Cet aphorisme tente de mettre en lumière une des structures basiques du fonctionnement de l'ego.
La double impasse de la peur et du désir.
Bien souvent la souffrance est un phénomène dont nous avons peur, que nous refoulons ou combattons.
De même, il nous est habituel de projeter un idéal dans le futur, de désirer.
L'expérience de la souffrance est rejetée et jugée comme étant mauvaise.
Nous croyons que la souffrance ne devrait pas se manifester, et que, s'il elle se manifeste c'est qu'il y a un problème.
Nous croyons que la vie ou nous-même faisons des erreurs.
Cette expérience nous entraîne naturellement à désirer qu'il y ai du bien-être à la place de la souffrance:nous imaginons un idéal. Nous projetons dans le futur un monde sans erreurs, nous recherchons une vie sans souffrances.
Si je reste dans le désir, dans l'attente de l'avènement de mon idéal, de mon projet il y a alors forcément quelque chose dans le présent qui ne va pas, qui n'est pas ce que je veux qu'il soit.
Dans cet état d'espoir, je ne suis pas tranquille, je peux même éprouver un sentiment d'injustice quant à mon sort.
Évidemment, la vie ne me donne pas ce que j'attends d'elle.
Le désir d'autre chose est profondément lié à l'inacceptation de ce qui est. Notre souffrance rejetée alimente notre désir, et notre désir poursuivit alimente notre souffrance.
Nous courons pour obtenir ce qui nous manque, nous trouvons systématiquement quelque chose qui ne va pas.
Ce qui est ne se conforme jamais complètement à ce que j'imagine qu'il devrait être.
L'approche que propose la non-dualité ne consiste aucunement en un travail de modification, de transformation ou de purification de ce qui est.
Nous pouvons simplement observer, "voir" et laisser être ce qui est, sans construire d'histoire à propos de ce qui se passe.
Accueillir désir et souffrance, prendre conscience de leurs mouvements, reconnaître leur nature essentielle.
La présence à ce qui est, est paisible et sans ambition.
Sébastien Fargue
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