, il n’y a rien du tout de tout cela. Ce qu’ils ont en vue c’est une dégénérescence du yoga qu’on appelle dans l’Inde, Hatha-yoga. Ce sont des exercices qui peuvent avoir des effets comme nauli qui est de remuer les intestins dans son ventre. C’est très bon pour la constipation mais ça n’a rien d’intellectuel ! Le yoga est comme toutes les philosophies indiennes : La suppression des cogitations, qui elles, dépendent des sens »   

     

     

     

     

     

     

     

     


    19 commentaires
  • http://www.articles-lib.com/wp-content/uploads/posts/2591/meditation-en-inde-un-peu-de-yoga-et-de-meditation-indienne-ancienne.jpg

     

    Pour remettre les pendules à l'heure...

    Article trouvé chez Marc

     

     

    « Les postures ne promeuvent pas le yoga, au contraire elles retardent tout progrès spirituel, » prétendrait un texte fondamental de l’hindouisme, le Garuda Purana, un texte « révélé » (shruti) à l’homme au même titre que les Védas (en 227.44, pour ceux qui ont cet ouvrage).

     

     

    Cela se saurait donc depuis fort longtemps que ces postures que proposent aujourd’hui quasi toutes les écoles de « yoga » hors d’Inde (et les « yogis » indiens médiatisés qui les inspirent) ne mènent à guère plus que ne le fait une bonne gymnastique* et qu’elles n’ont de yoga que le nom, nom qu’elles s’arrogent sans vergogne.

     

     

    Dans ces écoles on ne parle jamais de méditation. Et d’ailleurs, leurs enseignants la pratiqueraient-ils un tant soit peu qu’après quelque réflexion ils en arriveraient sans doute à se demander ce qu’ils font de leurs élèves auxquels ils prétendent transmettre une des plus raffinées philosophies de l’Inde (darshana) et ils auraient honte, honte de leur imposture. Que savent-ils d’ailleurs de la définition même du yoga (« l'état dans lequel la pensée est maîtrisée. Là, l'homme se fond dans sa nature véritable." Patanjali, Yoga Sutra I, 2 et I, 3 »), une définition qui concerne exclusivement les états de la conscience et qui n’a rien à voir avec ces contorsions dont ces enseignants laissent entendre qu’elles sont l’alpha et l’oméga du yoga? Que font-ils encore de la vertu d’aparigraha (absence de convoitise, refus de rétribution excessive) prônée par ce même Patanjali comme un pré-requis essentiel au yoga? Que font-ils enfin de cette préoccupation primordiale du sous-continent indien de la sagesse de se libérer de la souffrance par le dépouillement (moins de biens matériels, moins de pensées, moins de tout) alors qu’eux poussent leurs élèves à se sublimer pour être plus performants (voyez les vocables: yoga de la puissance, yoga de l’énergie, etc) dans leur pratique des postures, ce qui a pour effet de les séquestrer dans le narcissisme, l’égo, les attentes et donc la souffrance?

     

     

    Sans savoir bien l’expliquer, comme s’il s’agissait là d’une fulgurance incomplètement perçue et qui refuse de se clarifier (par peur peut-être, tant ce qu’elle fait entrevoir paraît terrible), il me semble quand même qu’il y a un parallélisme entre d’une part les moyens habiles imaginés par des gens comme Vivekananda, Aurobindo Gosh et Gandhi pour remporter au final une déroutante victoire sur le Raj, et d’autre part l'ingénieux lâchage de lest auquel l’Inde philosophique procède aujourd'hui et depuis quelques décennies déjà pour empêcher le dévoiement de sa sagesse.

     

     

    Je m’explique: Voilà un monde qui a tant à donner (et qui le ferait si les mains réceptrices étaient pures, car cette Inde-là est la générosité même) et qui s'en tient à une distribution de cacahuètes, ces postures dont parle le Garuda Purana pour nous mettre en garde, des postures devenues sans autre finalité qu’elles-mêmes.

     

     

    Et ainsi l’essentiel serait préservé dans sa purété (un secret ouvert en quelque sorte, et dont les Yoga Sutra de Patanjali et la Bhagavad-Gita donnent un bon aperçu pour qui sait les lire) à l’intention des Chercheurs du Chemin qui, même s’ils sont très rares (c’est la Bhagavad-Gita qui le dit en 7, 3,) se rendent aujourd’hui et se rendront demain encore dans quelque vallée perdue du pays du Dharma éternel avec le désir de savoir et non de prendre. Et quelqu’un sera là (quand l’élève est prêt, le maître est se présente, dit-on là-bas) pour eux. Et entre de telles humbles mains, le yoga n’est et ne sera jamais affaires d’expertise technique et d’activité lucrative mais de pratique de l’assise en silence (dhyana) à des fins de recherche de vérité pour, un jour peut-être, être enfin débarrassé des mirages de l’illusion (maya) et des méfaits de cette ignorance fondamentale (avidya) qui est la cause de notre incarnation souffrante.

     

     

    *: Une bonne gymnastique assouplit aussi le corps, la seule chose qu’elle ne procure pas aussi bien qu’un hatha yoga bien compris, c’est cet apprentissage d’une introversion de sens (prathyara) et d’une concentration naturelle (dharana) bien utiles dans la pratique de l’assise en silence. Cela dit, il faut là aussi se garder de tout triomphalisme: certaines écoles de méditation ne proposent pas d’exercices physiques pour préparer l’assise, cela veut-il dire que ceux qui les fréquentent méditent « moins bien »?

     



    votre commentaire
  • Bonheur-fille-robe-rose.jpg

     

     

     

     

     

     

    « Le Yoga apporte un contentement qui sonne au fond de sa poche comme un porte-bonheur pour plusieurs jours.»

    Eva Ruchpaul

     

     

      


    2 commentaires
  • Yoga e

     

     

    Pourquoi n’a-t-il pas été possible, à la fin du XXe siècle, que la race humaine mette fin à la souffrance, malgré la science, la technologie, les théologies, la littérature ?

     

    Comment se fait- il que, individuellement et collectivement, nous vivions cette souffrance de façon masochiste ? Nous allons ensemble tenter l’aventure d’explorer cela avec la science du yoga comme guide.

     

    Pourquoi prendre la science du yoga comme seul guide, en excluant les autres sciences, les autres darshanas ? Cette question peut se lever dans l’esprit de l’auditeur. Autant que je puisse être concernée, il me semble que la science du yoga ne se complaît pas dans les théories, les abstractions ; son propos est de mettre fin à la souffrance.

    Malheureusement en Inde, et peut-être ailleurs, le yoga n’est pas considéré comme un darshana indépendant, comme le sâmkhya et le vedânta le sont. On le réduit à des pratiques, celles de l’ashtânga yoga, du kriyâ yoga, ou on le rattache au sâmkhya, sous le nom de sâmkhya yoga. Il est pourtant nécessaire de le reconnaître comme un darshana indépendant ; je pense qu’il a parfaitement droit à ce nom.

     

    La suite est ici

     

     


    votre commentaire
  •  

    http://www.miracosta.edu/home/aocain/23/image04.gif

    Jean Louis Bernard, auteur spiritualiste, ésotériste réputé et fin connaisseur du yoga des derviches et du tantrisme, propose une définition traditionnelle du yoga et n'hésite pas à déclarer : « Le maître qui se laisse déifier est toujours un faux maître ». Très éloigné du spiritualisme mercantile et racoleur d'aujourd'hui, le texte signale les principaux dangers inhérents à la pratique yogique.

    Le yoga, du sanscrit « yuj », joindre – même origine que « joug » – est une ascèse qui vise à créer une union consciente entre le yogi et Dieu, à soumettre ses divers états d'existence (dont le mot) à son esprit. Il se placera en somme sous le joug divin ! Dans l'Inde très antique, le yoga réalisait de hauts états de conscience que l'évolution régressive, valable aussi pour l'Inde, n'autorise plus qu'exceptionnellement. La « matérialisation » de l'humanité a endormi les chakras et stoppé certaines glandes endocrines qui sont des clefs psychosomatiques. En Occident, le yoga ne dépasse pas le niveau d'une éducation physique (la meilleure)

    Le yoga s'accompagne d'une introspection : le sujet doit découvrir sa nature profonde, en grande partie inconsciente ; il ne pourra saisir le divin qu'à travers elle, c'est-à-dire d'abord à travers son double. La stagnation du yoga en Occident est à imputer à l'oubli de cette évidence ; on y commet une erreur typiquement occidentale en faisant reposer sur le moi seul toute l'équation psychosomatique et spirituelle. La notion de double, les maîtres hindous l'expriment indirectement par leur notion de « dharma », c'est-à-dire la nature cachée de l'individu, son destin, sa mission éventuelle. Pour dégager en soi le double, porteur du dharma, l'hermétisme oblige le moi à s'effacer – par la pratique de l'a-penser et du mentalisme.

    Le maître hindou Shri Aurobindo codifia le yoga millénaire à l'usage des Occidentaux, au sein de son « ashram » (communauté) de Pondichéry. En Occident, maître signifie professeur, celui qui transmet une technique. En Orient, le personnage doit de surcroît posséder des qualifications psychiques : il doit être à même d'aimanter vers lui le transfert des résidus psychiques de son élève ; car toute effervescence de l'âme les multiplie. En cas de non-projection de cette « vase vibratoire », de dangereuses névroses germeront spontanément, sclérosant le psychisme de l'élève – la moins nocive étant la mythomanie. Un maître qualifié « brûlera » ces résidus sur son propre organisme par le jeu dé certaines énergies que le yoga aura éveillées et canalisées en lui. Il disposera aussi des vrais diplômes du yoga qui ne sont pas un vain parchemin, mais les pouvoirs paranormaux, au moins l'intuition et la voyance qui l'autoriseront à « voir » l'état réel de son élève. Le maître aidera l'élève à se prendre en main par le mental et à pratiquer les exercices (postures, respiration contrôlée) ; il le poussera vers une autonomie croissante, sachant bien — s'il est honnête! — que seules comptent sa faculté de transfert et son expérience pratique ; pour le reste, il ne sera que professeur et surveillant. Le vrai maître personnel est le double. Dans l'initiation égyptienne, il n'y avait du reste pas de maître extérieur, corporel, l'initié était formé par son double, en certains cas spéciaux de sommeil, ceux-ci favorisés par l'ambiance d'un temple. Le maître qui se laisse déifier est toujours un faux maître !

    Le yoga « implique une réunion, écrit le lama Kazi Dawa Samdup, un couplage de la nature humaine inférieure avec la nature plus élevée ou divine, afin que la supérieure puisse diriger l'inférieure, et cette condition doit être obtenue par le contrôle du processus mental. Tant que le champ de l'esprit est occupé par des formes, pensées ou raisonnements, nés de ce concept faux (qui domine l'humanité) que les phénomènes et les apparences sont réels, il existe un état d'obscurité mentale, appelé ignorance. » Et précisons que le véritable « mental » relève de l'inconscient, non du conscient. En cours de yoga, il y aura lutte de la nature inférieure (composée de plusieurs entités) avec la nature supérieure. Et cette lutte s'intensifiera, dès qu'aura été stimulé le chakra suprême (sommet du crâne) = lien télépathique possible avec le centre-Dieu suprême (que les Égyptiens appelaient Amon). Son activation prématurée risque de perturber le cerveau.

    Méditation

    Les vrais problèmes du yoga ne sont ni les difficiles postures, ni la respiration différemment rythmée — double éducation physique qui doit soumettre le corps à l'esprit. Ces vrais problèmes s'étagent comme suit :

    Il faut une mentalité mystique, même sans religion précise ! Le mieux, pour l'élève est de construire ou reconstruire lui-même la religion qui correspond à sa nature profonde, mais en fonction de l'expérience du yoga. « Quand un être me cherche dans la sincérité de son cœur, dit le dieu Shiva, je fais que sa religion soit juste ! » Sans une nature mystique, l'être humain n'est que machine. Le yoga n'aboutirait qu'à le mécaniser davantage. Il ne supporterait pas le dynamisme de ses chakras, de celui du cœur notamment. On cite le cas de ce professeur d'éducation physique, recyclé en maître de yoga, qui mourut de crise cardiaque, dès que fut stimulé son chakra du cœur. Il faut apprendre à interpréter ses rêves, non en fonction d'une école à idéologie, mais en découvrant son propre symbolisme. Partir de la méthode de Jung. Il n'y a pas d'autre moyen de se contacter soi-même, c'est-à-dire de pénétrer son inconscient, donc de toucher ses autres états d'existence. Dès que l'élève s'intéresse à ses rêves, la nature de ceux-ci change : son double tendra aussitôt à communiquer avec lui par des « messages » courts, que l'ombre cherchera à intercepter et compliquer. Or, trouver le double c'est trouver le maître !

    Il faut pratiquer l'a-penser et le mentalisme en plus des exercices directs. La pensée, devenue outil, sera l'agent de métamorphoses psycho-biologiques touchant jusqu'aux glandes endocrines. Les écoles hindouistes préconisent la fixation mentale sur un symbole ou la concentration sur un chakra (pratique risquée, celui-ci peut « entrer en éruption » à contretemps). Les Tibétains conseillent l'a-penser (le vide mental), valable surtout pour l'homme. Ces exercices mentaux doivent se pratiquer dans la relaxation totale ou avec les postures.

    Le rythme de la respiration ne s'improvise pas (danger). Les instructions du maître seront respectées à la lettre. A défaut, on consultera un médecin. De tous nos circuits d'énergie, la respiration est le seul qu'il soit possible de contrôler et conduire ; un autre circuit peut, à la rigueur, être soumis à la volonté, celui de l'énergie érotique. Pour cette raison existent deux types fondamentaux de yoga — le second étant le tantrisme. Yoga signifiant aussi métamorphose, celle-ci ne se fera qu'en prenant appui sur une énergie précise : prâna dans le premier cas, le fluide érotique dans le second. Prâna (en sanscrit = souffle de vie) est une vitalité diffuse, de source solaire, que nous absorbons avec l'air. Miraculeux, prâna peut reconstruire un organe déficient et accélérer la croissance des chakras. Certains maîtres conseillent de retenir l'air inspiré, si les battements du cœur n'en sont pas modifiés. Quelques-uns préconisent le régime « équilatéral », c'est-à-dire un temps pour les trois actes (aspiration, rétention, expiration), ces actes devant être lents. On pourra, par la simple volonté imaginative, concentrer prâna sur l'un ou l'autre point déficient du corps.

    Il faut trouver sa posture idéale, celle qui fait oublier le corps sans le déformer et ramène l'être à son seul dynamisme mental et respiratoire. Le mieux est de fréquenter un cours de yoga et d'y profiter des techniques de l'Inde.

    Quant au régime alimentaire et sexuel, il donne lieu à controverse. Les excès sont également nocifs. La sagesse recommande de ne pas rompre inconsidérément avec le régime alimentaire de nos ancêtres. L'abstinence totale de viande peut aboutir à une auto-castration quant à l'agressivité, celle-ci étant nécessaire dans la lutte pour la vie. Les vapeurs d'alcool « paralysent » le psychisme (mais un petit verre d'alcool après un bon repas est tout de même recommandé par les Japonais parce qu'il dégage l'esprit que « paralyse » la digestion — comme par homéopathie). Le vin détend le psychisme (les buveurs de vin ne sont jamais fanatiques) ; la bière agissant favorablement sur le teint, agit de même sur le psychisme (à cause d'un rapport existant entre l'un et l'autre). La viande de chasse paraît toxique pour le psychisme — comme si elle contenait la haine et l'effroi de l'animal traqué ! Les pratiquants stricts du yoga abandonnent en général toute viande, sauf le poisson et la volaille; ils prétendent que la viande « animalise » l'âme... Mais l'ascétisme engendre l'orgueil et l'intolérance. Le mieux est de pratiquer l'alternance en « brisant » de temps en temps son rythme alimentaire. Ne jamais se singulariser à ce propos, au milieu d'amis non pratiquants ! Quant à la chasteté systématique, elle produit des « castrats » ou des hypocrites, sauf exceptions rares ! L'acte sexuel brûle à sa façon les résidus psychiques, dégageant le psychisme ; sur ce point, Freud avait raison. Mais l'abus de la sexualité engendre l'obsession...

    Jean Louis Bernard



    Le yoga & France Inter

    Selon Jean Louis Bernard, sans véritable spiritualité, le yoga n'aboutira qu'à mécaniser d'avantage l'être humain. Est-ce pour cette raison que France Inter fait insidieusement la promotion du yoga ?


    Yoga, esprit de corps :
    http://www.franceinter.fr/emission-interception-yoga-esprit-de-corps

    Choisir son maître yoga :
    http://www.franceinter.fr/emission-service-public-choisir-son-maitre-yoga

     

    Source 



    8 commentaires
  •  

     

      Article précédent

     

    4) Japâpushpanâlamiva  nishkantakam


    Iva comme ; nâlam la tige ; japâpushpa de rose (« la fleur du japa ») ; nishkantakam sans épine.

    Comme la tige de rose sans épine

     

    Quand on observe le va-et-vient du souffle, on s'aperçoit qu'il n'est pas "lisse", qu'il est constamment écorché et accroché par les "épines" de réminiscences émotionnellement chargées, ne serait-ce que par une trace d'attachement ou d' aversion. Au fur et a mesure que remontent ces souvenirs, la colonne du méditant perd sa belle verticalité de départ pour pencher d'un côté ou de l'autre, à la branche de rosier qui s'accroche à la manche d'un passant. Puis viennent des périodes de paix où le souffle peut aller et venir sans rien accrocher. Même si des images passent sur l'écran mental, elles ne perturbent plus la conscience, le souffle ou le corps de  même que les courants d' air ne font pas osciller la flamme d'une lampe protégée par un verre. Il y a un moment où les souvenirs ne "piquent"  réellement plus. Ceci est un espoir, une lumière au bout du tunnel pour les méditants. Dans la voie de la dévotion, on retrouve cette image de la montée et descente régulèere sur un axe lisse pour évoquer une récitation complètement régulière et réussie du mantra. On raconte qu' un démon est venu proposer à quelqu'un tous les biens qu'il voulait à condition qu'il le tienne tout le temps en activité en lui donnant de nouveaux voeux à réaliser. Sinon, serait dévoré. Cette personne accepte, demande toutes sortes de choses mais à un moment donné se trouve à court d' idées. Elle est alors poursuivie par le démon et affolée va se réfugier dans la grotte ou un sage méditait. Celui-ci saisit vite la situation et demande au démon de monter et descendre un poteau tout lisse, une tâche en fait sans fin, et de cette manière la personne est sauvée. C'est ainsi que la récitation du mantra peut libérer quelqu' un de ses démons et transformer une activité mentale auparavant pleine d'anicroches en un va-et-vient aussi doux que le contact de la main sur une tige de rose sans épines. Ce qui rend notre experience interieure "épineuse", c'est la mémoire. Celle-ci est le plus souvent dysfonctionnelle, attachée qu' elle est à ce qui n'existe plus.

     

    La montée de l'énergie vitale, la kundalini, n'est pas elle non plus dépourvue d'anicroches, d'accrochages voire de déchirures avant qu'elle n'arrive à atteindre et vivifier les chakras supérieurs, et que la sève ne permette à la rose d' en haut de s' épanouir. Elle bondit de gauche et de droite vers ida et pingala, comme un singe impatient cherche à s'arracher au piquet auquel est lié, ou comme les épines s' écartent  de la tige. Puis vient un moment ou la montée se fait toute seule, spontanément, par un courant ascendant lisse et continu. Ce n'est pas la réalisation, mais on pourrait appeler cela le début de la vraie pratique.

     

    L'avant du tronc, le ventre et la poitrine, est associé à l'attachement affectif. Sa ligne médiane est appelée en acupuncture le méridien conception, c'est là que sont concues nombre de formations mentales qui encombrent la méditation. Plus on fait glisser la conscience, les courants de sensations vers l'arrière, plus on va vers le méridien "gouverneur" qui permet un meilleur contrôle du mental. Il correspond à la ligne médiane qui joint les épines dorsales. Classiquement, le canal central de la kundalini (sushumna) est décrit un peu plus en avant. On peut le visualiser comme un fil de toile d'araignée extrêmement lumineux. Pour prendre une image plus moderne, on pourrait parler d'un filament de lampe electrique qui serait étiré tout au long de la colonne. Une facon pratique de séparer l'observateur de l'observé, un travail fondamental du vedanta, consiste à détacher les sensations-pensées expérimentées à l'avant du corps de leurs racines dans le dos ; celui-ci ressemble alors à un mur dont on ôte le lierre en coupant une à une, ou d'un bloc, les racines de celui-ci.

     

    Un jour, Ma Anandamayi se promenait dans une prairie avec son disciple principal, Bhaiji, celui auquel elle devait son nom qui signifie « toute pénétrée de joie ». Elle a ramassé une de ces fleurs dont les pétales sont comme du coton et s'envolent au moindre courant d'air. Elle a soufflé dessus, et a fait comprendre en substance à Bhaiji qu'il devait devenir comme cette fleur dont il ne restait que la tige, c'est-à-dire la dévotion pure de tout ego à la Mère divine, ou, du  point de vue de la méditation, une énergie qui passe entièrement par le canal central, la sushumna.

     

    La rose au bout de la tige est naturellement inclinée. Ceci peut évoquer une pratique de yoga, jalandhârâ-mudrâ, ou la tête est penchée vers l' avant avec le menton dans le creux de la gorge, le reste du dos étant droit. Dans la tradition chrétienne, l'inclinaison de la tête est considérée comme un signe d'avancement spirituel et de douceur intérieure. Une des pratiques des moines hésychastes est précisément d'avoir la tête inclinée en avant pendant la récitation de la prière du coeur. Dans les Psaumes, Dieu invective Israël en le traitant de "peuple à la nuque raide" et lui demande de ne pas endurcir son coeur. Point n'est besoin d'avoir fait des années d'études de psychologie pour se rendre compte que dans la colère, le dos se cambre, se cabre vers l'arrière comme chez un animal furieux. Elle provoque un spasme continu de la nuque, de la mâchoire et de certains muscles du cou. Il faut les relaxer régulièrement par une prise de conscience souriante, et éventuellement par une inclinaison de la nuque. Avec cette détente, l'énergie montante, à la place d'être projetée vers le visage (cf les expressions familières " la moutarde lui monte au nez "  "il a vu rouge ") est projetée vers le troisième oeil, et même un peu au dessus.

     

    Un des signes les plus clairs du moment de l'endormissement, c'est la relaxation complète des muscles de la nuque. En position assise, cela correspond à la tombée de la nuque vers l'avant. Si on fait ce mouvement intentionnellement, cela permet de rentrer plus facilement dans un état de sommeil profond hyperconscient, qui n'est qu' un autre nom du samadhi. Cette relaxation des muscles de la nuque induit de façon réflexe une détente des mâchoires et du bas-ventre et facilite un passage de l'énergie par le canal central. Dans certaines écoles comme le Soto-zen, on insiste beaucoup sur l'étirement de la nuque pour favoriser un état d'éveil. En fait, dans le jalandhârâ -mudrâ la nuque est aussi etirée, bien que dans une position différente. Les deux pratiques ne sont pas contradictoires. Si le méditant sent qu'il n'a pas assez d'énergie et souhaite être mieux réveillé, c'est bon qu'il pratique la tête droite ; mais s'il sent qu'il en a trop et que celle-ci risque d'exacerber son ego en augmentant sa tendance à la colère — c'est souvent le cas chez ceux qui font des retraites intensives et prolongées — à ce moment-la il a intérêt à travailler avec la tête inclinée en avant.

     

    Suite

     

    Articles précédents:

     

    Manas, le mental (1) Du sein, du Soi, le fil du yoga

     

    Manas, le mental (2) Rentrer en résonnance

     

    Manas, le mental (3) Posture et joie

     

     

     


    votre commentaire
  • http://www.lilela.net/wp-content/uploads/kali.jpg

     

     

     

    C'est ici

     

    Les 321 vidéos de Jean-Michel Dufays (historien)

     

     

    Le portail de l'anthropologue

     

    Du védisme à l'indouisme

     


     


     


    votre commentaire
  • 31970_396380182983_32231322983_4227667_6051960_n.jpg

     

    Si vous désirez travailler comme il le faut,

    vous ne devez pas perdre de vue deux grands principes:

     

    -en premier lieu, un profond respect pour le travail entrepris;

     

    - en deuxième lieu, une indifférence complète à ses fruits.

     

    Ainsi vous pourrez travailler avec l’attitude qu’il faut.

    C’est ce qu’on appelle le secret du Karma Yoga.

     


    Swami Brahmananda

     

     

     

     D'anciens articles ont été republiés

    Liste complète




    votre commentaire